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- Salut, voisin !

Liam s'arrêta net en entendant la belle voix grave. Deux fois dans la même journée, c'était beaucoup... beaucoup trop. Il avait espéré rentrer chez lui sans tomber de nouveau sur Zayn Malik, mais il était piégé. Bon sang, ce type devait avoir une sorte de radar qui l'avertissait dès qu'il était dans les parages !

Après une longue inspiration pour retrouver ses esprits, il se retourna lentement vers Zayn qui était derrière lui. Hélas, comme toujours, les mêmes symptômes se firent sentir. Une fraction de seconde, son cœur se mit à battre la chamade, ses paumes devinrent moites et sa gorge s'assécha.

Zayn Malik, un mètre quatre-vingt-cinq de muscles et de charme éprouvé, se tenait dans l'encadrement de la porte de son appartement, de l'autre côté du palier. Les bras croisés, moulés dans un T-shirt portant l'écusson de la marine, il était nonchalamment adossé contre le chambranle et, naturellement, il arborait son fascinant sourire. Devant ce spectacle, Liam dut faire un réel effort de volonté pour se rappeler que Zayn Malik ne l'intéressait pas... Un fait dont, malheureusement, il avait de plus en plus de mal à se souvenir !

- Vous êtes allé faire des courses ?

Liam, resserrant les bras, ramena devant lui ses sacs débordant de provisions.

- C'est que vous êtes perspicace ! railla-t-il.

Zayn ne sembla pas s'offusquer du sarcasme.

- Les marines sont de fins observateurs, répliqua-t-il simplement, poussant même l'amabilité jusqu'à s'emparer de ses paquets pour le décharger.

- Merci, mais je peux me débrouiller seul. J'ai l'habitude, vous savez.

Comme il amorçait un geste pour récupérer ses sacs, il recula d'un pas.

- Je vous en prie, c'est un plaisir.

Têtu comme une mule et séducteur dans l'âme, voilà ce qu'il était. La pire vengeance ! ... se souvenant à point nommé que son palmarès sentimental se résumait à une suite d'échecs, Liam se dit que, face à un tel individu, il avait tout intérêt à ne pas se laisser aller à la tentation.

- Au fait, vous n'avez plus eu de problèmes avec votre voiture, cet après-midi ? reprit Zayn, pendant que le châtain ouvrait la porte de son appartement.

- Plus aucun. Chaque fois, elle a redémarré sans difficulté.

- Si vous voulez mon avis, vous devriez lui faire subir une bonne révision.

- Elle sort du garage, mais merci quand même du conseil, dit Liam en pénétrant chez lui.

Comme il ne voulait pas rester dans son entrée avec un homme dont le simple frôlement avait le pouvoir de changer son sang en lave, il se rendit directement dans la cuisine. Zayn l'y suivit et déposa les sacs sur le comptoir qui faisait office de séparation avec la salle de séjour. Puis, alors que le jeune homme s'apprêtait à le remercier et le pousser habilement vers la sortie, il pivota sur lui-même et se mit à regarder longuement autour de lui.
 
 
 
« Son intérieur lui ressemble, songea Zayn. Ouaté et chaleureux » Le soleil filtrant à travers les rideaux de couleurs crème dessinait des entrelacs de lumière nacrée sur le sol de l'appartement. Des fauteuils rembourrés et un confortable canapé étaient disposés autour d'une table basse couverte de livres et de magazines de sport ; des cadres photos de tout genre ornaient les murs et une délicieuse odeur de cannelle flottait dans l'air.

- C'est joli, chez vous, commenta-t-il, avant de se retourner vers lui.

Un homme ravisant, sans aucun doute, avec sa chevelure châtaine, qu'illuminaient des yeux noisette, vifs et pétillants. Zayn poussa un soupir de frustration. Depuis un moins qu'il était son voisin, il sentait bien qu'il n'avait pas vraiment réussi à briser la glace. Pour une raison qu'il ignorait, le jeune homme était toujours sur ses gardes.
Nom d'un chien, ne savait-il pas que l'on pouvait faire confiance à un marine ? Pourquoi se méfiait-il autant de lui ?
Malgré sa déception, Zayn ne put s'empêcher de sourire en constatant que Liam s'était retranché derrière le comptoir de la cuisine, comme s'il craignait de se faire attaquer !

- J'apprécie votre amabilité, mais euh... je... j'ai..., bredouilla-t-il.

- Oui, je sais, vous avez des choses à faire, reprit Zayn à sa place, pas vraiment surpris qu'il veuille se débarrasser de lui.
Car il s'agissait bien de cela : il le mettait poliment à la porte ! D'ailleurs, ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait comprendre qu'il n'avait pas envie de faire plus ample connaissance.

Au fond, n'était-ce pas mieux ainsi ? s'interrogea Zayn. Il n'aimait pas les complications. Or, une aventure avec son voisin de palier ne pourrait que lui compliquer la vie, alors... Bien sûr, corrigea-t-il aussitôt en suivant du regard son corps si tentant, il était un délice qui valait bien quelques petits désagréments...
Il toussota et reprit la parole.

- Merci... et au revoir.

On ne pouvait être plus clair ! Zayn acquiesça d'un hochement de la tête. Il allait donc partir. Mais, avant cela, il voulait savoir ce qui le rendait aussi craintif.

- Qu'est-ce qui vous déplaît exactement chez moi ? demanda-t-il, fixant le jeune homme droit dans les yeux. Pourquoi ne m'aimez-vous pas ?

Il sursauta, visiblement surpris par la question, fourra ses mains dans les poches de son jean et balança la tête de côté.
- Je n'ai jamais dit que je ne vous aimais pas, se défendit-il.

- Ce n'est pas la peine de le dire !

- Mais je ne vous connais même pas.

- On peut arranger ça, dit Zayn en riant.

La réponse fusa, claire et nette :

- Non, merci.

- Vous voyez, c'est bien ce que je disais !

- Maintenant, à mon tour de vous poser une question, sergent Malik.

- Serg...

- Oui, je sais, sergent-artilleur Malik.

- Je vous écoute.

Les sourcils froncés et une moue sur les lèvres, Liam resta silencieux un long moment, comme s'il hésitait à parler.

- Pourquoi vous mettez-vous en quatre pour me plaire ? demanda-t-il enfin. Pourquoi faites-vous autant d'efforts pour me forcer à vous aimer ?

- Où êtes-vous allé cherche ça ? Je ne fais aucun effort.

- Dans ce cas, pourquoi avez-vous changé l'ampoule du palier ?

- Parce que, s'il avait fallu attendre que le syndic s'en charge, on serait restés dans le noir encore je ne sais combien de temps. C'est aussi simple que ça.

Liam sortit les mains de ses poches, croisa les bras sur son torse et regarda Zayn d'un air sceptique.

- Hmm, hmm, murmura-t-il.

- Vous savez, je ne suis pas un gars compliqué. Juste quelqu'un de serviable et d'amicale, comme le sont généralement les gens des petites villes.

- Mais vous m'avez dit que vous étiez de Chicago ! Comme petite ville, on fait mieux, ironisa le jeune homme.

- Je veux dire que mon entourage se limite à quelques personnes.

- C'est donc seulement pour me rendre service que vous avez également réparé ma sonnette sans que je vous le demande ?

- Naturellement. Ça pouvait provoquer un court-circuit et mettre le feu à l'immeuble, affirma Zayn avec aplomb.

Liam laissa entendre un soupir exaspéré.

- Et puis, vous avez aussi lavé ma voiture hier.

- Je lavais la mienne, et la vôtre, juste à côté, était couverte de poussière.

Zayn se retint d'avoir que, en vérité, il avait pensé qu'une voiture dans cet état était bonne pour la casse !

- Ce n'était pas une raison.

- Mais enfin, où est le problème Liam ? Nous sommes les deux seuls locataires de moins de soixante ans dans cet immeuble, n'est-il pas normal que nous sympathisions ?

- Le problème, c'est que je ne vous comprends pas, répliqua-t-il, ne répondait que partiellement à ses interrogations. Il me semble avait assez clairement repoussé vos avances, alors pourquoi vous obstinez-vous de la sorte ?

À vrai dire, c'était la question qu'il se posait lui-même depuis quatre semaines. Une question à laquelle, jusqu'à présent, il n'avait pas trouvé de réponse... et qu'il préférait encore éluder, pour le moment. Peut-être que Liam était en fait qu'un simple hétéro.

- Y a-t-il une raison objective qui nous empêche d'être amis ?

Liam sourit et secoua la tête.

- Vous alors, on peut dire que vous êtes têtu !

- Un marine ne se rend jamais sans combattre.

- Il faut bien une première fois à tout.

- Pour dire cela, vous n'avez pas dû connaître beaucoup de marines, dans votre vie, n'est-ce pas ?

- Non, vous êtes le premier.

Qu'il aimait entendre cela !
Zayn, toutefois, n'eut pas le loisir de s'attarder très longtemps sur la réflexion du châtain. Leurs bras venaient de se frôler et, comme précédemment, il avait ressenti ce courant aussi violent qu'une décharge électrique. Lui aussi, probablement, à en croire la flamme qui allumait son regard et le souffle imperceptible qui s'était échappé de ses lèvres entrouvertes.

La chaleur monta encore d'un cran lorsque Zayn posa sa main sur le bras nu de son compagnon.

- Il y a quelque chose entre nous, vous le sentez bien, reprit-il à voix basse.

- La seule chose entre nous, c'est le palier de l'étage, rétroqua-t-il du tac au tac, s'empressant de repousser sa main.

- Ce n'est pas en niant vos émotions que vous les ferez disparaître.

- Vous voulez parier ?

Liam était revenu dans l'entrée et attendait à présent, devant la porte ouverte, qu'il se décide à s'en aller. À ce stade, Zayn n'avait plus qu'à s'exécuter.

- Quelque chose m'intrigue, dit-il encore, au moment de sortir.

- Quoi ?

- Est-ce envers tout le monde que vous êtes méfiant ou seulement envers moi ?

- Envers tout le monde, sergent Malik... Et vous, tout spécialement.

La situation se compliquait passablement.

- Vous avez tort, je suis digne de confiance.

- Et, bien sûr, je suis supposé vous croire sur parole ?

- Appelez ma mère, vous verrez, elle vous le confirmera, plaisanta Zayn.

Un petit sourire amusé étira les lèvres de Liam.

- Ce ne sera pas la peine, dit-il. Allez, bonne soirée.

Et sur ces mots, il claqua sa porte derrière lui.

Liam donna un tour de clé, puis, se redressant, regarda par l'œilleton.
Juste au même moment, comme s'il avait deviné qu'il était espionné, Zayn se retourna et, assez fort pur être sûr d'être entendu, il s'écria : 

-  Au fait, si vous changiez d'avis, le numéro de ma mère, c'est le 555-7258

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