Merci Kanna. Moi qui ne voulait pas que ça se sache dans cette école, elle l'a vue. J'oublie toujours qu'elle passe dans mon quartier tous les jours afin de vérifier que nous, élèves dans le même lycée qu'elle, ne dégradons pas l'image du lycée. Oui cette fille est totalement flippante, car je pense que c'est ce genre de filles qui "dégradent l'image du lycée" à espionner tout le monde.
Il y a un grand silence dans la salle, tous les yeux sont rivés sur moi. Mentir ou dire la vérité ?
- C'est mon demi-frère.
Je vais avoir des problèmes, mais il vaut mieux dire la vérité.
- Sérieusement ? Depuis quand tu as un demi-frère toi ?
- Bah tu vois l'homme qui vient souvent chez moi, c'est le copain de ma mère. Et ce fameux demi-frère c'est son fils.
Elle lève les yeux au ciel.
- Je suis sûre que tu mens.
Je soupire.
- Pourquoi je mentirais ? Vu que tu passes devant chez moi tous les jours, tu sais qu'un homme vient, tu l'as vu à de nombreuses reprises. Je suis même certaine que tu le vois plus souvent que moi rentrer et sortir de chez moi.
- De toutes façons, juste le fait d'avoir un garçon du même âge que toi qui vit dans la même maison est un motif d'exclusion.
Cette fille m'insupporte. Je m'imagine dans un jeu, je prends la place du personnage principal et lui explose la tête avec une mitraillette. Quoique, je pourrais aussi lui faire subir une mort plus douce : lui faire son propre Sims, et le laisser mourir enfermé dans une pièce, seul et triste. Ce genre de mort serait plus convenable pour elle. C'est très apaisant d'imaginer ça. Mais la vie, ce n'est pas un jeu, en plus tuer les gens (dans la vraie vie) n'est pas forcément une bonne solution pour apaiser sa colère. Alors je vais garder cette colère pour moi et ne jamais faire une chose pareille en vrai. Heureusement que les jeux existent pour ça.
- En quoi ? Les relations fraternelles tu connais pas ? Tu vas me dire que si une fille de l'école à un frère a peu près de son âge elle peut être exclue ?
Kanna hoche la tête.
- Bien sûr. Car les relations incestueuses sont vites arrivées.
Je souris.
- Tu as l'air de bien t'y connaître toi.
Elle rougit. J'ai visé dans le mille.
- Ne.. ne dit pas n'importe quoi ! Jamais je ne ferais une telle chose, c'est réservé aux filles de ton espèce !
Je fronce les sourcils.
- Parce que nous sommes deux espèces différentes ?
Elle hoche la tête. Je sens qu'elle va me sortir une connerie, je sais pas pourquoi mais je le sens.
- Bien sûr ! Il y a moi ! Et .... toi.
- Traduction : toi pour qui la vie se résume à la cuisine et la couture, et moi, pour qui la vie ne se résume pas à des choses inutiles comme ça. C'est ça ?

- Mesdemoiselles !
Merde. Une prof. Biska plus exactement, la professeure de lettres. C'est une bonne prof. Je ne sais pas quoi dire de plus sur elle, car quand elle enseigne il nous ait très difficile de savoir comment elle est vraiment.
- Oh la chance me sourit, je pensais avoir affaire à deux filles de bas-étages et finalement je tombe sur vous deux, deux des meilleures élèves de l'école. Intéressant. Quel est le motif de la dispute ?
J'ai l'impression qu'elle veut agir comme si elle était notre amie, c'est un peu déstabilisant.
- Heartfilia ou Alperona, que l'une de vous deux réponde.
- Ne dites pas son nom avant le mien, je suis meilleure qu'elle !
Biska semble réfléchir.
- En cuisine oui, mais en sport ou en langues, Heartfilia est bien meilleure que toi.
Kanna grogne. Merci Biska.
- Donc, répondez moi.
- Comme vous venez de le dire, je suis nulle en cuisine. Kanna devait m'aider à apprendre à faire des lasagnes, sauf qu'elle refuse catégoriquement.
Biska soupire. Les autres filles attendent que leurs plats cuisent, elles sont toutes captives par notre conversation. Ça me fait penser que je ne connais vraiment personne.
- Je comprends mieux. Tu sais Heartfilia, je pense qu'il vaut mieux ne pas savoir faire de lasagnes plutôt que d'être prétentieuse.
Les filles rient, et moi aussi. C'était violent. Kanna quitte la pièce comme une furie, laissant son plat là. Elle qui en était si fière, elle aurait du partir avec enfin.

- Désolée Heartfilia, mais tu vas quand même devoir allé chez le proviseur, car tu as tenu des propos inappropriés. J'espère que tu comprends, me dit Biska quand on sort des cuisines.
Je hoche la tête.
- Et Kanna ?
- C'est un cas particulier. Elle ne peut pas être renvoyée ou même juste punie, puisque c'est sa famille qui a fondé cet établissement pour jeunes filles. Sinon, crois-moi je l'aurais punie depuis longtemps.
Je soupire. Évidemment moi je prends et pas elle. Je m'y attendais un peu à vrai dire, mais ça m'énerve quand même de savoir ça.
Nous marchons en direction du bureau du proviseur, dans ce long couloir qui me paraît de plus en plus étroit. C'est la première fois que je le rencontre pour un mauvais comportement, j'ai un peu peur de ce qu'il va me dire. D'ailleurs, je crois que c'est même la première fois que je le rencontre tout court, car il n'est jamais présent pour les cérémonies et les remises de diplômes.
- Rassure-toi, tout va bien se passer, me dit Biska.

Elle toque, et je rentre, seule dans cet immense bureau. Je n'ai pas l'impression d'être dans un bureau de proviseur, mais dans celui d'un PDG d'une grande entreprise, avec un immense bureau, un siège en cuir, de gigantesques bibliothèques contre les murs, des tableaux divers et variés un peu partout. Je suis vraiment impressionnée face à tout ça.
- Ca claque n'est-ce pas ? dit une voix derrière e fauteuil.
Je sursaute. J'étais perdue à regarder partout autour de moi, je ne m'attendais pas à ce qu'il parle, encore moins à ce qu'il dise ça.
Le fauteuil tourne.

Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il soit comme ça. Un homme, visiblement jeune (?) avec un casque sur les oreilles, une cicatrice en forme d'éclair à l'œil droit et des cheveux blonds. Il fait un grand sourire, et pose ses pieds sur le bureau, manquant de faire tomber le pot de stylos et l'écran qui était juste à côté.
- Vous êtes un voyou ?
Il rit. Oups. J'ai parlé à voix haute. Je m'empourpre immédiatement quand je me rends compte de mon erreur, et fait des courbettes pour m'excuser de ma maladresse.
- Ne t'excuses pas ! Tout le monde me pose cette question, j'ai l'habitude. Donc.. Tu es Lucy Heartfilia c'est bien ça ?
Je hoche la tête.
- Normalement je ne m'occupe pas de broutilles comme une dispute entre deux élèves, mais la ça implique Kanna, alors j'interviens.
Hein ? Pourquoi il intervient juste quand ça l'implique elle ? Ils auraient un lien quelconque en plus qu'elle soit de la famille des fondateurs de l'école ? Je suis perdue. Cette fille m'a l'air beaucoup plus importante que ce que j'imaginais.
- Tu dois te demander pourquoi elle uniquement, c'est très simple : c'est ma fiancée.
Je suis tellement surprise que j'en tombe presque de ma chaise. Le directeur me regarde avec un sourire aux lèvres.
- Mais non je rigole ! Je ne pourrais pas sortir avec une élève, encore moins avec elle. Si j'interviens c'est juste une formalité car ses parents sont chiants, si je fais rien je risque de perdre mon job. Tu comprends ?
Je hoche la tête. Visiblement, tout le monde est à la botte de Kanna et sa famille. Évidemment, c'est elle que j'ai décidé de me mettre à dos. J'ai de ces bonnes idées moi dans la vie.
- Donc, si tu comprends, je te suspends deux semaines.
Je me relève brusquement.
- Sérieusement ? Deux semaines ?
Il hoche la tête.
- C'est mon job ou deux semaines d'exclusion pour toi. Mais rassure toi, ce ne sera pas marqué dans ton livret scolaire. C'est aussi dans mon intérêt alors je peux bien te rendre ce service.
- Je comprends.
- En revanche, c'est la première et dernière fois que tu mets les pieds ici. Je ne veux pas que tu aies de nouveau des problèmes avec Kanna, ou trouve une autre méthode que les paroles pour la vaincre. C'est le mieux.
Il m'incite à la frapper, clairement. Mais, comme je suis une bonne personne, je ne le ferais pas. Du moins, pas en vrai. Il me tend une feuille.
- Tiens, ton exclusion prend effet dès maintenant. Bonne vacances !
Je soupire, et quitte son bureau.

Super, je suis exclue. Je ne sais pas comment je vais annoncer ça à ma mère.

Je retourne à la salle de cuisine chercher mon sac. Heureusement, il n'y a personne. Je récupère mon sac, et me dirige vers la sortie quand on m'attrape la cheville. Je tombe par terre.
- Eh !
- Chut, me dit une fille aux cheveux bleus légèrement ondulés avec un bandeau orange.
Je fronce les sourcils, quand Kanna rentre dans la salle, avec une autre personne mais je n'arrive pas à savoir qui c'est. La fille aux cheveux bleus prends des photos, et allume son dictaphone. C'est une détective ?
- Putain elle m'a soulé l'autre la ! Elle se prends pour chais pas qui, elle monte trop sur ces grands chevaux avec moi ! Mais elle va vite redescendre, elle sait pas chuis qui moi ! Putain je la déteste cette conne ! En plus elle bosse pas et elle a de meilleures notes que moi ça me casse les couilles. Je suis obligée de faire la meuf bien éduquée et qui est à cheval sur les bonnes manières alors que ça me fait chier, mais c'est les seuls matières où elle est nulle.
Je suis sous le choc. Je n'aurais jamais imaginé Kanna en train de parler comme ça. C'est vraiment elle ou c'est une illusion ou quelque chose dans le genre ? Je regarde la fille aux cheveux bleus, pensant qu'elle puisse me donner des explications sur la personnalité de Kanna.
- La suite est encore mieux, dit la bleue.
Kanna fouille dans un placard et sort une bouteille de whisky. Au lycée ? Du whisky ? Dans ce lycée en plus ? Je ne comprends plus rien !

Je ne vois toujours pas qui est la personne qui l'accompagne.
- Pourquoi tu te prends la tête avec elle ? Je pense que Luxus a fait le nécessaire, donc arrête de t'inquiéter.
Une voix d'homme.
- C'est qui ?
- Bacchus, le prof de sport. Je les soupçonne d'avoir une liaison, réponds la bleue.
- Ouais mais j'en ai marre ! La meuf elle est jamais là, elle a de meilleures notes que moi et elle se permet de mal me parler ! En plus je suis sûre que c'est un mytho comme quoi Grey est son demi-frère !
Elle l'a appellé par son prénom. Elle le connaît ?
Je vois enfin Bacchus, il se rapproche de Kanna.
- Tu penses que c'est qui pour elle alors ?
- J'sais pas. Vu sa tronche elle doit être vierge donc c'est pas son plan cul, mais c'est peut être juste un pote ou j'en sais rien quelque chose dans ce genre.
Bacchus rit.
- Et nous, on est quoi ?
Elle sourit et l'embrasse. La bleue en profite pour prendre une photo de leur baiser. Bravo la miss. J'essaye d'ignorer les critiques de Kanna, je pense que c'est mieux.
- Non mais en plus, je vois pas ce que Grey foutrait avec elle, c'est pas du tout son style, Grey aime les filles belles. Non franchement je vois pas, ça me gave.
- Laisse tomber c'est mieux, lui conseille Bacchus.
J'ai envie d'étriper Kanna. Je fais un mouvement brusque, et fais tomber quelque chose. Cela fait du bruit. La bleue fronce les sourcils.

- Y'a quelqu'un ? demande Bacchus.
Kanna s'approche de nous.
- Putain si y'a vraiment quelqu'un je suis dans la merde.
- Ouais je confirme, tu es dans la merde, dit la bleue en se relevant.
Kanna semble s'énerver.
- Toi. Encore. Tu es folle de me poursuivre comme ça tu sais !
- Je ne suis pas folle, je mène des enquêtes c'est différent. Et mon dernier sujet d'enquête est très intéressant. J'imagine déjà les gros titres du journal du lycée "Kanna, la reine du lycée se tape un prof et n'est pas si maniérée que ce que l'on croyait !"
La bleue se tourne vers moi, et me fait signe de me lever. Ce que je fais immédiatement. Kanna se décompose en me voyant.
- Putain.. Déjà que je peux pas te sentir alors la c'est encore pire, dit-elle.
- Heureuse de l'apprendre.
Elle grogne, et la bleue explose de rire. Bacchus est pâle, il se tient derrière Kanna, à deux doigts de tomber dans les pommes.
- Donc, Kanna, malheureusement tu ne peux rien faire contre moi, une nouvelle fois. Je vous ai pris en photo, et j'ai enregistré votre conversation, quoique tu essayes, je diffuserai ca dans le lycée. Et si tu fais encore chier Lucy, je diffuserai aussi.
- 'tain... J'ai pas le choix du coup.. Je suis dans une impasse.
La bleue hoche la tête.
- Ouais. Dommage hein ?
- T'es vraiment dingue ! lâche Kanna avant de partir, suivie par Bacchus.

- Je savais pas que c'était possible de faire pression sur elle.
- Je suis la seule à réussir ça. Elle sait que j'ai pleins d'infos sur elle, alors elle ne peut rien me faire. Et vu que tu étais là aussi, elle ne pourra plus rien faire contre toi non plus.
Elle sourit.
- Merci.
- Y'a pas de quoi, je suis présidente du club de journalisme, c'est mon rôle d'enquêter sur ce qu'il se passe dans le lycée. Et quand j'ai des moyens de pressions, je les utilise si je trouve ça légitime.
C'est un peu lâche de faire ca, mais je ne vais pas lui dire car grâce à elle je n'aurais plus de problèmes avec Kanna. Tant mieux.

La sonnerie retentit.
- Le prochain cours commence, je dois y aller !
Elle est partie comme une flèche, je n'ai même pas eu le temps de lui demander comment elle s'appelle. Dommage.

Je rentre chez moi.
- Tu es déjà la ma chérie ?
Je hoche la tête. Je n'ai pas le choix je vais devoir lui dire la vérité sur mon exclusion, j'appréhende un peu ce qu'elle va me dire.
- Ouais. Je me suis disputée avec une pimbêche de ma classe, et malheureusement c'était la fille avec qui il ne faut pas se disputer, donc j'ai été exclue pendant deux semaines.
Elle fait les gros yeux, et je baisse la tête. Je ne suis pas très fière de ca.
- C'était une dispute sans raison ?
- Pas vraiment.
Je lui explique tout ce qu'il s'est passé avec Kanna, puis ce que m'a dit le proviseur (Luxus donc) et après avec la présidente du club de journalisme. Ma mère me sert un chocolat chaud, et sourit.
- Tu as bien fait de te défendre. Heureusement que le proviseur a été clément et qu'il t'a dit que cette exclusion ne serait pas marquée dans ton livret. C'est ce qui compte. Sinon ca m'arrange que tu sois là, j'ai envie de changer un peu la maison, genre déplacer les meubles et je ne peux pas tout faire toute seule.
- Tu as déjà changé les meubles de place il y a un mois.
- Ouais mais j'aime pas trop comme ca.
Je ne pensais pas qu'elle allait réagir aussi bien, mais je suis contente que ce soit le cas. J'aide donc ma mère à déplacer les meubles.