Chapitre 15

Les jours passèrent, Alexander avait tenté de re-contacter Lucy , mais rien à faire : la seule fille qui répondait à ses messages était Juliette, avec qui il ne parlait jamais en vrai. Elle était plutôt gentille, et mignonne aussi. Elle était plus bronzée en vrai que sur les photos Instagram, Alexander s'était demandé si elle n'était pas métisse, ce qui aurait expliqué ses lèvres pulpeuses et ses cheveux bouclés. Ceux ci étaient courts, coupés au carré. Mais la jeune fille les portait avec beaucoup de style : elle était le cliché de la belle française, même si, dans l'idéal, la belle française était pâle et blonde, et avait des formes ( ce dont Juliette n'avait pas été pourvue ).
Finalement, loin de s'énerver de recevoir des messages de la jeune fille, Alexander avait fini par y répondre régulièrement, puis presque tout le temps. Il avait obtenu le numéro de la Française, et il lui parlait le soir avant de dormir, parfois plusieurs heures d'affilé.
Jean n'avait rien remarqué, et heureusement ! Sinon Alexander aurait dû subir les taquineries de son ami, avec qui il parlait désormais presque tout le temps en Français, car l'américain progressait énormément dans l'apprentissage de cette langue complexe.
Quand à Zendaya, le garçon n'était pas une seule fois remonté dessus. Cela faisait deux semaines qu'il passait la voir au moins tous les deux jours et lui apprenait à le suivre à pieds, et à lui obéir à la voix. La jument était plutôt intelligente, elle retenait très vite mais elle avait la fâcheuse tendance à refuser d'obéir, même quand il y avait une friandise à la clé. Mais Alexander ne désespérait pas, il était même assez content des progrès de la belle jument. Il lui avait créé un compte Instagram seulement suivi par une centaine de personnes, parmi lesquelles on pouvait compter son père, Jean, Juliette et... Lucy, qui pourtant n'avait manifesté aucun signe de vie depuis une quinzaine de jours.

L'hiver arrivait à grands pas, et la Bretagne le faisait ressentir : la pluie venait très souvent perturber les séances de dressage d'Alexander et il se réfugiait dans l'écurie avec Zendaya, ou dans le salon de Mr Auriac quand la jument refusait de quitter son pré.

Ce jour là, Alexander partit au lycée sous la pluie. Il avait rabattu sa capuche sur sa tête brune et avait enfoncé ses écouteurs dans ses oreilles, tentant d'apprendre le français en écoutant des chansons dans cette langue. Soudain, en descendant du bus, il aperçut Juliette qui lisait des fiches de révision sur le bitume trempé. Jean n'était pas dans les parages, c'était l'occasion rêvée pour aller lui parler ! L'américain s'approcha de l'adolescente et toussota pour attirer son attention. Elle releva la tête, surprise, et sourit de toutes ses dents ( blanches et alignées , remarqua Alexander ), puis lança :
- Salut, ça va ?
Alexander se sentit soudain très stupide de l'avoir abordée sans savoir quoi lui dire, mais il répondit tout de même, en Français :
- Super, et toi ?
Elle s'accouda à une barrière du trottoir, laissa passer un groupe de jeunes qui riaient bruyamment, et dit, en montrant ses fiches de révision :
- Très bien, mais je pense que ça ira encore mieux quand j'aurais passé cette évaluation.
- Qu'elle matière ? demanda Alexander en tentant de traduire les fiches bristols impeccablement rédigées.
- Espagnol, j'ai beaucoup de mal avec les langues, soupira-t'elle, mais je suis imbattable en Français et en sport.
- Aha ! Mais si tu es imbattable en Français, tu ne peux pas être nulle dans les autres langues ! C'est la plus dure de toutes ... si tu la maîtrise, tu peux maîtriser les autres. Surtout l'anglais.
Juliette éclata de rire :
- Il faut croire que mon cerveau est bizarre alors, parce qu'il ne suit pas du tout ta logique.
Alexander entendit la sonnerie retentir, il n'avait pas eu le temps de chercher une réponse que Juliette lui disait déjà, un grand sourire aux lèvres :
- C'était sympa d'avoir parlé avec toi, Alexander, tu es aussi gentil en vrai que par message.
Sur ce, elle embrassa sa joue droite et partie en courant vers sa salle, en agitant la main pour lui dire en revoir.
Alexander avait rougit et il ne put s'empêcher de caresser distraitement ses cheveux du bout du doigt, encore étourdit qu'elle lui ait fait la bise aussi spontanément.
Derrière lui, il entendit Jean qui arrivait en courant du hangars à scooters, vélos, et autres deux roues.
- Je suis en retard ! lança-t'il, Eh ? Tu vas bien Al ?
- Oui, oui, t'inquiète, le rassura Alexander en souriant. On y va ?
Jean fronça les sourcils, il avait bien vu que quelque chose clochait. Mais son ami ne voulait pas lui parler de Juliette, pas encore.
Parce que même lui ne comprenait pas très bien ce qu'il ressentait pour la belle française à la peau sombre.
Et qu'il avait peur qu'elle ne remplace Lucy.

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