Chapitre 16

♫ « Crazy » - Lost Frequencies ft. Zonderling ♫


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Louis
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On pourrait penser qu'être son propre patron impose moins de contraintes. Personne n'est effectivement sur votre dos pour vous dire qu'il faut faire telle chose d'une certaine manière, ou qu'il faut respecter scrupuleusement des horaires précis pour venir bosser. Je pensais d'ailleurs que cela aurait rendu mon approche de l'enregistrement en studio bien plus souple. Ce n'est absolument pas le cas. Paradoxalement, nous travaillons beaucoup plus que lorsque notre ancien label nous imposait un rendement préétabli.

En l'espace d'un mois, aucun de nous quatre n'a semblé trouver le temps long, bien au contraire. Rien que cette semaine -et avec l'aide de Sasha, notre nouvelle alliée musicale- nous avons mis en boîte trois titres supplémentaires. Je pense que l'objectif sera largement atteint d'ici quelques jours, ce qui nous permettra de nous concentrer sur la post-production des chansons et la mise en place de notre tournée surprise.

- Santé les amis ! Nous dit Liam, brandissant son shooter de Vodka au-dessus de notre tablée.

Chacun saisit alors un petit élixir pour en faire de même et nous trinquons à l'unisson. Englouties d'une traite, les effluves du liquide alcoolisé se libèrent dans l'air et une boule de chaleur prend forme dans mon estomac qui n'a rien ingurgité depuis midi. Certains grimacent. D'autres le boivent comme du petit lait, à l'image de mes deux amis d'enfance que je sens d'humeur vivace. Oli est déjà en chasse et ne cesse de balader son regard sur la piste de danse en contrebas où se trémoussent des dizaines de jeunes femmes avec qui il n'a pas la moindre chance. Comme souvent, elles poseront leur dévolu sur Calvin.

Nous sommes vendredi soir. Le Libertine est plein à craquer de gens prêts à s'amuser. Ça tombe bien. C'est exactement ce pour quoi nous sommes venus. La pression des derniers jours retombe, autant pour nous que pour nos ravissantes compagnes, qui sont visiblement heureuses d'être toutes réunies. Ava et moi gardons un contact permanent. Elle s'implique elle aussi de plus en plus dans son boulot et les derniers jours ont été éprouvants. Je craignais qu'elle ne soit pas partante pour cette soirée improvisée à la dernière minute, mais être avec les autres semble lui faire du bien.

- C'était une semaine de dingue ! Nous dit Niall avec engouement. J'ai déjà hâte que la prochaine commence.

Crevés, mais galvanisés par les étapes déjà achevées, la fierté se fait sentir au sein du groupe. Avant de nous lancer, rien n'aurait pu prédire une telle productivité.

Liam et Harry se mettent à fredonner le dernier titre enregistré aujourd'hui, mais sont rapidement repris par Joy.

- Woh, woh, woh ! Pas de spoiler les gars ! Je déteste ça !

Ne prenant pas note de son avertissement, Niall et moi nous joignons à eux avec enthousiasme sur le refrain qui tourne en boucle dans nos têtes. Heureusement que la musique couvre nos voix. N'importe qui pourrait avoir l'idée de filmer ce moment pour le balancer sur les réseaux sociaux et il en serait fini de l'effet que nous espérons pour notre retour.

- On aurait dû proposer à Sasha de venir ! S'écrie Liam en se tapant le front.

- J'entends effectivement beaucoup parler de cette fabuleuse nouvelle coach... Souffle Sophia en sirotant un cocktail à la paille. J'espérais au moins que vous nous la présenteriez ce soir.

- Ça ne fait que quelques jours qu'elle bosse avec nous. On ne voudrait pas la faire fuir à cause des deux énergumènes en mal d'amour ici présents.

J'indique mes deux potes survoltés d'un mouvement de tête.

- Pourquoi ? S'inquiète Joy en tournant vivement le regard vers Harry. Elle est si mignonne que ça ?

Son copain hausse simplement une épaule et nous défie du regard de ne pas admettre qu'elle a véritablement un certain charme pour une femme de son âge.

- Ok, c'est mort ! Boude la blonde en levant un doigt. Je veux voir à quoi elle ressemble maintenant.

Elle saisit son téléphone et ouvre l'application Facebook.

- C'est quoi son nom ? Menace-t-elle Harry avec le plus grand sérieux.

- Sasha Fawkes. Répond honteusement Maureen en se rapetissant dans le sofa.

Niall a visiblement dû lui fournir l'information sous la torture.

- C'est marrant, tu n'en parles jamais ! Rebondit Ava en me regardant d'un air accusateur.

J'adresse un coup de pied bien franc à celui qui a lancé ce débat inutile.

- T'as raté une occasion de te taire, toi !

Offensé, Liam se frotte le genou et me fait les yeux noirs.

- Les filles, je vais mettre fin à vos interrogations. Leur dit Oli en captant l'attention de tous.

Il termine sa bière à grandes goulées et marque une pause exagérée pour être sûr que tout le monde écoute. Je redoute ce qui va lui sortir de la bouche.

- Elle est bonne. Dit-il simplement comme si c'était évident que nous la trouvons tous attirante.

Ce n'est pas mon cas. Je tente de soustraire Ava de ses pensées en palpant délicatement sa cuisse. Sachant parfaitement qu'elle n'a aucun souci à se faire, ma chérie sourit et s'empare d'un second shooter. Avec la fatigue, elle risque de vite partir à ce rythme-là. Je la suis et en avale un autre cul sec. Je ne me lasse pas de la regarder. Ce soir, elle porte une robe qui lui va à la perfection.

À ma droite, Joy bâille à gorge déployée et se rapproche cupidement de Harry. Elle est l'une des seules à ne pas avoir d'activité et pourtant, elle manifeste des signes de fatigue évidents.

- Et toi Joy, dure semaine ?

- Ne m'en parle pas ! Souffle-t-elle en relevant la tête. Je me suis rediffusé l'intégrale de Friends !

La reine de l'autodérision. Je suis à deux doigts d'exploser de rire.

- À raison de plus de douze heures de visionnage par jour, c'est du taf ! Ajoute-t-elle pour accentuer l'effet comique. Et il me reste encore toute la dernière saison pour demain !

Plus personne ne parle, abasourdis qu'elle ose admettre ne rien foutre, mais qu'elle l'assume. C'est ce que j'adore dans sa personnalité délirante. Au moins, elle ne s'apitoie pas sur son sort. Avec l'interrogatoire qu'elle a subi lundi, toute la pression a dû retomber.

Face à moi, les verres vides commencent à s'accumuler dangereusement et je constate qu'il en est de même pour ceux qui m'accompagnent. Nous nageons dans une douce euphorie, particulièrement Harry. Je le vois à sa manière d'essayer de s'incruster dans toutes les conversations qui nous animent. Seulement, il ne suit presque rien et passe du coq à l'âne en mimant les instruments utilisés dans les titres qui passent et bouge en rythme sur la musique électro qui n'est pourtant pas de son registre. Ce qui est également surprenant, c'est la façon dont il s'accapare sa petite amie comme s'il ne tolérait pas d'être négligé une seule seconde. Habituellement, Harry est plutôt du genre à lâcher du lest. Mais là, ils ne se sont jamais montrés si démonstratifs en public.

Ava capte dans mon regard que leur attitude me surprend et nous dialoguons en silence rien qu'en nous exprimant avec nos yeux. Joy et Harry se murmurent des choses à l'oreille et finissent par se lever précipitamment de la table pour s'éclipser du groupe. Le message est clair. Je suis certain qu'ils vont baiser. Visiblement jalouse de leur côté libre et impulsif, Ava se montre elle aussi de plus en plus tactile. Nous n'avons pas passé de soirée ensemble depuis dimanche dernier, puisqu'elle est restée chez elle toute la semaine avec sa meilleure amie. Elle me fait un de ces effets ce soir. Alors si en plus elle commence à être entreprenante, je vais avoir du mal à me contrôler moi aussi. Je me rassure en me disant que dans quelques heures, son joli corps sera scellé au mien. Rien que d'y penser, je serais capable de faire avancer le temps plus rapidement.

Je sens le pouvoir délétère de l'alcool qui s'insinue lentement dans mes veines. Il court dans mon organisme et gagne peu à peu mon cerveau dans un délicieux vertige. Nos amis disparus depuis plusieurs dizaines de minutes réapparaissent, un air faussement innocent greffé sur le visage. Ils sont grillés à des kilomètres.

- Il fait chaud sur la piste ?

Ils s'emparent d'un verre pour se désaltérer et se mettent à glousser à ma question.

- C'était relativement... Saisissant ! Me répond la blonde en se ventilant le visage avec la main. Surtout les dernières acrobaties !

Harry recouvre son sérieux pour développer davantage leur supercherie.

- Sans parler des décibels déployées... Rajoute-t-il en la regardant droit dans les yeux. Remarquable !

Dommage pour eux. Il n'y avait pas la moindre ligne de chant sur les derniers titres diffusés. Ils viennent d'avouer clairement leur instant de débauche. Ma main presse celle d'Ava avec automatisme. Je sais qu'elle ne serait pas capable de se lâcher de la sorte, mais j'avoue tout de même les envier un peu.

Je rejoins Calvin et Oli près de la rambarde pour les charrier sur la tactique d'approche qu'ils sont en train de travailler et à l'instant qui suit, Ava se plaque dans mon dos.

- Je descends avec les filles. Me dit-elle m'obligeant à me retourner.

Le tissu de sa robe est tellement fin qu'il dissimule à peine la pointe de ses seins stimulés par les frottements qu'elle exerce contre mon t-shirt. Ses lèvres se posent sur les miennes, comme si elle m'interdisait de répliquer, puis elle rejoint la joyeuse troupe à talons qui danse déjà sur le dernier tube de Kungs. Elles ont à peine franchi le rideau que mes potes exultent.

- Oh putain ça y est, on va pouvoir fumer ! S'exclame Oli en partant à la recherche de son paquet de beuh.

Il va vraiment être temps qu'ils cessent avec cette habitude. Dès l'instant où ils s'installent pour rouler leurs clopes, Niall se mure dans un silence qui en dit long. Je retourne m'asseoir et mes potes prennent ce rapprochement comme un désir de ma part de me joindre à eux. Calvin ne tarde pas à faire glisser le sachet sous mon nez.

- Non merci.

Il n'insiste pas, mais je lui fais comprendre d'un geste de couperet sous la gorge qu'ils vont devoir programmer leur séance de défonce ailleurs que dans le salon VIP. Calvin se lève alors pour attendre Oli. Niall est immédiatement rassuré de les savoir dehors à fumer leur merde. Il m'adresse un remerciement de la tête.

- Je suis loin de toutes ces conneries maintenant. Un esprit sain dans un corps sain !

Harry se met à rire à ma réplique et ne tarde pas à venir presser un de mes biceps. Mes impressionnants biceps.

- Ne ris pas ! Je serais capable de venir sonner chez toi demain à neuf heures pour un footing !

Immédiatement, il me tend la main pour conclure cet accord qui, je viens de m'en rendre compte un peu tard, était la pire bêtise que je pouvais dire. Et merde.

Le DJ est excellent ce soir. Il mixe à la perfection les meilleurs tubes électro de l'année sur lesquels la foule sautille à n'en plus finir. Même si elle n'est pas au goût de tout le monde, j'adore ce genre d'ambiance. Mes amis n'ayant rien contre le simple tabac, je profite également de l'absence des filles pour m'en griller une et Liam m'accompagne. Notre conversation tourne inlassablement autour de notre projet en cours de création et les affabulations vont bon train. Reprendre un rythme de tournée va être vraiment édifiant, même si chacun a conscience que c'est un certain sacrifice d'être amené à s'éloigner de chez soi et des gens qu'on aime.

Sophia et Maureen remontent, essoufflées par les efforts qu'elles viennent de fournir. Au centre de la table basse, le cendrier déborde déjà de mégots, mais la fumée a eu le temps de se disperser et ne devrait incommoder personne. C'est en tentant d'observer le rideau avec attention que je m'aperçois que mes yeux ne parviennent plus à fixer un point précis sans divaguer ou me donner le tournis. Il va falloir que j'y aille mollo. Je me bourre de gâteaux apéritifs pour tenter d'éponger un peu l'effet du trop-plein de liquide enivrant.

Il est deux heures du matin. Le club est à son paroxysme, bondé de monde et la musique est montée d'un cran. J'ai rarement vu le Libertine si festif. Ralenti par l'alcool, je lâche le file de la conversation au bout de quelques minutes. Mes yeux divaguent et se noient dans les flashs lumineux rythmés par la musique. Je tourne la tête dans tous les sens. Un besoin se fait sentir. Je cherche Ava. Comment se fait-il qu'elle soit si longue à remonter ? J'ai envie de la serrer. De l'embrasser.

Elle finit par réapparaître pile au moment où j'allais perdre patience. Elle aussi semblait à ma recherche. Quittant la table, je m'avance pour la rejoindre. Elle se tient à la rambarde pour éviter de tituber. J'arrive à sa hauteur et mes mains agrippent ses poignets. Le doré dans ses iris domine à présent le bleu. Elle est en feu et prête à tout enflammer sur son passage. S'élevant le plus possible sur la pointe des pieds, elle vient poser sa bouche près de mon oreille et des mots auxquels je ne m'attendais pas me percutent.

- Il paraît que je n'ai pas de culotte. Murmure-t-elle furtivement avant de replonger ses yeux félins dans les miens.

Ses lèvres sculptées esquissent un sourire charmeur. Je reste sonné. Vient-elle de dire ce que je pense ? Ou mon cerveau me joue-t-il des tours ? Ma controverse intérieure lui parvient et elle m'incite à regarder le contenu de son sac, où se trouve effectivement le joli tanga en dentelle dans lequel je l'ai reluquée avant que nous venions ici. Ma gorge s'assèche, m'obligeant à humecter mes lèvres. Je respire son odeur fraîche et addictive. Ses pupilles qui s'éternisent sur ma bouche n'arrangent rien à l'étourdissement qu'elle crée en moi. Je m'égare dans ses prunelles enjôleuses et frisonne lorsque ses doigts glissent sur mes bras. Nos souffles se mêlent. Nos bouches se frôlent. Je presse son corps contre le mien. Le volume de la musique s'intensifie et fait trembler le balcon. L'ambiance grimpe en intensité.

- Tu viens danser ? Me demande-t-elle à demi-ton.

J'exerce une pression sur son bassin et la rapproche de moi. Nos lèvres se trouvent. Se goûtent. L'arôme sucré sur sa langue m'excite tout autant que cette féminité qui exsude de tous ses pores. C'est affreusement érotique de la savoir nue sous sa robe.

Sans lui donner d'accord verbal, je saisis sa main et l'emporte dans ma course en direction de l'étage du dessous. J'ignore comment nous parvenons en bas sans trébucher dans les marches où divers liquides ont été renversés durant nos allées et venues.

Engourdi par l'ivresse, j'accède au centre de la piste et propulse la beauté qui me précède face à moi. Je grille de nombreux regards masculins qui ne se gênent pas pour exprimer leur attrait pour elle et éprouve une immense fierté qu'elle soit à moi. Rien qu'à moi.

La musique tambourine contre nos corps et chaque basse résonne dans nos cages thoraciques collées l'une à l'autre. Plus Ava me touche, plus j'ai envie de la toucher en retour. De l'aimer. De la satisfaire. Ses yeux sont flamboyants, toujours plongés dans les miens. Isolés au creux de la foule, nous laissons exprimer nos envies sans pour autant chercher à danser. Ma main gauche prend possession d'une de ses hanches, tandis que l'autre poursuit sa course vers le bas. Ses lèvres s'entrouvrent et son regard s'assombrit. Contrairement à d'habitude, elle ne s'inquiète absolument pas de notre exposition. Un rapide coup d'œil aux gens qui nous entourent me permet de jauger que personne ne prête attention à notre étreinte sensuelle.

Je franchis alors la barrière de sagesse en effleurant ses fesses. Elle ne m'avait pas menti. Il n'y a effectivement plus rien sous cette robe. Mon excitation monte d'un cran lorsque mon impétueuse amante se hisse légèrement sur la pointe des pieds et ondule le bassin contre mon bas-ventre. Une vague de désir fait bondir ma queue, qui se retrouve douloureusement confinée dans mon jean serré. Je suis esclave du moindre de ses mouvements. Ma main répond en s'enfonçant dans la chair de sa cuisse pour l'inciter à m'accorder le passage. Ses bras emprisonnent mon corps et la température monte d'un cran. Cette douce chaleur me rend fou à lier.

Ava comprend mes intentions et écarte fébrilement les jambes. Je me rapproche d'elle au maximum afin de ne laisser aucune chance à quiconque d'apercevoir ce qui se trame entre nous. Je soulève lentement le tissu et pose ma main à l'endroit de son envie. Cette situation est plus excitante que jamais et ses yeux sont pleins d'abandon. Je la caresse. Elle est humide. J'avance mon majeur et l'introduis en elle, catapultant sa tête dans un léger mouvement en arrière. Ava capture mes doigts entre ses jambes en les serrant très fort entre elles. Je la sens frémir. J'accompagne chacune de ses vibrations par un mouvement ample et lancinant. La sentant plus encline que jamais à se laisser aller, un autre doigt rejoint le premier. Je les recourbe de manière à la stimuler le mieux possible dans cette position où nous ne devons rien laisser paraître. Je sens son souffle court contre mon visage. Elle se contracte et n'est pas loin du précipice. J'accélère en m'insinuant plus profondément. Ava colle son front au mien et se laisse aller à de subtils gémissements qui ne sont perceptibles que par moi seul. Ses ongles s'enfoncent dans mes biceps. Son intimité palpite subtilement entre mes doigts et elle s'abandonne en silence. Je contemple son visage épris de plaisir, totalement détendu. Ses longs cils effleurent ses joues roses. Elle est tellement belle quand elle déclare forfait.

Ses magnifiques yeux se rouvrent et paniquent en guettant les alentours par peur d'avoir dépassé la barrière du raisonnable. Tu l'as franchie, trésor, mais n'aie surtout pas honte d'avoir succombé. Je récupère mes doigts et les porte à ma bouche. Ma chérie rougit de plus belle, mais son regard ne laisse pas planer de doute sur ce que ce geste provoque au plus profond d'elle. Ses lèvres rebondies ne tardent d'ailleurs pas à s'écraser sur les miennes. Je bande comme un malade et vais avoir le plus grand mal à me calmer à l'issue de cette danse.

Les chansons s'enchaînent et la folie ne désemplit pas. Il fait tellement chaud que mon t-shirt me colle à la peau. Ava réclame que nous quittions la foule pour prendre l'air. Mon émoi redescend peu à peu, mais reste dans l'expectative de notre prochain aparté. Il ne va d'ailleurs pas tarder à sonner, puisque la boîte va bientôt fermer ses portes.

Lorsque nous remontons pour récupérer nos affaires, la moitié du groupe s'est volatilisé, notamment Joy et Harry qui visiblement n'en pouvaient plus d'attendre d'être seul à seul. J'envoie un message à Preston pour lui indiquer de décoller de chez moi avec son véhicule. Le temps que nous prenions la direction de la sortie dérobée, il sera déjà là pour nous escorter. Cette soirée nous a revigorés. Aucun esclandre n'est venu la perturber et tout le monde repart avec le sourire. L'épreuve du départ reste encore néanmoins à accomplir.

Nous venons à peine de poser le pied sur le pavé extérieur qu'une dizaine de paparazzis se jettent sur notre groupe et nous encerclent. Habituellement, cette porte n'est pas surveillée, mais j'imagine que le passage de Joy, Harry, Maureen et Niall les a attirés ici. Les vautours dégainent rapidement leurs appareils et mitraillent à toute volée. Seulement, leur source d'intérêt est rapidement identifiée, lorsqu'un attroupement se forme autour de moi et ma bien-aimée. Agressifs, ils se mettent à scander inlassablement la même rengaine concernant les rumeurs de notre mariage. Ava me serre fortement la main et fixe le sol pour avancer. Ils s'acharnent sur elle, ce qui me met hors de moi.

- Ava ! Ava ! Qu'est-ce que ça fait d'être la femme de Louis ? S'écrie l'un d'eux avant qu'un second ne renchérisse dès l'instant qui suit.

- Laissez-la !

Je les repousse et continue d'avancer. Le sang parcourt mes veines à vive allure et je ressens chaque pulsation de mon cœur avec une intensité décuplée. Garé à une vingtaine de mètres de là, je distingue Preston qui tente de venir à notre rescousse.

- Ils ne lâcheront jamais le morceau... Grommelle Ava en baissant la tête de plus belle pour regarder où elle met les pieds.

- Ils leur en faut toujours plus à se mettre sous la dent. Lui dit Liam en passant devant nous avec Sophia, créant volontairement un bouclier pour ma petite amie dépassée.

Calvin et Oli se postent aux aussi volontairement de chaque côté. Les flashs nous aveuglent totalement et ces enfoirés persistent à marteler leurs questions avec brutalité. Certains escaladent même le toit des voitures stationnées à proximité pour avoir de meilleurs clichés. J'ai assisté à pas mal de scènes délirantes, mais j'ai rarement vu ça. Mes amis restent impassibles et se gardent de tout commentaire.

Lorsque nous atteignons la voiture, un type se rue vers nous, créant un mouvement de foule qui manque de tous nous faire tomber. Là, c'en est trop. Une colère noire s'empare de moi et l'alcool n'arrange rien à la situation. Je m'assure que Preston mette Ava en sécurité dans la voiture et me retourne vers eux.

- Bandes d'enfoirés ! Vous voulez savoir si Ava est ma femme, c'est ça ?!

Les mains de mes amis tapent dans mon dos et agrippent mon t-shirt pour m'inciter à ne rien dire, mais c'est plus fort que moi. Le brouillard alcoolique me fait ouvrir la bouche une fois de plus.

- Et bien oui ! Elle l'est !

À la fin de mon extériorisation colérique, je leur balance mon plus beau doigt d'honneur et m'assure que chacun ait le cliché qu'il mérite. Je prends place dans la van, où le silence m'absorbe dans son tumulte. J'ai encore les oreilles qui vibrent d'avoir été dans un bruit permanent durant des heures. Mes amis me fixent.

- Je sais ce que vous allez dire, mais je ne m'excuserai pas !

- Encore heureux ! S'écrie Liam. Ça va faire parler, mais au moins, tu peux être sûr que ces enculés vont s'en prendre plein la gueule.

Ava ne dit rien, mais ne semble pas offusquée par les mots qui ont jailli hors de ma tête. C'est bien ce qu'elle est après tout. Ma femme. Du moins, tant que l'annulation ne sera pas officiellement déclarée, mais ça ne change strictement rien à mes yeux.

Preston conduit mes amis jusqu'aux taxis qui les attendent à quelques pâtés d'immeubles de là pour plus de discrétion et nous raccompagne ma chérie et moi à Soho.

- Mince ! S'exclame-t-elle en passant la porte de l'appartement. Je n'ai pas pensé à prendre du rechange avec moi !

Dépitée, elle affiche une moue boudeuse, tandis que j'éclaire la pièce de vie à la lueur de mon téléphone. Nos yeux ont eu leur quota d'agressions lumineuses pour ce soir.

- Non ? Ne me dis pas que tu vas encore devoir dormir nue ! C'est vraiment pénible !

Je l'entends ricaner dans mon dos et l'attends sur la première marche des escaliers. Elle retire douloureusement ses chaussures et me rejoint. Je lui tends la main pour l'accompagner jusqu'à l'étage.

La lumière de la salle de bains est restée allumée, ce qui est bien suffisant pour me guider jusqu'au lit sur lequel je m'affale.

- Tu ne viens pas te doucher ? S'inquiète Ava qui n'a pas suivi la même trajectoire que moi.

- Si, si. J'arrive tout de suite.

Tout du moins, j'essaie. Je me propulse sur mes jambes à l'aide des dernières forces qu'il me reste. Bordel. Moi qui mourrais d'envie de faire l'amour en rentrant, me voilà plus flasque que jamais. Ava s'est déjà déshabillée lorsque je pénètre dans la pièce attenante et cette vision propulse d'emblée mon épuisement aux oubliettes.

- C'est une vraie prise de tête ces changements incessants. Ça serait tellement plus simple si tes affaires étaient ici.

- J'ai fait une lessive cette semaine, mais je n'ai pas pensé à les ramener. Me dit-elle en démêlant ses cheveux, ne ciblant visiblement pas la demande cachée derrière mes mots.

Je pose mes mains sur sa taille et capte son regard.

- Non. Je parle de toutes tes affaires, trésor.

Ava se met à battre des paupières et fronce les sourcils. Il ne s'agit pas d'une simple idée en l'air. Cela fait plusieurs mois qu'elle me traverse l'esprit. Je me suis habitué à sa présence quasi permanente lorsque nos amis étaient à l'autre bout du monde et depuis leur retour, chaque jour passé seul chez moi me conforte dans ce désir.

Ma requête semble se frayer un chemin dans sa tête et Ava ouvre enfin la bouche.

- Tu me proposes de venir vivre ici ?

Elle soupire, puis sourit dans la seconde qui suit, comme assaillie entre doute et excitation.

- Ici, ou ailleurs. Peu importe. Je ne veux plus être séparé de toi.

Je vois qu'elle hésite pour une raison plus qu'évidente. Emménager avec moi reviendrait à mettre un terme à sa collocation avec Joy. Peut-être ai-je un peu trop précipité les choses, mais une fois de plus, il s'agit de mon désir profond.

- Réfléchis-y, vraiment. Rien ne presse.

Si ça ne tenait qu'à moi, je viendrais l'aider à faire ses cartons dès demain, mais je ne souhaite pas la brusquer dans sa décision.

Je coupe court à ses réflexions en me débarrassant à mon tour de mes vêtements et entrouvre la cabine de douche. Désormais, je vais user de tous les arguments que j'ai sous la main pour la convaincre, à commencer par ceux que j'aspire à mettre en œuvre depuis de longues heures.

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