Chapitre 31

♫ « There's Nothing Holdin' Me Back » - Shawn Mendes ♫


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Ava
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Après dix heures de vol, nous voici enfin sur les terres américaines. Le plus difficile a été de passer inaperçues dans nos déplacements londoniens jusqu'à l'avion qui nous a conduites à Orlando. Joy et moi avons clairement eu l'impression d'être en mission secrète pour éviter que notre périple soit relayé sur les réseaux sociaux. Maintenant que nous avons atterri, il faut redoubler d'efforts pour ne pas se faire remarquer le temps de retrouver Preston qui nous attend à l'extérieur de l'aéroport.

Camouflées derrière d'immenses lunettes de soleil, nous progressons à pas rapides dans le hall blindé de monde. Joy se cramponne à mon bras pour ne pas me perdre, tout en traînant sa lourde valise à roulettes derrière elle. Pour seulement une semaine, elle a prévu l'artillerie lourde. Elle qui a pourtant été habituée à voyager léger aux côtés de Harry il y a quelques mois semble avoir oublié comment se simplifier la vie. Pour ma part, je n'ai qu'un simple bagage à main dans lequel j'ai emporté l'essentiel. C'est l'avantage de voyager en plein été. Les vêtements sont nettement moins encombrants.

Les chauffeurs de taxi à l'affût de clients ne tardent pas à venir nous alpaguer. Nous les évitons et traçons notre route jusqu'au parking où le garde du corps de Louis doit nous réceptionner. Il est le seul à être au courant de notre surprise.

Joy me tend une casquette avant de sortir.

- Il fait très chaud dehors. Dit-elle simplement, enfilant elle aussi de quoi se protéger du soleil.

Effectivement, dès l'ouverture des portes tournantes, la chaleur s'engouffre sur nous. Je m'étais renseignée sur le climat de la Floride avant de partir, mais je ne pensais pas avoir à affronter une telle fournaise. Il n'est pas tout à fait onze heures et le soleil tape déjà fortement sur mes épaules nues. Plus nous approchons, plus mon amie affiche des signes de nervosité. Elle qui n'a pas vu Harry depuis plus d'un mois est en plein doute quant à leurs retrouvailles. Il faut dire qu'il ne s'est pas vraiment montré exemplaire. Son attitude très distante n'a fait qu'accentuer la peur de Joy de le rejoindre, alors que nous avions prévu cette surprise depuis des semaines. Je n'ai cessé de tenter de la rassurer à ce sujet, mais au fond de moi, je crains vraiment que Louis n'ait raison lorsqu'il dit que la vie américaine change Harry en quelqu'un qu'il n'est pas.

Face aux innombrables berlines, nos yeux scrutent le parking à la recherche de Preston, jusqu'à ce qu'il finisse par nous repérer et vienne nous accueillir. Je ne sais même pas comment il nous a reconnues tellement j'ai l'impression d'être déguisée avec l'attirail prêté par Joy.

- Bravo mesdemoiselles. Nous dit-il en nous serrant tour à tour dans ses bras imposants. Vous pouvez être fières de vous.

- On nous a remarquées ? Panique Joy en rallumant son téléphone qu'elle a pourtant consulté avec attention dès l'atterrissage.

Preston fronce les sourcils face à son affolement soudain.

- Déstresse, ce n'était pas ironique. Lui dit-il en l'accompagnant d'une main rassurante dans le dos jusqu'à la voiture qui nous attend.

Nous prenons rapidement la route de l'hôtel où logent les garçons. J'ouvre grand mes mirettes sur ce qui nous entoure et réalise qu'il s'agit de la seconde ville américaine où je mets les pieds cette année. Moi qui n'avais pratiquement jamais voyagé en vingt-quatre ans, c'est un sacré chamboulement et pas seulement pour moi. Joy ne cesse de commenter tout ce qu'elle voit, comme pour apaiser son appréhension d'être si proche de son petit ami. Je l'ai rarement vue si nerveuse. Son regard migre en permanence sur sa main tatouée, symboliquement son lien le plus flagrant avec lui, comme si elle voulait s'ancrer au réel en se rappelant ce qu'ils ont accompli par amour l'un pour l'autre.

Mon portable vibre à l'intérieur de mon sac.

Alex, 10:41 : « Le vol s'est bien passé ? »

J'ai toujours un peu de mal à réaliser que nous nous reparlons comme avant tous les deux, mais j'accueille cependant avec beaucoup plus de facilité qu'au début ce genre de messages bienveillants.

Moi, 10:42 : « À merveille. On a dormi une bonne partie du vol. Je n'ai rien vu passer :) »

Alex, 10:43 : « Il y en a une qui me tanne de plus en plus pour que l'on voyage. Je crois que tes projets lui donnent des envies de grandeur... »

Jane exprime effectivement de plus en plus son besoin de suivre la même route que moi et je crois qu'Alex a du mal à se faire à l'idée que tout le monde fuit notre ville d'enfance.

Moi, 10:43 : « Ce n'est pas un mal. Une fois que tu y auras goûté, tu ne pourras plus t'arrêter. »

Alex, 10:44 : « Je suis bien à Alston. Ma vie me convient parfaitement comme ça. »

Je trouve ça triste dans un sens qu'il voie les choses ainsi à son âge.

Moi, 10:44 : « Alex, je t'en supplie, ne finis pas comme le père McGuigan... »

Alex, 10:44 : « L'insulte ultime... »

Moi, 10:45 : « Tu l'as cherché. »

Alex, 10:46 : « On verra bien si notre visite à Londres le mois prochain pour les concours de Jane me fera voir les choses autrement. »

Moi, 10:46 : « Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. »

Alex, 10:47 : « Et nous savons tous les deux que je n'en suis pas (plus) un ;) Passe un excellent séjour au pays où tout est possible. »

Moi, 10:47 : « Merci. Le bonjour à tout le monde et embrasse tes parents et les miens. »

Alex, 10:47 : « Compte sur moi. »

Je ressors de notre discussion par messages interposés avec le sourire. Mon attachement pour mon ami d'enfance germe de nouveau grâce à cette multitude de petits échanges que nous entretenons depuis quelque temps pour renouer ce lien qui s'était brisé. Les blessures causées par ses maladresses envers Louis et moi se referment doucement.

Nous arrivons dans une avenue qui regroupe un nombre incalculable de luxueux hôtels. Preston demande au chauffeur de nous arrêter face au Ritz-Carlton. En pénétrant dans le hall d'entrée, je ne saurais dire lequel entre le Bellagio de Las Vegas et celui-ci est le plus somptueux. C'est totalement dément et démesuré. Le sol en marbre est d'une brillance captivante et chaque détail semble avoir été étudié avec soin pour compléter ce tableau de richesse.

Nous empruntons l'ascenseur jusqu'au quatrième étage, où Preston nous indique les suites respectives de nos amoureux.

- Ce serait de très mauvais goût d'intervertir les deux... Blague-t-il, tandis que nous nous postons chacune face à la porte en question.

Sa plaisanterie ne semble pas atteindre Joy qui fixe désormais l'issue avec sérieux. Elle donne l'impression de répéter scrupuleusement un discours dans sa tête. Je trouve tellement dommage qu'elle ait perdu sa spontanéité à cause de cette histoire de passeport.

Le garde du corps s'éloigne pour regagner sa chambre afin de nous laisser profiter de ce moment. Mon amie me lance un regard dérouté. Je tente alors de me montrer rassurante.

- Ça va bien se passer. On se retrouve tout à l'heure.

J'ignore si ma réplique lui donne un semblant de courage, mais au moins elle esquisse un petit sourire et frappe enfin à la porte de son petit ami. J'en fais de même en tentant d'occulter mon inquiétude pour elle. La suite de Harry s'ouvre en premier, mais je n'ai pas le temps de scruter leurs réactions respectives que Louis active la poignée de la sienne.

Vêtu d'un simple boxer, mon chéri affiche sa mine engourdie du réveil. Il plisse les yeux en les levant vers moi et immédiatement, la surprise s'empare de ses traits et il recule même d'un pas tellement il est stupéfait de m'avoir devant lui. Je pointe rapidement du doigt son allure, alors qu'il ignorait totalement de qui il s'agit.

- C'est comme ça qu'on ouvre à la femme de chambre, mon cher Monsieur Tomlinson ?

- Toujours. Répond-t-il en reprenant un air digne et dénué d'étonnement.

Un éclat de rire nous emporte et Louis m'attire à lui en m'attrapant par la main. La porte claque dans mon dos. Nous sommes plongés dans la pénombre, mais cela ne gâche en rien la stupéfaction que je perçois en lui. Il me serre contre son torse et nos bouches ne tardent pas à se rencontrer. La tension emmagasinée depuis ce matin retombe instantanément à son contact. Blottie dans ses bras, j'ai l'impression d'avoir retrouvé tous mes repères.

Louis désunit nos corps un court instant pour allumer une lampe de chevet posée sur un guéridon près de l'entrée. J'ai alors un aperçu de l'immense suite qu'il occupe à lui tout seul. Son regard me sonde de nouveau, craignant que cette vision ne lui échappe.

- Décidément, tu es pleine de surprises, trésor.

Il exagère. Habituellement, c'est lui qui se montre surprenant envers moi.

- Il faut bien rééquilibrer les choses de temps en temps.

Je dépose mon sac au sol et place mes mains de part en part de mes hanches.

- Tu vas devoir me supporter pour les sept jours à venir.

- Qu'ai-je fait pour mériter ça ? Me charrie-t-il en levant les yeux au plafond.

Je ris une nouvelle fois et il me rapproche de lui pour m'enlacer de nouveau. Le silence retombe et je constate qu'une légère musique se fait entendre.

- Tu ne dormais plus ?

- Si. Répond-t-il en progressant avec moi vers l'immense lit. Je somnolais plus ou moins.

- Avec la musique ?

Posé sur un des oreillers du lit, son téléphone fait en effet défiler des titres électro.

- C'est juste un léger bruit de fond. Dit-il en éteignant son application.

Sur la table de chevet, j'aperçois les opercules vides des médicaments qu'il prend contre ses migraines. J'en conclus qu'il est loin d'en être débarrassé et que la musique l'aide sans doute à ne plus y penser. Il s'assied au bord du lit. Je me poste entre ses jambes et effleure légèrement ses tempes.

- Toujours ces fichus maux de tête ?

Ses yeux se relèvent vers moi. Je constate alors que ces cernes se sont accentués depuis la semaine dernière. J'attends, la gorge serrée, qu'il me réponde, mais il se contente de m'observer avec une intensité intimidante.

- Ils vont et viennent, mais ils sont beaucoup moins fréquents qu'au début. Finit-il par avouer. Je ressens une nette amélioration.

Je sais que si j'exprime mon scepticisme à ce sujet, cela risque de rendre le moment présent beaucoup moins agréable. J'attends de voir dans les jours à venir si ce qu'il affirme se vérifie. Si ce n'est pas le cas, je l'obligerai à demander un deuxième avis médical à la fin de la tournée. Louis s'y est probablement résigné pour ne pas se gâcher l'existence, mais ce n'est pas normal d'accepter un tel dysfonctionnement. Je dissimule mon questionnement derrière un sourire et enchaîne sur un autre sujet.

- J'espère que vous n'allez pas trop nous trouver encombrantes. On ne tient pas à vous perturber.

- « On » ? Répète-t-il en fronçant les sourcils.

- Joy est avec moi.

- Je n'émets aucun doute sur toi, mais maintenant que tu dis que Joy est dans les parages... Je ne peux rien garantir.

- Si Harry parvient à lui faire oublier sa négligence, ce sera déjà un bon point.

Je m'octroie le droit d'émettre encore quelques craintes à ce sujet, mais j'ai promis à Joy de ne pas m'en faire pour elle et de profiter pleinement du séjour qui va occuper la moitié de mes vacances d'été.

- Bon, explique-moi. C'est quoi votre programme habituel ?

Je meurs d'envie de m'immerger totalement dans son mode de vie atypique.

- Et bien, habituellement à cette heure-ci, certains sont encore couchés. M'explique-t-il en s'affalant davantage sur le matelas. D'autres entament leur séance de sport, ça dépend de la motivation de chacun. On visite aussi de temps en temps les villes par lesquelles on passe. Le seul impératif pour tout le monde est d'être à la salle pour les balances en milieu d'après-midi et on n'en bouge rarement après, jusqu'au concert.

Il marque une pause, tandis que je le regarde intensément.

- Ça n'a rien de si captivant.

- Tu plaisantes ? À choisir entre ça et des réunions pompeuses entre dirigeants haut placés du monde de la publicité, crois-moi, le choix est vite fait.

Je m'aperçois que parler de mon boulot n'est peut-être pas la meilleure façon d'évincer le sujet qui fâche. Je viens clairement de lui tendre une nouvelle perche, mais il ne la saisit pas.

Louis s'allonge de tout son long, m'emportant avec lui en plaquant ses mains sous mes fesses. Je dépose un léger baiser sur sa bouche et lui souris.

- Tu as l'air si fatigué.

- C'est de ma faute, je me suis couché très tard.

Je roule sur le côté pour éviter de lui imposer davantage le poids de mon corps.

- Rendors-toi.

- Impossible. Proteste-t-il en basculant vers moi.

Son nez frôle le mien.

- Maintenant que tu es là, je veux savourer chaque seconde de ta présence. Murmure-t-il, les lèvres au coin des miennes.

Je lis dans ses prunelles azurées une convoitise non dissimulée. Mon cœur accomplit des envolées de désir en assimilant ses mots. Je sais d'avance que cette semaine ne sera pas reposante sous de nombreux aspects, mais qu'importe, je compte bien en profiter à fond. Au diable la raison. Je dormirai plus tard.

_____

Escortés par Preston, nous avons pu visiter les coins incontournables d'Orlando durant trois bonnes heures avant que Louis ne soit contraint de rejoindre l'Amway Center. Cette salle sert habituellement aux matchs de basket-ball, mais accueille aussi des concerts de temps en temps. Un impressionnant dispositif de sécurité est déjà déployé aux alentours et un bon nombre des fans font la queue en plein cagnard.

À l'intérieur, le son rythmique de la batterie résonne dans toute l'enceinte et un nombre incalculable de personnes gravitent autour de la scène éphémère montée pour l'occasion. Les différents corps de métier se côtoient et travaillent en harmonie pour que tout soit prêt d'ici quelques heures. Avoir l'exclusivité d'assister à cette vie en coulisses est vraiment une grande première pour moi. Je n'en perds pas une miette.

Au fur et à mesure que nous progressons, des visages familiers viennent nous saluer. Peu surpris de ma présence, j'en conclus qu'ils ont déjà certainement vu Joy dans les parages. Effectivement, nous ne tardons pas à tomber sur elle et Harry. Postés face à la scène, celui-ci semble lui donner des explications à l'oreille, en gardant précieusement sa petite amie dans ses bras devant lui. Celle-ci admire les jeux de lumière qui virevoltent sous ses yeux et affiche un sourire rassurant. Tout semble aller pour le mieux entre eux.

Joy ne nous remarque qu'au tout dernier moment, lorsque Harry relâche légèrement son étreinte pour venir me dire bonjour.

- Je crois qu'elle s'est trouvé une nouvelle passion pour le métier de roadies. Me confie-t-il en souriant.

Il se tourne de nouveau vers mon amie en croisant les bras sur son torse et ne cesse de pivoter anarchiquement, comme s'il ne savait plus où se placer. J'ignore pourquoi, mais cette attitude me paraît étrange venant de lui. Pour accentuer cette impression, une de ses mains vient régulièrement frotter sa nuque. Je crois bien n'avoir jamais vu Harry se comporter d'une telle manière. En voyant que je l'observe du coin de l'œil, son regard se fait soudainement fuyant. Je le sens mal à l'aise. Son enthousiasme sonne presque faux et son sourire paraît forcé.

- Je trouve leur job totalement fascinant ! S'exclame Joy en attirant mon attention sur la scène.

Je m'approche d'elle et contemple à mon tour ces gens de l'ombre à l'œuvre.

- En fait, vous ne foutez rien, vous ! Ajoute-t-elle en se retournant vers les gars. C'est eux qui triment et à qui revient tout le mérite.

- C'est hyper vexant... Souffle Louis en portant une main à son cœur et en affichant un air faussement touché.

Sur scène, Niall et Liam apparaissent face à nous et admirent la configuration de la salle. Ils repèrent rapidement leurs deux compères en contrebas et réalisent que nous sommes également présentes. Ils descendent à notre niveau, ravis de nous revoir, mais déçus que nous ne soyons que deux. Joy et moi échangeons un regard navré. Il est vrai que nous n'avons absolument pas pensé à intégrer Sophia et Maureen au voyage.

- Enfin, ce n'est pas plus mal. Nous confie Liam. Les ébats amoureux avant un concert nuisent à la performance sur scène.

- Pfff, conneries. Lui lance Louis.

- Non, je n'invente rien ! Comme pour les sportifs avant un match important. C'est pareil !

- Il est surtout totalement dégoûté et refuse de l'admettre. Me glisse Louis en aparté.

Un régisseur vient vers eux pour leur fournir leurs oreillettes en leur confiant qu'ils vont pouvoir commencer les balances.

- Quelqu'un a vu Sasha ? Demande Niall. C'est étrange qu'elle ne soit pas déjà ici.

- Elle devrait arriver pile à l'heure. Lui dit Harry en rangeant son portable dans sa poche arrière. On peut commencer.

Ma meilleure amie m'attrape par le bras et m'incite à reculer de quelques mètres pour avoir une bonne perception de l'ensemble de la scène. Nous prenons alors place sur les sièges disposés pour le public. Je profite de ce moment rien qu'avec elle pour sonder de façon plus approfondie son ressenti des retrouvailles avec Harry.

- Miller... Glisse-t-elle en ne quittant pas la scène des yeux, mais en me voyant clairement tenter un contact visuel avec elle dans sa vision périphérique.

- Tout va bien ?

- Honnêtement, est-ce que j'ai l'air d'aller mal ?

Son regard se tourne vers moi et affiche un réel contentement, mais avec elle, je crains toujours que ce ne soit qu'un sourire de façade.

- Les trois premières minutes ont été assez étranges. Me livre-t-elle sans que je ne lui demande de développer. Il ne s'attendait pas du tout à me voir et j'avais du mal à saisir si ma présence le dérangeait davantage qu'elle ne l'enchantait. Mais on a beaucoup parlé ensuite. Ça nous a fait du bien à tous les deux.

Face à nous, je constate que celui dont nous parlons ne cesse de la regarder. Impossible de douter quand on le voit si amoureux d'elle.

- La maladie de son beau-père le parasite énormément. Enchaîne-t-elle. Il s'en veut de ne pas avoir pu être présent pour lui suite à l'annonce du diagnostic.

- Oui, ça chamboule, c'est compréhensible.

Je suis dévorée par la curiosité d'en savoir plus, mais une bande-son démarre subitement et polarise notre attention sur le groupe. Les balances débutent avec leur nouveau single. Je me retiens de chanter les paroles pour ne pas passer pour une fanatique devant ceux qui bossent avec eux chaque jour, mais ça me démange. Surtout lorsque Louis entame sa partie. Je le trouve tellement accompli lorsqu'il est sur scène. On ressent tout de suite qu'il exerce un métier qui le passionne et pour lequel il se voue corps et âme.

En le regardant s'affairer sous mes yeux, des pensées licencieuses me traversent l'esprit. Je n'aurais jamais cru possible de trouver un homme exerçant la profession de chanteur aussi sexy et mes sentiments toujours plus grandissants n'arrangent certainement rien à cette impression. La chaleur locale n'aide certainement pas à avoir l'esprit clair et dope ma libido. Je pars à la recherche d'un éventail dans mon sac pour me faire de l'air. Joy s'empare d'une brochure pour en faire de même. Nous nous mettons à rire à l'unisson, comme si nous avions toutes les deux conscience d'être éprises des mêmes émotions face à nos hommes.

Suite aux balances, le groupe est sollicité pour répondre à quelques interviews, puis s'ensuivent des rencontres avec quelques fans privilégiés. Joy et moi restons en coulisses en compagnie de Lou qui profite d'avoir sous la main des modèles féminins pour tester des nouveaux produits qu'elle vient d'acquérir. Je crois que je prendrais vite goût à ce que l'on prenne soin de moi de la sorte. Louis et Harry reviennent régulièrement nous voir et s'excusent de ne pas avoir davantage de temps à nous consacrer, mais on ne s'ennuie absolument pas en compagnie de leur amie maquilleuse. Cette femme est d'une sympathie débordante.

- Oh bordel, tu as de ces yeux ! S'exclame-t-elle après avoir terminé d'y appliquer un joli trait d'eye-liner que je serais incapable de reproduire, même avec la meilleure volonté du monde.

Je n'ai pas pour habitude d'être jugée de la sorte par une professionnelle et me contente de pincer mes lèvres pour manifester ma gène.

- Regarde-la ! S'exclame Joy, elle aussi pomponnée à la perfection. Elle ose encore en douter !

Une chevelure blonde passe son nez dans la pièce où nous nous trouvons, mais repart aussitôt.

- Sasha ! S'écrie Lou pour qu'elle revienne sur ses pas.

La coach vocale réapparaît lentement et interroge la maquilleuse du regard.

- Joins-toi à nous. L'invite-t-elle en tirant un troisième siège face au miroir.

- Tu ne m'auras pas... Et puis, je suis trop vieille pour porter quelque chose d'aussi clinquant.

- Trop vieille ? S'étouffe Lou, qui a sensiblement le même âge.

Offensée, elle arrondit ses yeux.

- Ça vous va très bien cependant, mesdemoiselles. Se rattrape gentiment Sasha. Tu as trouvé deux magnifiques modèles.

Elle repart en adressant un sourire singulier à sa collègue de tournée.

- Je réussirais bien à la faire changer d'avis un jour... Souffle Lou, supposant que ce n'est pas la première fois qu'elle essuie un refus de sa part.

- Wow.

La lourde voix qui nous fait nous retourner à présent n'est autre que celle de Harry, stupéfait face à la métamorphose de Joy. Cette dernière accepte ce compliment qui vient du cœur et se lève en marchant jusqu'à lui comme si elle défilait sur un podium. Louis arrive dans les secondes qui suivent et semble épris d'un saisissement similaire face à mon image.

- À votre tour, les gars. Leur dit Lou en replaçant ses pinceaux dans le rangement souple accroché à sa taille. Je ne pourrais pas vous rendre aussi irrésistibles que vos compagnes, mais je vais faire de mon mieux.

Sa demande se fait vaine puisqu'aucun des deux concernés ne se décide à approcher. Elle interpelle alors Niall, qui lui au moins ne rechigne pas à se poser face au miroir.

À moins de deux heures de monter sur scène, Louis est étrangement serein. J'imagine que c'est la conséquence du rythme intensif de la tournée. Les premières dates servent de rodage et les suivantes se font avec un stress amoindri.

Mon chéri est le dernier à passer par la case coiffure en ronchonnant une fois encore. Lou m'explique que c'est le même cirque tous les soirs. Un vrai gosse. La façon dont elle discipline sa toison en quelques minutes me fascine autant que cela soulève en moi une envie de ruiner son travail en plongeant sauvagement mes doigts dans ses épais cheveux bruns. Mes pensées me font rougir et m'emplissent d'une onde de chaleur incontrôlable. Il va vraiment falloir que je me calme. Je me lève et me sers un verre de soda que j'engloutis d'une traite.

L'ensemble de l'équipe s'éclipse subitement sans un mot. Louis m'attrape la main pour me guider dans le couloir afin de les suivre.

- Tout le monde est parti manger. M'explique-t-il. Tu as faim ?

- J'ai grignoté tout l'après-midi, mais fais ce que tu as l'habitude de faire. C'est important de monter sur scène le ventre plein.

Il se rapproche de moi et place ses mains dans mon dos. Ses yeux admirent la moindre parcelle de mon visage. Je sais qu'il a deviné le trouble qui me ronge. Dans ma tête, c'est le black-out total. Je ne parviens pas à détourner le regard. Mon cœur palpite fort, tellement fort, donnant l'impression que deux mains invisibles s'amusent à dribbler avec. Je tente de me recomposer une attitude correcte, mais n'y parviens pas. Mon corps s'exprime à ma place. Je le regarde comme si j'allais clairement le dévorer, puis passe ma langue sur mes lèvres, traduisant ce que j'aimerais qu'il me fasse sans équivoque.

- Ava... Soupire-t-il lourdement en reprenant soudainement un air sérieux.

- Quoi ?

- Ne me regarde pas comme ça.

Les iris bleues de Louis sont rivées sur moi et leur intensité me fait tressaillir. Ses mains qui enserrent toujours ma taille me donnent d'interminables frissons.

- Comme quoi ?

- Tu sais très bien ce que je veux dire. Me répond-t-il sur un air de défi. Si tu continues, je...

Il marque une pause en entendant un bruit sourd de porte qui claque au fond du couloir, mais personne n'apparaît. Mon esprit ne se calme pas pour autant. Je meurs d'envie de l'entendre prononcer la phrase qu'il n'ose plus poursuivre.

- Tu quoi ?

Louis pivote de nouveau son regard brûlant sur moi.

- Je ne pourrais pas m'empêcher de te faire l'amour sauvagement juste ici. Grogne-t-il à voix basse en m'indiquant d'un furtif mouvement des yeux la loge qui lui fait face.

Je déglutis péniblement. Le temps s'arrête. L'air devient encore plus lourd et suffocant et mon chéri retient son souffle lui aussi. Je lève une épaule et me détache de son étreinte. Mon corps sous tension crie de désir pour lui et maintenant qu'il a prononcé ces mots, c'est encore pire. Alors, je compte bien jouer de mon insolence pour le faire succomber à ses paroles.

- Souviens-toi de ce qu'a dit Liam. C'est totalement proscrit ce genre de choses.

La couleur de ses yeux changent en un instant, faisant monter cette boule de feu qui gronde et grandit en moi depuis nos retrouvailles. Je me rapproche de son oreille et lui murmure mes pensées d'une voix essoufflée.

- Et je te signale que c'est toi qui me regardes comme tu ne devrais pas.

Son regard me prouve qu'il a bien conscience d'être lui aussi atteint par ce désir lancinant qui nous saisit. Sans un mot de plus, il se rue sur mes lèvres, empoigne ma nuque, défait l'élastique de ma queue de cheval et tire doucement sur mes cheveux lâchés pour me faire basculer la tête en arrière. Tandis que sa bouche avide se ventouse dans mon cou, nos pas nous guident avec automatisme en direction de la pièce qui nous préservera des regards indiscrets. Je m'autorise à gémir sans crainte face à la clameur qui règne dans la salle à quelques mètres de là.

Louis détache ses lèvres de ma peau frémissante le temps de refermer la porte de la loge sur laquelle un papier porte son nom. Je suis immédiatement rassurée de voir qu'elle est équipée d'une serrure. Mon amour revient vers moi dans des gestes impatients. Je tente maladroitement de déboutonner son pantalon et me mets à rire de ne pas y parvenir. Heureusement, Louis le constate et s'en charge lui-même pour me rendre la tâche plus facile, ou plutôt pour se libérer d'une tiraillante oppression. Les boutons de ma chemise blanche cèdent ensuite sous ses doigts sans la moindre délicatesse. Je me cambre lorsque son visage s'enfouit sur ma poitrine. Mon soutien-gorge ne tarde pas à tomber au sol lui aussi. Agitée par ses sollicitations, je perds pied. Il pétrit mes fesses prisonnières de mon jean que je déboutonne à mon tour. Désormais presque nue, Louis me soulève pour me faire rejoindre la surface qui sert de bureau face à l'immense miroir qui recouvre un mur entier de la pièce. Il en profite pour faire glisser ma culotte le long de mes jambes, au bout desquelles je retire mes chaussures.

- Oh putain... Jure-t-il en admirant mon fessier qui repose sur la planche en bois, renvoyé par le reflet dans mon dos.

Je le caresse à travers son boxer devenu trop petit et franchis la barrière du tissu pour découvrir sa peau nue, douce, tendue à l'extrême. Sa virilité trouve naturellement ma main. Louis pose fermement ses paumes de part en part de ma croupe pour me rapprocher de lui. À l'approche du début du concert, n'importe qui est susceptible de le chercher et je pense que c'est cette idée qui rend la situation encore plus excitante qu'elle ne l'est déjà. Alors à cet instant, les préliminaires ne sont clairement pas nécessaires.

Louis me pénètre sans demi-mesure en attirant mon visage vers le sien pour m'embrasser. Notre baiser est tellement fort que j'en perds mon souffle et le sens des réalités. Mon esprit se met en veille et mon corps ne réclame que le sien. La pression entre mes cuisses est à la fois divine et insoutenable. Je gémis contre sa bouche.

- Je pourrais te faire ça jour et nuit. Soupire-t-il contre mes lèvres.

Il a les yeux brillants et ses coups de reins sont aussi significatifs que l'ardeur que je lis dans son regard. Mon cœur s'accélère lui aussi. Ses mains sont partout sur mon corps. Il me caresse sans relâche. Je courbe davantage le dos, puis m'attache à lui en joignant mes jambes derrière ses fesses lorsque ses assauts prennent de l'ampleur. J'ondule subtilement des hanches pour suivre le mouvement, savourant chaque percée, longue et profonde. Louis me susurre des mots impudiques à l'oreille, me dit qu'il ne m'a jamais trouvée si belle, si chaude, si audacieuse. Nos peaux claquent entre elles en harmonie et mon intimité s'embrase lorsqu'il joint une de ses mains entre nous. Je m'emporte en un rien de temps sous ses doigts experts et lui crie mon plaisir. Quelques secondes plus tard, un second orgasme, plus renversant, me fait voir des étoiles. Mes cris résonnent une nouvelle fois et les râles de mon amour leur font écho. Blottie contre ses épaules, je perçois chaque mouvement de sa respiration contre ma poitrine. Haletant, Louis relève la tête et écarte les mèches de cheveux qui me barrent le visage pour me regarder avec adoration. Je sens que je vais avoir du mal à redescendre.

- C'était...

- Puissant ? Me coupe-t-il.

- J'allais dire intense, mais « puissant » est un bon substitut.

Je me redresse avec toutes les difficultés dues aux courbatures du plaisir et Louis m'aide à poser les pieds au sol. Maintenant que notre aparté amoureux prend fin, je m'empresse de mettre la main sur mon téléphone, car je n'ai aucune notion de l'heure qu'il peut être, mais je n'ai pas le temps de le faire que ce que je redoutais arrive. Quelqu'un essaie d'ouvrir la porte, puis toque trois coups sourds.

- Louis, tu es là ?

Je reconnais la voix de Liam. Mon chéri ne semble pas offusqué et ne cherche même pas à se rhabiller, mais je l'y incite en partant à la recherche de ses vêtements et des miens.

- Merde...

Tandis que j'enfile ma culotte, Liam frappe une nouvelle fois.

- On t'attend, mec. Dit-il jusqu'à ce que ses pas ne s'éloignent.

Louis se met à rire.

- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

- Absolument rien. Répond-t-il, avec un air béa sur le visage.

- Est-ce que ça se voit que je viens de... ?

- ...prendre ton pied ? Termine-t-il face à mon hésitation.

À la façon dont je le fusille du regard, il saisit qu'il n'a pas intérêt à faire de commentaires.

- Oh que oui. Répond-t-il ensuite simplement en hochant la tête.

Je me retourne vers le miroir. Mes joues sont rouges d'excitation et mes cheveux ne ressemblent plus à rien. Sans parler du maquillage impeccable réalisé par Lou tout à l'heure. Je tente d'essuyer le surplus qui a coulé sous mes yeux.

- Referme ta chemise, trésor. Je vais rouvrir la porte.

Son portable en main, Louis écarquille les yeux en réalisant que nous avons sans doute mis plus de temps qu'il ne le pensait. Je me presse de fermer mes boutons à la hâte, tandis qu'il rejoint le couloir. Quelqu'un lui tape sur l'épaule au passage en lui disant de se dépêcher. L'homme indique dans un talkie-walkie que le retardataire est enfin retrouvé et je perçois alors les premières notes de l'introduction du concert raisonner lourdement au-dessus de ma tête. C'en était moins une.

Avant de filer lui aussi, mon amour me dépose un dernier baiser sur la bouche et part en courant en direction de l'entrée de la scène en me regardant jusqu'au bout du couloir. Je tente de recouvrir mes esprits en arpentant les coulisses jusqu'à l'issue qui mène au balcon où ma place m'attend. Joy y est installée, prête à profiter du show. Je m'assieds près d'elle sans détourner les yeux de la scène en contrebas pour ne pas subir d'interrogatoire, mais au bout de quelques secondes, je sens sa main dans ma nuque camoufler l'étiquette qui dépasse de ma chemise. Je suis grillée. Mon amie se rapproche de mon oreille.

- Tu as interverti tes boutons, Miller.

Paniquée, je baisse les yeux et réalise qu'en voulant me rhabiller à la va-vite, j'ai effectivement manqué le bouton d'en bas. Joy glousse sous mon nez. Je rectifie le tir en toute discrétion, tandis que les dernières notes de l'introduction vibrent autour de nous. Les cris s'élèvent et en moins de secondes qu'il n'en faut pour réaliser qu'ils arrivent, les quatre garçons tant attendus entrent sur l'estrade tel des gladiateurs dans une arène. Magnifiques. Épanouis. Victorieux.

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https://youtu.be/06miV12EsTk

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