-7-
Liam colla l'oreille à sa porte d'entrée, espérant ainsi deviner ce que Zayn Malik fabriquait. Cela faisait maintenant des heures qu'il l'entendait aller et venir, monter et descendre dans l'immeuble, et faire du bruit comme s'il tirait des objets lourds derrière lui.
Ouvrir la porte aurait certes été la façon la plus simple d'en avoir le coeur net et, à vrai dire, un moment plus tôt, il avait été bien près de le faire. Heureusement, il s'était retenu à temps, se souvenant qu'il avait décidé de l'éviter. Pour autant, cela n'avait pas été facile de refréner sa curiosité.
Une fois encore, il tenta de regarder par l'œil de bœuf, mais, même avec la lumière du palier, il ne voyait pas grand-chose. Juste la porte ouverte de l'appartement de Zayn et lui, de dos, qui portait un volumineux paquet. Puis la porte se referma.
Maugréant intérieurement, Liam s'éloigna. Bon sang, il mourait d'envie de connaître la cause de cette agitation. Au moment où il s'interrogeait à nouveau, la voix de la raison le rappela à l'ordre. Qu'avait-il à faire de Zayn Malik ? Rien. Absolument rien ! Cependant, lorsque, cinq secondes plus tard, il passa sa main sur son bras, là où Zayn l'avait touché quelques jours plus tôt, il lui sembla encore sentir la chaleur de ses doigts sur sa peau.
«Ridicule !» pensait-il, bien décidé cette fois à se consacrer à des choses autrement plus sérieuses. Au travail qu'il avait en regard, par exemple, et qui n'allait pas se faire tout seul. Il retourna donc à son bureau avec la ferme intention de ne plus en bouger avant d'avoir bouclé ses dossiers en souffrance. Mais à peine était-il assis qu'une plainte étrange, des gémissements... ou les pleurs d'un bébé, peut-être, attira son attention. Il tendit l'oreille : le bruit semblait venir de la rue. Oubliant déjà ses bonne résolutions, il se releva pour aller regarder par la fenêtre. Mais non, il n'y avait rien d'anormal. À cette heure crépusculaire, la rue était presque déserte et ses voisins devaient tous être chez eux, en train de dîner.
Comme un petit vent s'infiltrait dans la pièce, il s'empressa de refermer la fenêtre avant que tous les papiers posés sur son bureau ne s'envolent. Il avait dû rêver ; aucun bébé ne pleurait. D'ailleurs, d'où serait-il sorti ? Son immeuble ne comportait que quatre appartements. Ceux du rez-de-chaussée étaient occupés par Madame Wakefields et Madame O'Callaghan, deux femmes seules qui devaient avoir dans les soixante ans bien sonnée et qui, ni l'une ni l'autre, n'avaient de petits-enfants. À l'étage, il n'y avait que lui et Zayn Malik. Il faillit éclater de rire en imaginant Zayn avec un bébé.
Conclusion : son imagination lui avait joué un tour. Une bonne tasse de café lui ferait le plus grand bien pour ses remettre les idées en place !
- Par pitié, laisse-moi respirer une seconde ! soupira Zayn, essayant de calmer Sasha, tout en suivant la conversation téléphonique avec sa mère lancée dans un long monologue.
Le premier temps de surprise passée. Trisha Malik avait été ravie d'apprendre qu'elle était de nouveau grand-mère. Naturellement, elle avait maintenant des montagnes de choses à dire à son fils au sujet de la paternité. L'ennui, c'était que, si Zayn était patient, sa fille, apparemment, l'était beaucoup moins que lui ! Elle reniflait, gémissait, se frottait les yeux avec ses poings et se tortillait comme un ver dans ses bras.
- J'aurais dû te laisser avec Harry et Louis un peu plus longtemps, marmonna Zayn en se mettant à se balancer d'un pied à l'autre.
Il avait vaguement le souvenir d'avoir vu un de ses neveux s'endormir après avoir été bercé de cette façon. Et bon sang, si ça ne fonctionnait pas, il ne saurait plus quoi faire.
- Qu'est-ce que tu dis ? Tu voulais la laisser avec qui ? lui demanda sa mère.
- Des amis.
Il n'était pas près d'oublier le visage choqué d'Harry lorsqu'il avait débarqué avec Sasha. Aussitôt, celui-ci s'était lancé dans un interrogatoire interminable, que par bonheur, Louis avait assez vite interrompu. Hélas pour lui, Zayn savait qu'il ne perdait rien pour attendre et qu'Harry ne tarderait pas à revenir à la charge.
- Tu n'y penses pas, mon garçon. Tu viens à peine de récupérer ta fille que tu veux déjà t'en débarrasser !
Prenant une grand inspiration, Zayn essaya de garder son calme et sa patience, même s'il avait vraiment envie de raccrocher. Il n'avait rien à gagner à irriter sa mère, la seule personne de qui il pouvait réellement attendre de l'aide. Elle qui ne vivait que pour ses petits-enfants et adorait les bébés. Elle, il en était certain, qui ne refuserait jamais de lui donner un coup de main.
- Je l'ai seulement déposée chez mes amis le temps de faire des courses, expliqua-t-il. Tu ne peux pas imaginer la quantité de choses qu'il m'a fallu acheter. La pauvre petite, je n'allais pas la traîner avec moi dans les magasins.
En vérité, il avait surtout voulu ne pas s'encombrer avec elle, mais cela revenait au même, non ?
- Pauvre chou qui, après avoir vue autant de têtes nouvelles en si peu de temps, a encore dû subir d'autres étrangers ! s'exclama Trisha Malik.
- Au contraire, cela a plutôt eu l'air de lui faire plaisir de se débarrasser de son père.
Cela était vrai. À tel point d'ailleurs que Zayn s'était demandé si la panique des adultes pouvait aussi affoler les bébés...
- Je suis impatiente de connaître ma nouvelle petite-fille.
- Je peux déjà te dire qu'elle a de la voix, dit Zayn, comme Sasha venait de se remettre à hurler.
Trisha Malik éclata de rire.
- Oui, je l'entends.
- Écoute, maman, reprit Zayn, obligé de crier pour couvrir les pleurs de sa fille, il faut que tu m'aides parce que je crois que je ne vais jamais m'en sortir. Je te paie ton billet d'avion, mais, je t'en supplie, viens chez moi quelques jours... quelques semaines...
«Quelques années», dit-il tout bas.
- Ça ne servirait à rien, répondit sa mère sans même prendre le temps de réfléchir.
Et en plus,elle n'avait même pas l'air désolé.
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire que ce n'est pas en appelant ta mère au secours que tu apprendras à t'occuper de ta fille. D'ailleurs, je suis certaine que tu l'élèveras très bien.
Elle lui parlait déjà d'«élever» Sasha, alors qu'il en était encore à se demander comment il allait passer la nuit à venir.
- Tu ne te rends pas compte... Je ne sais pas du tout comment m'y prendre avec un bébé.
- À qui la faute ? Si tu t'étais un peu plus occupé de tes neveux et nièces, tu aurais au moins quelques expériences en la matières. Ce ne sera pas facile, Zayn, mais tu y arriveras. Sasha n'est qu'un bébé et elle a besoin de toi.
Ces mots le frappèrent en plein coeur, d'autant que la petite fille, qui venait enfin de s'apaiser, s'était pelotonnée contre lui, la tête sur son épaule, dans une attitude de confiance absolue. Oui, Sasha dépendait entièrement de lui. Lui, et lui seul à présent, détenait la clé de son épanouissement, de son avenir, de son bonheur. Par respect pour elle et pour la mémoire de Rebecca, il se devait d'être fort et courageux.
- Zayn ?
Il toussota pour retrouver sa voix.
- Oui, je suis toujours là.
- Écoute mon grand, j'aimerais t'aider, mais tu sais bien que je pars en croisière à la fin de la semaine.
- Une croisière... Ah, oui.
Tout à coup, il se souvenait vaguement que sa mère lui avait parlé de ce voyage la dernière fois qu'il l,avait eue au téléphone.
- Tu sais bien, je te l'ai dit. Une croisière dans les Caraïbes avec mon amie Samantha Haley. Tu te souviens d'elle ? La mère de la gamine à la verrue sur le front.
Zayn se retint de rire. Sa mère ne voyait pas les enfants grandir, pas plus les siens que ceux des autres. La fille de Samantha Haley avait beau être aujourd'hui une jolie avocate d'une trentaine d'année pour Trisha Malik, elle resterait probablement toujours « la gamine à la verrue sur le front. »
- Oui, je me souviens d'elle.
Un silence, puis sa mère reprit :
- Zayn, mon chéri, c'est un fabuleux cadeau que tu viens de recevoir là.
Un fabuleux cadeau qui, pour l'instant, était en train de baver sur sa chemise de son uniforme.
- Hum.
- Je sais que ça peut paraître effrayant, mais...
- Je n'ai jamais dit que j'étais effrayé, se défendit Zayn assez violemment.
- Non, bien sûr, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais, si tu te sens un peu nerveux, sache que c'est normal.
Ce qu'il refusait surtout, c'était de passer pour une poule mouillée, mais «nerveux», d'accord, il voulait bien l'admettre.
Sasha s'était maintenant endormie et Zayn évitait de bouger, de crainte qu'elle s'éveille et ne se remette à hurler.
- J'ai toujours pensé que tu serais un père fantastique, reprit sa mère. Et cette petite fille est ton ticket d'entrée dans un monde fabuleux.
- Disneyland, murmura-t-il spontanément, se souvenant des vacances de Madame Adams.
- Oh, non, mieux que cela, beaucoup mieux que cela, tu verras... Dès que tu auras une permission, prends un bille d'avion et viens me présenter ma petite-fille, d'accord ?
- Promis maman. Bonne nuit.
Dès qu'il eut raccroché, Zayn eut la pénible impression d'être coupé du reste du monde. Maintenant il se retrouvait seul, tout seul... en charge d'un bébé qui le détestait.
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