08
Zahra
Après avoir attendu les garçons pendant de longues minutes, nous sommes enfin de retour à la maison pour mon plus grand plaisir.
–- Ouf, je suis fatigué, se plaint Brahim en plongeant sur son lit.
–- Et moi je dois dire quoi ? râlé-je. Je te rappelle que je t'ai attendu dehors.
–- Ouais, c'est ça, dit-il en tirant sur sa couette.
Agacée, je file à la salle de bain histoire de me détendre avec une bonne douche. Je déteste le ton qu'il emploie avec moi, mais je ne dis rien. À quoi bon se disputer une fois de plus ?
Après avoir fini, je ressors de la pièce toute pomponnée. La petite robe légère que je porte me permet de ne pas trop transpirer avec cette chaleur épouvantable. Je traverse rapidement le couloir qui me sépare de la chambre de mon ami et le découvre endormi. Quel veinard !
Ne sachant pas quoi faire d'autre que traîner sur mon téléphone, je m'installe à ses côtés dans le lit et clique sur l'icône « Messages ». Les noms d'Ahmadou et de Tara s'affichent instantanément et je me dépêche d'ouvrir la conversation avec ma nouvelle complice.
« On passe à l'action quand ? »
Un sourire machiavélique prend possession de mes lèvres ; j'aime ça.
« Dès demain. »
Puis, je quitte la page et répond à Ahmadou.
« Coucou la petite écolière. »
« Hey ! Comment ça va ? »
« Hyper bien et toi ? »
« Idem. »
Nous avons papoté pendant une demi heure, puis il s'est déconnecté pour faire un shooting d'une nouvelle marque de vêtements. Le truc avec lui c'est que je peux parler sans tout calculer. Je ne sais pas comment l'expliquer, il te renvoie de bonnes ondes. À part les garçons, je dirais que c'est avec lui que je suis moi même. J'espère juste que je ne vais pas m'attacher.
Un soupir s'échappe de ma gorge et je me retourne pour observer Brahim. Je peux sentir son souffle s'abattre à intervalles réguliers sur mon visage. Attendrie, je trace des lignes imaginaires sur son front, ses pommettes. Je ne sais pas comment serait ma vie vie sans lui. Il m'a aidée tant de fois que je ne le remercierai jamais assez. Sa mère et lui ont tant fait pour moi plus que mes propres parents. Dans la vie, il y a des gens qui seront toujours une famille pour toi sans que vous ayez le même sang. Si je pense à ma vie d'avant et que je la compare à maintenant, il y a une grande différence. Certes, je garde des séquelles du passé mais je me sens bien mieux aujourd'hui. J'entoure mes bras autour de son torse et le serre fort contre moi. J'en profite également pour humer son odeur masculine si prononcée. S'il était réveillé, il se moquerait probablement de moi en disant que je manque d'affection et il n'aurait pas tort.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Je sursaute et cogne mon coude contre le mur. Une grimace m'échappe et je serre les dents afin de faire passer la douleur. Quelle idiote !
–- Rien, réponds-je en me détachant progressivement de lui.
–- Donc pourquoi tu pleures ?
Je touche mon visage, intriguée. Mes doigts sont humides, je ne m'en suis pas rendu compte. Ce sont simplement quelques larmes.
–- Je ne sais pas, tu ne dormais pas toi ?
–- Si, mais j'ai senti des gouttes d'eau sur mon visage et arrête d'esquiver ma question.
–- C'est la vérité. Je sais pas.
–- Je vais faire semblant de te croire. Allez, reviens dans les bras de papa.
Je rigole et je pose me tête sur son torse, heureuse de retrouver sa chaleur corporelle qui me rassure tant.
–- N'oublie pas que parfois pleurer n'est pas un signe de faiblesse mais juste un moyen de se soulager émotionnellement parlant.
Je ne dis rien et me laisse bercer par les battements de son cœur.
Mohamed
La maison est calme sans Zahra. Ces deux jours passés sans elle montrent que malgré son mauvais caractère, elle met de l'ambiance dans cette demeure. Les gens ont du mal avec elle, comme mon frère. Si vous voulez vous entendre avec elle, allez-y avec tact. Elle n'est pas difficile à vivre, juste que par moment elle oublie que tout le monde n'est pas comme les gens avec qui elle a eu à côtoyer. Ma tante y a joué un grand rôle, je ne la blâme pas. Mais Zahra est une fille qui s'attache vite sans le vouloir. Dans un tournant de sa vie, elle se sentait incomprise et la seule personne qui devait la rassurer la jetait inconsciemment ou sciemment, je ne sais pas. Ce manque d'amour l'a fait rejeter toutes personnes qui tentent de s'approcher d'elle.
–- Où as-tu mis ton téléphone ? Zeynab essaye de t'appeler, me demande mon frère.
Je suis assis sur un banc du jardin en train de méditer.
–- Je suis en train de le charger dans la chambre.
–- Tiens, elle veut te parler, me dit-il en tendant son téléphone.
–- Allô ?
–- Ah, Mouhamed ! crie-t-elle. Je suis acceptée dans la plus grande école de basket en Amérique, tu y crois ? s'exclame Zeynab, heureuse.
–- Félicitations, petite sœur adorée ! J'y croyais depuis le début, c'est toi qui stressais pour rien. Maman doit être contente de la nouvelle.
–- Elle a crié de joie, même papa qui disait que j'étais nulle était content, blague-t-elle.
–- Laisse papa , il connaît rien en basket. Si je reviens, je te donne un cadeau.
–- Je ne veux rien, juste votre présence me suffit. Salue-moi Zahra au passage.
–- On va bientôt revenir. Tu sais qu'elle ne te connaît pas ?
–- Qui ne me connaît pas ? La grande Zeynab, future star du NBA, dramatise cette dernière. Quelle mauvaise cousine elle fait.
–- Tu es vraiment la sœur de Mourad ! Je le dirai à maman, mais ton français s'améliore de plus en plus, la taquiné-je.
–- Tu sais bien que je rigole… Ah bon ? Maman dit qu'il reste encore du chemin à faire. D'ici les grandes vacances, j'aurai un accent français.
–- Rêve toujours. Ton accent anglais ne te quittera pas de sitôt.
–- Qui vivra, verra. Bon, je te laisse. Good bye !
–- Bye.
Une vrai pipelette celle-là ! Le jour où elle pourra parler le français sans l'aide d'un traducteur personne ne va entendre.
Zahra
I know you don't like me, you wanna fight me.
You don't want no problems at your party ? Don't invite me.
I don't worry about you. Niggas, please stop talking about me.
Always talking about me, cause you looking for the clouty.
Je chantonne cette musique en regardant Aïssata droit dans les yeux avec un sourire espiègle. Elle entend ce que je dis puisqu'elle n'est pas nulle en anglais et que je chante fort. Je continue mon manège en sentant les autres nous regarder. Le prof d'EPS est en retard pour une fois.
Vroom Vroom G5, Vroom vroom we high.
You the type of nigga that will I never be like.
You the type of bitch that will never get a reply.
Hi hater, bye hater Vroom, dis-je en faisant le signe de bye avec mes mains toujours avec mon sourire. Je sais qu'elle bout à cet instant. J'enchaîne le dernier couplet de 69 quand j'entends quelqu'un continuer pour prendre la voix de Nicki Minaj.
- Dolla Dolla Bill come get her.
Even ya man knock Zahra's do it betterrrrr.
I know you don't like me, you wanna fight me.
Always on my page, never double tape like me.
Baddies to my left and right, never chase a corny nigga.
Put that on my life. Just put it in his face, all this cake.
He wanted a taste, he sippin on that ass.
Ittsy bittsy waste, pretty face yeah eat it cookie monsta.
He a slave to this pussy call me, répéte Tara en me tapant sur les fesses et en volant la sucette d'Aïssata pour la mettre dans sa bouche sans manquer de lui faire un doigt d'honneur.
Pendant tout son speech, elle est venue enrouler son bras autour de mon cou tout en ayant l'allure d'être vulgaire.
–- Eh, les filles, vous déchirez, commente un élève qui fait parti de ma classe et à qui je n'ai jamais adressé la parole.
Pour toute réponse on lui sourit. Les autres murmurent entre eux en regardant Aïssata puis nous. Je suis sûre qu'ils se demandent depuis quand je traîne avec Tara et pourquoi je clash mon ex amie. Elle nous regarde avec mépris tout en allant vers les vestiaires. Ibrahim et Khoudia lui courent après. Je suis toujours adossée sur les grillages du terrain avec mes écouteurs et en compagnie de Tara, le restant de la bande est de l'autre côté en nous scrutant comme mes camarades.
–- Je croyais qu'elle allait exploser, rigole cette dernière.
–- Elle n'est pas conne, elle sait que si elle réplique c'est elle qui va être de nouveau humiliée, dis-je en regardant dans le vide.
–- En vérité, tu mérites le surnom de la méchante sorcière. Moi je la déteste c'est compréhensible mais toi c'était ton amie, ajoute t-elle en ayant toujours son sourire de peste.
–- Je sais, mais ne confonds pas amie et pote. Si on me cherche, je suis en classe puisque le prof ne vient toujours pas, n'oublie pas "qui s'y frotte s'y pique".
Je la laisse méditer et m'en vais. Amie ou pas, on ne me cherche pas.
Corrigé par thecatsy 💖
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Rita👅💖
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