Enfin, après plusieurs semaines d'attente, Alexander se retrouvait à nouveau sur le dos noir de Zendaya. Et il fallait dire qu'il était bien encadré : Côme, malgré son jeune âge, se révéla être un excellent professeur. Il corrigeait sans cesse la position de son élève qui, en une heure, sentit son niveau monter en flèche.
  - Franchement, tu as de la chance, dit le petit bouclé, tu as une excellente assiette, et puis je trouve que la jument a des allures régulières pour un animal difficile à diriger.

"Animal difficile à diriger" était un faible mot pour décrire le caractère de Zendaya. Elle se permettait sans cesse des écarts et quelques petites ruades toutes les cinq minutes environ, pour réveiller son cavalier. Heureusement, elle n'avait pas encore tenté de le mettre à terre, ce qui pouvait aussi présager un plus mauvais coup encore.
Mais au fur et à mesure qu'elle se laissait "dominer"  par Alexander, la jument noire se révéla être une excellente monture. Comme l'avait dit Côme, ses allures étaient régulières, ses foulées de galop confortables et, tant qu'elle décidait d'obéir, elle était extrêmement précise quand Alexander la faisait tourner. Ce dernier avait hâte d'apprendre à sauter : il savait que Zendaya maîtrisait les obstacles comme personne — elle se permettait de sauter sans problème la double rangée de barrière quand l'envie lui prenait de s'enfuir— en revanche, l'adolescent ne tenait déjà pas extrêmement bien sur son dos, alors en sautant, il n'osait pas imaginer...

Une fois qu'ils eurent bien détendus leurs chevaux, les deux cavaliers travaillèrent les changements de pieds... Enfin, Côme les travailla avec Gato, Alexander, lui, se contenta de faire des diagonales pour y arriver. C'est là qu'il se rendit compte que Zendaya était très précise, et extrêmement stable sur ses appuis. Côme aussi s'en aperçut, et lui aussi avait hâte de faire sauter la jument. Mais chaque choses en son temps.

Il se passa une heure avant que le garçon ne descende chercher les obstacles. Il les plaça avec l'aide d'Alexander : un petit Oxer et quelques barres simples plus loin pour travailler la position du cavalier.
Tout s'enchaîna sans problème pour Zendaya, Alexander ne sentit même pas l'obstacle passer, il était presque déçu.
Puis Côme monta les barres et les choses devinrent plus amusantes...

Zendaya ne sautait pas, elle volait ! Les obstacles avaient beau ne pas dépasser les 70cm, l'estomac d'Alexander n'en menait pas large, et ses jambes non plus... c'était terriblement rapide ! Il avait du mal à accompagner sa jument dans ses sauts, malgré les explications de Côme sur la manière de faire.
Mais Alexander ne se souciait pas trop de son niveau de débutant, « Je vais m'améliorer » songeait-t'il. Mais surtout, il se disait qu'avec de l'entraînement, Zendaya et lui seraient parfaitement capables de faire des compétitions.

Puis la séance continua, mais Zendaya montrait des signes de mécontentement : elle gratta le sol avec mépris et enchaîna sur des écarts pour tenter de faire tomber son cavalier. Alexander décida finalement de s'arrêter pour aujourd'hui :
  - Merci beaucoup Côme, dit-t'il en descendant de sa monture piaffante, toujours en tenant les rênes.
  - Attend ! s'exclama ce dernier, tu n'as pas sauté en enchaînant les obstacles ! J'aurais tant aimé voir ça !

Alexander sentit que c'était une mauvaise idée, Zendaya ne semblait pas avoir envie de sauter. Mais devant l'air suppliant du petit garçon, il céda :
  - Bon d'accord, mais juste une fois alors.
Il remonta sur la jument, plus concentré que jamais car il la savait capable d'un mauvais coup, puis il la mit en marche. Quelques foulées de galop plus tard, Zendaya se dirigeait vers le premier obstacle : elle le passa sans broncher et Alexander parvint même à l'accompagner. Le second se déroula tout aussi bien, ainsi que le troisième, Alexander se détendait petit à petit, il ne restait plus qu'un obstacle, un oxer, très simple...
Une, deux, trois foulées de galops, Zendaya accéléra en voyant les barres, son cavalier se prépara à les passer. Ça y est, plus qu'une foulée et ... la jument, qui allait à une vitesse ahurissante, freina d'un seul coup, projetant Alexander contre le sol. Il tendit la main pour tenter de se réceptionner  : rien à faire ! Il s'écrasa sur la terre molle et entendit un sinistre craquement. Il ressentit une douleur lancinante dans sa main, et il s'écroula, les yeux mis clos, pour tenter de faire abstraction de cette horrible douleur.
Côme se précipita vers son aîné, le visage terrifié.

  - Je... je crois que je me suis cassé le poignet, balbutia Alexander.

Puis son teint vira au blanc et il s'évanouit.