➵ Chapitre 61
« Mec, tu peux pas faire ça! » S'écrie Dylan.
« C'est la seule solution qui me vient à l'esprit. »
« T'es barge... »
Il soupire et continue à faire les cent pas en approfondissant ses explications.
« La station essence n'est pas HS, elle est simplement coupée depuis l'apocalypse, ce qui veut dire qu'elle n'envoie plus d'ondes. À ton avis, pourquoi les rôdeurs ont envahis les grandes villes en premier, et ont finis par les petits villages? »
Dylan le regarde fixement, il a compris, mais reste silencieux.
« Les ondes, radio, téléphone, la lumière, le bruit aussi les attirent, tout comme la chaleur! Si on relance tout le système électrique, et radio de la station, ils seront attirés par les ondes, et on pourra prendre la fuite. »
« Comment on peut relancer tout ça? »
Thomas sursaute et se tourne vers moi, il ne s'attendait pas à ce que je pose une question. Il sourit légèrement et me répond:
« Ce n'est que du traficotage de câbles et de leviers, pour ce qui est de la radio, c'est un simple interrupteur. »
Voyant que je ne réponds pas, il poursuit son explication.
« On devra s'infiltrer prudemment dans la station essence, on ira dans la salle des commandes et devra tout remettre en marche, il y a un manuel de toute façon, c'est toujours comme ça. On devra suivre les instructions à la lettre, et redémarrer la station. »
« Mais elle n'a pas été utilisée depuis des mois! »
« Je sais. »
« Elle risque d'exploser! »
« Je sais. »
Je fronce les sourcils, il fixe un point invisible.
« Thomas, c'est du suicide, si on parvient à s'y infiltrer sans problème, car les chances qu'il y ait une tanière de rôdeurs sont hyper probables, et à relancer la station, elle risque soit d'exploser car elle est trop vieille et laissée à l'abandon, soit de, oui, peut-être, se relancer, mais alors on aura pas assez de temps pour sortir et trouver une planque. Parce que, je te le rappelle, qu'il vont arriver de tous les côtés, donc on se retrouvera bloqués à leur merci. »
« Je sais ça aussi, Dylan. »
« Donc tu as un autre plan incroyable ensuite pour nous faire sortir de là, ou nous éviter une mort violente et douloureuse brûlés? Tu penses que les rôdeurs préfèrent encore plus les humains grillés? »
Thomas baisse les yeux.
« Non, je n'ai pas de plan. La personne qui nous sauvera tous y restera surement. »
Un silence de mort s'installe entre nous, pendant une bonne moitié de minute, nous fixons le sol, à la recherche d'une solution. On envisage chaque situation, on essaie de trouver n'importe quel petit facteur qui pourrait nous aider à survivre à cette opération de sauvetage.
« Mais nous n'auront pas à choisir qui ce sera. »
Je lève les yeux vers lui, il plonge son regard dans le miens.
« Je ne vous laisserai pas choisir. »
Je fronce les sourcils, il entre ouvre ses lèvres, il nous fait attendre un moment, surement pour que nous puissions nous préparer mentalement au poids des mots qu'il s'apprête à employer.
« C'est moi qui irait. »
« Ne crois pas qu'on te laissera aller en mission suicide, tu pensais qu'on allait rester en silence, nous aussi on a droit à un choix. Tu ne penses pas que si tu meurs tu nous l'aura pas un peu imposé, tu ne penses pas qu'on se sentira responsables?! »
« Dylan, quelqu'un doit bien y aller, et trouver un plan et laisser quelqu'un d'autre mourir sous mes instructions serait injuste et cruel. Si j'ai un moyen de tous vous sauver, je dois le faire moi-même, c'est mon choix. »
Je me tourne vers le brun, il se mords la lèvre. Je me retiens de poser une main sur son épaule en voyant des larmes pointer leur nez à ses yeux. Il ne réalise pas totalement ce qu'il se passe, ce que son meilleur ami lui dit.
Ou plutôt il ne veut pas réaliser.
« Non... Alors je viens avec toi. »
« Je ne peux pas, Dylan. Tu dois rester ici, avec les autres. »
« Tu penses que je vais t'obéir comme un gentil petit chien, je suis ton meilleur ami. Mon rôle n'est pas de suivre tes ordres sans broncher, c'est de m'assurer que tu vas bien, et dans l'heure qui va suivre, sans être trop négatif, je peux te promettre que tu n'iras pas super bien. »
Thomas baisse les yeux en soupirant. Je l'observe, il cherche un autre moyen de convaincre son ami. Car il ne changera pas d'avis, je le connais, on parle de Thomas, il fera tout pour sauver la vie du camp, quitte à y laisser la sienne. Et il ne laissera personne l'arrêter.
« Tu ne viendras pas avec moi Dylan. C'est tout. »
« Alors moi je viendrai. »
Il fronce les sourcils et se tourne vers moi. Comme s'il avait oublié que j'étais dans la pièce, à quelques mètres de lui.
« Toi non plus tu ne viendras pas. »
« Tu ne peux pas m'en empêcher. »
« Si je peux. »
Je fronce les sourcils, son regard s'adoucit, il continue de me fixer.
« Je veux qu'aucune personne meurt en m'aidant dans mon plan, qui peut être réalisé par une seule. Essayons d'épargner le plus de vies que nous pouvons, j'ai vu mes amis mourir depuis des mois, et par dizaines ces dernières heures. Si vous ne le faites pas pour vous, ou pour le camp, faites-le pour moi. Je ne veux la mort de personne, et encore moins de vous deux. Vous êtes les seuls qui ont gardé mon esprit en place pendant ces derniers mois. Je veux votre bonheur, pas que vous mourriez pour moi. »
« Thomas... » ma voix se brise.
Il se tourne vers moi, le regard triste. Je grimace pour retenir un sanglot, la commissure de mes lèvres me pique, tout comme le fond de ma gorge.
« Tu as fait ça pour moi aussi... Je ne peux pas te laisser partir. »
Je suis sensée lui en vouloir, pour tout ce qu'il m'a dit, bien qu'il ne pensait pas la moitié, et aussi pour Luna, mais je ne peux pas faire cela. Je réalise petit à petit que ce moment est unique, que les gens sont uniques et partent vite. La colère n'a plus de place ici, pas maintenant.
« Em... »
« S'il te plait Thomas, il doit y avoir d'autres solutions. Il suffit de chercher. »
« J'aimerais en trouver une, mais si je l'avais trouvée ne crois tu pas que je ne serai pas en train de proposer ce plan suicide. »
« Et si on y allait tous les trois? À trois on pourrait rester en vie, ce serait une décision prise par tous, personne ne serait sacrifié contre son gré, on pourr- »
« Dylan, non. »
Le brun, pousse un grognement de colère, il serre les poings et la mâchoire en regardant son meilleur ami.
« Je suis désolée Dylan, mais je ne peux pas me permettre que tu meure à mes côtés dans un plan que j'ai imposé. »
Je prends la main de Dylan pour qu'il se calme, il soupire et me lance un regard gratifiant. Thomas fixe brièvement nos mains, puis prend une longue inspiration.
« Et j'ai besoin de vous pour autre chose. »
Alors que nous marchons entre les tentes, les bruits de coups de feu et de cris retentissent autours de nous, mais je n'y prête pas trop attention.
« Il faut que quand les rôdeurs soient attirés par les ondes radios, ou alors l'explosions, vous rassembliez le plus de monde possible pour fuir loin d'ici. Vous le ferez? »
Nous opinons. Thomas nous dit de nous attendre à l'extérieur, le temps qu'il prenne arme à feu et munitions.
Je me tourne vers Dylan, une fois qu'il est hors de portée.
« On compte pas le laisser y aller tout seul on est d'accord? »
« D'accord cent pour cent. »
Thomas revient plus vite que je le pensais, ce qui nous empêche de planifier quoi que ce soit. En dehors du camp, après avoir trouvé une voie libre et couru aussi vite que possible, nous nous arrêtons.
Thomas se tourne vers nous, le regard triste, un peu perdu dans ses pensées, il nous regarde tour à tour.
« C'est ici qu'on se dit adieu. »
Je sens mon coeur se serrer, la paume de mes main me pique.
« Thomas... Je... Je sais pas quoi dire... Putain... »
Il reprime un sanglot, puis prend son meilleur ami dans ses bras, ils se serrent pendant une longue minute en sanglotant. Les larmes me montent aux yeux, je les ferme pour réduire la grimace que j'ai sur le visage, je ne veux pas pleurer. Mais est-ce une question de volonté?
Thomas se tourne vers moi.
« Emma... »
« Thomas... »
Il sourit, les yeux humides, puis rit légèrement.
« Tu sais qu'au début je te détestais? »
« Tu savais que c'était réciproque? » je demande en me mordant les lèvres, les yeux larmoyants.
« Tu m'as vite fait passé le message Em' »
Je ris, mais mon rire se transforme très vite en sanglot.
« Y'a eu du chemin depuis... »
J'opine tristement. Il baisse les yeux, puis s'approche de moi pour m'enlacer, je sanglote encore plus en me collant contre lui et en lui rendant l'éteinte.
« Em'... »
Je secoue la tête, puis la glisse dans son cou. J'inspire son odeur, elle emplit mes poumons, une sensation qui m'avait manqué plus que tout ces derniers jours.
Les gens que nous aimons partent trop vite, et quand on s'y attend le moins, c'est pourquoi il faut profiter de chaque instant, voir chaque seconde comme une opportunité. Je risque de ne jamais revoir Thomas, bien que j'arrive à venir l'aider. Je risque d'arriver trop tard, comme pour beaucoup de gens qui m'entouraient. Le temps est meurtrier. Je réalise que nos derniers contacts n'ont été que froids et offensifs, que nous nous sommes criés l'un sur l'autre. Et que c'est comme ça que je risque de le quitter.
Je ne veux pas.
Je ne peux pas.
C'est pour ça que quand je m'écarte de lui, je me met sur la pointe des pieds, les bras toujours autours de son cou, et plaque mes lèvres contre les siennes. Il réagit à la seconde à mon baiser. Il passe ses bras autours de ma taille et me le rend avec passion. Nos lèvres sont pressées les unes contre les autres, tellement que je sens ses dents à travers, mais je ne m'en préoccupe pas. Je passe mes mains dans ses cheveux en embrassant encore et encore sa bouche alors qu'il tient ma tête entre les siennes, comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde. Nous nous séparons essoufflés, moi sanglotant, lui les larmes aux yeux.
« Je t'aime aussi. » je souffle.
Il me regarde, et soupire, une larme coule le long de sa joue. Nous nous écartons, il sourit, un sourire triste, mais un sourire quand même. Alors qu'il recule, sa main prend une mèche de mes cheveux, il la touche doucement. Puis au bout d'un moment il est trop loin, et n'a pas le bras assez long pour continuer, il la lâche et plonge son regard dans le mien, puis dans celui de Dylan.
« Tu sais quoi faire maintenant. »
Le brun opine, je fronce les sourcils, il se tourne vers moi et prend fermement mon bras.
« Dylan qu'est-ce que tu- »
« Adieu Emma. » soupire Thomas.
Je me fais tirer loin de lui par mon ami, je hurle son nom en sanglotant. Je vois son visage une dernière fois, déformé par tristesse, il se mord la lèvre, puis me tourne le dos pour entamer sa mission. Je me débat pour le suivre, mais Dylan m'en empêche.
« Désolée Emma, mais je lui ai promis. »
« Tu ne peux pas me faire ça! S'il te plait Dylan. »
« C'est son dernier choix Emma, respecte au moins ça. »
Je tombe à terre secouée par mes pleurs, il me soulève et me prend sur son épaule, je vois le sol défiler devant mes yeux, ma tête cogne contre son dos.
Et voila, c'est fini.
Thomas est loin maintenant, et je ne suis pas assez forte pour repousser Dylan, et encore moins rapide pour rattraper Thomas sans qu'il ne m'en empêche. Je ne peux que pleurer.
Et dans la profondeur froide de cet instant d'impuissance.
Je pousse un cri de désespoir.
——
COUCOUUU
VOUS VOULEZ MA MORT?
NORMAL HA HA JE SUIS UNE BIATCH!
Le plan de Thomas?
Les adieux?
Dylan?
Je vous aime! Sachez que ce chapitre était horrible à écrire mdr
Bisouuus
❤️
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