(Entre amis)
L'infirmière réapparut en fin de journée pour apporter deux plateaux remplit de victuailles. Voyant Yuki réveillé et riant aux larmes, elle ne put s'empêcher de sourire. Sen attrapa le petit pain chaud qui se trouvait sur l'un des plateaux avant même que la jeune femme n'ait le temps de les poser sur la commode. Elle s'apprêtait à mettre le jeune apprenti en garde, mais celui-ci avait déjà enfoncé la miche dans la bouche de son amie. Elle retira le pain en secouant la main :
- Chaud ! pouffa-t-elle, ce qui eut pour effet de redoubler sa crise de fou rire
Elle bascula vers l'arrière et s'affala sur le lit en se pressant les côtes. La jeune femme soupira « Les garçons... » Posa les plateaux et s'en alla en souriant. Sen bondit de sa chaise et se jeta sur Yuki, il l'attrapa par la taille et la lui chatouilla sans pitié. La jeune fille n'en pouvait plus, elle riait tellement, tellement qu'elle en avait en avait mal à la mâchoire et au ventre :
- Hihi...stop...stop, pitié...hihi haha, ar...arrête!
- Nan!
Yuki se tordit dans tous les sens jusqu'à ce que Sen dédaigne lui accorder la vie et la relâche. Elle s'essuya les yeux et s'assit maladroitement sur son lit. Son ami posa le plateau où il manquait le petit pain devant elle. Du poisson fumé avec de petits légumes qui sentait la sauce soja. La jeune fille se mordit la lèvre, elle n'avait décidément pas l'habitude de ce genre de plat. Son ami attrapa la grande tranche de poisson avec ses baguettes et mordit avidement dedans. Dans le doute, elle l'imita, après tout quoi de mieux pour faire comme un garçon que de le suivre. La saveur fumée de ce qui devait être un thon fit frémir les papilles de la jeune fille. La chair tendre et légèrement braisé était délicieuse, le goût était relevé sous l'effet de la sauce soja. Elle reposa la grosse tranche de poisson et mordit goulûment dans le pain, puis s'attaqua à l'autre garniture. Le côté croquant des légumes se mariait parfaitement avec la tendresse du poisson. Sen avait déjà fini son assiette et se massait le ventre, repu. Yuki faillit lui sortir la petite phrase qu'elle aimait lancer à Ulu pour le taquiner « Tu as mangé trop vite ! » Mais se retint. Le garçon croisa les bras derrière la tête et s'étira paresseusement sur sa chaise. La jeune fille posa le plateau par terre et s'adossa contre la tête de lit. Dehors, le ciel se zébrait d'orange et de rose. Un courant d'air traversa la pièce, Yuki frissonna. Sen se leva, ferma la fenêtre et retourna s'asseoir d'un pas lent et mou.
Ils se regardèrent, interdit. Que faire, quoi dire, ils n'avaient aucune idée pour faire passer le temps et Yuki n'avait pas sommeil. Un filet de fumé rougeoyant jaillit de la poitrine du garçon et éclata sur le lit. Un petit dragon, légèrement plus gros que celui de Yuki venait d'apparaître près de ses jambes, Délégi, l'esprit protecteur de Sen. Amusée, Yuki laissa Doragon sortir de son corps. Les deux sauriens se reniflèrent le museau, interloqués. Les deux apprentis esquissèrent des sourires amusés. Côte à côte, on remarquait bien que les écailles de Délégi étaient plus claires et orangées que celle de Doragon qui virait plus sur le rose pourpre. Ce dernier donna un gentil coup de museau contre la joue écailleuse et translucide de Délégi. Sen sourit, l'esprit de Yuki se jeta sur le sien et ils roulèrent au sol. Ils s'écartèrent, se lancèrent à nouveau l'un sur l'autre et continuèrent leur petit jeu en roulant dans toute la pièce, couinant de petits cri strident à l'attention de leurs protégés. Sen détourna le regard du jeu et se tourna vers Yuki :
- C'est amusant, avec leurs corps translucides on a l'impression qu'ils vont se traverser comme des fantômes !
Yu frissonna, il détestait ce mot « fantôme » ça lui faisait peur :
- C'est parce qu'ils n'ont que l'apparence immatériel ! En réalité ils sont faits de chair et d'os comme toi et moi ! C'est jusque que, priver de leurs pouvoirs, ils deviennent immortels !
- J'ai même vu Délégi manger !
- Oui, il n'en on pas forcement besoin, mais c'est pour le plaisir de savourer la nourriture ! C'est juste que si une épée les traverses, ils n'auront aucunes séquelles !
- Et pourquoi prennent-ils une apparence réelle quand nous les touchons ? Leçon 4 de maître Mydridor ! annonça Sen d'un air amusé
- Parce que nous somme le réceptacle de leurs empreintes et qu'en les touchant on leur rend, en partie, leur mortalité !
Sen l'applaudit. Yuki savait toutes ses leçons par cœur, Valadon était très exigent sur se point. La jeune fille ouvrit une grande bouche à s'en décrocher la mâchoire et bâilla sans retenu, au fond d'elle-même elle se sentit rougir de honte. Sen ne sembla pas s'en préoccuper, il regardait, amusé le jeu de combat des deux esprits. Doragon mâchonnait la queue de son adversaire en couinant d'excitation. Délégi se contorsionnait dans tous les sens, plaquée au sol sur le dos par le saurien rouge rosé, elle tenta de lui attraper le museau ou la queue. Elle appuya ses deux pattes griffues sur le poitrail translucide de l'esprit protecteur de Yuki et le fit basculer vers l'arrière. Les deux sauriens roulèrent sur le sol, Doragon lâcha la queue du dragon femelle et tenta de stopper leur roulé-boulé infernal. Délégi déploya ses deux belles ailes aux membranes presque invisibles, rehaussé d'un rouge beaucoup plus clair que sa peau écailleuse et diaphane. Elle les fit battre avec force et s'éleva à quelques mètres du sol. Doragon ouvrit de grands yeux ronds, rougeoyants et striés de veines plus foncées ou plus claires par endroit, lui qui n'arrivait même pas à décoller. Après tout, Sen avait un an de plus que Yuki, étant donné que les esprits grandissent avec leurs protégés, il paraissait normal que Délégi ait une petite avance sur Doragon. Malgré cela, le saurien fulminait de jalousie, de fin filet de fumé grisâtre s'échappèrent de son museau, il secoua la tête en soufflant et grogna. La dragonne émit un couinement aigu, semblable à un rire amusé, et se posa difficilement sur l'épaule de Sen. Yuki se pencha pour cueillir le dragonnet qui couinait au pied de son lit. Ce dernier se roula en boule sur les genoux de sa protégée et foudroya Délégi d'un regard jaloux. Sen caressa la tête triangulaire de cette dernière qui se mit à ronronner, d'une voix beaucoup plus aiguë que celle de Doragon :
- Dis Yu, pourquoi tu n'es pas venu me voir hier, dans l'arène ?
Le faux garçon détourna le regard :
- C'est à cause de ce qui c'est passé avec Jul ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top