(Captivité au Paradis)
Yuki eut un petit mouvement de recule. Brusquement, la magnificence de ce paysage lui sembla devenir noir, tel le plus beau des cadeaux que l'on aurait empoisonner. A nouveau, le sentiment d'emprisonnement qu'elle ressentait au contact du prince la saisit. Ylen contempla le jardin avant de poser de nouveau les yeux sur l'enfant :
- Ce sera notre petit jardin secret, c'est ici que nous enfermerons tous les secrets que nous partagerons !
A ses mots, Yuki se sentit défaillir, comme s'il avait serré son cœur au creux de sa main. Avait-il l'intention de percer tout ses secrets à jour ? L'image de Sen lui vint brutalement en mémoire, « Si tu avais un secret...tu me le dirais ? » Elle se mordit la lèvre pour ne pas pleurer. Le prince étira un sourire mystérieux dont il semblait si friand. Il prit Yuki par les mains :
- C'est ici que nous nous retrouverons ! Je viendrais te chercher tous les jours chez toi et nous passerons quelques heures ici !
- Quoi ?! S'indigna-t-elle en se dégageant, animé par un étrange sentiment de dégoût qui lui racla la gorge.
- Je connais tes journées par cœur, ce ne fut pas facile, mais à force de t'observer j'ai fini par comprendre comment sont organisé tes journées.
Yuki se saisit les épaules comme pour se couvrir, se savoir épier par ce prince lui donnait envie de vomir :
- Le matin tu travail soit avec Ulu, soit au près de Valadon. Puis tu vas aux entraînement du Temple et le soir, quand tu rentres tu assistes ton Maître. Et ensuite, il t'autorise à aller t'entraîner ou étudier quelques heures avant le repas ! Et bien ces quelques heures, tu les passera avec moi, ici !
Elle crispa ses mains contre sa peau. Sans comprendre pourquoi, elle plongea son regard dans le monde spirituel et le coup de tonnerre résonna dans sa tête. Le fluide rougeoyant d'Ylen était immense et flottait paisiblement autour du lui. Mais un éclat bleu s'en détachait, un collier de vapeur bleuté entourait son cou. Une chaîne semblait y être accroché. Yuki suivit des yeux le cheminement de ce lien invisible qui se divisa subitement en deux en passant du bleu au rouge avant de venir s'enrouler autour des poignets de l'enfant. Elle était prisonnière de ce garçon, même à travers le monde spirituel, il avait apposé sa marque sur elle. Elle se mit à trembler, elle ne comprenait plus, et d'ailleurs qu'avait-il à comprendre ? Elle était à lui, elle lui appartenait, tout simplement. Elle tomba à genoux, le choc rompit la liaison avec le monde spirituel et l'horrible vision de se voir enchaînée à lui disparut. Elle ne put retenir ses larmes. Oubliant totalement la présence du prince, elle s'attrapa les cheveux et tira dessus de toute ses forces en hurlant d'horreur et pleurant toutes les larmes de son corps.
Ylen s'agenouilla devant elle. Calmant sa crise, elle leva ses yeux rouge vers lui :
- Yuki, tu es mienne à présent. Jamais je ne te ferais défaut, je te protégerais toi et ton secret car tu es désormais ce que j'aurais de plus chère en ce monde, tu es à moi ! Susurra-t-il d'une voix douce à la fois apaisante et terrifiante.
Il se releva et son visage prit brutalement l'apparence de celui du jeune garçon qu'il était, joyeux et innocent. Il lui présenta de nouveau sa main :
- Tu viens te baigner avec moi ?
Yuki se sentait perdue, elle avait envie de disparaître, et pourtant, elle se sentait un peu plus apaisé devant le charmant sourire du garçon. Elle secoua la tête de façon mécanique :
- Non ? Tant pis, je ne peux pas t-y forcer
Il prit sa main, l'aida à se lever et se pencha sur son oreille :
- Un jour je te convaincrais ! Murmura-t-il
Il s'éloigna d'un pas et lui tourna le dos. Yuki n'arrivait plus à cerner ce prince, joyeux, doux, mystérieux et terrifiant à la fois. Il arrivait à passer de l'un à l'autre avec une telle aisance qu'on pourrait croire qu'il existait deux Ylen à l'intérieur de ses impénétrables pensées.
Brusquement, il se défit de son kimono, conservant son pantalon, et lança l'habit à Yuki. Apercevant le dos nu du garçon, la jeune fille cacha son visage dans le tissu qu'elle saisit avec force au creux de ses bras. L'odeur de romarin qui émanait du prince lui emplit les narines :
- Tu ne sais pas ce que tu rates ! Lui cria-t-il de loin avant de plonger dans l'eau.
Yuki risqua un yeux sur lui. Le garçon nageait paisiblement dans l'eau claire, sans ce soucier d'elle. La jeune fille entrepris de suspendre l'habit du prince à une branche d'un arbre. La poche droite du kimono semblait lourde, Yuki la palpa délicatement mais ne parvint pas à déterminer ce qu'elle contenait. Elle s'en détourna et alla s'agenouiller sagement sur une pierre plate, attendant patiemment ; comme lorsqu'elle attendait les ordres de son maître tandis qu'il lisait dans son bureau et qu'elle se trouvait près de lui. Dans ses moment là, son cerveau se mettait toujours à lui posé une multitude de questions qui semblaient importantes, mais dont elle ne demandait jamais la réponse. Elle avait tellement d'interrogation à propos du prince, si bien qu'elle ne comprenait plus ce que sa tête essayait de lui dire. Ses yeux voguèrent le long du fils invisible de ses pensées. Tant de « Pourquoi » tant de mots qui ne rêvent que de traverser la barrière de ses lèvres. Pourquoi se taisait-elle ? Hurlait son cerveau à force de la questionner en vain. Encore et toujours des « Pourquoi » était-ce normal pour un fille de 10 ans de se poser tant de questions ? Après tout peu importait, les questions était là, tout simplement.
Ylen sortit de l'eau, le pantalon collé au cuisse et la peau brillantes sous les fines gouttelette qui y ruisselaient. Yuki leva les yeux vers lui, mais ses yeux ne le voyait pas, elle ne regardait rien, elle ne savait même plus si elle se trouvait avec le prince à cette instant précis. Il marcha jusqu'à son kimono et le décrocha. De sa poche intérieur, il en sortit une petite serviette avec laquelle il s'essuya partiellement avant d'aller s'asseoir devant Yuki. Il resta la fixer quelques instant, conscient que, malgré ses yeux posé sur lui, elle ne le voyait pas. Il pencha la tête sur le côté :
- Yuki ?
Elle ne réagit pas. Ylen se rapprocha d'elle :
- Hey, susurra-t-il, reviens à moi, princesse.
Ce dernier mots se mit à tourbillonner dans la tête de Yuki, comme si c'était la seule chose qui avait put traverser sa barrière de pensés. Il se déforma, pour devenir celui de quelqu'un d'autre. Des centaines d'images défilèrent sous ses yeux perdu dans le vague. Tant d'images, tant de souvenir rattacher à un simple mot. Tout cela autour d'une seule et même personne. Ce n'était plus Ylen qui avait prononcer ce mot dans son esprit, mais celui dont le visage défilait à toute vitesse dans cette roue de souvenir. Daliman.
Yuki écarquilla de grand yeux en sursautant, comme si son esprit venait de réintégrer son corps. Mais le visage devant elle n'était pas Daliman. Ylen étira un malin sourire :
- Eh ben ! Je devrais dire ça plus souvent, ça à l'air de bien marcher !
Il posa son kimono près de la jeune fille :
- Yuki, me ferais-tu une faveur ? Dit-il d'une petit voix qui se voulait sans doute timide, mais qui transpirait la malice. Depuis le jour où j'ai fait de toi ma Dame, je rêve de ce moment !
Il approcha son visage du sien. Yuki n'osait plus bouger, le cœur battant. Il glissa une main près d'elle, effleurant son genou. Il sortit une brosse de la poche de son kimono et la tendit à Yuki :
- Tu peux me brosser les cheveux ?
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