Chapitre 36

♫ « The Chain » - Fleetwood Mac ♫


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Joy
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Quelle idée j'ai eu de m'adresser à ce type. Et ça ose s'appeler « conseiller d'orientation ». Mes fesses, oui. Le gars n'a rien trouvé de mieux que de me mettre un ordinateur sous les yeux en me suggérant d'y faire des recherches par moi-même. Merci, mais ça je peux parfaitement le faire de chez moi. Je suis partie de son bureau en claquant la porte, furieuse d'avoir à admettre que la confusion qui règne dans ma tête concernant mon avenir professionnel ne va pas se résoudre aujourd'hui.

Sur le chemin du retour, je suis clairement encore plus paumée qu'avant ce fichu entretien. Le sentiment d'être inutile me tape vraiment sur les nerfs. J'ai besoin de reprendre une activité pour me sortir de cette routine qui dure depuis des mois. Depuis presque un an. J'aurais mieux fait de suivre mon instinct au lieu de vouloir me fier à l'avis des autres. Le pire dans tout ça, c'est que j'aime mon métier. Venir en aide aux personnes malades et vulnérables me tient à cœur. Je n'ai pas fait cette formation au hasard. En voulant suivre les traces de Ruth, je voulais devenir d'une certaine manière cette femme idéale qu'elle représente à mes yeux. Pleine de bon sens et de bienveillance.

Une vibration à l'intérieur de mon sac m'alerte d'un message.

Harry, 12:04 : « Alors ce rendez-vous ? »

Mon sourire revient instantanément, alors que ma réponse n'a rien de bien réjouissant.

Moi, 12:04 : « Un ramassis de conneries. J'ai perdu mon temps. »

Harry, 12:05 : « Mince, je suis désolé. »

Dans cet élan de sincérité, je n'en oublie pas pour autant qu'il redoute vraiment de me voir un jour reprendre une activité au sein d'un hôpital. Il ne me l'a jamais clairement dit, mais je suis persuadée qu'il craint que je ne me retrouve de nouveau confrontée à toutes ces tentations médicamenteuses qui ont si longtemps accompagné mon quotidien.

Moi, 12:05 : « Je finirai bien par trouver. On se voit chez toi ce soir ? J'aide Ava à terminer ses cartons cet après-midi. »

Harry, 12:06 : « Louis voulait qu'on sorte. Dans tous les cas, je passerai te chercher. Je te tiens au courant. »

Moi, 12:06 : « Parfait :) Passe une bonne journée. »

Harry, 12,06 : « À ce soir, chaton. »

En réalisant qu'il est midi passé, j'ai soudainement beaucoup moins de scrupules à avoir si faim. Le fast-food du coin va m'être d'une grande aide pour assouvir cette énorme fringale. Je sais qu'Ava n'aura pas trouvé de quoi cuisiner dans nos placards vides, alors je commande de quoi manger pour nous deux. Pour un régiment en fait. Je n'en reviens pas que ce soit son dernier week-end à Paddington. La semaine prochaine, elle quitte notre petit cocon pour emménager avec Louis.

Lorsque j'arrive à l'appartement, ma meilleure amie est exactement comme lorsque je l'ai quittée, à la différence que la pile de cartons vides est désormais devenue une pile de cartons prêts à migrer vers Primrose Hill. Agenouillée au milieu du salon, elle emballe soigneusement les derniers objets décoratifs lui appartenant. Elle lève la tête en m'entendant entrer.

- Inutile de me demander comment ça s'est passé.

Je lève l'énorme sac McDonald's en l'air.

- Ce que tu vois là est la preuve formelle que je vais avoir besoin de me goinfrer pour oublier que je ne sers plus à rien dans cette société.

Les traits d'Ava s'affaissent par empathie pour moi. Je commence à déballer les sachets sur la table basse et l'incite à me rejoindre.

- Peut-être qu'il y a d'autres conseillers d'orientation plus compétents que lui ? Suggère-t-elle en me rejoignant.

- Je crois que l'idée était tout simplement mauvaise.

Elle se frotte la nuque en signe d'inconfort.

- Désolé... Me dit-elle avec sincérité.

- Non, je ne dis pas ça parce qu'elle venait de toi, mais parce que je sais ce que j'aime faire. Pourquoi vouloir changer à tout prix après tout ?

Son sourire réapparaît.

- Si St. Mary veut de nouveau de moi, je crois que je suis prête à revenir.

Il m'a fallu plus d'un mois depuis ma dernière visite là-bas pour réaliser qu'en fin de compte, j'aspire plus que tout à retrouver ma place au sein de cette équipe qui m'est chère. Désormais, mes doutes se sont définitivement évanouis au profit d'une profonde envie de poursuivre ma carrière là où je l'ai laissée.

Le gargantuesque repas que l'on vient d'avaler ne va pas nous être d'une grande aide concernant notre productivité. Heureusement, il reste tellement peu de choses à mettre en carton que nous arrivons à bout des derniers placards en peu de temps.

En apposant les mots au marqueur sur l'ultime paquet, Ava semble pleine de nostalgie et totalement bouleversée.

- Je te préviens, Miller. Si tu te mets à pleurer maintenant, ne compte pas sur moi pour vous aider samedi prochain !

Elle bascule la tête en arrière et explose de rire.

- C'est d'accord pour cette fois. Répond-t-elle. En revanche, tu n'auras pas à faire quoi que ce soit. Louis a engagé des déménageurs.

- Il va bien falloir que je vienne choisir ma chambre.

Nous terminons de ranger ce qui traîne et rions ensemble en énumérant les détails qui rendent la vie commune avec elle à la fois douce et complexe. J'espère de tout cœur que Louis parviendra à passer outre les petites maniaqueries de sa petite amie. Ava ne serait pas vraiment Ava sans ses bizarreries compulsives qui font partie d'elle et qui -je n'aurais jamais cru l'admettre un jour- vont tant me manquer.

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Histoire de mettre un peu le nez dehors, nous avons décidé de partager un moment de complicité entre filles en nous baladant un peu dans les boutiques d'Oxford Street. Vers le milieu de l'après-midi et force est de constater que mon misérable compte en banque ne me permet pas d'être soumise à tant de tentations, nous prenons la route du quartier de Shoreditch afin de rejoindre les gars au studio.

Comme à chaque fois qu'ils y sont tous réunis, un attroupement de jeunes femmes s'est formé face aux grilles.

- Oh putain... Elles sont tenaces !

Par sécurité, Ava remonte les vitres avant de sa voiture à l'approche du portail électrique dont elle active l'ouverture avec une petite télécommande. À ma gauche, un bref coup d'œil aux nanas qui me scrutent suffit à me faire comprendre qu'elles ne m'apprécient pas. Les bras croisés, elles affichent toutes des têtes à faire peur, alors que celles qui sont du côté de mon amie lui offrent leurs plus beaux sourires.

- Super... Je vais encore me faire lyncher...

- Mais non... Tente Ava pour me rassurer. Tu te fais des idées.

- C'est facile pour toi, tout le monde t'adore.

- Je suis sûre qu'elles t'aiment bien.

À peine les grilles franchies, elle les referme aussitôt pour barrer le passage aux éventuelles furies. J'ai à peine ouvert ma portière que des paroles infâmes parviennent à mes oreilles.

- Joy ! T'es qu'une profiteuse !

- Tu ne mérites pas Harry ! Hurle sa copine avec le même dédain.

Je pivote vers Ava avant de sortir.

- Tu disais ?

Tous les mots médisants qui heurteraient n'importe qui me passent totalement au-dessus. Je sais ce que je vaux et ce pour quoi Harry est avec moi. Aucune de ces gamines ne pourra jamais le comprendre.

Dès l'entrée, le titre sur lequel bossent actuellement les gars emplit l'enceinte du studio. Leurs rires couvrent le son déjà relativement élevé, preuve qu'ils sont toujours aussi détendus dans leur boulot. Lorsque nous arrivons au premier étage, ce qui me frappe immédiatement est l'absence de mon amoureux. Les trois amis ne paraissent pas aussi studieux que je ne le pensais. Affalés dans le canapé, ils semblent captivés par une application sur leurs téléphones respectifs, à tel point qu'ils ne remarquent pas notre arrivée.

Liam et Niall relèvent la tête, mais je les avertis de ne pas nous démasquer. Histoire de blaguer un peu, je m'avance à pas feutrés et claque rapidement des doigts près de l'oreille droite de Louis qui est dos à nous, ce qui ne crée aucune réaction chez lui. Je ne pensais pas qu'il était devenu sourd à ce point.

- Merde, c'est sérieux ton truc !

Il se retourne vivement.

- Non, c'est simplement que je fais abstraction de ce côté pour le laisser au repos. C'est ce qu'a dit le médecin, après tout.

Ava et moi roulons des yeux face à l'évidence qu'il dédramatise son état.

- Bref. Harry n'est pas arrivé ?

- Il a prévenu qu'il ne viendrait pas. Me répond Niall. Il a eu un empêchement. On pensait que cet empêchement était toi, mais visiblement non.

Un empêchement ? Il m'en aurait parlé s'il était arrivé quelque chose de grave à son beau père. Enfin, je pense.

- Il ne vous a rien dit de plus ?

- Non, rien de plus. Ajoute Niall. C'est Harry.

Je sais qu'ils ont pour habitude d'être relativement évasifs entre eux, mais bizarrement ce changement de planning ne me dit rien qui vaille.

Ava décèle mon affolement.

- Est-ce que tu veux que je te dépose chez lui ? Me demande-t-elle.

- Je vais tenter de l'appeler, mais ne t'en fais pas. Je m'y rendrai de moi-même s'il le faut.

Je m'éloigne un peu du groupe et lance l'appel. Au bout du quatrième essai, j'abandonne et avertis les autres que je me rends à Hampstead. Les gars me lancent un regard interrogatif, preuve qu'aucun d'entre eux n'avait omis l'idée que ce désistement puisse être suspect.

- Tu penses que c'est grave ? S'inquiète finalement Louis en se levant.

- Non, pas forcément, mais avec Robin qui ne va pas bien, je ne suis pas tranquille.

- D'accord, tiens-nous au courant.

- Et fais attention à toi. Ajoute ma meilleure amie en référence aux folles dingues qui m'attendent en bas.

Elle m'adresse un baiser sur la joue.

- Bon, on s'y remet ? Demande le blond avec impatience. On ne sortira jamais cet album avant Noël à ce rythme.

- On n'attend pas Sasha ? Ajoute Liam, tandis que je descends les escaliers métalliques en les saluant de la main.

Avant de m'engouffrer dehors, je saisis mes écouteurs et lance une musique très forte pour ne pas avoir à subir d'autres insultes. C'est relativement rare que je me retrouve confrontée à leurs fans, même si je dois admettre qu'en temps normal elles sont bien plus commodes que celles-ci.

Je passe les portes du sous-sol londonien et emprunte la Northern Line. Le fait de passer les vingt-cinq prochaines minutes sans aucun réseau est assez angoissant. Le métro est relativement vide, mais je ne prends pas la peine de m'asseoir. Je m'agrippe à une barre et reste prostrée en regardant les stations défiler.

À la sortie, je constate que Harry n'a visiblement toujours pas regardé son téléphone. Déterminée à savoir ce qu'il se trame, je crois que je n'ai jamais marché aussi vite. Je tente encore une fois de le contacter. Toujours pas de réponse. J'explore alors la piste familiale en contactant sa sœur.

Moi, 16:51 : « Ton frère est avec toi ? »

Je garde mon téléphone au creux de ma main en espérant voir une réponse s'afficher durant deux minutes interminables.

Gemma, 16:53 : « Non, pourquoi ? »

Ok, ça ne sera jamais plus grave. Respire. Je range mon portable et tente de faire abstraction des mauvais scénarios qui m'ont traversé l'esprit en logeant la rue arborée qui mène à sa maison. Je m'empare du trousseau de clés que j'ai toujours sur moi et qui me permet d'accéder à la résidence. Sa voiture est dans l'allée lorsque j'arrive, ce qui a le don de me rassurer, mais cependant, un pressentiment me dit de ne pas sonner.

Un courant d'air manque de faire claquer la porte que je retiens de justesse avec le pied. La véranda est effectivement ouverte sur l'extérieur. Le titre « Heroes » de Bowie résonne dans les enceintes et couvre les sons environnants. Je m'avance et trouve la télécommande pour baisser le volume. Il y a deux verres entamés sur la table basse, ainsi qu'une veste rouge que je ne connais pas, délaissée sur l'accoudoir du canapé. Le téléphone de Harry est également abandonné dans le salon. J'ignore depuis combien de temps cette inertie s'est installée dans la pièce de vie qui semble inoccupée.

Je reviens sur mes pas et pose mes clés sur la console de l'entrée pour me débarrasser de mon perfecto qui me tient bien trop chaud. En levant les yeux, j'aperçois Edgar en haut des escaliers, totalement stoïque. Habituellement, il vient toujours m'accueillir. Je tente de l'attirer en claquant des doigts, mais il ne daigne pas bouger d'un pouce. Sa réaction me laisse perplexe et soulève chez moi une certaine peur. Cette immense maison a déjà été le théâtre de tant de choses que je ne peux m'empêcher d'éprouver ce sentiment archaïque au moindre signe d'alerte. Seulement, j'ignore encore totalement la nature du danger potentiel.

J'avance de quelques pas en traînant des pieds et pose mon sac à main en bas des escaliers.

- Harry, tu es là ?

Ma voix a percé le silence et le son qui en résulte me glace sur place. Un écho sourd de pas précipités me parvient depuis la chambre devant laquelle Edgar a brièvement tourné la tête. Le calme retombe. Ma peur, elle, gagne en intensité. La porte de l'étage jusqu'ici légèrement entrouverte se referme vivement. Je tends l'oreille. Je guette. Plus un bruit.

- Harry ?

Rien. Pas un son. Figée dans l'entrée, je finis par être prise d'une pulsion et entame la montée des marches avec le cœur serré. Il faut que je sache ce qu'il se trame là-haut. Il faut que je sache. Je m'appuie fermement aux rambardes pour ne pas faillir sous mes jambes flageolantes. Pitié. Faites que je me trompe. Ma vision est d'ores et déjà brouillée. Face à la porte, je ressens une bouffée de chaleur, suivie d'un violent coup de froid. Ma main n'a pas la force d'enclencher la poignée. J'ai envie de vomir. Je baisse les paupières quelques secondes pour chasser ce vertige. Les nausées cessent. Je rouvre les yeux et tends le bras pour ouvrir.

Un puissant filet de lumière dorée depuis la fenêtre m'aveugle. Je barre les rayons avec ma main. Une épouvantable chaleur moite et suffocante s'abat sur moi. Le temps que ma vue s'acclimate, la silhouette de Harry se dessine à quelques mètres de là. Mes yeux se stabilisent sur lui. Il se tient debout face à son lit -notre lit-, nu et haletant. Je frissonne. C'est impossible. Dos à moi, il n'ose se retourner par crainte que je n'aie une preuve formelle de l'acte horrible qu'il commettait dans notre propre intimité. Ses doigts s'enlisent dans ses longs cheveux humides. Pour la première fois, cette vision ne me trouble pas. Non. Elle me met en rage.

Il finit par pivoter lentement. Ses mains descendent avec cette même lourdeur en direction de ses parties intimes, qu'il peine à dissimuler. Je n'ose faire un pas de plus par crainte de m'effondrer ou m'évanouir. Son torse luit à la clarté du jour. Il tente d'apaiser une respiration saccadée. Face à l'évidence, il ne parvient pas à dire un seul mot. Il me dégoûte jusqu'au plus profond de mon être. Mes yeux sont dans l'incapacité de soutenir les siens. Ils migrent une nouvelle fois sur le lit en bataille, dont le drap blanc qui le recouvre habituellement a disparu.

- Où est-elle ?

Les mots traversent ma gorge comme des lames de rasoir.

- Joy, je...

Mon avancée soudaine à travers la pièce lui retire les paroles déplacées qu'il s'apprêtait à me servir. Mes pas me guident instinctivement en direction du dressing. Si cette fille a de la jugeote, elle aura filé à travers la salle de bains avant même que je n'y mette les pieds.

Ma première intuition est la bonne. Je me fige de nouveau face à cette navrante découverte. J'aurais préféré ne pas connaître la personne qui se tient face à moi, effarouchée tel un animal pris au piège par son prédateur. J'ai envie de hurler.

Minablement nue et enroulée dans le drap du lit avec lequel j'ai dormi cette nuit -et dans lequel nous avons fait l'amour hier soir-, Sasha m'analyse et attend probablement que j'explose, mais je ne lui ferai pas cet honneur. Comment ai-je pu être aussi stupide ?

Je recule. Ma tête tourne. Harry est près de moi, partiellement rhabillé. Je ne supporte plus sa présence. Leur présence à tous les deux. L'odeur de Sasha est partout. Dans la pièce. Sur le lit. Sur lui. Dites-moi que c'est un cauchemar.

- Vous êtes misérables.

Ma voix n'est plus qu'un murmure semblable à la douleur qui me tiraille. Je ne peux rester une seconde de plus dans la même pièce qu'eux.

Ma fuite est aussi confuse que mon esprit. Je tangue avec comme seul objectif la porte de sortie. Comment a-t-il osé me faire une telle chose ? Je suis incapable de poser des mots sur ce que je viens de subir. Ça fait mal. Beaucoup trop mal. Mon cœur se brise un peu plus à chaque pas qui m'éloigne de lui et pourtant, la distance que je cherche à mettre entre nous ne m'a jamais parue si salvatrice. Je ne prends pas la peine de sécher les larmes qui dévalent de mes yeux, manquant de chuter à plusieurs reprises dans les escaliers.

Je l'entends dans mon dos. Il cherche à me rattraper. Je saisis mon sac au passage et cours à travers l'entrée pour m'échapper de cet enfer, mais Harry est déjà à mon niveau. Sa main s'empare de mon bras. Je me défais immédiatement de son emprise.

- Lâche-moi !

Ma mise en garde franchit difficilement la boule qui s'est formée dans ma gorge et pourtant, d'autres se font violence pour en sortir.

- Ne t'avise plus jamais de me toucher !

Je me sens souillée. Humiliée. Diminuée. Amoindrie. Chaque respiration est une torture tellement j'ai l'impression d'étouffer. Ses mains tentent d'accéder à mon visage, mais les miennes les interceptent.

- Je te déteste !

Je crie. Je hurle. En boucle. À l'infini. Les paroles du titre de Fleetwood Mac qui accompagnent mes gémissements paraissent si inopportunes. J'ai tellement mal. Je m'effondre. Il me saisit une nouvelle fois. Mes larmes n'arrêtent pas de couler. J'ai l'impression qu'on m'arrache les viscères à vif. « And if you don't love me now ». Mes poings s'abattent avec violence sur son torse. « You will never love me again ». Un premier coup ne suffit pas. Je cogne une seconde fois, puis une troisième. « I can still hear you saying, you will never break the chain ». Je voudrais être en mesure de lui arracher ce cœur qu'il n'a probablement pas.

- Vas-y. M'implore-t-il à demi-mot. Défoule-toi. Frappe-moi.

Je le repousse, mais recommence. Encore plus fort. Je le frappe encore et encore. Harry ne cherche pas à éviter mes coups. Il les encaisse, les mâchoires crispées par la souffrance que je lui inflige, qui est pourtant à mille lieues de celle que j'éprouve. Mes coups deviennent de plus en plus faibles. Mes forces me quittent définitivement, mais je continue pour voir jusqu'où peut aller son seuil de tolérance.

Je repense à tous les hommes que j'ai connus. Aucun d'eux ne m'a jamais manqué de respect à ce point. Il a fallu que ce soit lui qui le fasse. Lui pour qui j'ai développé des sentiments que j'ai toujours cherché à éradiquer par tous les moyens. L'amour est une putain d'arnaque. Je l'ai toujours su et pourtant, je me suis fait lamentablement avoir. Baisser ma garde a été ma plus grande erreur. Je me retrouve de nouveau plongée dans les profondeurs abyssales de ma pathétique vie faite de déceptions et de trahisons, dont je viens tout juste de vivre l'expérience de la plus intolérable qu'il soit. Je l'aime, putain. Je l'aimais tellement.

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