XVII. Ordalie

Les jours passèrent et une réunion de médiation entre les deux parties : Hyūga Hiashi et Hyūga Hinata, avait été décidée. Les médiations étaient toujours privilégiées avant d'aller au procès.

Hinata était avec Nara Shikamaru, avocat au même cabinet que Sasuke. Ils étaient assis dans l'immense couloir marbrés du tribunal des affaires familiales. Ils étaient tout à fait en face de l'avocat de Hiashi, Shimura Danzō, un vieux grigou connu pour être aussi perfide que sans scrupule.

Hiashi n'avait pas daigné se déplacer apparemment.

Une grande et lourde porte en bois massif travaillé, s'ouvrit, et une petite femme brune sortit et fit signe aux personnes présentes de venir.


Ils s'installèrent face à face à la grande table en verre trônant au milieu de la pièce. Une femme blonde présidait la tablée.

- « Bonjour à vous et je suis navrée pour le retard mais nous croulons sous les procédures en ce moment ! » fit la femme sans quitter des yeux ses dossiers, « Je suis Senju Tsunade, juge des affaires familiales et celle qui se chargera de cette réunion de médiation... Madame Katō Shizune est la greffière qui prendra note de tout ce qui se dira ici ! »

Elle leva ses yeux noisettes sur les personnes présentes. Elle nota avec surprise que Danzō était seul. Devinant l'interrogation de la femme de pouvoir, l'avocat prit les devants.

- « Mon client Hyūga Hiashi n'a pas fait le déplacement depuis Konoha puisqu'il s'attend à ce que sa fille, Hinata refuse toutes ses demandes. Il se réserve un si long déplacement pour le procès... »

La juge leva un sourcil.

- « Alors dîtes-moi de rentrer chez moi tout de suite !! Il fallait me dire que cette réunion était futile... » ironisa-t-elle.

- « Ce... Ce n'est pas ce que je voulais dire... »

- « Et pourtant... Monsieur Hyūga n'est pas là, son absence prouve son manque d'intérêt à notre rencontre ! Pour l'instant, le seul que je vois sûr de lui et qui ne négocie pas, c'est lui ! »

Danzō s'enfonça dans son siège. Il avait pourtant insisté pour que Hiashi vienne, mais le vieux sénile avait refusé. Il était si sûr que n'importe quel juge serait d'accord de lui confier sa petite-fille !

- « Bien commençons malgré tout... Maître Shimura, veuillez commencer et énoncer les doléances et le pourquoi de cette action en justice contre Mme Hyūga... »

- « Merci Madame la juge... Monsieur Hyūga Hiashi a intenté cette action à la suite de sa rencontre surprise avec sa petite-fille le 19 août dernier. Il en fut très affecté car sa fille, Madame Hyūga Hinata, ayant fui son domicile de manière irréfléchie il y a 10 ans, n'avait jamais daigné lui parler de sa petite-fille, ni même lui reparler tout court ! Alors il lui semble logique de demander la garde de Yōkō Hyūga connaissant l'attitude irresponsable de sa fille dès son plus jeune âge et ses prises de décision insensées... Après une brève enquête, mais exhaustive tout de même, il a été facile pour Monsieur Hyūga de deviner le parcours chaotique de sa fille après sa fugue de chez lui. Il est indéniable que Madame Hyūga a fait connaître à sa fille Yōkō, une vie pitoyable dès sa naissance et même avant, se trimballant de foyer miteux en foyer miteux, sans le sous, sans figure paternel pour une éducation complète et équilibrée de l'enfant... J'aurais l'occasion évidemment de développer davantage si vous le souhaitez mais voilà pour l'unique et logique demande de Monsieur Hyūga, qui de par, sa situation sociale et financière, pourra proposer une éducation bien plus adéquate à une jeune enfant de cet âge ! »

Hinata avait écouté difficilement le monologue de l'avocat qui l'accablait et n'insinuait même pas être une mauvaise mère, non, il l'affirmait. Elle ne comprenait décidément pas l'acharnement de son père contre elle. Shikamaru avait posé délicatement sa main sur sur poignet pour attirer son attention puis lui adressa un regard si fort qu'elle comprit à travers ses prunelles noires « Ne vous inquiétez pas ! ».

- « Bien... » fit la juge, « Nous avons écouter Maître Shimura et sa présentation des doléances de son client, maintenant c'est à vous, Maître Nara... »

Shikamaru plaça ses avant-bras sur la table au-dessus de ses fiches, et joignit la pointe de ses doigts, formant un triangle avec ses mains. Danzō, l'observait attentivement. Il ne connaissait pas le jeunot, mais le fait qu'il n'avait pas lever un sourcil durant son exposition, lui fit dire qu'il devait se méfier.

- « Merci Madame la juge... » commença l'homme d'un ton surprenamment nonchalant, « Maître Shimura, que je respecte, nous a présenté les demandes de son clients qu'ils estiment légitimes... Mais en ma qualité de défenseur des intérêts de Madame Hyūga, je ne peux que m'y opposer ! Madame Hyūga a connu des déboires comme nombre de femme seule devenue mère trop jeune aux yeux de la société ! Oui, ce que Maître Shimura a dit est vrai, elle a logé un long moment en foyer avec son bébé... Mais allons-nous blâmer cette jeune fille de 19 ans à l'époque pour avoir cherché un toit quel qu'il soit pour elle et son enfant ? Ce serait aberrant ! Par contre je questionnerai sur le pourquoi était-elle en foyer ? Maître Shimura a affirmé que Madame Hyūga a fait une fugue ? Ah bon ? Premièrement, un majeur quittant le domicile de son plein gré, ne peut être considéré comme fugueur ! Deuxièmement, où sont donc les signalements ou les demandes de recherches faites aux autorités locales par le père éploré ? Et pointer du doigt les malheurs d'antan de sa fille est facile, mais pourquoi ne pas reconnaître ses succés d'aujourd'hui ! Ma cliente a un travail fixe, est propriétaire de sa maison, de sa voiture et n'est endettée de rien ! Yōkō est inscrite au collège de secteur et est l'une des meilleures de sa classe ! Elle ne manque de rien car sa mère veille aux grains ! » Il marqua un silence, puis prenant une nouvelle inspiration, continua « Je ne vais pas passer mon temps à pointer les incohérences de Maître Shimura et des allégations de son client ! Mais Madame le juge, chaque point peut-être aisément contredit ! À commencer par la rencontre « surprise » de Monsieur Hyūga et sa petite-fille ! Pourquoi ne pas parler du contexte et du fait que le père de ma cliente l'a agressée physiquement et verbalement devant témoin, en traitant de « bâtarde » sa petite-fille ?! De plus, Monsieur Hyūga prétend que ma cliente ne peut donner une éducation équilibrée à sa fille parce qu'elle n'aurait pas de figure paternelle ! Outre le fait que cela soit extrêmement injurieux pour toutes les femmes et mères célibataires, comment Monsieur Hyūga pense-t-il pouvoir donner une éducation équilibré sans la présence d'une figure maternelle !? Car oui, depuis plus de 15 ans, votre client est veuf ! Alors à moins qu'il ne pense que la présence d'une femme et leur rôle ne soient qu'accessoires, il est en tout cas, incohérent ! Et dernier élément et je clôturerai mon exposition, Yōkō n'est pas sans figure paternelle puisque son père l'a reconnue il y a peu et qu'une garde partagée à l'amiable entre ma cliente et le père de Yōkō, se déroule parfaitement depuis plusieurs mois ! »

Il avait clôturé son monologue avec cette annonce qu'il savait faire son effet du côté du juge comme du côté de la partie adverse.

- « Pardonnez-moi Madame la juge mais je n'étais pas au courant de cette dernière information ! Je soupçonne même Madame Hyūga d'avoir imaginé cette solution pour donner l'image d'une pseudo-famille à la cour ! » reprit suspicieux Danzō.

- « Attention à la diffamation maître mais, je dois admettre que je suis surprise de cette nouvelle, je ne vois rien dans le dossier ! » fit la juge.

- « Oui, les documents liés à la reconnaissance sont arrivés seulement récemment... Vous n'êtes pas sans savoir que les services municipaux de Yuki ne sont pas les plus réactifs et rapides du pays, mais les démarches, selon les documents suivants... » Shikamaru fit glisser des liasses de documents à la juge et à l'avocat assis en face de lui, « ... Les démarches ont été bien entamées avant que ma cliente ne reçoive la demande de garde de Monsieur Hyūga Hiashi ! »

- « Uchiha... Sasuke ?! » fit surpris, Danzō.

Shikamaru ne réagit pas face à l'incompréhension de son confrère. Ce dernier laissa apparaître une veine sur la tempe, il avait raison de se méfier du jeunot. Il était doué !

- « Bien... Je prends note de toutes ces informations et prises de position... Mais avant de commencer les discussions, j'aimerais entendre Madame Hyūga Hinata... » demanda Tsunade.

- « Je... Je proteste ! Mon client n'étant pas présent, le temps de prise de parole est inégal !! » s'offusqua l'avocat en colère.

- « La faute à qui maître ? » rétorqua la juge, un brin agacée.

L'avocat se rassit droit dans son siège, le clapet fermé par cette répartie logique.

- « Madame... ? » encouragea Tsunade.

Shikamaru adressa un regard soutenant à la femme à côté de lui. Elle avait l'air de l'innocence incarnée, avec ses cheveux relevé en chignon haut, son chemiser en soie et manches courtes, et sa jupe crayon bleu-gris. Elle se redressa en se tortillant légèrement dans son siège. Elle inspira fortement, et dans son expiration,

- « Elle adore la guimauve, c'est son pêché mignon. »

Sa première phrase interloqua les personnes présentes. Elle se mordit la lèvre un instant puis continua.

- « Mais elle déteste le lait, elle a toujours détesté ça depuis toute petite ! »

- « Madame la juge je ne crois pas que... »

Danzō ne continua pas sa phrase, il vit le signe de la main de la juge qui lui disait stop.

- « Continuez madame... » fit Tsunade le menton entre les doigts.

- « Son film préféré c'est Jurassic Park et sa chanson préférée, Stay with me de Matsubara Miki ! Elle l'écoute en boucle parfois ! » elle se contorsionna les doigts, « Quand elle est en colère, elle se gonfle les joues comme un bébé... Je dois regarder ailleurs et reprendre contenance pour ne pas lui rire au nez ! Elle est trop mignonne quand elle fait ça ! »

Elle marqua un silence. Danzō l'observait impatient, il toquait la pointe de son stylo sur ses feuilles.

- « Elle adore le rouge et le rose ! C'est... Elle assume son côté girly... Enfin, jusqu'à maintenant ! » elle leva les yeux vers la juge qui remarqua ses yeux blancs uniques en leur genre, « Madame la juge, oui avec Yōkō nous n'avons pas toujours eu tout ce que nous voulions, parfois nous ne mangions pas par plaisir mais par nécessité, mais j'ai travaillé très dur jusqu'à aujourd'hui pour offrir tout ce dont elle avait besoin et aujourd'hui je suis fière de ce que j'ai construit avec et pour ma fille ! Alors, que mon père veuille m'enlever la seule chose qui m'a retenue à la vie, je le vois comme une ultime stratégie pour vouloir me nuire ! Yōkō l'a entendu l'appeler « Bâtarde » devant tout le monde au restaurant ! C'est Yōkō qui la repoussé lorsqu'il m'a attrapé par le bras pour me traîner au sol... C'est cette petite fille de 10 ans qui a vu son grand-père maltraiter sa mère... Chose que j'aurais tout fait pour que cela n'arrive jamais, même si cela voulait dire rayer Konoha de la carte !!! Mais je ne peux pas ! La famille du père de Yōkō vit là-bas, alors je dois bien faire des compromis pour son bien... Vous voyez... »

Elle se retint de ne pas pleurer. Elle aurait voulu que Neji, Tenten ou Sasuke soit là à ses côtés.

- « Je ne sais pas ce qui m'attend après cette réunion, et si l'on va au procés, mais ce que je sais et dont je suis sûre, c'est que Yōkō ne sera jamais heureuse chez mon père, comme moi je ne l'étais pas là-bas... »

Danzō souffla après les derniers mots de la mère.

Comment pouvait-il lutter par tant de pouvoir maternel inondant la pièce ?

Il connaissait la juge de réputation, une femme forte, pas mariée et sans enfant, elle n'était pas du genre à être attendrie pour un sou, mais même elle, ne pourrait résister à la femme inquiète assise en face de lui.

Après un moment de réflexion la juge reprit,

- « Maintenant que nous avons entendu chaque partie, nous allons entamer la médiation... Si cela est possible bien entendu ! Et à l'issue de celle-ci je ferai ma préconisation concernant un possible procès ou non ! »


Ils restèrent bien encore une bonne heure dans la grande salle. Une heure à défendre les intérêts des uns et des autres. Parfois calmement, parfois difficilement.

Et puis la grande porte s'ouvrit. Shimura Danzō sortit le premier d'un pas rapide et le visage fermé comme à son habitude. Il alla se heurter à un homme qui arrivait téléphone en main mais l'évita de justesse. Il reconnut l'homme, un Uchiha il en était sûr. Le suivant du regard, il vit l'homme se diriger par la partie adverse. Il remarqua qu'il soutint le coude de la femme, une fois à ses côtés. Comme si leur geste était naturel. Il comprit alors que c'était le père de Yōkō. Il grogna et tourna les talons plus vite. 

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