XIII. L'Amour est patient, Il est plein de bonté...
Ils rentrèrent et installèrent Hinata toute habillée dans son lit. Yōkō eut l'idée d'aller préparer le thé favori de sa mère. Cela l'occuperait et lui donnerait l'impression d'être utile.
- « Yōkō... » fit Sasuke avant que la jeunette ne quitte la pièce.
Elle se retourna les yeux humides.
- « Tu as été brave ce soir !!! Bien que je te déconseillerai à l'avenir de poser la main sur qui que ce soit, je dois te dire que je suis fier de toi ! De la façon dont tu as protégé ta mère !! » expliqua l'homme.
Elle sourit alors que ses larmes coulaient.
- « Maman ne m'avait jamais parlé de ses parents tu sais... Elle me disait que si elle avait coupé les ponts c'était pour une bonne raison... Et ce soir... J'ai compris pourquoi ! »
Elle pleura abondamment en imaginant le passé de sa mère au sein d'une famille qui lui parlait ainsi. Sa mère n'avait jamais eu le moindre mot blessant à son encontre... Alors qu'elle, en l'espace d'une minute, fut traitée plus bas que terre par celui qui était censé être son père !
- « Yōkō... C'est fini ! Vous êtes en sécurité maintenant... » voulut rassurer Sasuke.
La jeune fille essuya ses larmes, lui sourit et sortit de la chambre.
Sasuke resta seul avec Hinata allongée mais qui ne dormait pas.
Il se demanda s'il devait appeler leur médecin. Et puis, il s'assit à ses côtés.
Il se pencha vers elle, posant sa main sur son épaule.
- « Hinata » lui murmura-t-il à l'oreille, « Tu n'as plus à t'inquiéter... Il ne te fera jamais plus de mal, j'y veillerai... Je te protégerai toi et Yōkō... »
Il attendit un moment puis soupira, mais alors qu'il se releva, il sentit une main sur la sienne. Bien qu'elle ne bougea pas plus, dans un rude effort elle lui avait agrippé la main. Il resta alors à côté d'elle jusqu'au retour de Yōkō avec son thé chaud.
Ils l'aidèrent à s'asseoir dans son lit et but de petites gorgées de la boisson au goût subtil de Faham.
Dans la nuit, Sasuke appela Neji et l'informa de la scène. Neji lui raconta comment Hiashi avait toujours traité Hinata et comment les maltraitances qu'elle avait subie l'avait impactée psychologiquement. Sasuke promit qu'il s'occuperait d'Hinata et de Yōkō mais qu'il demanderait à ce que leur vol retour soit repoussé. Neji ne vit pas d'inconvénient. Pour sa cousine et sa fille, il était capable de beaucoup de choses.
Sasuke repoussa ensuite leur vol, puis appela Sakura pour l'informer de leur aléa. Cette dernière fut contrariée mais à la voix de Sasuke, elle sut qu'il regrettait réellement le désagrément.
Hinata resta alitée, Yōkō restait avec elle et Sasuke passait le plus clair de son temps avec elles aussi. Il faisait du télétravail dans la dépendance et Sarada venait regarder la télé avec Yōkō de temps en temps.
Mikoto venait aidé Hinata à la salle de bain, en vrai elle ne faisait que la surveiller au cas où elle s'effondrait et se faisait mal. Mais il n'y eut aucun incident. Hinata était juste sans réaction. Le médecin de famille conseilla de la faire interner au cas où mais Sasuke s'y opposa. Il se dit qu'elle n'avait pas besoin de vivre un autre choc émotionnel.
Il eut raison car au fil des jours, les pensées d'Hinata devinrent plus claires.
Puis, quatre jours après le choc, elle se leva. Il était 07h30, Yōkō devait petit-déjeuner dans la maison principale comme à l'habitude.
Alors Hinata en profita pour se doucher, s'habiller. Elle se peigna les cheveux et fit une queue de cheval nouée avec un ruban rouge. Elle sortit de la dépendance et les rayons du soleil sur sa peau lui firent le plus grand bien.
Elle inspira un grand coup et se dirigea vers la maison des Uchihas.
Elle apparut dans la salle à manger surprenant les personnes présentes.
- « Maman !!? » fit Yōkō qui préparait un plateau repas.
Sans doute un plateau qui était destiné à sa mère.
- « Hinata ?... Ça va ? » fit Sasuke en se levant et se dirigeant vers elle.
Elle hocha la tête et sourit.
Il fit de même, soulagé de la voir ainsi. Il l'accompagna et l'installa à table à côté de lui sous les yeux surpris de ses parents.
Yōkō se jeta sur sa mère la serrant très fort au cou.
- « Je suis contente de te voir comme ça !!! Je suis soulagée ! » fit la petite.
- « Je suis désolée de t'avoir autant inquiété ma chérie... » dit Hinata tout en lui faisant un bisou sur la joue, « D'ailleurs je suis désolée de tous vous avoir causé du souci ! »
- « Tout va bien ma chère enfant... Nous sommes rassurés de vous voir ainsi ! » dit Mikoto d'un ton extrêmement bienveillant.
- « Nous ne pouvons qu'imaginer ce que vous avez vécu chez les Hyūga après la scène de votre père... Et bien sûr tout est devenu clair quand à votre fuite de Konoha... » fit Fugaku, attentionné.
- « Je... Je vous remercie... Je vous remercie tous ! J'ai vécu comme un coma éveillé ! J'ai perdu le contrôle de moi-même... Mais quand mes idées sont devenues plus claires, j'ai beaucoup réfléchi... »
Elle se tourna vers Sasuke.
- « J'ai pris ma décision Sasuke... » dit-elle.
Il sembla surpris ne comprenant pas de quoi elle parlait.
- « Et si Yōkō est d'accord aussi, je ne vois aucun problème à ce que tu la reconnaisses et qu'elle porte ton nom... »
Tout l'auditoire resta bouche bée. Sasuke avait presqu'oublié sa demande d'il y a quelques jours. Il fixa Yōkō qui fit la même chose, les yeux grands ouverts.
- « Yōkō... ? » articula-t-il à peine.
- « Oui... papa... ? »
- « Tu en penses quoi ? »
Le petite observa sa mère, son père, sa petite sœur -concentrée sur sa compote- et ses grands-parents. Elle rougit jusqu'aux tempes et sourit.
- « J'aimerais trop ! » fit-elle.
Tous les Uchiha avaient comme retenu leur souffle jusqu'à sa réponse et accueillirent la nouvelle avec soulagement et joie.
Sasuke serra la main d'Hinata sous la table. Il n'avait pas trouvé d'autre geste à faire pour lui montrer sa reconnaissance. Elle lui serra la main en retour.
Ils mangèrent de bon cœur ce matin-là, d'ailleurs le petit-déjeuner tarda jusqu'à 9 heures tant ils avaient ri et parlé.
Sasuke voyant qu'Hinata allait vraiment mieux, réserva de nouveaux billets d'avion pour le lendemain soir. Alors, pour cette dernière journée à Konoha, il proposa à ses deux filles et à Hinata d'aller visiter les hauteurs de la ville. Ils prirent la voiture des parents de Sasuke et se rendirent sur les lieux. Yōkō profita pleinement de sa journée. Elle adora la vue depuis les montagnes, elle adora la cuisine rustique et bien sûr être avec ses parents. Elle prit plein de photos avec le téléphone de sa mère. Elle remarqua que ses parents restèrent ensemble. En fait, depuis l'esclandre au restaurant et le malaise de sa mère, son père ne la quittait pas d'une semelle.
- « Ne m'attends pas, pars devant avec les filles ! Je vous rejoindrai ! » dit la femme à l'homme à ses côtés connaissant très bien que son rythme de marche était lent comparé à eux.
Elle était pourtant habituée aux marches et aux randonnées mais elle avait encore les séquelles de son malaise, et se sentait encore fatiguée.
Sasuke observa ses filles qui étaient devant eux, puis fixa la femme,
- « Non... Je trouve ça bien qu'elles restent un peu seules ! Sarada sollicite Yōkō plus facilement quand je ne suis pas à côté d'elles... »
Hinata observa à son tour les deux filles. Sarada venait de saisir la main de Yōkō et toutes deux marchaient désormais en se tenant la main. Elle sourit devant tant de mignonneries.
- « Et puis, j'avais à te parler ! » ajouta l'homme.
- « Quoi donc ? » s'interrogea Hinata.
- « Mon père a reçu un courrier de ton père... »
Hinata fit les gros yeux et commença à trembler légèrement. Sasuke le remarqua et passa son bras par-dessus son épaule tout en la ramenant vers lui. Collée contre lui, elle s'apaisa quelque peu.
- « Ne t'inquiète pas... Tu n'es plus seule face à lui ! » dit Sasuke pour la rassurer.
Elle hocha la tête en signe de reconnaissance.
- « Que disait sa lettre ? » osa Hinata.
Sasuke fronça les sourcils.
- « Après avoir incendié mon père, il explique qu'il souhaite faire la demande de la garde exclusive de Yōkō sous prétexte que tu n'aurais aucune compétence pour l'élever... »
Hinata sentit le sol s'effondrer sous ses pieds mais c'était sans compter sur Sasuke qui la tenait fermement.
- « Mais il ne sait pas à qui il a affaire ! Et maintenant que les démarches pour le changement de nom vont être entamées, Hiashi s'attaque non seulement à toi, mais à moi également ! » affirma Sasuke.
- « Mais pourquoi... Pourquoi fait-il ça ? » questionna Hinata sans plus rien comprendre.
- « Je ne sais pas Hinata... Je me dis qu'il est un piètre père et être humain... »
- « Pour mon père... Je n'ai jamais eu de valeurs... Tout ce que je faisais... ne le satisfaisait jamais... Mais comme par hasard, il veut la seule chose dont je sois fière ! Il ne m'a jamais aimé... Je le sais bien... Et là, il veut m'arracher la personne que j'aime le plus au monde ! »
Sasuke amena Hinata vers un banc en pierres où tous les deux s'assirent. Yōkō était en train de prendre des photos de Sarada un peu plus loin sous des arbres en fleurs, alors ils pouvaient bien prendre ce temps.
- « Je n'ai aucune idée de pourquoi ton père te... déteste autant... Si ce n'est qu'il n'est qu'un vieux aigri sans capacité d'amour pour autrui ! » fit Sasuke un brin révolté, « Je pense qu'il souhaite te faire mal ou même chercher à te détruire toi qui a échappé à son emprise durant tout ce temps !! »
Hinata baissa la tête à l'entente de ces mots. Sasuke pencha la tête pour l'observer.
- « Hinata... » reprit-il plus doucement,
Elle posa ses yeux clairs et tristes sur lui. Il fut touché du désarroi qu'elle affichait. On aurait dit une petite fille qui avait peur qu'on la gronde, qu'on la punisse. Il avait aussi peur, qu'elle refasse une crise et qu'elle redevienne apathique à cause de ce nouveau choc.
- « Quel que soit le but de ton père, il n'a aucune chance de gagner ! Tu es une merveilleuse maman ! Tout le monde à Yuki pourra en témoigner ! Et nous aussi ! Tu as élevé ta fille seule, tu as travaillé dur et tu as tout construit par toi-même ! Et aujourd'hui, notre fille est plus épanouie que jamais ! »
- « Merci Sasuke... Mais c'est aussi grâce à toi ! »
Il sourit tristement puis ajouta,
- « Honnêtement Hinata, même si Yōkō ne m'avait jamais rencontré, elle serait toujours cette jeune fille formidable ! Je n'ai rien à voir avec ça, elle est heureuse car tu lui as offert un environnement idéal pour qu'une petite fille et une femme seule puissent s'épanouir ! »
Hinata sourit et posa sa tête contre l'épaule de l'homme. Tout d'abord surpris, il comprit qu'elle avait besoin de son soutien plus que jamais, qu'affronter son père était la peur ultime de la jeune femme. Et c'était pour cela, qu'elle fut réduite à un état quasi-végétatif jusqu'à encore la veille. Il passa son bras par-dessus son épaule la ramenant à lui, elle se laissa faire et se blottit davantage contre lui.
- « Tu m'aideras à stopper mon père, hein ? » demanda-t-elle les yeux fermés contre lui.
- « Tu as ma parole ! » lui promit-il.
Ils mangèrent à l'extérieur, dans un petit restaurant de route, un yatai où ils commandèrent des gyozas et des ramens. Ils mangèrent bien, trop bien même, au point où les filles étaient somnolentes dans la voiture pour leur retour à la demeure Uchiha.
Mikoto accueilla ses deux petites filles au sortir de la voiture. Elle prit Sarada dans ses bras et celle-ci s'endormit aussi sec. Yōkō avait les yeux embrumés mais à la vue de son grand-père qui lui lança une tuile de mah-jong, celle du bambou faisant partie des « Honneurs suprêmes » ! Elle regagna soudainement énergie et se précipita pour une dernière partie avec lui.
Sasuke proposa à Hinata de prendre une boisson chaude avant d'aller dormir, elle n'hésita pas et accepta.
Ils se retrouvèrent donc sous le patio, devant le paysage du jardin qui semblait plus mystérieux avec son ambiance nocturne. Sasuke avait retenu qu'Hinata aimait le thé aromatisé au Faham et lui en prépara. Lui, préférait un petit café sans sucre, afin de bien en finir avec sa digestion longue.
- « Je te remercie pour ce séjour... Cela m'a fait du bien... Malgré tout... » fit Hinata, les yeux rivés vers les arbres du jardin.
- « Je suis content que tu sois venue aussi... Et j'espère que ce ne sera pas la dernière fois... » répondit-il.
Elle l'observa en lui souriant timidement.
- « Tu es vraiment gentil Sasuke... »
- « Arrête ! C'est tellement contraire à ma réputation !! » dit-il en s'agitant pour cacher sa gêne.
Elle l'observait toujours et lui aussi croisa son regard. Il se sentit transpercé, découvert... Comme si elle lisait en lui avec ses yeux clairs.
Il vit presque comme au ralenti, sa main se lever pour venir faire frôler ses doigts contre sa joue. Sasuke eut un petit mouvement de recul mais se laissa faire.
- « Alors j'ai eu de la chance de voir ces facettes cachées chez toi... » dit-elle simplement, la main posée sur la joue de Sasuke.
Il resta bouche bée, ne sachant quoi répondre. Le moment lui parut long alors qu'il avait à peine duré quelques secondes.
Il prit la main d'Hinata et la serra entre ses doigts. Il l'avait fait par réflexe presque, car c'était ce qu'il avait envie de faire à ce moment-là. Hinata fit les yeux ronds, elle-même avait été tactile mais vu comment il était protecteur avec elle, elle avait voulu lui rendre son affection. Mais lui prendre la main ainsi, avait une autre signification dans son esprit. Cela n'avait rien à voir avec le geste de la veille, un geste de reconnaissance... Elle sentait tout autre chose, ajouté à son regard délicat posé sur leurs mains jointes. Elle frissonna...
- « Sasuke... »
Il garda sa main dans la sienne, puis leva les yeux sur elle. Elle frémit et se rendit compte qu'ils étaient vraiment devenus proches... Peut-être un peu trop... Ou pas... Elle ne savait plus.
- « Je crois que nous... devons être prudents... » dit-elle en déglutissant, « Ne confondons pas la proximité que nous avons eu récemment avec de l'affection romantique... »
Elle revint des années en arrière, quand ils avaient sauté le pas et avaient conçu Yōkō. Ils s'étaient rapprochés sans comprendre, seulement en échangeant des mots gentils et puis ils avaient cédé à une attraction physique incontrôlée. Pouvaient-ils reproduire la même situation ? Oui, mais le devait-il ?
Sasuke lâcha la main d'Hinata.
- « Tu as raison... Excuse-moi... » dit-il.
Ils n'avaient plus 18 ans.
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