Chapitre 22

Alexander passa la journée sans trop écouter les cours, il avait prévenu Jean qu'il ne viendrait pas chez lui,  mais sans dire à son ami qu'il se rendrait chez Juliette à la place. Sinon, bonjour les moqueries en perspective !

Vers midi, il faussa compagnie à Jean, qui traînait beaucoup trop avec Léa (ce qui exaspérait tout son groupe d'ami). Ainsi, Alexander, Charlie et Bruno quittèrent le lycée pour récupérer un sandwich et se promener sur une des nombreuses plages de la région. Le temps étant ( encore ) pluvieux et froid, ils eurent la présence d'esprit de ne pas démarrer une bataille d'eau, malgré la volonté de Charlie d'en faire une.

  - En été, c'est le paradis ici ! assura tout de même Bruno en laissant ses yeux bleu glacier pétiller au souvenir d'un après-midi ensoleillé qu'il avait dû y passer.
Alexander se prit à envier les deux adolescents : ils étaient sociables, avaient une situation familiale stable et ils étaient mignons. En les regardant assis sur les rochers de la plage, le visage battu par le vent, il se dit qu'une fille aurait donné gros pour être à sa place avec eux.
Malgré son acné, Bruno était sans aucun doute le plus mignon des deux : il avait un regard à en faire tomber plus d'une, et un sourire éclatant digne d'une publicité Colgate (#pas-du-tout-cliché-la-description). Si son ami ne lui avait pas fait de l'ombre, le petit Charlie aurait pu être le brise-cœurs du lycée : malgré sa taille peu virile il avait d'adorables tâches de rousseur et d'impressionnants yeux verts qui faisaient dangereusement concurrence à ceux de Jean. D'ailleurs, avant d'être en couple, ce dernier avait également eu l'embarras du choix en matière de filles, et pourtant il avait choisi Léa le pot-de-colle. Un choix que ses trois amis ne comprenaient toujours pas.

Comparé à eux, Alexander était le roi de la banalité : yeux marrons, cheveux châtains, peau en pleine révolution acnétique, et musculature en phase d'éveil (donc inexistante pour l'instant ). Son bronzage qui commençait à disparaître n'aurait étonné personne en Amérique mais ici, les gens avaient le teint pâle. Le deuxième point exotique chez lui était son accent ou tout simplement ses lacunes en français, qui semblaient faire fondre la gente féminine. Il n'était en aucun cas moche, mais il manquait terriblement de confiance en lui. Et sa seule conquête ne l'aidait pas à se sentir mieux dans sa peau car elle l'avait violemment largué quelques semaines auparavant.

Alexander se força à abandonner ses pensées noires et profiter du moment présent. Ce petit instant de pause sur la plage était vraiment bienfaisant pour lui... il savourait le vent capricieux qui charriait des odeurs de pluie, d'algues, d'huîtres et de peinture écaillée. Le murmure des vagues qui éclataient sur la berge rocheuse le berçait doucement, il se sentait bien, remit à sa place dans l'univers : au rang d'humain insignifiant qui était minuscule face aux éléments de la nature.
Alors d'accord : il était seulement sur une petite plage de Bretagne où personne ne traînait; si il faisait deux pas en arrière, il était sur une route pavée, et si il tournait la tête, il apercevait des bateaux. Mais il se sentait revigoré par l'air pur, il avait presque oublié que dans une demi-heure il serait en cours, puis qu'il aurait un rendez-vous avec Juliette, qu'il ne savait toujours pas qualifier ( rencard ou simple rencontre amicale ?).
Et voilà ! Il recommençait à trop réfléchir !

  - On se tire, il est 13h30... indiqua Charlie en bondissant de rochers en rochers tel un daim.
  - Putaiiiin ! On va être en retard, pesta Bruno qui avait oublié de regarder l'heure.
  - Viens Al, on va rejoindre notre cher ami Jean-aux-yeux-verts qui roule des pelles à sa dulcinée !
  - Charlie est jaloux des yeux de Jeaaaan... rit Bruno
  - Tout le monde sait que le vert des miens est plus... vert !
  - Oui c'est ça, allez bouge de là le jaloux, on devrait déjà être dans un bus.
  - Attend, il y a un poisson dans cette crevasse là... marmonna le blond en scrutant le creux d'un rocher ou l'eau était restée prisonnière après la descente de la marée.
  - Non mais c'est pas le moment espèce d'immature ! T'as 16 ans ou t'en a 3 ? grogna Bruno
  - Tu dis ça parce que je suis petit ? lança son ami, amusé
  - Charlie sérieusement...
  - C'est pas la taille qui compte pourtant...
Bruno n'eut pas le temps de répondre à la subtile blague de Charlie, car Alexander, tourné vers la rue, venait d'apercevoir le bus de ville paresseusement s'éloigner d'eux.
  - Les gars !
Tous se retournèrent.
  - Le bus est là ! leur montra l'américain

S'ensuivit la plus grosse course poursuite que l'adolescent eut jamais connu. Finalement, ils rattrapèrent le bus et arrivèrent même à l'heure au lycée. Ils aperçurent Jean galocher Léa et l'envie de tout lui raconter leur passa. Quelques minutes avant la sonnerie, Alexander consulta ses messages : il en avait deux.
« N'oublie pas » de Juliette, qui le fit sourire
Et de son père, « J'aimerai qu'on parle de ce qui s'est passé hier pour ton bras. En attendant, va chez qui tu veux pour faire tes devoirs mais ne rentre pas trop tard et interdiction de retourner voir ta jument. Je demanderai à Julien de vérifier si tu ne passe pas la voir. »

Et merde... Il aurait pu oublier ! pesta mentalement l'adolescent Ce n'est qu'une fracture, pas un traumatisme crânien ! Il ne va quand même pas m'interdire d'aller voir Zendaya ! Je suis bien assez puni comme ça : je ne pourrai pas assez m'entraîner pour faire des compétitions et rendre de l'argent à Mr. Auriac. Je ne peux que profiter de Zendaya avant  qu'elle ne soit vendue.
Formuler la situation lui fit prendre conscience que tout était perdu et que les espoirs qu'il avait nourri il y a deux mois étaient restés vains. Jamais la jument ne sauterait en concours, et jamais elle ne rapporterait d'argent. Quand à lui, il avait été assez stupide pour se mettre en danger et il avait rendu impossible ses rêves de gloire.
Zendaya serait vendue.
C'était comme ça et rien ne pouvait plus changer les choses.

Soudain, une idée lui vint.
Without me songea-t'il

Et si...
Et si Zendaya sautait ?
...mais sans lui.

Que pensez vous de l'idée d'Alexander ? Où va-t'il faire sauter Zendaya sans cavalier, puisque c'est interdit dans les concours ? En fait... va-t'elle concourir avec un autre cavalier ou toute seule ?
N'oubliez pas de liker si vous avez aimé et de m'expliquer ce que vous n'aimez pas sinon ;) je prend toutes les remarques (positives et négatives ) pour m'améliorer.

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