Chapitre 5


- Alex ! Viens m'aider !
Alexander sortit de sa torpeur et courut porter secours à son père. Dès qu'il s'approcha du cheval, celui-ci se cabra et lui envoya un coup de sabot.
- Je vais mourir si j'approche cette chose ! hurla Alexander.
- Ne sois pas ridicule Alex, il te suffit de faire diversion pour que je puisse l'attacher.
- L'attacher avec quoi ?
- Julien va revenir avec le nécessaire, le propriétaire doit avoir de quoi attacher son cheval. En attendant, autant essayer de calmer ce pauvre animal.
« Un cheval aussi magnifique ne peut pas être qualifié de ''pauvre'' » , songea Alexander en reculant une nouvelle fois pour éviter un puissant coup de tête.

- Mais que fait Julien ? Ça fait au moins dix minutes qu'il est parti ! s'exclama Mr Swartz en consultant sa montre hors de prix.
Il scruta son fils, puis le cheval coincé à quelques mètres de lui, sembla réfléchir un instant, et déclara :
- Je vais aller chercher une corde, ne tente rien Alex, je n'ai pas envie que tu te blesse.
Mr Swartz sortit alors, laissant Alexander seul avec le cheval qui piaffait, couvert de sueur. Alexander était pétrifié, incapable de bouger, il contemplait l'animal se débattre avec au fond de lui une folle envie de l'aider. Mais si il s'approchait, il risquait un violent coup qui pourrait lui être fatal. Il repensa aux paroles de son père : « ne tente rien, je n'ai pas envie que tu te blesse ».
- Depuis quand j'écoute mon père après ce qu'il m'a fait ? pensa tout haut l'adolescent en esquissant un sourire narquois. Je vais t'aider, cheval, ne t'inquiète pas... Que mon père le veuille ou non !
Alexander s'approcha doucement de l'animal, ce dernier s'agitait toujours en fixant un œil affolé sur lui. Alexander procéda avec une grande prudence. Il lui semblait ressentir la peur de l'animal : ce dernier ne pensait qu'à retourner galoper dans l'herbe grasse de Bretagne et à échapper à ce lieu terrifiant ou grinçaient des machines et tanguaient les pots de peinture à l'odeur infecte pour ses narines trop sensibles.
« Plus qu'un mètre ! » songea le garçon, les mains moites.
Il tendit lentement les doigts vers le front luisant de l'animal, la respiration de celui ci s'accéléra, Alexander se prépara à éviter un coup de sabot, mais rien ne vint : le cheval s'était immobilisé. L'adolescent déplia doucement ses phalanges en regardant l'animal dans les yeux, soudain, il sentit le duvet chaud du museau sous son index, puis toute sa main se retrouva collée à la peau douce du cheval. Il se croyait dans la peau de Harold, le héros du dessin animé How to train your dragon.
- Tu es mon dragon, murmura-t'il, je vais te libérer.
Il fit lentement glisser sa main le long de la tête du cheval, puis de son encolure, lentement, très lentement.
- Tu vois, tout va bien beauté !
Enfin, il arriva près de la croupe du cheval et, la main droite toujours posée sur son flanc, tendit le bras gauche vers les crins blancs coincés entre les étagères. Le cheval commençait à s'agiter et piaffa nerveusement, les yeux exorbités. Alexander sut qu'il allait bientôt cabrer alors, d'un coup sec, il poussa le tiroir qui bloquait la queue de l'animal. Ce dernier bondit brusquement et éjecta l'adolescent. Au même instant, alors que la tête d'Alexander heurtait le mur, son père, Julien, et un vieil homme qui tenait un licol entrèrent dans la pièce.

- Alex ! Je t'avais dit de ne pas l'approcher ! s'exclama Mr Swartz.
- Je l'ai juste décoincé !
- Ne criez pas ! Le cheval a peur du bruit ! les interrompit Julien.
Tous se turent, les yeux fixés sur l'animal qui piaffait. Soudain, le vieil homme dit :
- En fait il ne s'agit pas d'un cheval mais d'une jument. Et avec un caractère de cochon par dessus le marché ! Donc si vous souhaitez l'approcher, prévoyez toujours de la nourriture, comme ce jeune homme a du faire pour la délivrer, je me trompe ?
Le vieil homme avait parlé anglais, Alexander comprit donc tout et répondit, rougissant :
- Oui, vous vous trompez, en fait je l'ai approché en lui parlant.
Le viel homme parut décontenancé mais secoua sa tête ridée et repris :
- Bon... et bien, jeune garçon, je vous invite donc à lui attacher ce licol puisque vous semblez vous faire partiellement accepter d'elle.
- Je suis désolé mais je ne sais pas mettre de licol. répondit Alexander, gêné.
- Je ne sais pas pourquoi, mais je m'y attendais ! s'esclaffa le vieux breton, Je vais donc devoir m'y coller ( la jument piaffa nerveusement et le vieil homme reprit :) mais avec ton aide, petit, ce sera sûrement bien plus facile ! Surtout si je t'apprend comment faire !
- Vous n'y pensez pas sérieusement, j'espère ? paniqua Mr Swartz.

Alexander lorgna d'un air perplexe ce vieux Français tout rabougris qui boitillait en s'appuyant sur une cane. Est-ce qu'il plaisantait quand il lui demandait de l'aide ? Lui, le propriétaire de la jument sauvage, s'abaissait jusqu'à demander le soutiens d'un adolescent qui venait de toucher un cheval pour la première fois de sa vie ? Ça n'avait aucun sens !

«  Les Français sont des gens bien étranges » semblait penser Mr Swartz, ses yeux remplis d'incompréhension fixés sur le vieux. Et pour une fois, Alexander était d'accord avec lui.

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