chapitre 4
Aquarius roule à toute allure pour rallier le point de rendez-vous. Il n'a même pas besoin de GPS, il a dû apprendre l'itinéraire par cœur. Je me repasse le plan en tête encore et encore alors que je le connais déjà sur le bout des doigts. Arriver sur les lieux avant les deux parties, se cacher, attendre, attendre encore le bon moment pour intervenir, faire fuir la partie qui ne nous intéresse pas, taser les cibles (ce détail faisait partie de ma stratégie, c'est pour ça que Cap l'a souligné hier), neutraliser les autres au besoin, récupérer la cargaison, à priori des kilos de drogue, embarquer le tout, revenir à l'aéroport, revenir au QG. Arriver sur les lieux avant les deux parties, se cacher, attendre,...
Aqua se gare à bonne distance de la sorte de manoir, abandonné au milieu de nulle part, de manière à ce que ni Red Hood ni les autres gars ne puissent se rendre compte de notre présence. Notre pilote restera dans le fourgon pour que nous puissions repartir vite si tout ne se passe pas comme prévu. Il râle un peu de ne pas pouvoir nous accompagner sur le terrain mais Gem le rassure rapidement en lui rappelant que c'est au volant qu'il est le meilleur et que c'est exactement là qu'on a besoin de lui. Nous mettons tous en place nos oreillettes et entrons dans le manoir par la porte de derrière.
Le vieux bâtiment est aussi délabré à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les pièces du rez-de-chaussée sont presque toutes vides. Le seul mobilier restant sont de géantes piles de cartons à chaque coin de ce qui avait dû être un très vaste hall d'entrée et une large table en mauvais état, collée à un mur de la pièce. Les petites dalles du sol sont jaunies et presque toutes défoncées. La tapisserie aux vieux motifs accrochée sur les murs est noircie et déchirée à de nombreux endroits. Des toiles d'araignées pointent leur nez un peu partout, notamment autour de l'énorme lustre du plafond qui semble tenir encore par l'opération du saint esprit.
C'est là qu'aura lieu la transaction, c'est là que nous allons nous poster. Comme nous avons un peu de temps devant nous, nous inspectons d'abord, arme à la main, toutes les pièces du rez-de-chaussée et de l'étage.
« R.A.S » fait mon oreillette à chaque fois qu'un de mes collègues a vérifié un endroit.
Nous nous rejoignons quelques minutes plus tard dans le hall. Je regarde ma montre : 18h23. D'un regard entendu, nous nous postons tous aux endroits que nous avons choisis au préalable. Un des drones de Zodiac avait survolé la zone pour pouvoir nous faire un état des lieux. Gemini se glisse derrière une pile de cartons - assez grande pour le dissimuler - à côté du grand escalier de marbre, très abîmé. Scorpio s'installe dans un renfoncement du mur, à côté de l'immense porte d'entrée, tandis que Libra l'aide à le recouvrir d'une fine tapisserie qui copie exactement celle du hall, rendant Scorp tout à fait invisible. Malgré tout, lui peut voir grâce à une fente intelligemment pensée dans la fausse tapisserie. Une fois qu'elle a fini d'aider notre collègue, Libra se dissimule dans un des petits placards d'une pièce adjacente dont elle scelle la porte, de manière à ce qu'elle ne puisse s'ouvrir que de l'intérieur. Et enfin, je me dirige vers une benne à ordure, à l'extérieur, juste devant une des grandes portes fenêtres – du moins ce qu'il en reste - de l'entrée. On l'a joué à la courte paille, j'ai perdu. Je me glisse dans la benne en plaçant un pince nez de natation sur mes narines et ferme le couvercle au dessus de ma tête. Heureusement, plus personne n'utilise cette poubelle alors celle-ci est presque vide, mis à part des emballages de biscuits divers et des canettes de bière vides. Cependant, l'odeur est tenace.
Le temps d'attente est atroce pour moi. Je ne suis pas quelqu'un de particulièrement patient au départ, mais là, je suis dans une position très inconfortable et je suis surtout seule avec moi-même. Je dois lutter à chaque seconde pour que les paroles de ce numéro privé ne hurlent pas dans mes oreilles, dans ma tête, soulevant un ras-de-marré sur leur passage. J'en vomirais presque. A moins que ce ne soit l'odeur qui me donne la nausée. Je fais des exercices de respiration de gestion du stress que l'on nous apprend en formation et je me reconcentre.
A dix-huit heures quarante-cinq, on entend tous les grandes portes de l'entrée s'ouvrir. Je soulève très légèrement le couvercle de ma cachette pour pouvoir voir ce qui arrive. Une femme plutôt petite, menue, au regard dur et aux longs cheveux rouges s'avance d'un pas ferme, quatre colosses, entièrement habillés de noir, sur les talons. Son bras droit en fait partie. Red Hood et son équipe. Un des gardes du corps porte un gros sac noir en bandoulière et le dépose sur le sol à son arrivée. La fameuse livraison.
Si on avait su que ce serait eux qui arriveraient en premier, et aussi tôt, nous aurions prévu un plan d'attaque avant que le client de Red Hood n'arrive. Là, on ne peut pas prendre le risque de se faire surprendre en pleine bagarre.
Une fois ce qui est sûrement la drogue posé, les colosses se mettent a vérifier, comme nous l'avons fait une demi-heure plus tôt, que le manoir est bien vide.
On se doutait qu'ils allaient fouiller, mais on ne peut pas lutter contre ça. Nous n'avons plus qu'à croiser les doigts. Si l'un de nous est découvert maintenant, nous devrons agir vite et risquer de voir arriver d'une minute à l'autre la partie d'en face.
Je manque d'avoir des sueurs froides quand, trouvant la porte de la pièce adjacente fermée, le bras droit de Red Hood se met à donner de grands coups d'épaules dedans. Le verrous cède et je prie pour que Libra se soit bien cachée. Je retiens également mon souffle quand un autre garde du corps, qui entreprend une ronde dehors, passe à quelques centimètres de la benne à ordures dans laquelle je me trouve.
Le troisième homme en noir commence à faire valser les piles de cartons dans la pièce, quand le bruit d'un puissant moteur se rapproche. Red Hood s'agace et ordonne d'une voix forte :
« Arrête un peu de faire mu-muse, tu vois bien qu'il n'y a personne. Ils arrivent. »
Les colosses se rassemblent autour d'elle alors qu'un nouveau groupe de quatre hommes armés, portant tous des lunettes de soleil noires alors que le jour commence à décliner, entre dans le manoir. Nous sommes clairement en infériorité numérique. Il va falloir la jouer intelligemment.
Le bras droit de Red Hood se saisit du sac et patiente. Red Hood et son client, le plus grand des trois nouveau arrivants – complètement chauve au passage - se jaugent du regard, en silence.
« C'est bien ce que je pensais. Murmure Scorp dans nos oreillettes. Quelque chose ne va pas. Ce sac est censé contenir des kilos de drogues diverses. Il me paraît beaucoup trop léger...
- Je ne peux pas voir de là où je suis, tu es sûr de toi ? Lui demande Libra.
- Pour une fois, je suis d'accord avec Scorpio. Red Hood est en train d'arnaquer son gars. Affirmé-je.
- Je sens que ça va mal finir. » Conclue Gemini.
Nous lui répondons tous par un silence approbateur.
S'en suit un échange rapide entre Red Hood et le grand chauve, mais je suis trop loin pour entendre ce qui se dit.
Quand le second de la femme aux cheveux rouges fait mine de tendre le sac, je m'apprête à donner le signal et à bondir de ma cachette, mais ce serait pratiquement du suicide à ce moment-là, et mes collègues le savent. Je patiente donc. On m'a confié la tâche de donner le signal parce que c'est pour moi comme tirer. Il faut attendre le moment précis. La précipitation peut tout faire rater.
« Aries ? S'inquiète Libra, parce qu'elle ne doit pas voir toute la scène.
- Pas encore. » Murmuré-je simplement, sans perdre une once de concentration.
L'un de gars à côté du chauve se saisit du sac et fronce les sourcils en le soupesant. La tension est palpable dans le hall, tous mes muscles sont tendus. Le mec s'apprête à l'ouvrir, son patron se retourne vers lui, comprenant qu'il y a un problème. Il pose la main sur son revolver à la ceinture mais c'est trop tard, les quatre colosses de Red Hood ont tiré. Deux gars aux lunettes de soleil tombent au sol dans un bruit sourd. Les deux restant dégainent aussitôt et se mettent à tirer à leur tour.
Je sens que mes coéquipiers ne demanderaient qu'à se joindre au festival mais il n'est pas encore temps.
Le grand chauve s'élance jusqu'à la lourde table et la renverse violemment. Elle s'écrase sur les dalles dans un énorme fracas et lui et son coéquipier se mettent à couvert. Un des colosses de l'équipe de Red Hood, dont je distingue le gilet renforcé, prend une balle au niveau de la carotide et s'effondre. La femme aux cheveux rouge augmente sa cadence de tir et son second se met en sécurité dans la pièce dans laquelle se trouve Libra. L'occasion parfaite.
« Maintenant ! » Crié-je dans mon oreillette.
Aussitôt, nous nous mettons tous les quatre en action, profitant de l'effet de surprise. Libra jaillit de sa cachette et tase l'acolyte. Elle prend sa place, protégée par le mur de la pièce et pointe son arme, prête à nous couvrir. Scorpio déchire sa fausse tapisserie et engage un corps à corps avec les deux mecs derrière la table, pour les empêcher de nous tirer dessus. Gem se jette sur l'un des deux colosses restants du côté Red Hood et se bat farouchement, pour combler le fait que son adversaire fasse une tête de plus que lui, malgré le mètre 85 de Gem.
Je débarque dans le hall d'un pied ferme, faisant totale confiance à Li pour me couvrir si besoin. Je tends le bras devant moi et avant que le second colosse réalise ce qui lui arrive, j'ai appuyé sur la gâchette. Il s'effondre, un trou au milieu du front. Red Hood s'élance sur moi à toute vitesse pour ne pas me donner le temps de lui tirer dessus et m'administre une gifle monumentale. Je lui lance un coup de pied dans l'estomac en retour et essaie de trouver un moyen de la neutraliser.
Soudain, j'aperçois un objet métallique me rouler entre les jambes pour aller s'arrêter juste à côté de la table, derrière laquelle Scorp se débat avec le grand chauve et un de ses copains.
Je hurle « Grenade ! ». Scorpio est vif à réagir et bondit pour rejoindre notre côté de la pièce et essayer de se mettre à couvert. Je pousse Red Hood qui court, malgré elle, vers Libra, pour se mettre à l'abri. Je m'accroupis sur le sol, à l'opposé de l'endroit où la grenade est en train d'exploser. Les deux gars de derrière la table n'ont pas le temps de se mettre à couvert, ils meurent dans l'explosion, ou écrasés par les décombres de l'étage, qui est complètement en train de s'affaisser. Nous sommes propulsés contre le mur. Je voudrais me redresser au plus vite pour neutraliser le colosse restant mais je reste prisonnière de la vision de l'explosion. Les souvenirs refoulés depuis des heures refont surface sans prévenir et prennent la place de la réalité devant mes paupières. Je suis comme captivée, les yeux grand ouverts. Ce qui fait que je ne vois pas que l'un des gardes du corps, profitant de l'inconscience de Gem dont la tête a heurté le mur, est en train de me mettre en joue. Scorpio se jette devant moi et son gilet amortit la balle qu'il reçoit dans le dos. Je reprends mes esprits lorsqu'il me tombe dessus, perdant l'équilibre à cause du choc. Il grimace de douleur et nous heurtons le sol. Je ne peux plus bouger, bloquée par le corps de Scorpio qui, conscient qu'il ne peut pas se relever pour le moment, m'entoure de ses bras et de ses larges épaules pour me protéger d'éventuels autres tirs.
Autres tirs qui ne viendront pourtant pas puisqu'Aqua, alerté par l'explosion, fait irruption dans le hall et marque son entrée en sautant sur le dos du colosse, le prenant par surprise. Il enroule ses bras autour de sa tête et la fait pivoter d'un coup sec. L'homme s'étale sur le sol.
Li est, quant à elle, en train de mener un combat sans merci avec Red Hood qui n'en démord pas. Gem semble reprendre doucement ses esprits.
Pour ma part, je suis toujours allongée sur le sol. Scorpio se redresse et son visage se retrouve nez à nez avec le mien. J'ai une impression de déjà-vu, avec la salle d'entraînement du QG en fond. Sauf que cette fois, Scorpio ne rit pas du tout. Il fronce les sourcils d'un air de dire « c'est quoi ton problème à la fin ? ». Je ne peux pas faire face à cet échec et au risque que je viens de lui faire prendre pour le moment, alors je roule sous lui pour me débarrasser de son emprise.
Aquarius a fini par neutraliser son adversaire et Libra a réussi à taser Red Hood.
Nous soufflons tous dans un soupir de soulagement. Ça y est, c'est finit.
« Le plafond ! Il va nous tomber dessus, il faut se dépêcher ! » Crie Libra.
Ou pas...
Comme on pouvait s'y attendre, le lustre ne tarde pas à s'écraser sur le sol en propulsant des morceaux de verre dans tous les sens. Je m'abrite derrière une pile de cartons qui n'est pas encore tombée, mais un gros éclat se fiche, malgré mes précautions, dans mon bras gauche. Je lâche un cri de douleur tandis que le plafond semble se détacher de plus en plus et se rapprocher dangereusement de nos têtes, dans un grondement.
Aquarius attrape le sac qui contient la drogue, ou quoi que ce soit d'autre, et fonce chercher le fourgon. Gem et Scorpio traînent le second de Red Hood, toujours assommé par le choc électrique. Nous faisons de même, Libra et moi, malgré mon bras blessé et le sang qui me chatouille jusqu'au poignet, pour entraîner la cheffe à l'extérieur. Aqua nous aide à les installer à l'arrière du véhicule qu'il a garé au plus près. Lorsque nous sommes tous à peu près installés, le pilote démarre en trombe et nous voyons le manoir s'affaisser sur lui même dans un nuage de poussière à travers la vitre arrière.
Gem, qui est à côté de moi à l'arrière du fourgon, en compagnie de nos deux amis les clients de Barajas, ouvre de grands yeux quand il voit la blessure à mon bras.
« Tu ne t'es pas loupée !
- Toi non plus, remarqué-je dans un faible sourire en désignant l'arrière de son crâne, ensanglanté.
- Tenez. Nous dit Libra en nous faisant passer une trousse de secours. Gem, ça va aller pour nettoyer la plaie d'Aries ? »
Il hoche la tête par réflexe, puis paraît le regretter vu la grimace qui déforme son visage. Il attrape la petite mallette en plastique et l'ouvre sur le sol de la fourgonnette.
« Il va falloir que je t'enlève ça. S'excuse-t-il en désignant le bout de verre resté coincé dans mon bras. Ca n'a pas l'air trop profond. Je hoche la tête en me mordant la lèvre.
Libra se tourne vers Aqua et lui demande de rouler de moins vite et d'éviter de nous propulser contre les portières à chaque virage. Scorpio se tourne vers nous, l'air soucieux.
La main de Gem, enveloppée dans un mouchoir, agrippe l'éclat de mon bras. Il s'assure de sa prise. Je serre les dents. Il tire d'un grand coup et les larmes me montent aux yeux. Je respire à fond et mords dans ma main lorsqu'il désinfecte la plaie avec de l'alcool. Mon dieu que ça brûle !
Un quart d'heure plus tard, j'ai un bandage de fortune autour du bras et j'en ai profité pour nettoyer la plaie de Gemini. Nous sommes censé arriver dans dix minutes, mais vu comment roule Aqua, nous serons à l'aéroport en un claquement de doigt. Je somnole doucement mais sursaute lorsque quelque chose remue à côté de moi. Ou plutôt quelqu'un. Le colosse commence à reprendre connaissance et fait mine de se redresser. Je réagis en un éclair et, de mon bras encore valide, je l'assomme d'un coup sur la tempe. En théorie, nous étions supposés les ligoter, mais le départ a été un peu précipité puisque le ciel nous tombait littéralement sur la tête...
A l'aéroport, un homme de main de Zodiac nous accueille et nous laisse entrer avec le fourgon. Nous empruntons les routes destinées aux nacelles qui acheminent les voyageurs du hall de l'aéroport jusqu'aux pistes les plus lointaines et passons inaperçus dans la pénombre qui commence à s'installer. Nous arrivons assez vite devant un jet privé, plus grand que d'habitude. Il faut dire que nous avons une « cargaison » en plus.
En parlant de cargaison, Scorpio avait vu juste, le sac contient la moitié du poids qu'avait promis Red Hood au gars chauve à lunettes.
Une fois que nous avons fermement attaché sur des sièges nos deux nouveaux amis, qui commencent doucement à reprendre connaissance, nous appelons Capricorn pour lui faire un debriefing rapide avant de décoller. Il nous informe qu'il a envoyé une équipe pour nettoyer le chantier que nous avons laissé et se lamente sur notre définition de discrétion. Malgré tout, il est très content que nous ayons réussi à ramener tout ce qu'il fallait. Même s'il ne le dit pas clairement, nous le connaissons. Il nous annonce également que l'équipe B ne va pas tarder à entraîner en jeu sur l'autre transaction. Il sent que nous n'avons qu'une seule hâte : rentrer au QG, alors il raccroche et nous laisse décoller sans nous déranger.
Je ne parviens pas à trouver le sommeil, inutile d'expliquer pourquoi. Je ne cesse d'avoir des réminiscences du coup de fil que j'ai reçu la dernière fois que j'ai été assise dans un avion. Et au-delà de ça, mon bras me fait mal. Je décide donc qu'il serait idiot de s'acharner et me lève pour me diriger dans le cockpit pour vérifier que le pilote et Aqua - qui sert « seulement » de co-pilote à son grand dam – n'ont pas besoin de quelque chose. Je quitte l'espace dans lequel sont installés les sièges et passe dans un petit couloir, plus étroit. Je m'apprête à toquer à la porte quand quelqu'un m'attrape la manche, ou plutôt ce qu'il en reste vu que Gem a dû la couper pour le bandage. Je me retourne, sur mes gardes, au cas où ce serait Red Hood ou le colosse – ce qui est idiot, à la réflexion, puisque Gem et Libra ne les quittent pas des yeux. C'est donc Scorpio qui me fait face, les sourcils froncés. Je crains le pire.
« Qu'est-ce ce qu'il s'est passé dans le manoir ? Demande-t-il en s'approchant de moi.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Mens-je en soutenant son regard. Il soupire.
- Aries, arrête. On est en plein milieu des hostilités, une grenade vient d'exploser, des mecs nous tirent dessus, d'un coup tu te figes, tu ne bouges plus, et tu veux me faire croire qu'il ne s'est rien passé ? Une seconde de plus et cette putain de balle te traversait le crâne. Game over. Ça aurait pu compromettre toute l'opération ! » S'insurge-t-il en fronçant ses sourcils noirs.
J'aurais presque été touchée par son inquiétude s'il n'avait pas rajoutée sa dernière phrase. Mon sang se glace parce qu'il a raison, malgré sa manière de le dire. J'étais à deux doigts de tout foutre en l'air. Merde, j'ai mis si longtemps à apprendre à refouler tout ça. Mais là, Matt et cette voix qui résonne non stop dans ma tête depuis des heures, ça faisait trop. Cependant, je ne peux pas me permettre de perdre la confiance de Scorp et je ne vais certainement pas lui raconter tout ça. J'essaie de me concentrer pour lui fournir une réponse satisfaisante, mais je dois dire que sentir son visage à quelques centimètres du mien, du fait de l'étroitesse du couloir, n'aide pas non plus.
Heureusement pour moi, Aqua ouvre brusquement la porte du cockpit et sursaute en nous voyant, ne s'attendant pas à nous trouver là. Scorpio le toise, sachant pertinemment que je vais me servir de son irruption pour esquiver sa question. Il regagne finalement son siège, sans un regard.
« Il a pris un coup sur la tête lui aussi ou quoi ? Me demande Aqua, amusé.
- Quelque chose comme ça. Fais-je en soupirant.
- Ça va toi, ton bras ? » Reprend-il en fronçant ses sourcils clairs.
Je hoche la tête et le laisse passer, puis retourne m'asseoir à mon tour, résignée. Aucune chance que je trouve le sommeil maintenant. Un énorme sentiment de culpabilité m'envahit. Je dois bien l'avouer, heureusement que Scorpio a réagi vite.
« Victoria ? Victoria ! »
Je ferme les paupières très fort comme si cette action allait pouvoir faire disparaître ces mots, qui sont sûrement une mauvaise blague d'un des nombreux ennemis de Zodiac. Quand Capricorn, qui était un ami de mon mentor, m'a fait intégrer l'équipe malgré mon traumatisme, il a pris soin de faire disparaître toutes les traces de mon passé, mais après tout, personne n'est infaillible. Ils ont dû retrouver mon nom, et puis, le reste de la phrase ne fait aucun sens. Mais cette voix...
* * *
Suspens suspens, c'est malheureusement là-dessus que je vous laisse !
N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire et abusez des petites étoiles si l'histoire vous plaît ;)
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