35.2-Alex: Fengrad, la prison des Gardiens
À partir de ce chapitre, jusqu'à la fin de ce volume, certaines scènes peuvent contenir quelques petites incohérences. Veuillez m'en excuser, je travaille dessus. N'hésitez pas à me le faire remarquer, si vous en voyez ;) Mon but est de vous donner l'histoire la plus qualitative possible, en publiant le plus régulièrement possible. Merci infiniment pour votre compréhension et votre lecture.
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-Et comment on se rend là bas?! -S'indigne Clara, en montrant la prison, d'un geste de la main.- Même un champion de saut en longueur ne parviendrait pas à franchir le gouffre qui nous sépare, de l'autre montagne!
-Sers-toi de tes yeux, ma cocotte!
-Comment vous m'avez appel...
Instinctivement; Clara jette un coup d'œil à l'engin que lui montre Gunnar. Ce qu'elle voit l'empêche de finir sa phrase, tant elle est stupéfaite.
À quelques mètres de nous, un pauvre téléphérique, grossièrement relié aux câbles, est mis à disposition pour traverser le gouffre. Cependant, quant je vois l'état délabré de la carcasse; une forte envie de faire demi-tour grandit en moi.
Entre les vitres brisées, les murs cabossés et la porte qui paraît chancelante; absolument rien n'encourage à pénétrer là-dedans. Voilà pourquoi, lorsque j'entends Clara protester, je me range immédiatement de son côté:
-Il est hors de question que je monte dans ce machin!
-Ah, ouais?! Parce que tu crois que tu as le choix, peut-être? -Tonne Gunnar.-
Je m'approche du Viking, le fixant sans ciller.
-On ne montera pas dans ce truc; c'est clair?!
-Très bien! J'ai hâte de voir la tête des Divinités, lorsque vous retournerez les voir; en leur expliquant que vous n'avez, juste, pas voulu remplir votre mission, par peur d'y perdre la vie! Elles seront certainement ravies de l'entendre! Je peux même ajouter que, pour vous récompenser de votre audace; elles s'empresseront de mettre un terme, à vos misérables vies, que vous avez tant souhaité préserver!
Un long silence s'installe. D'un côté, je ne veux pas mettre la vie de mes amis en danger; mais de l'autre, je dois reconnaître que Gunnar n'a pas tort. À court d'idée, je parcours le paysage du regard, comme pour trouver de l'inspiration. Mais rien.
Soudain, Rosalie intervient:
-Nous devons le faire! Pour Arthème! N'oubliez pas que c'est pour lui, que nous sommes là!
Gunnar l'applaudit avec enthousiasme.
-En voilà une qui n'a pas froid aux yeux! J'aime ça! -S'écrie t-il.-
Je regarde mon amie intensément, en sachant que c'est elle qui a raison. Le signe de tête qu'elle m'adresse, m'encourage à prendre les devants:
-Très bien; allons-y!
Bruno, qui ne s'était pas prononcé, jusqu'à présent, lance, en faisant mine de faire demi-tour:
-Bon; Clara, on va peut-être y aller, nous. Qu'en penses-tu?
Cette dernière lui rétorque, avec un sourire:
-Non. Je suivrai Alex et Rosalie n'importe où; désolée.
Après avoir poussé un profond soupir, le catcheur finit par dire:
-Bon, d'accord! Mais c'est vraiment pour toi, que je le fais!
Tour à tour, nous entrons dans la cabine; baissant la tête, pour éviter de nous cogner contre le plafond, tant l'endroit est petit (surtout pour Bruno) et prenons place sur les banquettes. Ces dernières sont aussi dures que du métal et extrêmement inconfortables.
Dès que Gunnar ferme la porte chancelante, le téléphérique se met à bouger, comme par magie. Le trajet n'a rien de rassurant: entre les mystérieux grincements de l'appareil, sans compter ses continuels remous qui nous rappellent qu'on peut dégringoler dans le vide à tout moment.
Cependant, ce qui m'agace le plus sont les claquements de dents de Bruno. Heureusement que Clara est là, pour tenter de le rassurer. En signe de réconfort, elle prend sa main, dans la sienne, mais de ce que je peux voir, Bruno, tellement apeuré, ne contrôle pas sa poigne et semble broyer la main de mon amie.
Cette dernière ne lui en dit rien, malgré quelques grimaces subreptices.
-Ah; j'allais oublier! -S'exclame le viking en me tendant une clé.- Tenez; vous en aurez besoin, pour vous libérer de vos bracelets et passer le champ de force! Ne la perdez surtout pas! Elle est essentielle, si vous ambitionnez de sortir d'ici, un jour!
-Nos bracelets?! Le champ de force?! -Je répète, d'un air ahuri, en prenant l'objet.-
Soudain, un énorme «CLANG», nous indique que nous avons atteint la montagne opposée. Cette détonation fait sursauter Bruno, totalement à fleur de peau, qui s'écrie, d'une voix paniquée:
-AH! On est mort!!
-Mais non, idiot. On est arrivé! -Explique Clara, en lui lâchant la main.-
Ayant atteint notre destination; Gunnar en oublie les explications qu'il s'apprêtait à me donner, sur les bracelets et le champ de force; portant désormais son intention sur l'ouverture de la porte.
Fidèle à l'image de bourrin qu'il renvoie; le viking donne un énorme coup-de-pied dedans, envoyant valser la porte quelques mètres plus loin; puis, comme si de rien n'était, il sort de l'appareil.
Je lance un regard à Rosalie, qui semble aussi surprise que moi. Pour détendre l'atmosphère, je lui lance:
-C'est un moyen comme un autre d'ouvrir une porte.
Elle laisse échapper un rire amusé, en se levant. Nous rejoignons le viking, à l'extérieur. Ce dernier n'arrête pas de siffler, avec ses doigts; pour attirer l'attention de la sentinelle, calfeutrée dans son mirador.
-Bon, revenons-en aux bonnes vieilles méthodes! -Finit-il par dire, en ronchonnant, lorsqu'il s'aperçoit que ses sifflements ne fonctionnent pas.-
Le viking saisit sa corne de brume, depuis sa ceinture et souffle vigoureusement dedans. Aussitôt, nous nous bouchons les oreilles, pour atténuer le plus possible le bruit infernal qui s'en dégage.
-C'est quoi tout ce raffut?! -S'offusque la sentinelle.- Je dormais, je vous signale!
-C'est bon à savoir! -Rétorque Gunnar.-
-Qu'est-ce que vous voulez?!
-Voir ton chef; j'ai quelque chose à lui dire!
En guise de réponse, la sentinelle lui fait un geste obscène de la main. Un court instant, le viking paraît scandalisé par un tel manque de respect à son égard, cependant, il reprend vite contenance:
-Tu sais au moins à qui tu t'adresses, abruti?!
-Ouais! Au salopard qui m'a défiguré! -Proteste la sentinelle, en montrant le casque qu'il revêt.-
Rosalie ne peut s'empêcher de glousser.
-Quoi?! -S'emporte Gunnar, en se retournant vers elle.-
-Je constate simplement que tu as énormément d'amis, dans les environs.- Ironise t-elle, d'un ton plaisantin.-
-Oh, la ferme!
Il reporte son attention sur la sentinelle:
-Alors écoute-moi bien, espèce de planton amorphe; je te jure que si tu ne fais pas ce que je te dis, sur le champs; tu vas le regretter, amèrement!
-Vas-y, viens! Je t'attends; ivrogne!
-Comment tu m'as appelé?!
-Parce que t'es sourd, en plus, le borgne?!
Gunnar pousse un rugissement agacé. Clara tente, dès lors, d'apaiser la situation, en lui conseillant:
-On devrait peut-être procéder autrement, vous ne croyez-pas?
Au même moment, l'immense double porte coulissante en fer, de la prison, s'ouvre; provoquant un épouvantable brouhaha tout en faisant trembler le sol.
Apparaissent, alors, trois Déshonorés. Celui du milieu arbore une armure plus reluisante, que les autres, ainsi qu'un insigne sur son plastron. J'en conclus, de ce fait, qu'il doit s'agir d'un supérieur. C'est d'ailleurs lui qui prend la parole, à l'instar de ses congénères:
-Je me demandais l'origine de ce barouf, que j'entendais depuis mon bureau; mais maintenant que je te vois, Gunnar, je comprends mieux!
Je reste stupéfait, en entendant la désagréable voix métallique paraissant complètement inhumaine. Le viking rétorque, d'un air aussi ahuri que la tête que je dois tirer:
-Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle voix; c'est pas la même que d'habitude! T'as trop chanté, hier soir ou quoi?
Le Déshonoré, à la voix métallique, élude la remarque de Gunnar, en aboyant:
-Qu'est-ce que tu veux?!
-J'ai quatre nouvelles recrues, pour vous. -Explique t-il; d'une voix décontenancée, que je ne lui connaissais pas.-
Il nous montre, successivement; d'un geste de la main.
Sans sortir de la prison, le Commandant-en-Chef nous fait signe d'approcher. En m'avançant; je parviens alors à lire, sur son insigne l'inscription «Commandant-en-Chef».
Il nous jauge, chacun notre tour, comme s'il pressentait une supercherie. Ça en devient désagréable. J'ai l'impression d'être une bête de foire, dont on estime la qualité. Lorsque ses yeux se posent sur moi; derrière mon masque, je soutiens son regard, sans ciller. Au final, c'est lui qui finit par détourner le sien, en disant:
-OK, accompagnez-moi!
Nous lançons un regard à Gunnar, qui nous fait signe d'obéir. D'un pas hésitant, on s'exécute.
Au fur et à mesure que j'avance, mon cœur s'accélère et ma respiration devient saccadée.
Certainement dû au fait de voir que je me rapproche de la prison et qu'une fois à l'intérieur, je n'ai, pour l'instant, aucun plan pour en sortir.
Submergé par un flot de pensées angoissantes, je me rends compte que j'ai pénétré l'enceinte de Fengrad lorsqu'une forte baisse d'énergie survient en moi. Une horrible migraine serre ma tête comme dans un étau. Je me sens nauséeux et ressens un besoin irrépressible de m'allonger.
Malgré ça, comme à mon habitude, face à la douleur, je tente de ne rien laisser paraître. C'est alors que je me remémore ce que Gunnar nous a expliqué sur cette prison: elle neutralise les pouvoirs des Gardiens, pour éviter toute évasion. De surcroît, je constate que je suis le seul à ressentir cela.
-Tiens le coup. -Me murmure Bruno, qui a remarqué mon malaise.- Tu es censé être un Déshonoré; ce qui veux dire que tu n'as plus de pouvoirs de Gardiens, donc que tu ne ressens plus les effets de cette prison.
Seul le brouhaha de la fermeture des portes me ramène à la réalité. J'inspire et expire profondément, afin de me calmer et de retrouver une certaine contenance.
J'aimerais tant pouvoir enlever ce foutu casque, pour ressentir pleinement la fraîcheur de l'air montagnard; cela, à coup sûr, me revigorerait parfaitement. Au lieu de ça, pour tenter d'oublier mon mal; j'explore, du regard, la modeste cour quadrangulaire, dans laquelle je me trouve. Les murs de pierre, colossaux, qui se dressent de chaque côtés, renforcent cette sensation de captivité.
Avant de reporter son intention sur nous; le Commandant-en-Chef chuchote des instructions à l'un de ses sous-fifres et ce dernier s'en va en courant.
-Bon! -Nous lance t-il.- Maintenant que vous êtes destinés à passer le restant de vos jours ici; autant vous mettre au boulot sur le champ!
-Euh, justement, chef... -Intervient Bruno.- Tant qu'à y passer l'éternité, autant se dire qu'on aura tout le temps d'accomplir les tâches ingrates plus tard. Passons un peu de bon temps, avant; vous n'êtes pas d'accord?
Le Déshonoré s'avance lentement vers Bruno et renchérit d'une voix qui se veut doucereuse, mais incontestable:
-Mes ordres ne sont pas négociables. Retenez-le ou je vous l'apprendrai de façon moins amicale; compris?!
-Oui, chef.
-Bien. Alors, pour commencer, vous allez m'enfiler ces bracelets, à vos poignets! -Nous ordonne t-il, en nous tendant les objets que son sous-fifre vient de lui ramener.- Tous les Déshonorés et les prisonniers doivent en porter un!
Ne voyant pas d'autres options, à ma grande insatisfaction; je m'avance le premier, suivi aussitôt de mes amis et enfilons l'espèce de gourmette. Une fois fixé à mon poignet; je sens le bracelet s'incruster désagréablement dans ma peau.
-Eh, mais c'est quoi, ça! -S'écrie Clara, en tentant de retirer le sien.- Je ne peux plus l'enlever!
-C'est le but! Ce bracelet fait maintenant partie de vous! N'espérez pas pouvoir vous en débarrasser, c'est tout bonnement impossible!
«Du moins, c'est ce que tu crois», je me dis; en repensant à la clé que Gunnar vient de me remettre; tout en apercevant une minuscule serrure, insérée si discrètement dans le bracelet, qu'il est presque impossible de la remarquer, camouflée par toutes ces autres formes abstraites, qui sont également représentées.
D'ailleurs, je ne pense pas que j'aurais pu la remarquer, si le viking ne m'avait pas apporté cette information, au préalable. Je comprends un peu mieux son utilité. Reste à déterminer le champ de force auquel le viking faisait référence. Pour l'heure, je préfère laisser cette énigme de côté.
-Maintenant, -Reprend le Commandant-en-Chef-, allez me changer vos vêtements ridicules, contre notre uniforme. Vous en trouverez dans les vestiaires, juste ici.
Il nous désigne une salle miteuse, à l'autre bout de la cour. S'il ne nous avait pas précisé qu'il s'agissait d'un vestiaire, j'aurais plutôt pensé qu'il s'agissait des chiottes, tant la crasse est percevable.
-Allez, dépêchez-vous! Ensuite, vous irez en cuisine, aider à préparer les repas!
En m'engouffrant à l'intérieur des vestiaires; je constate que c'est encore pire que ce que j'imaginais. Le sol est tellement mouillé qu'on pourrait croire qu'il y a eu une inondation. Sans Compter cette forte odeur nauséabonde qui embaume la pièce (comme s'il y avait une colonie d'animaux morts, cachés dans l'un des casiers). Les murs sont effrités, au point que je me demande comment ils arrivent encore à tenir debout.
-Pouah! Et moi qui pensais que tu étais le pire ennemi du ménage, Alex! Je crois que tu viens d'être détrôné! -Taquine Clara, en se couvrant le nez, avec le col de son pull.-
Lorsque j'ouvre la porte d'un casier, je redoute qu'elle me reste entre les mains, tant elle semble fragile.
À l'intérieur du casier; je découvre cette espèce de cuirasse en bronze, similaire à celle que revêtaient les spartiates, servant d'uniforme aux Déshonorés. J'enfile l'accoutrement en remarquant l'étiquette, collée sur le plastron, qui contient le numéro: 26422. Je comprends qu'il s'agit d'un matricule. Ça me donne l'impression d'être considéré comme du bétail; j'en ai la nausée.
C'est à peine si nous avons le temps d'échanger nos vêtements contre ces cuirasses; qu'un Déshonoré surgit dans les vestiaires en nous apostrophant, d'un air paniqué:
-Venez vite! Il y a une bagarre au réfectoire!
Furtivement, j'échange un regard avec mes compagnons; puis nous suivons le Déshonoré, traversant la cour de la prison, à vive allure.
Au bout de quelques minutes, les couloirs que nous empruntons finissent par déboucher sur un immense réfectoire où une foule opaque, s'agitant dans tous les sens, avec un enthousiasme démesuré, scande des noms incompréhensibles.
-Ça suffit, dispersez-vous! -Hurlent plusieurs Déshonorés, en brandissant leurs épées, afin d'atténuer le désordre, en vain.-
Plusieurs personnes s'écartent lorsque l'un des deux combattants est projeté en l'air, avant d'atterrir sur une table. Celle-ci se brise, sous le poids de l'individu. Immédiatement, je remarque les sublimes ailes noires de l'homme; me faisant ainsi comprendre qu'il s'agit d'un Réprouvé.
Jouant des coudes, pour traverser la marée de prisonniers, qui m'obstrue le passage; je parviens au bout d'un effort éreintant, à atteindre le premier rang. Une odeur de fauve se dégage de cet attroupement. En même temps, quand je vois le drap usé, qui sert de vêtement aux prisonniers (contenant deux énormes trous pour laisser passer les bras), je me dis qu'il n'y a rien d'étonnant.
Reportant mon attention sur le combat, j'aperçois, alors, le second combattant. D'abord impressionné par sa corpulence monstrueuse; deux détails me frappent subitement, au point de m'en glacer le sang. J'en suis tellement troublé, que je ne remarque la présence de Rosalie, à côté de moi, que lorsqu'elle me susurre:
-On devrait intervenir, tu ne crois pas?
J'acquiesce aussi mécaniquement qu'un automate, mais reste figé sur place. Je continue de regarder le mystérieux prisonnier, aux trapèzes de taureau, relever son adversaire, pour le propulser contre le mur opposé.
Deux Déshonorés surgissent de nulle part et tentent de maîtriser l'homme, au physique de Goliath. Contre toute attente, ce dernier les soulève du sol, sans la moindre difficulté et les envoie valser, à leur tour, contre ce même mur; tout en poussant un hurlement de bête sauvage.
Du coin de l'œil, j'aperçois deux autres prisonniers, se soustraire de la foule, pour rejoindre «Goliath».
Ces deux nouveaux arrivants attirent mon attention, par ces même détails troublants. Je sens Rosalie me secouer légèrement le bras, pour me faire réagir, mais rien n'y fait. Je continue d'observer les deux prisonniers.
La jeune femme rousse reste en retrait, les bras croisés; tandis que l'homme, de la taille d'un immeuble, s'avance vers «Goliath» en le saisissant fermement par le cou.
D'une voix grave et autoritaire, il lui ordonne:
-Allons; calme-toi, mon pote!
-Fous-moi la paix, Erik! -Rétorque «Goliath», en dégageant, de son cou, avec virulence, la main du dénommé Erik.- Je fais ce que je veux, lorsqu'il s'agit de régler leur compte, à ces vermines!
Aussitôt après avoir dit ça, «Goliath» s'éclipse, d'un pas rapide du réfectoire, accompagné de ses deux acolytes.
Je tente de les rattraper, afin de leur poser les questions qui me brûlent les lèvres; mais la foule, se dispersant, me les fait perdre de vue.
Une fois la salle devenue déserte; étant les «petits nouveaux», nous sommes de corvée de ménages. Réparer les dégâts de la bagarre de tout à l'heure, aurait pu s'avérer plus harassant. Cependant, étant seulement tous les quatre, dans la pièce; nous pouvons parler des sujets qui nous tiennent à cœur, sans se soucier d'attirer les regards indiscrets.
Cela aide à réduire la pénibilité de la tâche, qui nous incombe. C'est notamment lorsque Rosalie trouve, parmi les débris de la table brisée, un morceau de papier roulé en boule ainsi qu'un petit agenda; que la discussion devient vraiment intéressante:
-Regardez ce que j'ai trouvé! -Nous interpelle t-elle, en défroissant les papiers.-
En regardant par-dessus son épaule; lorsqu'elle feuillette le mystérieux carnet. N'y voyant rien d'anormal, hormis qu'il semble vierge; je regarde le deuxième papier. J'y lis les mots suivants:
Vous avez reçu votre casque, avec les pouvoirs, que je lui ai attribué. N'oubliez pas de me payer, lors de votre sortie. PS: Afin que vous vous rappeliez de votre dette et que vous conserviez cette lettre, j'ai usé de ma puissance sur cette dernière, de sorte qu'elle ne puisse ni être brûlée, ni être déchirée.
Nous nous regardons, avec Rosalie, du même air complice que nous utilisons depuis que nous nous connaissons.
-Tu penses à ce que je pense? -Me demande t-elle.-
-Que ce morceau de papier et cet agenda ont dû tomber de la poche du Réprouvé; lorsqu'il a traversé la table. Si l'on en croit ce qui y est écrit, ce gars a réussit à se procurer un casque comme les nôtres et prépare une évasion. C'est ce que tu penses?
Mon amie acquiesce, en prenant soin de ranger précieusement les documents, dans sa poche.
-Tout à fait. C'est plutôt une bonne piste, je trouve. Ça signifie qu'il y a réellement une évasion qui se prépare. Si Kerskor savait ça, que son petit scénario était, en fait, la réalité...
Ce Réprouvé se trouve alors, au sommet de ma liste, comme suspect. J'irai lui faire passer un interrogatoire à l'occasion.
-D'ailleurs; puisqu'on en parle; de la bagarre de tout à l'heure; -intervient Clara-; vous avez remarqué, les trois autres prisonniers?! le tatouage qu'ils avaient au bras?!
Soudainement, mon cœur s'emballe; lorsque je me remémore le visage de ces trois individus; ainsi que les deux détails m'ayant frappé, en les voyant.
Clara vient justement d'évoquer le premier d'entre eux. Ce mystérieux symbole, qu'ils arboraient. Un clair de lune au milieu d'une paire d'ailes (une noire et une blanche) en train de brûler. Le même pictogramme que le graffiti, que nous avons aperçu, sur le mur du bar; le matin où Sibylle nous a présenté Connor. Qu'est-ce que ça veut dire?
Soudain, j'entends Bruno pousser un grognement, puis semble se renfrogner, en passant la serpillière dans son coin; comme si ce sujet lui était désagréable.
-Ouais, je l'ai vu, moi aussi; leur tatouage. -Intervient Rosalie.- C'est vrai que c'est étrange. De plus, je ne sais pas pourquoi mais, il y a quelque chose qui m'a paru différent chez ces trois Gardiens.
-C'est parce qu'ils n'en sont pas! -Je lance, de but en blanc.-
Mes amis s'immobilisent, pour me regarder, d'un air interrogateur.
-Qu'est-ce que tu veux dire? -Interroge Rosalie, intriguée.-
Apparemment, même accoutrés de leur casque; mes amis ne semblent pas encore avoir pris le réflexe de regarder au bon endroit, pour récolter certains indices flagrants.
-Ils n'ont pas d'ailes! Ce qui signifie que, malgré leur incroyable force; ce ne sont pas des Gardiens.
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