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Bon sang, tu ne vas pas me laisser tomber, bougonna Liam Payne, pestant contre sa voiture qui refusait obstinément de démarrer. Je te rappelle tout de même que je viens de t'offrir une révision complète.

Qui plus est, une révision qui lui avait coûté une fortune, se souvint-il, de plus en plus agacé.

De nouveau, il tourna la clé de contact, tout en continuant à abreuver de malédictions sa vieille Volkswagen. Silence de mort ! Cette satanée voiture n'avait même rien à dire pour sa défense !
Le regard perdu au loin, le jeune homme contempla un instant, à travers le pare-brise, la longue rie bordée d'arbres qui s'étiraient devant lui. Tous ses plans étaient tombés à l'eau, à présent. Sans voiture, plus moyen d'aller en ville pour présenter aux chefs d'entreprise les dossiers des candidats qu'il avait passé une bonne partie de la nuit à sélectionner. Après des mois de galère, la petite agence d'intérim qu'il avait créé avec un ami, Niall Horan, commençait juste à bien tourner : le moment était donc particulièrement mal choisi pour risquer de perdre des contrats de plusieurs milliers de dollars. C'était bien sa chance !

Sergent-artilleur Zayn Malik, de la marine américaine, pour vous servir, Monsieur ! lança soudain une voix grave à sa portière.

Liam tourna la tête. Seigneur, il ne manquait plus que ce type pour faire déborder le vase, déjà plein à craquer, des catastrophes de la journée !
Son cœur s'accéléra, tandis qu'il plongeait dans les yeux sombres de celui qui n'était autre que son voisin de palier depuis un mois. En partant de chez lui, quelques minutes plus tôt, il l'avait aperçu en compagnie d'un de ses amis, en train de jouer au ballon au pied de l'immeuble. Ne voulant pas engager la conversation, il s'était alors contenté de faire un petit signe de la main aux deux hommes en passant. Maintenant, il était bel et bien piégé. Et tout ça à cause d'une stupide panne de moteur, c'était à mourir de rage.
Penché en avant, son « sauveteur » le dévisageait. Dans l'encadrement de la vitre baissée, il se tenait si près que, malgré lui, Liam ne peut s'empêcher de le détailler. Traits réguliers et virils, coupe de cheveux militaire, teint hâlé, et muscles fermes dessinant un corps si parfait qu'il semblait avoir été sculpté dans un bloc de granite. L'homme idéal, en somme. Du moins, vue de l'extérieur.
Car, en quelques semaines, depuis qu'il avait emménagé dans l'appartement à côté du sien, Liam Payne avait déjà eu le temps de constater que, en dépit des apparences flatteuses, cet individu avait tout de même un défaut majeur : il était bien trop sûr de son charme. Non qu'il fût bêtement suffisant ou vaniteux. On non, c'était bien plus subtil que cela ! En fait, c'était surtout l'expression de son visage qui le trahissait. Quand il abordait ainsi ce sourire séducteur, il était évident qu'il croyait dur comme fer que toutes les personnes allaient lui tomber dans les bras.
Parce qu'il n'était justement pas de ceux dont les don Juan ne font qu'une bouchée, Liam avait la très nette impression d'avoir involontairement aiguisé l'appétit de Zayn Malik. Sans doute n'était-ce donc pas tout à fait un hasard si, depuis quelque temps, partout où il allait, il le trouvait sur son chemin.

- Vous avez besoin d'aide ? S'enquit un autre homme, venant inopinément s'immiscent dans la conversation.

De l'autre côté, à la portière du passager, se tenait celui que Liam avait aperçu avec Zayn, un moment auparavant. Probablement, un marine lui aussi, à en juger par sa coupe de cheveux. Rien d'étonnant à cela puisque le camp des marines n'était qu'à un kilomètre de là. D'ailleurs, on rencontrait des militaires à tous les coins de rue.

- Non merci, dit le jeune homme, déclinant poliment cette nouvelle offre.

Il n'avait pas besoin de personne. Ce qu'il voulait, c'était seulement que cette maudite voiture se décide à démarrer !

- Liam, je vous présente le sergent-chef Harry Styles, dit Zayn. Harry, voici Liam Payne, mon nouveau voisin.

Harry se fendit d'un aimable salut, que le jeune homme lui rendit d'autant plus volontiers qu'il venait d'apercevoir une alliance à son annulaire gauche.

- J'ai bien peur que ce Monsieur, contrairement à ses dires, ait tout de même besoin de notre aide, enchaîna Zayn en prenant un peu de recul pour examiner la vieille Volkswagen. Qu'en penses-tu, Harry ?

- Je suis bien de cet avis.

Notant qu'un imperceptible sourire, encore ce sourire agaçant, flottait sur les lèvres de Zayn, Liam songea qu'il avait tout intérêt a'couper court au plus vite à cette conversation.

- J'apprécie votre proposition, mais ce fichu moteur ne va pas tarder à démarrer. Il a juste besoin d'un peu de repos.

- Un peu de repos, ce vieux clou ! ricana Zayn.

Liam se mit à pianoter nerveusement sur son volant. De quel droit Zayn Malik se permettait-il de se moquer de sa voiture ?

- Sergent Malik...

- Sergent-artilleur Malik, coupa l'intéressé.

- Sergent-artilleur si ça vous fait plaisir, reprit-il en lui décochant un regard qu'il aurait voulu glacial, mais qui ne sembla nullement affecter son destinataire, je ne vous ai pas demandé de venir à mon secours. Alors, retournez donc à votre partie de ballon.

Le sourire de Zayn s'élargit.

- Tu entends ça, Harry ? Depuis quand les marines attendraient-ils qu'on les appelle pour voler au secours des gens ?

Et, avant que le jeune homme ait pu de nouveau protester, les deux autres s'étaient précipités à l'arrière de sa voiture, pour soulever le capot et examiner le moteur.
Jurant tout bas, Liam s'empressa de descendre de son véhicule. Mieux valait garder un œil sur les agissements de ces curieux dépanneurs, bien trop idiot à son goût !

Alors qu'ils lui tournaient le dos, penchés sur la mécanique récalcitrante, il repensa à la dernière campagne de recrutement qu'avait lancée la marine nationale. « Des hommes, des vrais ! », vantaient les affiches placardées sur les murs de la ville. En voilà deux, au moins, dont les carrures irréprochables ne faisaient pas mentir la publicité !

- D'après toi, comment venir à bout de cette panne ? demanda Zayn à son ami.

- À mon avis, seul un bon coup de mortier pourrait résoudre le problème, répliqua l'autre sans hésiter.

- Un mortier... c'est quoi ? questionna Liam, tout en essayant de regarder par-dessus l'épaule des deux hommes ce qu'ils étaient en train de faire.

Zayn se retourna, juste le temps de répondre :

- C'est un canon. Un gros canon.

- Très drôle !

- On ne plaisante pas vous savez. Votre vieille voiture a vraiment l'air au bout du rouleau.

- Les Volkswagen sont increvables.

- Pas la vôtre, apparemment.

Zayn Malik trafiqua dans le moteur pendant une ou deux minutes encore, puis, comme s'il se parlait à lui-même, il ajouta :
- Mais il ne sera pas dit qu'une machine ait résisté à un marine.

- Vous, vous ne manquez pas de culot, reprit Liam à voix basse.

Il n'était pas très sûr que Zayn ait compris sa remarque, mais il lui sembla l'entendre de nouveau ricaner.
Un silence s'ensuivit, pendant lequel il continua de bricoler, puis il se redressa soudainement. Surpris, Liam n'eut que le temps de faire un pas en arrière pour éviter la collision. Comme il manquait perdre l'équilibre, Zayn le rattrapa, mais, au moment où il posait la main sur lui, une violente bouffée de chaleur lui monta au visage. Par chance, il la relâcha immédiatement, comme si lui aussi avait éprouvé la même étrange sensation.
D'abord décontenancé, Liam jugea que le plus prudent était de faire semblant de n'avoir rien ressenti, rien remarqué.

- Liam, allez vous mettre au volant, lui conseilla Zayn, et, dès que je vous le dirai, essayer de démarrer.

Il obtempéra. Inutile d'espérer raisonner un prétentieux qui imaginait qu'aucune mécanique ne pouvait lui résister ! En outre, en l'était actuel des choses, s'éloigner de lui, ne fut-ce que de quelques mètres, ne pouvait que lui faire le plus grand bien.
Une fois installé, Liam attendit que Zayn lui donne le signal, mais, au lieu de cela, il l'entendit qui, sur le ton de la colère, se mettait à dire un flot de paroles incompréhensibles, dans une langue étrangère. Enfin, il s'apaisa et ordonna :

- Allez-y, maintenant, mettez le contact.

Priant silencieusement pour que le ciel exauce ses vœux, Liam donna un tour de clé. Sa vieille voiture réagit aussitôt, laissant entendre un puissant vrombissement. Soulagé, le jeune homme adressa un large sourire de remerciement à ses compagnons. Après tout, il leur devait une fière chandelle, et le moins qu'il pouvait faire était de se monter un peu plus aimable qu'il ne l'avait été jusqu'à présent.

- C'est fantastique, n'est-ce pas ? dit Harry.

- Voilà, vous êtes sauvé, conclut Zayn à son tour.

Clignant des yeux pour se protéger du soleil qui lui arrivait en plein visage, Liam se tourna vers les deux hommes qui s'étaient maintenant approchés de sa portière.

- Merci beaucoup.

- C'est bien normal de se rendre service entre voisins, dit Zayn, gratifiant le jeune homme de son redoutable sourire.

- Vous parliez allemand, tout à l'heure ? demanda Liam par curiosité.

Le sourire de Zayn s'élargit encore.

- Mon régiment était stationné en Allemagne il y a quelques années. J'ai appris là-bas assez de jurons pour m'adresser à votre voiture dans sa langue maternelle. Efficace, vous avez vu ça ?

- Original, en tout cas ! s'exclama Liam, riant de bon cœur cette fois. Vous êtes quelqu'un de surprenant.

Un coude appuyé sur le haut de la voiture, Zayn se baissa pour passer la tête dans l'encadrement de la vitre.

- Cher Monsieur, sachez que plus vous me connaîtrez, plus vous aurez des surprises.

- Je n'aime pas les surprises, sergent.

- Sergent artilleur.

- Sergent artilleur, puisque vous y tenez. Et merci encore pour votre aide.
 
 
Contemplant la vieille Volkswagen qui s'éloignait en hoquetant, Zayn secoua la tête d'un air pensif.

- Cet homme commence vraiment à m'intéresser, commenta-t-il à voix haute.

- Inutile de le préciser ! pouffa Harry en lui donna une grande tape amicale sur l'épaule. J'ai pourtant comme l'impression que c'est lui qui vient de remporter la première manche.

- Hey, mon vieux, tu crois que je vais me laisser faire ?

- Oh, non ! Tel que je te connais, ce n'est que le début de l'histoire.

Une dernière fois, Zayn jeta un coup d'œil dans la direction qu'avait prise la Volkswagen. La voiture avait disparu, à présent. Oui, Liam avait peut-être remporté la première manche, mais la partie était loin d'être terminée.

Et comme lui n'était pas du genre à abandonner le jeu avant la fin...

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