Chapitre 2
Alexander n'aurait su dire combien de temps il avait passé dans l'avion car il avait somnolé la plupart du trajet. Le décalage horaire n'arrangeait rien : il avait envie de dormir et malgré le grincement des rails du train et le soleil brûlant, il parvint à s'assoupir. Après avoir quitté l'aéroport, lui et son père avaient pris un taxi pour la gare. Leur nouvelle maison se rapprochait d'heure en heure !
La France n'était qu'une succession de collines à la foi rocheuses et herbeuses; parfois on y apercevait des troupeaux de vaches qui broutaient paresseusement. Bientôt, le train commença à ralentir, le paysage défila moins vite et les sièges furent parcourus de secousses. Alexander se précipita vers les portes afin de mettre le plus de distance entre lui et son père, serré dans son costard d'homme d'affaire sans cœur. Mr Swartz dirigeait une entreprise de peinture d'extérieur et avait assez étendu son empire pour se permettre ce déménagement improvisé.
Alexander lui en voulait terriblement d'avoir aussi brusquement récupéré sa garde après son divorce. Et il lui en voulait encore plus de l'avoir arraché si vite à son pays après la décision du tribunal.
- Alex, c'est à droite, pas à gauche, dit Mr Swartz à son fils qui s'engageait machinalement sur un passage piéton.
Alexander ne répondit pas mais il changea de direction en maudissant cette ville où il se perdait déjà.
- Notre appartement se trouve à Vannes, et nous y sommes, ajouta son père, sûrement en attende d'un signe de vie venant de l'adolescent.
- Super... grommela ce dernier
- Et tu commencera le lycée dans une semaine, tu es déjà inscrit. J'espère que tu apprendra vite le français, c'est une bien belle langue.
- Ravis de savoir ça...
- Les françaises aussi, sont bien belles d'ailleurs.
Cette fois-ci, Alexander ne répondit pas, il bouillonnait de rage en pensant à Lucy, restée en Amérique et livrée à elle même alors que lui, gosse de riche, découvrait la France et ses jolies habitantes. Il avait l'impression de la trahir.
Alexander et son père traversèrent la gare et le centre ville de Vannes, une ville côtière de Bretagne. Le temps était tiède et humide et quelques mouettes divaguaient sur les trottoirs. Alexander ronchonnait tellement qu'il ne mémorisa pas le trajet jusqu'à à l'appartement. Lorsque son père sortit un trousseau de clef de sa poche, le jeune homme sortit de sa torpeur et examina son nouveau chez-lui. Un paillasson décoré de chats gisait devant la porte blanche. Sur cette dernière, il y avait une petite loupe, pour regarder qui venait de sonner.
En entrant, Alexander se sentit étranger : les meubles modernes de sa maison d'Amérique avaient été remplacés par un mobilier en bois clair qui semblait tout droit venu d'une brocante. Quand au paysage, il n'avait rien d'astronomique : on apercevait juste une petite ruelle pavée par la fenêtre étroite. Rien de tout cela ne sembla déranger Mr Swartz qui rayonnait comme un enfant dans un magasin de jouets. Déprimé par les événements qui, depuis quelques jours, se déchaînaient contre lui, Alexander ne réussit qu'à demander d'une voix neutre :
- Ou est ma chambre ?
- Au fond du couloir, Alex, et si tu as besoin de quoi que ce soit, demande moi.
- Ça ira, je peux me débrouiller seul. répondit l'adolescent en récupérant sa valise.
- Alexander, si tu veux qu'on parle de ce qui se passe en ce moment je...
Mais Alexander n'entendit pas la suite, il venait de trouver sa chambre et d'en claquer la porte.
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