Le centre commercial de Kiyashi

Salut à tous ! 

Me revoilà pour vous jouer un mauvais tour ! Nous entrons dans le nouvel arc avec ce vingtième chapitre (vingt ! c'est énorme!). 

J'espère que ce chapitre vous plaira, il a été écrit lors d'une frénésie après avoir revu l'épisode du centre-commercial. Episode qui doit représenter même pas 10% de ce chapitre. Je me hais autant que vous me haïssez. 

Sur ce,

Enjoy~

-0-

Comme d'habitude, Dazai ne se réveilla pas aux aurores, ni par le soleil et encore moins par son réveil. Dazai n'avait pas dormi, comme beaucoup de nuits. C'était un insomniaque maladif, rien n'aidait à éteindre son cerveau, ni les tisanes, le manque de lumière, la température ou un matelas paradisiaque. Il ne faisait que s'effondrer de fatigue au bout de quelque temps, quand son corps tremblait de fatigue et l'empêchait de réfléchir correctement.

Une fois cette limite atteinte, il s'effondrait sur une surface plane et dormait pendant une journée complète, voir plus. Au grand damne de Chuuya qui devait s'occuper de lui et veiller sur lui le temps que le cerveau le plus brillant de la mafia portuaire se reposait. Osamu s'était réveillé un nombre incalculable de fois dans des draps en soie et sur un matelas confortable au lieu de la chaise ou du canapé sur lequel il s'endormait. L'odeur du café fraîchement moulu et de crabe grillé l'obligeait à se traîner dans la cuisine et découvrir un chihuahua qui lui tendait les nutriments nécessaires à sa survie. Il attendait toujours qu'il ait fini de manger avant de lui crier dessus. A chaque fois, Osamu se tapotait mentalement l'épaule, se félicitant d'avoir choisi un chien fidèle qui prenait soin de son maître.

Tout cela pour dire que Dazai n'avait pas dormi cette nuit-là. L'appel de Mori avait envoyé ses neurones dans une frénésie stratégique et son brillant cerveau avait créé plusieurs scénarios et plans pour répondre aux ordres du patron. Le loft était silencieux et plongé dans le noir. Assis en tailleur dans le canapé, le dos droit, les doigts entrecroisés, il gardait les yeux fixés sur l'horloge.

Tic. Tac.

La trotteuse continuait son inlassable chemin, en véritable Sisyphe elle tournait en rond, indiquant le temps sans jamais s'arrêter. Une fois un tour complet effectué, elle repartait sans attendre. Seule la grande aiguille bougeait à chaque tour de la trotteuse, marquant son passage.

Tic. Tac.

Elle aussi, elle continuait de tourner, bien plus lentement que la trotteuse, mais plus rapide que la petite aiguille. Pendant 3 600 secondes, il attendait que la trotteuse et la grande aiguille se réinitialisent à leur zénith.

Tic. Tac.

La petite aiguille daigna bouger. Une nouvelle heure apparue.

Tic. Tac.

La trotteuse ne s'arrêta pas. Dans ce terrible monde étouffant, le temps ne s'arrêtait pour personne.

Tic. Tac.

Comme un pantin mécanique dont le mécanisme avait été remonté, Dazai se déplaça. Il commença par décroiser ses doigts avant de décroiser ses jambes. Il se leva en silence, n'osant pas briser le calme de la maisonnée malgré l'inconfort provoqué par les fourmillements dans ses jambes. Il fit un pas en avant. Puis un autre. La douleur ne l'importuna plus, car son cerveau éliminait la sensation et la reléguait à une donnée inutile. Dazai détestait la douleur, mais elle avait l'avantage de lui être éphémère.

Vêtu d'un simple t-shirt terriblement large et dévoilant des bras et un torse recouverts de bandages et un bas de jogging qui pendait sur ses hanches, il se traîna lentement dans une pièce attenante au salon.

Dans la chambre, les volets étaient fermés et les rideaux tirés, ne laissant que la lumière bleue du radio réveil éclairer la pièce. Dans le lit se trouvait une forme amorphe cachée sous des draps en fleur de coton. Une tête rousse reposait sur l'oreiller rembourré de plumes sans se soucier du monde. Des mèches s'étalaient sur la taie blanche comme une couronne de feu malgré la lumière blafarde. C'était le véritable pouvoir de Chuuya : malgré les conditions moins que favorables, il était magnifique. Qu'il fut malade, couvert de sang (le sien ou celui de ses ennemis) et de viscères, recouvert de poussière ou trempé par un bain impromptu dans la rivière, il continuait de rayonner tel un soleil.

Osamu fit un pas en avant, puis un autre. Il s'arrêta. Comme un chien prit par surprise par un inconnu qui entrait soudainement sur son territoire, la tête rousse se releva d'un coup et des globes oculaires renfermant des saphirs de Ceylan à deux carats transpercèrent son âme. Le poids insupportable de ce regard le cloua sur place.

L'œil unique couleur terre de Sienne brûlée étudia attentivement la respiration, la tension des muscles cachés sous les draps et le regard voilé pourtant perçant. Toutes les 3 600 secondes depuis que Chuuya s'était couché après avoir été soigné par un médecin clandestin employé par la mafia, ils suivaient cette routine. Mais, contrairement à ces 14 586 secondes, Chuuya éprouvait autre chose que de la somnolence.

« Mal à la tête ? »

Dazai demandait sans véritable interrogation. Les yeux se plissèrent, les sourcils se froncèrent tellement que s'en fût presque comique, mais Chuuya finit par acquiescer. Osamu expira silencieusement, soulagé de ne pas avoir à se battre avec l'entêtement légendaire de son partenaire. En arrière-plan, son cerveau de génie nota dans un coin les informations qu'il déduisit. Les médicaments contre la douleur avaient cessé de faire effet. C'était 2 280 secondes plus tôt que la dernière fois que Chuuya avait dû en prendre, ce qui voulait dire qu'il développait une tolérance. Ce qui allait poser un problème à l'avenir si Dazai n'était pas présent.

Posséder un alter entraînait régulièrement des effets secondaires, que l'utilisation soit passive ou active. Le principal effet secondaire pour Chuuya était une densification globale de son corps afin de supporter les contraintes des changements de gravité. Qu'il soit réveillé ou endormi, la gravité répondait inconsciemment aux humeurs et pensées Chuuya, le reconnaissant comme son roi. Il utilisait constamment la Tristesse souillée, même lorsqu'il pensait qu'il laissait les lois de la physique tranquille. Le principal effet secondaire de Dazai se situait dans son système limbique. En gros, la Déchéance d'un homme était toujours actif et empêchait son cerveau de produire des émotions. Heureusement pour lui, sa mémoire et sa capacité d'apprentissage n'avaient pas été impactés bien qu'ils soient originaires du système limbique. Les émotions les plus fortes étaient atténuées et le reste d'entre elles disparaissaient avant même d'avoir été créées. Il en allait de même pour la douleur.

Les joies de la génétique et de l'altération de l'ADN ne s'arrêtaient pas là. Certaines personnes, les moins chanceuses, avaient plusieurs effets secondaires. Et Chuuya Nakahara, malgré sa peau vierge de toute acné et une voix rivalisant avec celle des anges lorsqu'elle criait dans les aigus, était une personne malchanceuse. Il était, après tout, le partenaire de Osamu Dazai. Cette malchance se traduisait par des céphalés qui n'étaient pas causés par le brun. Des migraines abrutissantes le clouaient au lit pendant des heures : la lumière, le bruit, le mouvement, tout était source de douleur. Parfois, il vidait son estomac en vomissant de la bile durant ce qui semblait être des heures. Elles apparaissaient lorsqu'il se poussait trop. En plus du manque de sommeil et de l'utilisation poussée de son alter ces derniers jours, la blessure causée par Snipe avait signé l'apparition du céphalé. Osamu, depuis le début de sa garde, attendait et cherchait les signes avec une diligence bien contraire à son éthique de travail habituelle. Heureusement, la commotion cérébrale avait été évitée de justesse.

Le cadre de la mafia portuaire soupçonnait que ces céphalés étaient provoqués par les centaines de milliers de calculs que Chuuya effectuait lorsqu'il manipulait le vecteur de la gravité. Manipuler à la fois le sens, la direction et la grandeur du vecteur tout en répondant à contrainte qu'était la constante universelle de gravitation relevait parfois du calcul de superordinateur. Par conséquent, une seule chose pouvait soulager la douleur de son partenaire : son propre alter. Bien qu'il n'y ait pas de preuves scientifiques concrètes, la Déchéance d'un homme calmait les céphalés interminables de son chien. Il n'y avait pas d'explication logique à la disparition de la douleur par un simple contact peau à peau puisque le mal de tête était installé et que Chuuya n'utilisait pas Tristesse Souillée, mais le phénomène demeurait.

Ils utilisaient cette information avec parcimonie, car la faiblesse d'un membre de Double Noir devenait automatiquement la faiblesse de l'autre. Bien que Mori ait été mis au courant des migraines du rouquin, le parrain n'avait aucune idée du soulagement que Dazai lui provoquait. Les deux adolescents refusaient de se toucher, excepté pour se battre, dans leur rivalité perpétuelle. Même dans ce genre de moment : Chuuya était trop têtu pour accepter de recevoir de l'aide d'un maquereau bandé et Osamu était trop mesquin pour aider son chien sans avoir entendu les mots magiques. Ce qui conduisait à une longue journée pour Chuuya qui devait quand même aller travailler, comptant uniquement sur des médicaments qui le rendaient somnolent et sur la légère compréhension de Osamu pour se taire la plupart du temps.

Mais cette fois-ci, Chuuya avait bien trop mal pour nier sa douleur et Dazai ressentait un pincement de culpabilité au fin fond de sa poitrine pour avoir mis son partenaire en danger. Ils avaient eu de la chance : si Chuuya ne s'était pas protégé, Osamu aurait répandu les cendres de son partenaire à la mer à l'heure actuelle. Il avait prononcé un discours pour obliger le chien-rat de se calmer sur ses tentatives de meurtre, mais il doutait que ce soit suffisant.

Dazai fit un autre pas en avant, puis un autre, jusqu'à arriver au bord du matelas de son chien. Le dit chien l'observait à travers des yeux plissés, mais ne dit rien. Il s'écarta légèrement sur le côté pour laisser de la place à son partenaire. Le brun s'allongea sur les draps, face au rouquin. Silencieusement, il présenta sa main devant le visage rempli de taches de rousseurs. Les saphirs se concentrèrent sur les doigts tendus avant qu'un bras nu ne lui soit présenté.

Les doigts atteignirent la peau avec précaution avant de s'enrouler sur l'avant-bras. Automatiquement, Osamu déplaça son index et son majeur sur le pouls de Chuuya.

Boum boum.

Le rythme était régulier, mais un peu trop rapide, une conséquence de la douleur sans doute. Le corps d'Osamu cachait la plupart de la lumière bleue de l'horloge numérique, plongeant le visage de son partenaire dans l'ombre.

Boum boum.

Les paupières de Chuuya se fermèrent, cachant les pierres précieuses du monde entier. Les traits de son visage se relâchèrent.

Boum boum.

La respiration s'égalisa, les muscles se détendirent et le rythme cardiaque ralentit considérablement. Chuuya s'était endormi.

Boum boum.

Dazai était terriblement jaloux de la facilité de son chien à tomber endormi. Les doigts toujours sur le poignet fin, il tordit le haut de son corps afin de voir l'heure.

Boum boum.

D'après Falk Richter, il était parfaitement dans les temps pour dresser le bilan de sa vie et se lamenter sur la solitude et l'inutilité provoquées par la société humaine. Il pouvait se plaindre de sa vie amoureuse en blâmant l'inconsistance du cœur féminin. Il pouvait fantasmer sur un suicide sans douleur et le plongeant dans un abîme bienheureux.

Boum boum.

Osamu se retourna à nouveau, face à son partenaire et laissa ses yeux se fermer. Il se concentra sur sa respiration, sur le pouls qui battait lentement mais sûrement sous ses doigts.

Boum boum.

Il s'endormit.

C'est 16 200 secondes plus tard qu'Osamu se réveilla en sursaut. L'horloge indiquait qu'ils avaient une heure pour se préparer avant d'aller en classe. Sa main était restée fermement accrochée au poignet de Chuuya, les doigts toujours sur le pouls. Comme brûlé, Dazai lâcha le bras de son chien et se leva d'un bond. Il ouvrit en grand les rideaux, laissant passer la lumière et adopta sa voix la plus mièvre.

« Debout la marmotte ! Le soleil brille, les oiseaux chantent et nous devons nous faire passer pour des aspirants héros ! »

Il évita de justesse un oreiller avec un éclat de rire.

Trente-et-une heures et vingt-huit minutes plus tard, installé confortablement contre le garde-corps du premier étage de l'incroyable galerie marchande Kiyashi, Dazai assistait à un spectacle vraiment intéressant. Après avoir appris que le camp d'été était obligatoire, la majorité de la classe s'était retrouvé au centre commercial pour faire des achats pour la semaine à venir. Après s'être retrouvé au rez-de-chaussé, le groupe s'était vite divisé. Certains partaient acheter des vêtements, d'autres des chaussures de randonnée. Chuuya mentionna à haute voix avoir besoin de crème solaire et Dazai commenta qu'il devait se ravitailler en bandages, ils étaient donc les seuls à partir pour la pharmacie. Avant de grimper dans les étages, Dazai avait tapoté négligemment l'épaule de Izuku Midoriya et plaça de son autre main un micro-récepteur sur le sac à dos jaune vif.

Dans les escalators, les deux adolescents se chamaillèrent bruyamment. En conséquence, une large place se créa autour d'eux quand ils arrivèrent au premier étage. Heureusement pour les autres visiteurs, ils se séparèrent, Chuuya partant se perdre dans les autres étages tandis que Dazai s'approcha du vide. Il longea le garde du corps, gardant son œil rubis sang de pigeon sur la tête de brocoli. D'une main, il sortit un écouteur qu'il installa dans le creux de son oreille. Il s'arrêta quand il vit sa cible de profil.

Au même moment, Midoriya Izuku fut accosté par Shigaraki Tomura. Les deux ennemis se rencontraient enfin. Il cacha brièvement son sourire quand il entendit la menace de Tomura qui prenait de pauvres passants innocents en otage. Laissant son menton se reposer sur sa paume de main et s'adossant complètement à la barrière, il garda son œil rivé sur le duo qui partait s'asseoir devant une fontaine terriblement moche.

La tension entre les deux ennemis était à couper au couteau. C'était hilarant. Du coin de l'œil, il vit un sac de pop-corn sucré ouvert et tendu vers lui. Chuuya était revenu de ses courses.

« T'en veux ? Demanda son chien qui mâchait déjà. »

Dazai fredonna et tendit la main pour en prendre une poignée. Chuuya était adossé à côté de lui, dos au vide, mais la tête tournée vers le spectacle. Les yeux bleu roi étaient rivés sur le méchant et le héros, évaluant déjà leurs forces et leurs faiblesses, qui ressortirait vainqueur si un combat éclatait. Une fois les pop-corn dans la bouche, Dazai fouilla dans sa poche de pantalon et ressortit un écouteur identique au sien qu'il tendit au rouquin. Leurs doigts s'effleurèrent quand Chuuya récupéra l'appareil.

Ils écoutèrent la conversation en silence, mangeant les sucreries de temps en temps. Très vite, le muscle de Double Noir commença à s'agiter, s'ennuyant du dialogue de sourd.

« Tu me libères d'un poids. J'ai les idées plus claires maintenant. Pourquoi le Tueur de Héros m'énerve, pourquoi tu es agaçant. J'ai compris ! Tout ça, c'est à cause d'All Might ! »

Chuuya s'étouffa avec ses pop-corn et commença à tousser bruyamment. Dazai, lui, haussa simplement un sourcil devant la logique terriblement enfantine qui était présentée. Pointer du doigt un produit de la société plutôt que le véritable problème relevait d'une intelligence primaire. Bien sûr, All Might avait fait sa part dans cette société en noir et blanc, mais la véritable cause de tout cela revenait à la société qui vivait dans une auto-complaisance et fabriquait des choses qui lui permettait de rester dans cette mentalité. Si All Might disparaissait, quelqu'un d'autre prendrait sa place, probablement introduit par la Commission de Sécurité Publique Héroïque. Bien sûr, les bases de la société héroïque allaient être ébranlées pendant un temps, mais si le successeur faisait rapidement ses preuves, tout rentrerait dans l'ordre.

« Hé. La voix grave de son chien le sortit de ses réflexions, c'est pas Space Girl ? »

L'iris rouge trouva le sujet de la question de la limace et, effectivement, Uraraka Ochaco était à quelques pas des deux faces de la médaille.

Shigaraki Tomura se releva lentement et s'éloigna des deux étudiants héroïques. Dazai s'écarta du garde corps et commença à suivre la silhouette capuchonnée.

« Je te laisse récupérer le micro avant que la police n'arrive ! »

Il salua l'aboiement de son chien par un vague geste de la main, l'attention toujours concentré sur celui qui allait être à la tête d'une future alliance entre vilains. Un sourire malicieux orna les fines lèvres du démon prodige de la mafia portuaire.

« J'espère que tu pourras m'amuser, successeur de Tous pour Un. »

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