♫ « Behind Blue Eyes » - The Who ♫

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Harry
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- Tu arriveras à marcher droit jusqu'à ta chambre, ou tu veux que je te raccompagne ?

Une clope au bord des lèvres, Lou lève les yeux vers moi.

- N'exagère pas, je suis juste au bout du couloir. Me répond-t-elle en entamant sa route.

Elle titube en se tenant au mur et je ne referme la porte de ma chambre qu'une fois certain que mon amie soit enfermée dans la sienne. Maintenant seul, je parcours des yeux l'étendue des dégâts. C'est le risque lorsque vous invitez toute l'équipe à se joindre à vous. Ils ont foutu un sacré bordel.

Au fur et à mesure de la soirée, chacun a rejoint sa suite respective et je pense que ceux qui sont partis en disant qu'ils reviendraient ne le feront plus à cette heure-ci. Seulement, il va falloir que je me trouve une occupation, car avec le décalage horaire, je sais que je n'arriverai pas à dormir. Dans quelques heures, nous repartons en Europe, alors il est inutile que j'essaie de me caler sur le fuseau horaire hollywoodien.

Je commence à débarrasser les cadavres de bouteilles et emballages de nourriture pour faciliter le nettoyage au personnel de l'hôtel, quand finalement une personne entre. Déstabilisée de me voir seul, Sasha ne progresse pas davantage.

- Mince, tout le monde est déjà parti ? M'interroge-t-elle, brandissant une nouvelle bouteille de vin certainement trouvée dans sa suite.

Étant donné que cela faisait plus de trente minutes qu'elle était sortie en disant qu'elle allait chercher de quoi poursuivre la soirée, je pensais qu'elle avait changé d'avis ou s'était finalement endormie.

- Il n'y a plus que toi et moi.

Je sens une vibration dans ma poche arrière de mon jean et saisis mon téléphone.

Joy, 04:13 : « Si tu savais à quel point je suis fière de moi. Je viens d'aller voir ma mère. »

Un petit sourire en coin m'échappe en lisant ces mots. J'éteins l'écran, mais garde mon portable en main pour lui répondre sous peu.

- Dans ce cas, je ferais mieux de regagner ma chambre moi aussi. Me dit Sasha, toujours postée dans l'entrée, dans l'attente d'une invitation de ma part.

- C'est dommage, il a l'air bon ce Château d'Yquem.

Elle sourit à mon accent français exagéré et referme la porte d'un coup de talon. Je termine de débarrasser le salon des derniers déchets, puis m'assieds à côté d'elle sur le canapé, tandis qu'elle nous sert nos énièmes verres de vin blanc. Mon téléphone vibre une nouvelle fois avec insistance, mais j'ai le réflexe immédiat de rejeter l'appel. Ce n'est qu'une fois l'avoir fait que je réalise qu'il s'agissait de Joy. Vu l'heure, elle va penser que je dors. C'est étrange de ressentir de la culpabilité et de chercher un alibi, alors que je ne fais rien de déplacé. Pour m'éviter toute confusion, j'éteins totalement mon portable et le pose sur la table.

Les minutes filent et la discussion entre Sasha et moi prend une tournure plus intime. Jusqu'ici, elle n'avait abordé que très peu sa vie privée, mais j'ai comme l'impression que le fait d'être seule avec moi l'aide à se confier. Elle semble en avoir besoin, alors je lui prête une oreille attentive. Mes yeux s'attardent longuement sur sa bouche, tandis que j'intègre les passages de sa vie qui l'ont marquée. Je pense qu'elle a remis du rouge à lèvres, si j'en juge par l'empreinte laissée sur le rebord de son verre.

- Mon ex-mari est quelqu'un de très influent. M'explique-t-elle d'une voix tremblante, le regard plus fuyant que d'habitude. Il est parvenu à se mettre les avocats dans la poche et a obtenu la garde exclusive de Trevor.

Nerveusement, elle ne cesse de replacer ses cheveux derrière son oreille, alors qu'elle est parfaitement bien coiffée.

- Tu n'as pas essayé de faire appel ?

- Ça fait des années que je me bats pour le récupérer. J'y ai mis toute mon énergie et j'ai fini par baisser les bras après un dernier recours l'année dernière.

Ses yeux sont désormais brillants, alors je n'essaie pas de la relancer sur le sujet, mais la laisse continuer d'aborder ce qui la pèse. Mes doigts manipulent frénétiquement la bague que Joy m'a laissée et que je porte à l'auriculaire. Elle me montre une photo de son fils. Il lui ressemble.

- Il a les beaux yeux de sa mère.

Un moment de blanc creuse le silence. La seule chose que je perçois est l'inspiration ample de mon interlocutrice suite à mes mots. Elle s'enfonce un peu plus dans le sofa, son verre presque vide entre les mains. Je la ressers. J'ai l'impression qu'elle rougit quelque peu.

- Désolé. Je te sens troublée.

Sans relever les yeux, Sasha hausse simplement une épaule. Quand je vois la bouteille pratiquement vide, je comprends mieux pourquoi je m'autorise à dire de telles choses. Je n'ai plus aucun filtre grâce à l'alcool.

- J'ai du mal à comprendre comment une femme comme toi peut rester célibataire.

Elle continue de jouer avec ses cheveux. Je la mets mal à l'aise et crains de n'avoir dépassé les limites. Ses ongles vernis d'un rouge sombre contrastent avec ses mèches d'un blond très clair.

- Je veux dire, tu es intéressante, sensée...

Ses yeux rejoignent les miens, déroutée de découvrir jusqu'où mes compliments à son égard sont capables d'aller.

- ... et surtout extrêmement ravissante.

- Arrête. Me ressaisit-elle en secouant légèrement la tête.

Je me prends son avertissement en pleine figure. Elle repose son verre, signe qu'elle aussi a certainement bien trop bu pour ce soir, et se lève. Je m'attends à ce qu'elle me dise qu'elle s'en va, mais au lieu de cela, elle retire simplement son pull. Son geste soulève le t-shirt qu'elle porte en dessous, dévoilant son dos que mes yeux ne parviennent pas à éviter. J'ai toujours trouvé cette partie du corps d'une femme terriblement sensuel. Je m'oblige à détourner le regard par crainte qu'elle ne décrypte mes pensées et me lève à mon tour pour ouvrir une fenêtre. Il fait bien trop chaud ici.

Lorsque je pivote de nouveau, Sasha se tient juste devant moi. La distance entre nous devient si infime que nous respirons le même air. Son souffle est désormais dans mon cou, sur mon menton, sur ma joue, sur mes lèvres. Mon rythme cardiaque s'emballe et mon cerveau navigue dans la confusion. Il ne faut pas. Quelques centimètres nous séparent. Résiste. Je sens que je m'affaisse légèrement sur elle. Ne fais pas ça. Ses yeux débordent de désir. Je meurs d'envie de le faire.

Nos bouches se heurtent dans une pulsion soudaine, captivante et libératrice. Je perds le sens des réalités lorsque sa langue caresse la mienne. J'ouvre davantage la bouche pour accepter cette requête, ce qui propulse notre baiser au-delà de la décence. Mes mains glissent dans ses cheveux dans l'espoir que ce contact ne cesse pas. J'exulte en sentant les siennes parcourir ma nuque.

Tellement épris par notre rapprochement, mes pas nous guident machinalement en direction de l'autre partie de la chambre. Celle où tout peut aller trop vite. Ne pense même pas franchir ce cap. Sa bouche fond sur la mienne dans une douceur ardente. Tu n'es qu'un faible. Un pas de plus et tu serais capable de la sauter.

Arrivés à hauteur du lit, je stoppe notre avancée. Mon sang bouillonne jusqu'à la moindre extrémité de mon corps. Nous sommes tellement collés qu'elle doit sentir mon érection contre son ventre. Je me sens perdre pied, comme au bord du vide, lorsque ses mains se détachent de mon cou. Sasha met fin à notre baiser, à bout de souffle, puis se décale de moi en me repoussant légèrement.

- Mais qu'est-ce qu'on est en train de faire ? Sort-elle en s'essuyant la bouche du revers de la main. C'est sans doute la fatigue... et l'alcool.

Je tente de me calmer, mais j'ai l'impression que l'air me manque.

- Tu as une copine, Harry.

Putain, mais oui. J'ai une copine. Je me dégoûte.

- C'était un moment d'égarement, rien de plus. Ajoute-t-elle, comme pour s'en persuader elle-même.

Sasha rejoint l'autre pièce pour récupérer ses affaires. Je me sens tellement minable. Je reviens sur nos pas en tentant de replacer les pensées qui fusionnent dans ma tête. Instinctivement, je me dirige vers la fenêtre pour respirer l'air frais.

Je ne détourne le regard sur elle que lorsqu'elle tourne la poignée.

- Il ne s'est rien passé. Conclut-elle avant de sortir dans le couloir.

Je lui fais comprendre par un regard que c'est bien clair pour moi aussi, mais ses yeux semblent dire le contraire en insistant sur la partie de mon anatomie qu'elle aurait été curieuse de découvrir.

Je baisse les yeux à mon tour et me rends compte que mon érection est monstrueuse. J'encercle mon visage de mes mains pour me ressaisir. J'ai envie de me foutre des baffes. Mon téléphone délaissé sur la table basse me fait de l'œil, mais je n'ai pas le courage de le rallumer pour le moment. Il me faut une douche bien froide.

En me dirigeant vers la salle de bains, je prends toutes les précautions pour éviter de croiser mon reflet dans le miroir. Une fois sous l'eau, toutes les paroles de Sasha me reviennent. Elle a raison. Ce n'était qu'un putain moment d'égarement. En appui contre le mur en marbre, mes yeux fixent désormais la main qui me lie à Joy. Ce tatouage incomplet qui la recouvre est la preuve que je ne suis pas entier quand elle est loin de moi.

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« Je prends tout mon temps pour la faire languir en dégustant un à un le moindre des grains de beauté qui recouvrent sa peau laiteuse. Joy savoure cette montée de plaisir que j'exerce sur elle. Totalement nue face à moi, je suis fasciné par sa beauté. L'attraction qu'elle exerce sur moi me propulse avec envie vers l'inéluctable issue qui va résulter de nos caresses. Nous nous déchiffrons l'un l'autre sans un mot. Un profond désir se peint sur son visage.

Au bout du trente-quatrième baiser, je décide de mettre fin à son supplice. Je saisis ses cuisses pour la faire glisser jusqu'au bord du lit. Debout face à elle, je me positionne de sorte à entrer en elle au plus vite.

- Je suis à bout... Souffle-t-elle entre ses dents.

Joy descend une main tout le long de mon torse avec lenteur, jusqu'à la poser sur mon sexe palpitant. Elle m'empoigne pour accompagner mon mouvement. Je m'enfonce en elle avec aisance tellement elle est trempée. Son cri transperce la pièce. Chaque mouvement me fait gravir les marches de la jouissance. Je maintiens ses hanches, admire ses seins qui rebondissent à chaque coup de reins.

- Je pourrais mourir sur cette vision de toi...

Au sol, je remarque que la paire de chaussures à talons ne lui appartient pas. Joy recentre mon attention en m'incitant à la pénétrer encore plus fort. Tandis que je m'y atèle, je sens des mains caresser mon dos. Du bout des ongles, on joue avec mes nerfs, titille ma patience. Je n'ai d'yeux que pour ma chérie, perdue dans les méandres du plaisir, quand les mains que je sentais finissent par apparaître sur mon torse. Je baisse le regard. Joy a les yeux clos, la tête basculée en arrière. Ses doigts pressent les miens. Ces mains ne peuvent donc pas être les siennes.

Des ongles rouge carmin se joignent au ballet amoureux qui n'accorde pourtant pas de place pour une personne de plus. Confus, je cherche à découvrir l'identité de celle qui se tient toujours camouflée dans mon dos et dont je perçois le souffle entre mes omoplates. »

Une sensation de chaleur m'envahit. Les draps se plissent sous mes mouvements.

« J'accélère le rythme, propulsant Joy vers l'avant tellement mes assauts répétés gagnent en force et en vitesse. La silhouette apparaît enfin. D'abord, je perçois ses yeux. Ils me sondent avec envie. Ensuite, ses cheveux blonds éparpillés sur ses épaules dénudées. Puis, sa bouche qui s'approche de la mienne se délecte de ce qu'elle pourrait me faire. Je prends un peu de recul pour bien la regarder. Sasha, totalement nue elle aussi, ne m'accorde aucun répit et se jette sur moi dans un baiser langoureux.

Je ne sais plus où donner de la tête. Délaissée, Joy finit par se redresser. Elle ne semble pas offensée par mon attitude. Je mets fin à mon rapprochement avec Sasha et attire ma petite amie contre mon torse, de la même manière que l'autre blonde à ma gauche, qui continue sa descente de baisers en s'attardant sur mon cou. Je m'empare de Joy pour l'embrasser à son tour. Cette bouche est foutrement exquise. Inégalable. »

Limité dans mon action, je bascule sur le dos et saisis la raideur entre mes jambes.

« J'ai le sentiment que chacune tente de me prouver à quel point elle me désire. Je ne parviens pas à me détacher de mon amour et sens la présence de Sasha en percevant la pointe de ses seins contre mon torse. D'une main, je la retiens d'aller plus loin et l'incite à remonter vers moi pour une nouvelle fois la goûter de mes lèvres.

De l'autre côté, Joy est à la merci de mes mains. J'en profite pour continuer à la stimuler, désireux d'entendre ses doux gémissements. »

Ses sons me parviennent de loin. Je les connais tellement.

« Ma chérie se cambre et jouit dans les secondes qui suivent l'intrusion de mes doigts en elle. Elle se resserre, s'abandonne. Sa respiration à peine retrouvée, Joy s'agenouille et prend les commandes de mon plaisir. Mes mains remontent alors sur le corps de ma seconde partenaire que je ne dois pas négliger. Sasha a des seins magnifiques. La paume de mes mains ne comble pas parfaitement leur galbe, contrairement à ceux de Joy. Je ne devrais pas les comparer, mais c'est trop tentant. En revanche, seule Joy me connaît à ce point. Elle et personne d'autre ne sait comment me déguster comme elle le fait à cet instant. La cadence de sa tête alterne entre lenteur insoutenable et accélération dosée avec précision.

- Ne t'arrête surtout pas, chaton.

Les yeux bleus de Joy me fixent, tandis que j'intensifie mes va-et-vient dans sa bouche. Ses lèvres sont serrées autour de moi. Tellement serrées. Elle accompagne mes mouvements en plaquant ses mains contre mes fesses.

- Continue.

Joy m'aspire plus intensément. C'est beaucoup trop bon. Sa langue me parcourt sur toute ma longueur. Sasha me mordille le lobe de l'oreille, me faisant grogner un peu plus.

- Je vais jouir.

- N'hésite surtout pas. Murmure Joy en relevant la tête, avant de m'avaler une nouvelle fois.

J'empoigne ses cheveux et me délecte des sensations qu'elle me prodigue. Habituellement, je n'y vais pas si fort par crainte de lui faire mal, mais là, c'est elle qui en redemande. Je me déverse dans sa bouche et au même moment, je rapproche celle de Sasha pour étouffer mes gémissements contre la sienne. La délivrance est telle que j'ai l'impression que mon orgasme ne finira jamais.

- Il ne va pas falloir m'oublier, maintenant... Conclut Sasha, en se mordant la lèvre.

J'aide Joy à se relever. Je suis à bout de souffle et peine à garder les yeux ouverts. Seulement, la vision qui s'offre à moi dépasse les limites de l'entendement. Joy s'approche de notre amante et partage le contenu de sa bouche avec elle. J'ai l'impression d'être propulsé dans une toile où deux déesses se donnent en spectacle. Une toile dont je serais le peintre... »

Un sursaut me sort de mon sommeil à demi conscient. Je me sens tendu et c'est peu de le dire. Je dégage les mèches de cheveux dégoulinantes de sueur qui recouvrent mon front et tente d'analyser ce qu'il vient de se passer. Ma prise toujours en main, je ne desserre pas mes doigts et attends de comprendre l'impact de mes songes. Ce n'est que lorsque je bouge mes jambes que je remarque que les draps sont humides, mais j'ignore si j'ai joui. D'un simple coup de main de haut en bas, je jauge que ce n'est pas le cas. J'envoie valser le drap qui me tient chaud, ne supportant plus cette moiteur qui s'est créée autour de moi.

Ce rêve me prend totalement au dépourvu. L'emprise de Sasha sur mon esprit semble s'étendre sans que je puisse la combattre. Je me suis retrouvé au centre d'un rêve d'une sensualité délicieuse où je n'avais d'yeux que pour Joy, mais d'autres mains se sont jointes à la partie, me faisant perdre le sens des réalités. Notre baiser de tout à l'heure tourne à l'obsession. Je suis polarisé sur elle. Son charme me subjugue à tel point qu'elle fait immersion dans mes rêves érotiques. Je me sens mal. Vraiment mal. Mais à ce stade, je n'arriverai pas à débander.

Ballotté entre plusieurs émotions contradictoires, je reprends ma séance de masturbation là où je l'ai laissée. Cette expérience pathétique d'un fantasme inavoué à la fois palpitante et troublante.

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