2 : Connexion
Papa arrive dans la salle à ce moment là. Il laisse glisser son regard d'un sujet à un autre, puis finit par plonger ses yeux bleu mer dans les miens. Il me sonde, mais il ne faut pas que je paraisse faible. Je tiens son regard et bloque toutes les pensées parasites qu'il pourrait détecter. Je sais très bien qu'il ne peut pas se permettre de jouer à cela avec moi, les autres le remarqueraient. Il finit par détourner les yeux, et nous formons deux lignes de part et d'autre de lui, comme à notre habitude.
- Bonjour, les enfants. 21, veux-tu bien ouvrir cette porte, je te prie ? Dit-il calmement.
Vingt-et-un s'exécute et nous sortons l'un après l'autre. Je suis juste derrière Papa, et je déteste ça. Je ne suis pas en sécurité et je le sens. Il faut tout de même faire bonne figure. Nous arrivons dans une salle rectangulaire, aux murs de marbre noir. La pièce, pourtant si grande, ne possède que trois meubles : deux chaises et un dispositif avec des ampoules.
Papa nous fait signe de nous asseoir contre le mur, ce que chacun fait. Le docteur Brenner s'assoit sur une des chaises.
- 30, avance s'il te plaît.
Un à un, Papa appelle les sujets d'expérience. Et, un à un, à l'aide de leurs pouvoirs psychiques, ils allument les ampoules, qui produisent ainsi une lueur faible, vacillante, mais bien visible. Seul Onze et Deux retiennent mon attention. La lumière de Deux est plus forte et celle de Onze, quasiment inexistante. Enfin Papa appelle mon nom. Passez de Deux à Zéro... Quelle idiotie. Pourquoi n'y a t'il pas Un ?
Je me lève, et je marche doucement, mes longs cheveux noirs et raides qui se balancent jusqu'à mes hanches. Je m'asseois sur la chaise et Papa me dit de commencer. Et si... Je leur faisais une surprise ? Mon côté espiègle ressurgit et emporte ma raison.
Je me concentre et je vide mon esprit. J'entends un bruit sourd qui se fait de plus en plus insistant. Un liquide commences à couler le long de ma narine : du sang. Les ampoules explosent. Les éclats de verre volent dans tout les sens et j'entends des cris. Un sourire effrayant se dépose sur mes lèvres, et un rictus me prends.
- Oups... Désolé, Papa...
Ce n'est pas le résultat qu'il attendait, mais comme toujours, Papa ne laisse rien paraître. Il garde son air horriblement ennuyeux, et se contente de me fixer. Ce n'est pas parce que mes yeux sont gris qu'il pourra lire à l'intérieur, je ne suis pas transparente ! Il n'a pas l'air de le comprendre. Je sais très bien que le docteur Brenner fulmine, et ça m'amuse énormément.
- C'est terminé, les enfants. Vous pouvez retourner dans la salle arc-en-ciel. Souffle-t-il, à contrecœur.
Ainsi nous retournons dans cet endroit lugubre, comme toujours escortés par des gardes en tenue blanche. Blanc comme les murs, les sols et les plafonds. Blanc comme les câbles, les lits, les tensiomètres. Blanc comme l'immensité de la vérité que j'ai fini par perdre de vue à force de n'avoir pour voisins que des enfants idiots et des quarantenaires encore plus stupides. La médiocrité de ces médecins me dépassent, à quoi servent-ils à part nous transformer en monstres ?!
Excédée, je vais au fond de la salle de jeu, devant un plateau de dame. Je regarde le plateau avec insistance, et je tente de faire bouger une des pièce. Je force, encore et encore. Je commence à saigner du nez, comme tous les enfants qui utilisent leurs pouvoirs. Je vois la pièce trembler, vaciller, à deux doigts de rejoindre la case d'à côté... Mais non. Je finis simplement par exploser le galet de bois.
Parfois, j' oublie pourquoi je cache la maîtrise de mon pouvoir. Si je donnais mon maximum, est-ce que l'on m'aimerait ? Mais il faut que je me ressaisisse. Jamais on ne m'acceptera. Et puis, le jour où je m'enfuirai, mes pouvoirs seront un élément de surprise.
Chaque enfant, -à part huit qui était un cas particulier-, a le même pouvoir. Faire bouger la matière en y pensant. Par contre, certaines personnes douées développent d'autres compétences. C'est le cas de Onze et moi. Papa croit que Onze peut se relier à l'autre monde, mais c'est faux. Onze est reliée à moi. Quant à mon pouvoir, il me permet de sonder une personne puis de la manipuler. Je suis en train d'en apprivoiser un second, mais il est bien plus complexe, plus retord. Je viens d'avoir 12 ans, donc inutile de me presser. Être ici m'apporte des avantages : je suis nourrie, logée et plus ou moins protégée.
Dès qu'ils comprendront qu'ils n'ont aucun contrôle sur l'autre côté, je partirai. J'ai déjà prévu mon évasion et les grandes lignes de mon plan sont tracées. Il ne reste plus...
Qu'à mettre une pièce dans la machine...
Fin du chapitre 2- 801 mots.
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Bonne soirée, je vous remercie pour la lecture et à bientôt j'espère !
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