La sonnerie du téléphone retentit au moment où Zayn pénétrait dans son appartement. Encore hanté par la pensée de Liam Payne, il traversa le salon d'un pas mécanique et nota vaguement, en passant, que les derniers rayons du soleil, à travers les lattes du store, dessinaient dans la pièce des barres ressemblant à des barreaux de prison.

Puis il souleva le combiné. Aussitôt, une voix féminine et suave lui murmura à l'oreille :

- Allô Zaynou ?

- Perrie !

Même sa propre mère ne l'appelait plus Zaynou depuis qu'il avait huit ans ! Peut-être aurait-il dû empêcher Perrie Edwards d'utiliser ce surnom ridicule dès le début de leur aventure. Maintenant, l'habitude était prise et c'était trop tard.

- Que dirais-tu de dîner chez moi, ce soir ? lui proposa sa correspondante, allant droit au but.

Machinalement, il laissa son regard errer du côté de sa porte d'entrée, regrettant de ne pas posséder la faculté de voir à travers les cloisons... jusque ans l'appartement d'en face.

- Dîner ? ... Ce soir ? ... répéta-t-il d'un air absent, comme s'il s'agissait d'une langue étrangère qu'il ne maîtrisait pas bien.

En même temps qu'il parlait, il passa le doigt sur la table basse. En découvrant la traînée provoquée par son geste, il songea qu'il ferait bien de prendre une femme de ménage.

- Qu'est-ce que tu as, Zaynou ? On dirait que tu ne m'écouteras pas.

- Si.

- Allez, accepte ! gémit Perrie. Ça fait des semaines que je ne t'ai pas vues.

Une pointe de culpabilité assaillit Zayn. Mais que dire ? Que les femmes ne l'intéressaient plus depuis qu'il avait fait la connaissance de son nouveau voisin ? Difficile d'avouer quelque chose d'aussi humiliant, que lui-même avait du mal à admettre.

- J'ai été très occupé. On a un boulot fou en ce moment sur la base.

L'excuse était minable, mais tant pis ! Il n'avait rien trouvé de mieux.

- Tu n'es tout de même pas occupé au point de refuser un dîner avec moi ce soir ? insista la jeune femme.

Zayn jeta un regard en direction de sa cuisine, où rien ne mijotait sur le feu. Dans l'appartement d'en face, Liam s'apprêtait à dîner sans lui, et il se retrouverait bientôt en tête à tête avec un plat surgelé, réchauffé aux micro-ondes à la dernière minute. Devant une telle perspective, pourquoi hésitait-il encore ? Une invitation à dîner, c'était une aubaine !

Après tout, même si ce n'était pas la soirée dont il rêvait, mieux valait passer quelques heures en compagnie d'une jolie femme plutôt que de rester seul à se morfondre et regretter que, pour une fois, son charme légendaire n'ait pas opéré. Une petite distraction lui ferait le plus grand bien, d'autant que cela faisait maintenant quatre semaines que ses sorties s'étaient limitées au trajet de son domicile à la base militaire.

- Zaynou ? Tu es toujours là ?

- J'arrive ! s'empressa-t-il de dire, de crainte de changer d'avis. Qu'est-ce que tu nous as préparés ?

Le rire cristallin de Perrie retentit dans l'appareil. Un rire qui, autrefois, avait mis ses hormones sens dessus dessous et qui, à présent, lui semblait un peu forcé et théâtral.

- Permets-moi de te faire une surprise ! chuchota la jeune femme d'une voix mystérieuse.

Toutes sortes d'invitations s'étaient contenues dans cette seule petite phrase. Bon sang, pourquoi n'était-il pas déjà tout excité ? Par un juste retournement des choses, le don Juan qu'il était allait-il avoir le cœur brisé par un homme qui ne voulait pas de lui ?

Voilà qu'il broyait des idées noires ! Quelques secondes lui suffirent pour se ressaisir. Voyons, ce n'était qu'une attirance sexuelle, son cœur n'était pas en péril. Dans quelques semaines, quand il aurait recouvré son bon sens, il en rirait, c'était sûr.

- Le temps de prendre une douche et je suis là dans une demi-heure, précisa-t-il avant de raccrocher.

Une soirée avec la ravissante Perrie l'aiderait sans nul doute à se sortir définitivement Liam Payne de l'esprit.

Il y avait tout juste un quart d'heure que Zayn Malik l'avait quitté que déjà Liam l'entendit qui ressortait de chez lui. Sans doute allait-il revenir à la charge. Il se raidit en attendant le coup de sonnette, mais, à sa grande surprise, le bruit de son pas s'éloigna.

« Présomptueux ! Ça t'apprendra ! » se dit-il à lui-même tout bas.

Balançant entre frustration et soulagement, il s'avança jusqu'à la fenêtre qui donnait sur la rue et souleva discrètement un coin du rideau. Il n'aperçut tout d'abord qu'un groupe de gamins qui passaient à vélo. Il les suivit du regard un instant, jusqu'à ce qu'ils disparaissent, laissant derrière eux résonner l'écho de leurs cris et de leurs rires. Puis la petite rue résidentielle retrouva son calme. En cette fin de journée, la brise océane agitait les feuilles des arbres, et seuls les aboiements d'un chien ou le ronflement d'une tondeuse à gazon, dans le lointain, troublaient la quiétude de l'endroit.

Et soudain, il apparut...

Instinctivement, Liam retint son souffle en voyant Zayn descendre les marches de l'immeuble. Il remarqua tout de suite qu'il portait un pantalon beige impeccable et une chemise à carreaux noir et rouge. Tout ensemble décontracté et élégant, il était idéalement vêtu pour se rendre... à un rendez-vous galant !

Dire qu'il avait pensé le décevoir en repoussant ses avances ! Il s'était rapidement consolé. Tout de même, c'était un peu vexant, songea le jeune homme en se déplaçant légèrement pour mieux l'observer. Il marchait d'un pas vif, comme s'il était pressé d'arriver là où il allait.

Il monta dans sa jeep noire et, une minute plus tard, il avait démarré.
Ce n'était qu'après qu'il se fut éloigné que Liam réalisa qu'il avait froissé le rideau, tant il l'avait tenu serré entre ses doigts. Il lissa le voile du plat de la main, puis, se retournant face à son appartement vide, il s'accorda quelques minutes pour réfléchir.
Depuis le début, il avait compris que Zayn Malik était une sorte de séducteur professionnel. Il avait donc fait exactement ce qu'il fallait en refusant fermement ses invitations de flirt. En un mot, il avait remporté une victoire...

Une victoire qui, certes, avait un arrière-goût de défaite... Mais, là-dessus, pour l'heure, il ne voulait surtout pas s'interroger !