Chapitre 18
« Ça va barder avec mon père... » songea Alexander les larmes aux yeux à cause de la douleur. Il s'était réveillé sur le canapé de Mr Auriac, et avait tourné les yeux vers son poignet : il était violacé et gonflait de plus en plus, à mesure que les minutes s'écoulaient. N'ayant pas osé bouger, de peur d'aggraver son cas, l'adolescent avait fermé les yeux et ruminait silencieusement.
« Il va m'interdire de monter Zendaya... » pesta-t'il.
A quelques mètres de lui, le propriétaire de la jument décrivait sa blessure au téléphone, Alexander ignorait si il parlait à un médecin ou à Mr Swartz. Une pulsation de douleur lui traversa soudain le bras, il gémit et une larme perla au creux de son œil brun. Elle roula le long de sa joue et alla s'écraser sur les coussins verts. Alexander ouvrit les yeux et tenta d'apercevoir la cause de sa blessure par la fenêtre : Zendaya se roulait dans la terre en dégageant un imposant nuage de poussière. Son équipement était posé sur l'herbe, hors du pré, et Gato était attaché à un poteau, toujours avec sa selle.
Alexander se demanda où était Côme; presque immédiatement, il entendit des pas qui faisaient grincer le plancher et il se retourna, c'était le petit garçon qui le regardait avec une mine déconfite :
- Je suis désolé, plaida-t'il, je n'aurai jamais dû te demander d'enchaîner les obstacles alors qu'elle était fatiguée.
Alexander aurait pu en vouloir au gamin mais son regard innocent le fit craquer :
- T'inquiète... c'est ma faute aussi. soupira-t'il en fermant à nouveau les yeux.
Il sentit Côme se détendre, sûrement soulagé de ne pas avoir subit de représailles. Le petit aux cheveux bouclés s'assit sur le canapé et soupira :
- Ça risque d'être compliqué de re-monter si c'est vraiment cassé...
- Merci pour ton optimisme à toute épreuve. marmonna Alexander en souriant malgré lui.
- Comment tu connais ce genres de mots ? s'esclaffa Côme.
- C'est parce que je suis cultivé !
- Optimiste... pouffa le petit garçon. Optimiste ! Même les français ne parlent pas comme ça !
- Pourtant, si j'ai appris ce mot, c'est que je l'ai déjà entendu quelque part...
- C'est ma mère qui le dit tout le temps, soupira Côme, perdu dans ses pensées, du coup ma sœur et mon frère l'utilisent aussi dès qu'ils le peuvent. Et c'est énervant à force !
- Tu n'es pas fils unique ? s'étonna Alexander; en effet, le petit garçon ne lui avait parlé que de ses parents divorcés, il avait donc supposé qu'il n'avait pas de frères et sœurs.
- Non j'ai...
Mais au même instant, Mr Auriac franchit le porte du salon et appela Côme :
- Ta mère est là, elle t'attend depuis dix minutes et elle a déjà dessellé ton cheval.
Le petit bouclé sauta sur ses pieds et osa même faire un tout petit bisous sur la joue d'Alexander.
- C'est un bisous magique, expliqua-t'il, pour que tu guérisse vite. Comme ça on se reverra !
L'américain éclata de rire, il avait définitivement adopté Côme, oubliant toute la jalousie qu'il avait auparavant ressenti envers lui.
Mr Auriac le raccompagna jusqu'à la sortie, Alexander entendit une voix de femme puis une porte qui se fermait.
Il sentit son téléphone vibrer dans sa poche et réussit tant bien que mal à l'attraper de sa main gauche. C'était son père.
"J'espère que c'est une blague... Mais tu sais à quoi t'attendre, tu étais prévenu !" avait-t'il écrit.
Un frisson parcourir le corps de l'adolescent, après ce message, tous ses doutes étaient confirmés : s'en était fini des séances avec Zendaya, et il pouvait dire adieu à ses rêves de compétition et de sponsors pour tenter de sauver l'élevage... Il ne remonterai jamais la belle jument fougueuse.
« Je m'en fiche, quoi que dise mon père, je continuerai. En secret ! » se promit-t'il.
Puis il tourna la tête vers son poignet et pâlit :
« Finalement, j'attendrai encore un petit peu... »
Une voiture s'arrêta dans l'allée sablonneuse, Mr Auriac alla ouvrit la porte et Alexander se prépara à subir des remontrances de la part de son père. Ce dernier arriva en trombe dans le salon, plus pâle que son fils, mais il ne s'énerva pas :
- On s'en va, Alex, il paraît que l'attente aux urgences est atroce dans ce pays.
Sa voix était dure, il semblait féliciter avec froideur son fils pour son évident manque de talent.
Finalement, Alexander aurait préféré qu'il lui crie dessus... au moins, là, il aurait pu se défendre !
Mr Auriac lui adressa un timide sourire en guise d'adieux. Non ! Pas d'adieux ! D'au revoir... Ils allaient se revoir !
Alexander se mordit la lèvre pour ne pas hurler de douleur quand la voiture sortit de la propriété en cahotant, faisant bouger son bras sans ménagement. La peau fine se déchira sous la pression de sa mâchoire , et un filet de sang frais lui tomba sur le menton. Et merde ! Il s'était à nouveau ouvert la lèvre !
Mr Swartz conduisait vite, trop vite, signe qu'il était nerveux et furieux à la fois. Alexander était également crispé : les routes sinueuses de Bretagne faisaient bouger la voiture, et avec elle, ses occupants. Dont l'adolescent et son poignet bleu, que chaque choc faisait exploser de douleur.
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