Hey ! C'est Lisana ! Quoi ? Vous voyez pas qui je suis ? Sérieux ? Mais je suis la meilleure amie de Lucy, uniquement là pour l'épauler et lui donner des conseils à propos de son beau Grey. Et évidemment, dès que ca parle de Grey et Lucy, vous savez qui je suis. Super.

Bref ! Dans ce chapitre, c'est moi la star ! Yeah ! Vous allez avoir l'occasion d'en apprendre un peu plus sur moi, ma vie, mon caractère et tout et tout.

Quand Lucy a changé d'établissement et m'a laissée seule, j'étais vraiment dépaysée. On a toujours été toutes les deux, dans la même classe, et elle est partie du jour au lendemain. J'ai mis pas mal de temps avant de m'ouvrir aux autres, j'avais perdu mon amie, mes repères, et j'étais triste. J'ai essayé d'aller vers d'autres gens, de me faire des amies, mais toutes les filles me regardaient de travers. Elles ne m'aimaient pas. Et même quand j'essayais de comprendre pourquoi, elles ne me répondaient pas. C'était top. Alors j'ai laissé tombé les filles, et je me suis rapprochée des garçons. Et c'est avec eux que j'ai passé les meilleurs moments depuis le départ de Lucy. Je me suis incrustée dans un trio très sympa : Hibiki, Ren et Eave. On était devenu un quatuor assez mythique. Mais dans les trois, c'est avec Ren que je m'entendais le mieux. Il était drôle, compréhensif et savait me faire rire.

Et évidemment, les filles m'aimaient encore moins maintenant que je faisais parti du trio de garçons le plus populaire du collège. Hibiki passait son temps à draguer, d'ailleurs ils le faisaient tous. Alors les filles tombaient comme des mouches. Ils enchaînaient tous les rendez-vous avec différentes filles, de tous les collèges et plus. Mais il ne se passait jamais rien de plus qu'un rendez-vous. Car malgré leur côté dragueur, ils voulaient tous trois attendre le lycée pour faire quoi ce soit avec une fille. Je ne sais même pas pourquoi ils faisaient ça, mais je trouvais ça cool.

Un soir, ils m'ont avoué que Lucy était la seule fille qu'aucun d'eux n'avait osé approché. Ils m'ont expliqué que c'était parce qu'elle les intimidait. Elle faisait plus mature que les autres. Ça ne les dérangeait pas, mais ils ne pouvaient pas s'imaginer lui parler. Mais même s'ils n'ont en soi rien fait, c'est grâce à eux que les brimades subies par mon amie de la part des filles (jalouses du physique de la blonde), et les garçons (en chien sur ce même physique) se sont calmées. Alors je leur en suis vraiment reconnaissante.

Je suis restée avec eux pendant un an. Un an tous les trois, avant de sortir avec Ren. Je ne l'aimais pas, enfin si, mais j'étais loin d'être amoureuse. Il me plaisait, et on riait bien ensemble. Mais avoir un copain ne m'intéressait pas plus que ça, et finalement tout s'est bien passé. Et c'était uniquement parce que c'était lui. On est resté pendant presque un an ensemble. J'étais vraiment attachée à lui, mais il n'avait pas cette petite chose qui me faisait craquer, et qui aurait pu me faire tomber amoureuse. En revanche, il m'a fait découvrir d'autres choses plus importantes que l'amour, comme le sexe. J'avais quinze ans quand on l'a fait. Je ne m'étais jamais dit que je le ferais à tel ou tel âge, je voulais juste coucher avec quelqu'un quand j'en aurais envie. Et c'est ce que j'ai fait.

Au début, c'était maladroit, normal me diriez-vous puisque c'était notre première fois à tous les deux. Et au fur et à mesure, nous nous sommes améliorés. On se connaissait bien, autant physiquement que mentalement, et au lit, il y avait cette chose qui ne m'avait pas fait craquer avant. Il paraissait différent. Son côté assez calme mais excentrique uniquement avec ses amis les plus proches était remplacé par un côté fougueux, passionné. Et c'est cette opposition entre sa personnalité "normale" et au lit qui m'a fait tomber amoureuse de lui. Sauf qu'on était devenu un de ces couples qui dépendait trop l'un de l'autre, et quand Hibiki et Eave nous ont fait remarqué qu'on les avait un peu lâchés, on a décidé d'arrêter. Je ne voulais vraiment pas privilégier mon copain avant mes amis, et lui non plus.

C'est un peu étrange, mais on est restés proches. Je n'ai pas souffert de cette séparation, car on l'avait décidé tous les deux. Mais on ne voulait pas faire comme s'il ne s'était rien passé entre nous. C'était bizarre. Notre relation était indescriptible, puisque qu'on avait été amis, puis en couple, puis de nouveau amis. Sauf que même dans cette amitié, il y avait toujours une ambiguïté. Même maintenant, après notre séparation, on continue de se voir régulièrement. Bon déjà avec les garçons, mais aussi rien que nous deux. Et il nous est arrivé plusieurs fois de coucher ensemble. Jamais quand l'un ou l'autre était en couple (enfin, même si nous ne l'étions pas souvent il faut se l'avouer), mais bien trop souvent pour des exs. Et chaque fois était encore meilleure que la précédente.

Nous sommes tous partis dans différents lycées. Alors que j'ai choisi de continuer dans mon lycée de secteur, eux ont voulu passer dans des lycées technologiques ou professionnels. J'étais à nouveau seule. Mais au lycée, ce n'était pas grave. Je savais que j'allais me faire de nouveaux amis. Et c'est ce qui est arrivé. J'ai rencontré un garçon, plus vieux d'un an, Bixrow. Je sortais régulièrement avec les gens de ma classe, ils étaient sympas mais ce n'était pas non plus la folie niveau amitié. Et un soir, il était là. Mes camarades m'avaient dit qu'il était plus grand, il était pote avec un des gars de ma classe. Au début, j'osais pas aller lui parler. Mais finalement j'y suis allée. On a parlé pendant longtemps, on s'est embrassés puis plus de nouvelles. Ouais je sais, vous allez me dire que ça ressemble un peu à la rencontre de Lucy et Grey, mais c'est vraiment comme ça que je l'ai rencontré.

Je l'ai recroisé au lycée, et il m'a ignoré. J'étais vexée qu'on m'ignore. Surtout par lui. Je n'étais pas encore du genre à embrasser n'importe qui et en avoir rien à foutre. Alors j'ai fait ce que n'importe qui aurait fait dans ma situation : je l'ai stalker, puis je l'ai ajouté sur Facebook, suivi sur Twitter, suivi sur Instagram, ajouté sur Snapchat, j'ai enregistré son numéro et je lui ai envoyé un message, je lui ai envoyé un mail, puis une lettre. Et ça a marché. Ne reproduisez pas ça à la maison, il va vous trouver bizarre sinon. Mais moi ça l'a fait rire. On a commencé à parler, et on a fait quelques sorties tous les deux. On s'est de nouveau embrassé. Plusieurs fois. On a couché ensemble. On avait tout d'un couple, sans en être un. Mais cette situation nous convenait à tous les deux. À moi qui n'avait pas spécialement envie d'être en couple, et à lui qui voulait continuer à faire ce qu'il voulait.

Mais je l'aimais bien. Il était mystérieux. Il jouait de la guitare. Il fumait et il buvait. Il m'a montré pleins de choses que je n'avais pas encore essayée. Cette période était géniale, je me sentais libre de faire ce que je voulais. J'ai goûté une quantité hallucinante d'alcool. J'ai testé énormément de drogues. Je m'amusais. Mais du jour au lendemain, tout ça s'est arreté. Tout allait bien, mais il m'a dit qu'il voulait avoir une copine, et pas juste un plan cul, pas juste une pote avec avantage. Et ça m'a bloqué. Alors c'était fini. Lui qui voulait se mettre en couple, accessoirement avec moi, et moi qui voulait juste profiter sans prise de tête.

Je n'ai pas regretté que ce soit fini, car avec du recul j'étais accro. Mais pas à lui, à ce qu'il avait à m'offrir. Quand on couchait ensemble, je ne me sentais pas satisfaite. Les seuls moments où la baise était vraiment géniale, c'est quand je subissais les effets des drogues. Et ça, ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas vivre comme ça. J'avais l'impression que ma vie était nulle quand je n'avais rien pris. J'ai eu du mal à m'en sortir, mais j'ai réussi. Je me suis détachée de tout ça.

J'ai mis du temps avant de tout expliquer à Lucy. Elle est tolérante sur beaucoup de choses, mais je ne voulais pas l'inquiéter. Elle a tendance à être trop sensible et sentimentale par moments. Si jamais je lui avais tout dit dès le début, elle m'aurait conseillé d'arrêter. J'ai préféré attendre. Attendre que j'aille mieux, et me prouver à moi-même que je n'avais besoin de personne pour me sortir de tout ça.
Quand j'ai raconté la situation à Lucy, elle était évidemment inquiète. Vu ce qui lui était arrivé avec Rogue, elle n'était pas forcément très enchantée à l'idée de trop boire ou trop fumer. Elle tolérait tout, mais tant que ça ne faisait pas faire des choses indésirées. Sauf que je sais que j'ai dépassé les bornes avec Bixrow. Je n'allais plus en cours, je ne faisais rien. Du tout. J'étais mal, et malheureuse. Lucy ne comprenait pas. Elle faisait de son mieux pour me comprendre, mais elle n'y arrivait pas. Mais elle était heureuse quand je lui ai dit que j'avais arrêté de voir Bixrow. Elle ne m'a jamais engueulé, ou dit clairement de tout arrêter. Elle me disait que ça ne lui plaisait pas, mais elle ne voulait pas me forcer à changer, me forcer à aller contre mes envies. C'est assez compliqué à décrire.

Et c'est quand j'ai tout arreté que j'ai su que je n'étais pas heureuse. J'ai revu Ren, je lui ai tout expliqué. Lui qui était contre tout ça, il ne comprenait pas. Mais il était heureux de voir que j'allais mieux, que je n'étais pas accro à la drogue. Je lui expliqué beaucoup de choses ce soir-là, que mon expérience avec Bixrow m'avait changé, mais pas forcément en bien, qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi, mais que je ne savais pas quoi et que je n'étais pas heureuse. J'ai pensé au pire.

Mais ça a changé. Je me suis rendu compte que j'avais des doutes sur quelque chose d'assez important : ma sexualité. C'est normal de se poser la question après tout, on se la pose tous un jour, mais là je savais que ce n'était pas que des "soupçons". C'était plus fort. Inconsciemment, j'ai toujours beaucoup observé les filles. Toutes les filles. Que ce soit les idiotes qui m'ont rejeté au collège, mes camarades de classe ou même Lucy. Il n'y avait aucun désir quand je les regardais, simplement des questions.

"Elles aussi elles se demandent qui elles aiment vraiment ?"

"Ces filles qui donnent l'impression d'avoir tellement confiance en elles se sont déjà posées la question de leur sexualité ?"

Au fur et à mesure, j'observais plus attentivement les comportements des filles. Je trouvais cette attitude étrange, mais je n'ai pas arreté. Je regardais une fille en particulier, dans ma classe. Elle était.. Différente.
Elle s's'appelait Meldy. Elle avait de longs cheveux roses, ce qui fait qu'on la remarquait assez facilement. Mais ce n'est pas pour ça qu'elle m'a plu. Je n'ai jamais entendu sa voix. En un an dans la même classe, pas une fois. Elle était souvent toute seule, ses écouteurs vissé à ses oreilles. Elle était intimidante, mais elle avait l'air cool.
Je trouve que les gens mystérieux sont plus attirants, au cas où vouz ne l'auriez pas remarqué. Alors Meldy était au summum du mystérieux.
Avant même d'être sûre de quoi que ce soit, j'en ai parlé à Lucy. Je ne savais pas trop ce qu'elle allait dire exactement, mais je ne voulais pas garder ça pour moi. Je n'étais pas sûre de ce que je ressentais, de ce qui pouvait me définir. Je me disais juste une chose : "si je doute, c'est que je ne suis pas totalement hétéro". Ça me préoccupait.

Un jour, je lui ai adressé la parole. Personne n'avait osé en voyant comment elle était, mais moi je l'ai fait. C'était au bal de fin d'année. Personne ne pensais qu'elle allait venir. Mais elle est venue. Elle était sublime, et volait la vedette à toutes les autres filles.
Je suis allée la voir. J'avais peur. Je ne savais pas quoi lui dire, c'était impossible de pouvoir sortir quelque chose sans avoir l'air stupide. Et surtout, comment elle allait réagir ?
Je l'ai fixée. Nos regards se sont croisés, mais elle m'a ignorée, puis je suis allée la voir.

- Je ne pensais pas que tu viendrais.
C'était certainement une des pires choses à dire. Mais tant pis, c'était trop tard.
Elle s'est tournée vers moi, m'a regardé sans comprendre puis a perdu son regard dans la foule.
- Moi non plus. Ça craint.
Elle a parlé !!! À ce moment-là, j'étais incroyablement heureuse.
- Un peu. Tu veux qu'on aille ailleurs ?
C'était risqué. Approprié, mais risqué.
- Tu veux m'emmener quelque part ?
Je ne savais pas quoi penser de ça, si elle rigolait, si je devais lui répondre sérieusement. Mais j'étais curieuse. Je voulais apprendre à la connaître, et ce encore plus maintenant.
- Ouais.
Elle a rit. J'ai frissonné.
-

Alors je te suis.
Et elle m'a suivi. On a quitté le bal toutes les deux. J'étais aux anges.

Sauf que je ne savais pas trop ce qu'on pouvait faire. Après tout, je ne la connaissais pas. Impossible de savoir ce qu'elle aimait comme endroit. Et l'emmener chez moi aurait été bizarre.
Alors, après quelques secondes d'hésitations, j'ai décidé de l'emmener à la boîte où bosse ma sœur, seul endroit où on pourrait boire en toute tranquillité, se poser sans que ça paraisse bizarre.

Et c'est ce qu'on a fait. J'avais peur qu'on ait rien à se dire, mais finalement c'était tout l'inverse. Elle m'a raconté beaucoup de choses sur elle, dont la raison pour laquelle elle ne parlait pas aux gens "je préfère être seule que mal accompagnée". On a un peu bu toutes les deux. Je ne buvais pas que des cocktails, mais aussi chacune de ses paroles. Elle paraissait si mature, si intrigante.

Elle ne pouvait pas rentrer chez elle après avoir bu à ce point, alors on est allées chez moi. J'étais stressée. Que pouvait-il se passer entre nous ?
Mais après tout, je n'avais aucune raison de douter, je ne savais pas si l'attirance était réciproque. C'est compliqué de savoir quand c'est une autre fille.

Finalement, on s'est juste endormies. J'étais un peu déçue, mais je ne devais pas me laisser abattre.
Et j'ai bien fait.

Quelques semaines après ça, alors que nous passions tout notre été toutes les deux, elle m'a avoué à demi-mot qu'elle m'aimait bien, mais pas que comme une amie. J'étais vraiment heureuse de savoir que ce que je ressentais était réciproque. Ce même jour, on a couché ensemble. Ca n'avait rien à voir avec ce que j'ai connu avant. C'était juste .. Génial. Alors que j'étais assez insatisfaite avant sexuellement parlant, cette fois je ne l'étais plus. J'avais trouvé ce qui n'allait pas, ce qui me rendait triste, les raisons de mes doutes, de mon indécision. J'avais l'impression d'être enfin moi-même, que je n'avais plus à faire semblant, ou à tromper mes sensations grâce à des drogues.

Et grâce à elle, je me sentais enfin heureuse. Heureuse et amoureuse.