Chapitre 35
♫ « Everlong »- Foo Fighters ♫
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Harry
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- Mon dieu... Soupire-t-elle en prenant appui sur moi.
Sa bouche se pose au creux de ma clavicule et son souffle chaud caresse ma peau humide.
- Tu peux m'appeler Harry.
Joy relève la tête. Je me retiens de rire à ma propre blague, mais en la voyant exploser, impossible de me contenir longtemps. Bercés par l'unique résonance du jet d'eau contre la porte vitrée de la cabine de douche, nos respirations tentent de reprendre un rythme moins saccadé. Je l'aide à se remettre sur ses jambes encore tremblantes et ouvre la paroi. Une fois sortis, elle a le réflexe de cacher sa poitrine avec ses bras lorsque mon regard se pose sur son corps.
- Arrête de faire ça.
Je l'incite à défaire cette barrière ridicule, mais prends conscience que c'est la première fois qu'elle se met entièrement nue face à moi. Jusqu'ici, elle gardait toujours un haut sur elle, prétextant vouloir rendre nos ébats moins intimes. Mais à en juger par sa réaction, je réalise qu'elle n'est pas vraiment à l'aise avec sa propre nudité. Ce qui est vraiment absurde, car elle a un corps vraiment exquis.
- Tu ne devrais pas te cacher Joy. Tu es magnifique.
Ses joues s'empourprent davantage qu'à la normale, mais elle ne détache pas pour autant ses mains de son buste. Il y a des filles qui sont sexy et qui le savent. Et puis, il y a les filles qui, comme elle, sont sexy et ne le savent pas. Et c'est ce qui fait qu'elle est sexy. Je finis par lui tendre une serviette éponge, la sentant encore trop gênée pour se dévoiler hors du contexte de nos ébats.
- Merci. Me dit-elle en s'enroulant instantanément dedans.
Je me débarrasse du préservatif dans la poubelle et commence à me sécher moi aussi.
- Tu fais quoi demain ?
- Je bosse... Me répond-t-elle avec une tête contrariée.
Je ressens autant de déception qu'elle à l'idée de ne pas la voir une journée entière. Cette semaine, nous avons passé presque tout notre temps chez moi sur les heures de travail de Ava. Comme si avoir notre dose quotidienne était devenue indispensable à notre équilibre. En tout cas, c'est devenu essentiel au mien. Quand je la vois arriver chez moi et qu'elle me saute dessus avant de dire quoi que ce soit, j'ai l'impression qu'elle vient se décharger d'une rage intérieure. Le sexe occupe une grande partie de notre temps, mais pas uniquement. Nous échangeons beaucoup. Sur tout et n'importe quoi d'ailleurs. Joy n'a aucune limite, aucun tabou. Je me sens libre de partager beaucoup de choses avec elle sans craindre que ça ne se retourne un jour contre moi.
Tout en terminant de se brosser les dents, elle se met soudainement à examiner mon dos, comme intriguée par un détail qu'elle n'avait encore jamais remarqué.
- Depuis quand as-tu ce tatouage ? Me demande-t-elle en pointant du doigt mon épaule droite.
Je me tourne vers le miroir embué et balaye la condensation d'un revers de main. Même si je sais parfaitement quel tatouage elle désigne, l'idée qu'elle s'interroge à son sujet en revanche m'impressionne vraiment. Il s'agit de celui que je me suis fait faire le lendemain de ma rencontre avec elle.
- Quelques mois.
Joy me scrute d'un œil interrogatif.
- Mais encore... Ne serait-ce pas juste après ta rencontre avec une certaine blonde ?
Là, elle m'enlève mes mots. Jamais je n'aurai pensé qu'elle se serait souvenue de ce détail.
- Tu veux parler de Carolin ?
J'aime faire preuve de sarcasme avec elle, mais Joy me prouve sans cesse qu'elle sait relever mes piques avec le même humour. Elle lève les yeux et fait semblant de réfléchir.
- Qui ça ? S'exclame-t-elle en haussant les épaules. Je ne vois pas du tout de qui tu parles.
Puis, avec un sourire en coin, elle s'empare d'un crayon dans sa trousse de toilette et me demande d'un signe de tête de me retourner.
- Qu'est-ce que tu.. ?
Elle me coupe et se poste dans mon dos. Sur la pointe des pieds, elle commence à inscrire quelque chose juste en-dessous du tatouage en question.
- Là ! S'exclame-t-elle avec un large sourire sur le visage. C'est beaucoup mieux comme ça.
J'observe son œuvre dans le reflet du miroir et aperçois « Joy B. » noté en noir.
- Copyright, Joy Benett. Tâche de t'en souvenir la prochaine fois. Ajoute-t-elle en me pointant avec son crayon pour les yeux.
Sa spontanéité est vraiment quelque chose que j'adore chez elle. Tout est tellement naturel et intensifié par cette malice instinctive qu'elle garde en elle. Je pourrai, sans difficulté, m'habituer à ce genre de scènes.
- Tu n'aurais pas vu ma brosse à cheveux ? Finit-elle par demander, en retournant littéralement ma salle de bain.
Elle rejoint la chambre pour chercher sous le lit. J'ai bien fait de lui donner une serviette aussi ridiculement petite. Lorsqu'elle se relève, je tente de reprendre rapidement mon sérieux.
- Elle était là où tu l'avais laissée avant que je ne vienne te chercher.
Je l'ai vu pas plus tard qu'hier, sur une table de chevet. Mais là, elle n'y est plus.
- Oui, c'est bien ce qui me semblait. Ajoute-t-elle, les mains sur les hanches. C'est dingue, je perds tout chez toi ! La semaine dernière mes boucles d'oreilles, mon écharpe avant-hier et maintenant ma brosse...
À son expression, je vois bien qu'elle continue de croire que quelqu'un dans la maison lui joue un mauvais tour. Et ce n'est pas moi.
- Pourquoi crois-tu que le chat de ma sœur a quelque chose à voir là-dedans ?
- Je ne vois pas qui d'autre sinon. Explique-t-elle. Et les animaux ressentent quand on ne les aime pas. Tu n'as qu'à voir la façon dont elle m'observe à chaque fois que je suis là...
- Olivia fait ça avec tout le monde. Ce n'est rien qu'un chat.
Je m'avance vers elle pour l'emprisonner dans mes bras.
- Tu es parano chaton.
Elle appose une main sur mon visage pour me faire reculer avec une mine faussement renfrognée.
- Ne m'appelle pas comme ça...
- Ça te va tellement bien pourtant.
Un large sourire prend place sur mon visage tandis que Joy se débat gentiment, mais je l'empêche toujours de reculer. Ok, j'avoue. La taquiner est devenue une de mes activités préférées. Après le sexe -avec elle-.
- Styles, tu ne veux pas mettre une serviette autour de ta taille ? S'exclame-t-elle en baissant les bras dans cette bataille qu'elle sait perdue d'avance. Ou au moins enfiler un boxer ?
- Je suis chez moi. Si j'ai envie de vivre nu, je vis nu.
Je la libère, sentant que notre proximité pourrait encore nous faire perdre du temps et elle tient absolument à rentrer avant que Ava ne soit chez elles. Quelques fois, j'ai presque le sentiment d'être l'amant d'une femme mariée.
Nos portables se mettent à sonner en même temps sur la commode à notre droite. Nous fronçons tous les deux les sourcils et allons lire les messages en question. Le mien provient de Louis.
Louis, 18:11 : « Resto demain. Dis-moi si tu peux venir pour que je réserve. ».
Joy me met son portable sous le nez après avoir lu le texto sur le mien.
Ava, 18:11 : « Louis nous invite au restaurant demain soir, si ça te va. Je sais que tu travailles la journée. Il y aura aussi Liam et Sophia normalement. Et il attend la réponse de Harry. À tout à l'heure :) ».
Au moins avec elle, les explications sont plus détaillées.
- Tu as ta galerie demain soir. Me dit Joy.
- Lauren sera là, je peux sortir de chez moi sans problème.
Elle me sourit et renvoie un « Ok. C'est bon pour moi. » à son amie. Intérieurement, l'idée me réjouit, car je sais que je ne passerai pas la soirée sans la voir.
Moi, 18:13 : « Tu peux me compter en plus. »
- Allez, je m'habille et je file. Dit-elle en attrapant ses affaires dans son sac.
- Je vais te ramener.
J'ouvre ma commode pour enfiler un sous-vêtement.
- Trop risqué, on en a déjà parlé. Ajoute-t-elle en faisant glisser sa robe sur elle.
- Et si je te ramène en moto ? Tu serais rentrée en moins de vingt minutes.
L'argument du gain de temps est susceptible de fonctionner. Elle peste toujours en me disant que j'habite dans un coin vraiment mal desservi par les transports en commun. Joy s'arrête un moment et me regarde.
- Tu me vois vraiment monter sur une moto habillée comme ça ? M'interroge-t-elle en désignant sa tenue légère.
Effectivement, elle marque un point. Même si les journées sont plus douces, elle serait frigorifiée en arrivant chez elle.
- Non, peut-être pas.
- Et ne compte pas sur moi pour monter un jour sur une moto. Ajoute-t-elle en se regardant dans le miroir près de la porte.
- Pourquoi ça ?
- Parce que. Je n'aime pas ça. C'est tout.
Elle martèle ses mots, mais ne me regarde pas pour autant.
- Ce n'est pas une raison. Je suis sûr que tu n'as jamais essayé.
J'enfile mon jean et un t-shirt noir et la rejoint alors qu'elle enfile ses bottines.
- Inutile d'insister. La moto, c'est non. Renchérit-elle en se tournant vers moi.
Elle donne du poids à sa réponse en croisant les bras.
- Ok chaton boudeur.
- Styles...
- J'arrête, promis.
Je ne peux m'empêcher de sourire comme un idiot. Contrairement à mes précédentes conquêtes, je ne m'impose aucun obstacle avec elle. Et même si Joy donne souvent l'impression d'être contrariée par mon humour un peu lourd, je sais qu'elle en redemanderait presque.
_____
Ce matin, j'ai envoyé ma moto faire une petite révision. Cela fait plus de deux ans que je ne l'aie pas sortie du garage. En attendant que le mécanicien y jette un œil, j'ai tourné longuement dans le magasin attenant et j'ai fini par acheter un casque pour Joy. Je vois d'ici sa tête choquée et entends déjà ses reproches, mais c'était plus fort que moi. Je compte bien lui faire changer d'avis sur les deux-roues. La caissière, qui avait sensiblement la même morphologie qu'elle, a servi de modèle pour la taille.
Le garagiste revient de l'atelier pour me rendre les clés de mon bolide.
- Voilà, elle est comme neuve. Me dit-il en m'invitant à le suivre. Sacrée bête. Jamais de mauvaises surprises avec ce modèle de Harley-Davidson. C'est du solide.
Il m'aide à la monter à l'arrière de mon pick-up. Nous entamons une courte discussion autour des bécanes avant que son métier qui le passionne ne l'oblige à retourner bosser. Je règle ma facture et leur laisse un généreux pourboire avant de repartir. Le casque pour femme posé sur le siège à ma gauche me donne une petite idée.
Moi, 11:40 : « À quelle heure tu prends ta pause ? »
J'attends quelques minutes. Si elle ne répond pas, je rentre directement chez moi.
Joy, 11:44 : « J'en ai une d'une demi-heure dans à peu près vingt minutes. Pourquoi ? »
Sans réfléchir, je prends la direction du St. Mary Hospital où elle travaille. Je gare ma voiture sur l'arrière du bâtiment des Urgences, juste à côté d'une porte avec un panneau « Accès réservé – Personnel uniquement ».
Moi, 12:07 : « Je suis là. »
Joy, 12:08 : « Quooooi ? Là où ? »
Moi, 12:08 : « Dehors, à l'arrière des Urgences. »
Comme je m'y attendais, Joy sort quelques instants après par cette porte dérobée et à l'abri des regards. Je ne l'aie encore jamais vue dans sa tenue d'infirmière.
- Mais qu'est-ce que tu fous ici ? Chuchote-t-elle alors que je sors de mon véhicule.
Je jette un coup d'œil aux environs, mais il n'y a pas un chat.
- Tu flippes constamment. Détend-toi, personne ne va nous voir.
La frustration me gagne, mais pour le moment, je sais que je dois me satisfaire de ce qu'elle me donne. Je monte les marches pour réduire la distance entre nous.
- Tu ne peux pas faire ça... Me dit-elle.
- Faire quoi ?
Je sonde ses prunelles à la recherche du moindre indice qui m'ordonnerait de reculer, mais je ne vois rien d'autre qu'un désir équivalent au mien.
- Débarquer comme ça ! Comment veux-tu que je sois concentrée dans mon boulot maintenant ? Je ne termine qu'à vingt heures je te signale.
Je comble alors les quelques centimètres qui nous séparent encore. Mes mains trouvent leurs places sur ses hanches et la rapprochent encore plus de moi. Je ne ferai rien de plus. Les cartes sont entre ses mains. Joy attrape alors le col de ma chemise et pose ses douces lèvres sur les miennes.
- C'est pas possible que tu me fasses cet effet là... Ajoute-t-elle, comme si elle venait de penser tout haut, en collant son front au mien.
Son regard se dirige ensuite vers ma voiture.
- Qu'est-ce que ta moto fait ici ?
- Elle sort du garage. Et attends. J'ai quelque chose à te montrer.
Je redescends les quelques marches et ouvre la portière pour attraper le casque que je lui ai acheté. Joy explose de rire.
- Merde Styles ! On connaît tous ton goût prononcé pour les paillettes, mais là quand même, tu n'as pas peur de te faire remarquer avec ça sur la tête ?
J'attends qu'elle se calme et la fixe en pinçant mes lèvres.
- Il est pour toi, crétine.
Joy retrouve instantanément son calme.
- C'est mort. Dit-elle dans un demi-rictus cinglant avec un doigt protestataire devant elle.
- Mais pourquoi ?
- Je te l'ai dit hier ! Les motos et moi ça fait deux !
- Non, justement, tu ne me l'as pas expliqué comme ça !
Je viens de m'apercevoir que j'ai levé le ton presque autant qu'elle. Chose que je ne fais jamais. Je me rends compte que j'ai tellement envie de partager d'autres choses avec elle que j'en deviens presque agressif quand elle ne va pas dans mon sens. Je ne supporte pas ce genre d'attitude chez les autres. Merde. Il faut que je me calme.
- Excuse-moi. Je m'emporte pour rien, c'est débile.
Vraiment honteux par mon comportement, je laisse tomber l'idée et lance le casque sur la plage arrière de ma voiture.
- Ce n'est rien. Me dit-elle en descendant à son tour. On ne t'a probablement pas souvent refusé grand-chose ces dernières années.
Sa supposition tient la route. J'ai sans doute un côté un peu enfant gâté qui sommeille en moi. Joy encercle ma taille de ses bras et j'en fais de même en entourant ses épaules qui commencent à ressentir la fraîcheur extérieure. Elle pose sa tête contre mon torse et je me surprends à m'enivrer de l'odeur dans ses cheveux qui virevoltent au vent.
- Je vais peut-être te laisser aller manger ?
- Tu m'as niqué ma pause maintenant de toute façon. Dit-elle en regardant une petite montre gousset accrochée à sa blouse. Mais je n'ai rien contre l'idée que ça arrive plus souvent...
Le regard de Joy change soudainement d'expression alors qu'elle fixe quelque chose derrière moi. Je me retourne et aperçois un homme d'environ quarante ans, habillé en bleu comme elle, qui nous regarde au loin. Il finit par avancer pour rejoindre la porte de service.
- Je n'ai rien vu, vous pouvez continuer. Dit-il en passant à côté de nous.
Il entre dans le bâtiment en offrant un clin d'œil à Joy qui ne s'est pas détachée de moi pour autant. Je n'essaie même pas de cacher le sentiment de triomphe qui m'envahit.
- Un collègue ?
- Oui, le brancardier du service, que je peux considérer comme un ami. Il saura garder sa langue.
- Parce que tu penses qu'il m'a reconnu ?
- Harry, ta trombine se retrouve dans les journaux tous les mois depuis bientôt dix ans. Qui ne te connaît pas à Londres ?
- Ava ne me connaissait pas.
- C'est bien pour ça que j'ai précisé « à Londres ». Répète-t-elle en riant de bon cœur. Et puis il me semble bien avoir déjà entendu Jerry parler du fait que sa fille est fan de One Direction.
- Merveilleux.
Je sens bien qu'elle a du mal à relâcher son étreinte, et je crois que moi aussi. Un petit instant de silence prend place entre nous avant qu'elle ne recule et ajuste sa tenue légèrement froissée.
- Bon, je ferai mieux d'y aller avant que quelqu'un d'autre ne sorte pour sa pause clope. Me dit-elle en reculant vers le bâtiment tout en me fixant avec insistance.
Mon cerveau m'ordonne presque de ne pas la laisser filer si vite, mais je ne peux pas la forcer à rester plus longtemps. Je me satisfais avec l'idée que nous nous revoyons dans quelques heures de toute façon.
- Je passe te prendre chez toi ce soir ?
- Louis vient chercher Ava, donc ne t'embête pas, je viendrai avec eux.
Elle entre-ouvre la porte et des voix se font entendre dans le couloir derrière elle.
- File. M'ordonne-t-elle en souriant légèrement.
J'attends qu'elle disparaisse complètement et reprends la route en direction de Hampstead.
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Le reste de la journée est passée plutôt rapidement. J'ai ouvert certains cartons reçus dans la semaine pour la galerie et convenu avec Lauren des changements à effectuer pour l'ouverture de ce soir. Quand je lui ai dit que je lui laissais les commandes, elle était ravie de me voir retrouver une vie sociale plus épanouie. Elle a même ajouté qu'elle me trouvait changé dans le bon sens ces derniers temps. Plus enjoué, plus détendu.
Joy est entrée dans ma vie telle une rafale qui a tout emporté avec elle. Ça va bien au-delà du simple fait qu'elle m'attire physiquement. Même si elle se borne à ne vouloir faire de nous que des « amis avec avantages », je sais qu'au fond d'elle, ses sentiments sont loin d'être si tranchés. En agissant ainsi, elle cherche avant tout à se protéger.
Depuis ce jour où elle s'est adressée à moi avec son langage pas toujours délicat, elle ne cesse de m'intriguer. Et plus je passe du temps avec elle, plus j'ai hâte de trouver la faille de son épaisse carapace et de m'y faufiler. Sa fragilité derrière son apparence de battante me donne envie de la protéger. Je crois bien n'avoir jamais ressenti un tel sentiment de protection pour quelqu'un auparavant. Elle cache des choses profondément enfouies en elle. Un passé trouble -dont je n'ai pas encore percé les mystères- la hante, c'est indiscutable. D'après ce que j'ai compris, peu de personnes sont parvenues à découvrir ce dont il s'agit. Au fil de nos rendez-vous improvisés, elle me parle un peu plus chaque jour. Et j'ai bien conscience de faire partie d'un clan très privilégié et de prendre en quelque sorte de l'importance à ses yeux. Mais je sens bien que sa confiance a ses limites. Ça ne fait rien. Je sais être patient pour ce genre de choses.
J'ai envoyé un message à Louis il y a près d'une heure pour avoir des détails aussi utiles que l'endroit et l'heure à laquelle nous devons nous retrouver, mais il ne m'a pas répondu. J'essaie donc du côté de Liam, vu qu'apparemment il sera là ce soir.
Moi, 19:02 : « On se rejoint où tout à l'heure ? »
Il me répond instantanément.
Liam, 19:03 : « Hein ? De quoi tu parles ? »
Ne me dîtes-pas qu'il n'a pas prévenu Liam.
Moi, 19:04 : « Louis, le resto, avec Ava tout ça. Ça ne te dit rien ? »
Liam, 19:05 : « Désolé mec. On n'était pas au courant. On sort au Funky Buddha ce soir. Rejoignez-nous après si vous voulez. »
Je ne suis pas avancé. J'essaie d'appeler Louis, mais tombe directement sur sa messagerie. Le pro des plans à l'arrache, c'est bien lui. Si ça se trouve il a même oublié de réserver quelque chose et ça va encore se finir au chinois du bas de sa rue. Joy en saura sans doute plus grâce à Ava.
Moi, 19:08 : « Tu as eu des détails pour ce soir de ton côté ? Réponds-moi quand tu peux, ça ne presse pas. »
En attendant, je monte à l'étage dans l'idée d'enfiler une chemise à la place de mon t-shirt. Un courant d'air me surprend au moment où je pénètre dans ma chambre, provoquant un claquement de porte au rez-de-chaussée. Je ne me souviens pas avoir laissé la fenêtre grande ouverte. Je la referme et salue au passage les visiteurs qui s'amassent en contre-bas. Mon portable me sort de ma réflexion.
Joy, 19:10 : « Le resto s'appelle « The Ledbury », c'est à Nothing Hill. Et Louis a réservé pour 21h... Hâte de me tirer du taf... »
Moi, 19:10 : « ... pour te retrouver Harry. »
Joy, 19:11 : « Nan pour prendre une douche et bouffer. Je crève la dalle ! »
Moi, 19:11 : « Tu ne payes rien pour attendre ;) »
Joy, 19:12 : « Ouais, je sais. Apparemment, c'est un excellent resto :) »
Dieu. Que cette fille est fatigante.
_____
L'avance que j'ai pris m'a permis de trouver une place juste en face dudit restaurant à force de tourner dans la rue. J'attends d'apercevoir les autres avant de sortir. Et quelques minutes plus tard, la Porsche de Louis arrive et se gare à deux voitures de moi. Je suis étonnement surpris de ne pas le voir accompagné par Preston pour une fois. Lorsque Joy sort du véhicule, je suis frappé par l'élégance dont elle fait preuve alors qu'elle sort à peine du travail. Je profite d'être toujours abrité de leurs regards pour dévorer sa silhouette des yeux. La robe blanche à motifs noirs qu'elle a choisie, lui arrivant à mi-cuisses, met parfaitement en valeur les courbes de son corps. Son choix tranche d'ailleurs étrangement avec la chemise dans les mêmes tons que je porte. Ses cheveux sont lâchés, mais paraissent plus longs que d'habitude, car moins ondulés.
Louis ne tarde pas à reconnaître mon Range Rover et je finis par sortir pour les rejoindre. Je salue Ava, puis Louis et m'approche de Joy en dernier.
- Bonsoir.
Un timide sourire prend vie sur ses lèvres, que j'ai toute la peine du monde à ne pas l'embrasser. Je me contente de la rapprocher de moi pour l'enlacer. Amicalement, bien entendu. Mon visage affiche désormais un sourire dont je vais avoir du mal à me défaire. Sa poitrine vient frôler mon torse. Et à la façon dont sa respiration prend subitement de l'ampleur, je me doute que ce contact est loin de ne me faire de l'effet qu'à moi seul. Je la laisse glisser pour rejoindre le sol. Joy attache son regard au mien. Bon sang, qu'elle est belle. Tu es son ami Harry, ne l'oublie pas. Il faut que je retrouve mes esprits. Quand je reprends la parole, ma voix a retrouvé son timbre naturel et personne ne pourrait se douter que cette étreinte m'a affecté à ce point. Je me tourne vers Louis.
- Jamais tu ne réponds à ton téléphone toi ?
- Je t'ai répondu. Me dit-il.
- Oui, il y a quinze minutes. J'étais censé faire comment pour arriver si vite ?
Joy et Ava se lancent un regard complice face à mes remontrances envers mon ami, qui sont monnaie courante.
- Bon, on peut y aller ? Nous demande-t-il. Liam et Sophia ne pouvaient pas finalement.
Je fronce légèrement les sourcils. C'est quoi ce bordel ? C'est quand il ajoute un « On ne sera que nous quatre ce soir », en lançant un regard allié à Ava, que je comprends de quoi il en retourne. Ils se sont mis en tête de nous caser Joy et moi. De nous caser ensemble. Leur stratégie aurait pu fonctionner. S'ils ne s'adressaient pas à plus malins qu'eux à ce petit jeu.
Louis entre en premier pour annoncer sa réservation. Par galanterie, je tiens la porte aux filles qui pénètrent à leur tour dans le restaurant calme et intimiste. Posté juste derrière Joy, je ne résiste pas longtemps à me rapprocher d'elle, en étant attentif à ce que ni Ava, ni Louis ne me voient. Le contact de ma main qui effleure le rebond de ses fesses provoque chez elle une difficulté à déglutir. Son regard qui s'embrase me met au défi de continuer, mais nous sommes rapidement contraints d'avancer en direction de la table ronde qui nous attend dans le fond de la salle. Le naturel nous fait nous placer en croisillons : Ava face à Louis et Joy face à moi.
- C'est Ava qui a choisi l'endroit. Nous avoue Louis. Donc si la bouffe est dégueulasse, c'est elle qui faudra engueuler.
- Mais ! Proteste-t-elle lui lançant un regard assassin. J'ai regardé les avis, et il est très bien noté.
- On te fait confiance. Lui dit Joy en posant une main sur la sienne.
Les commandes d'apéritifs passées, la conversation tourne rapidement autour de la musique qui passe dans les haut-parleurs à côté de nous et nous partons dans un débat pour reconnaître de quelle symphonie de Mozart il s'agit. Et je fais de mon mieux pour ne pas me perdre dans les yeux bleus qui me font face.
Aucun de nous ne choisi d'entrée, nous passons tous directement au plat de résistance. Le restaurant est à mi-chemin entre le traditionnel et le gastronomique, mais chacun décide de prendre des valeurs sûres pour éviter d'être déçus par un repas trop audacieux.
Au fil du dîner, les insinuations vont bon train entre Louis et sa petite-amie pour nous faire remarquer des points communs improbables entre Joy et moi, confirmant mon idée de tout à l'heure de rendez-vous arrangé. Ne pouvant échanger de façon claire avec elle sur le sujet, je décide de lancer une discussion par messages.
Moi, 21:34 : « Toi aussi tu vois clair dans leurs sous-entendus ? »
Joy, 21:35 : « Comme le nez au milieu de la figure... Ils ne sont vraiment pas doués. »
Moi, 21:36 : « Il est temps de leur montrer qui mène le jeu. »
Joy, 21:36 : « Ok. Je te suis ;) »
Elle accompagne son dernier texto d'un discret clin d'œil.
- J'ai appris aujourd'hui que Carolin était de retour dans la capitale.
Louis et Ava se lancent immédiatement un regard inquiet.
- Et ? Me demande mon ami, pour que je développe.
- Elle m'a demandé si je voulais qu'on se revoit.
- Tu ne devrais pas hésiter une seule seconde ! S'exclame Joy.
Ravi de voir qu'elle entre dans le jeu, je surenchéris.
- Je n'ai pas hésité. Nous nous sommes revus, et je pense que l'on va reprendre notre relation là où on l'avait laissée.
- Quelle merveilleuse idée ! Ajoute Joy. Vous ne trouvez pas ?
Ava pose lourdement sa fourchette dans son assiette et s'essuie la bouche sans rien répondre. Je prends sur moi pour ne pas exploser de rire. Ma complice est quant à elle vraiment bluffante dans son rôle.
- Il est clair que vous êtes faits pour être ensemble. Continue Joy. Une fille qui fait preuve d'autant de modestie, ça ne se trouve pas à tous les coins de rues.
Joy, 21:39 : « J'en fais peut-être trop ? »
Moi, 21:39 : « Ils marchent. C'est l'essentiel. »
- Et toi, tu m'avais parlé d'un mec que tu devais revoir non ?
Je m'adresse bien évidemment à Joy, en espérant qu'elle rebondisse convenablement. Ava se tourne alors brusquement vers son amie et la fusille du regard.
- Un mec ? L'interroge-t-elle. Tu ne m'avais pas dit !
Joy joue les fausses innocentes.
- Oh, mais tu sais, ça n'a rien de bien sérieux. Explique-t-elle en jouant avec la pointe de son couteau sur la nappe. On prend juste du bon temps.
Louis manque de s'étouffer en avalant une gorgée de vin blanc. Qu'ils sont crédules.
- Du bon temps ?
Joy rejoint mon regard.
- Oui, il est... comment dire... plutôt avantagé par la nature. Ajoute-t-elle.
- Tiens donc ?
- Il créerait des complexes à n'importe qui en fait.
Je vois bien que la tournure de la conversation rend la pauvre Ava presque nerveuse. Elle ne digère pas l'idée que Joy lui ait caché une chose pareille.
- Bref, on a compris, tu prends ton pied ! La coupe-t-elle finalement, mettant fin au débat.
Joy, 21:44 : « Bien joué ! Comment je vais me dépêtrer de cette histoire maintenant ? Elle va me torturer pour savoir qui est ce dieu du sexe ! »
Moi, 21:45 : « Tu n'auras qu'à lui dire la vérité... »
Chose à laquelle elle ne répond pas et repose son portable près de son verre.
Le repas prend ensuite une tournure beaucoup moins gênante. Enfin, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que ma diablesse blonde ne se livre à un jeu malsain. Soudainement, un de ses pieds qu'elle a déchaussé en toute discrétion sous la table, vient se nicher contre la braguette de mon jean. Surpris par ce contact auquel je ne m'attendais pas, un sursaut s'empare de moi, provoquant un tremblement de toute la table. Les assiettes en porcelaine s'entrechoquent contre les couverts.
- Doucement malheureux. Me fait Joy en rattrapant son verre in-extremis.
Je tente de repousser son pied, mais elle le ramène constamment sur la couture de mon entre-jambes. Même si je fais de mon mieux pour ne rien laisser paraître, je jurerai que mon visage se crispe et j'ai toutes les difficultés du monde à ne pas la regarder avec insistance. Du calme Harry. Mais c'est trop tard, mon jean se sert face à ses sollicitations. Je me mets alors à concentrer mon attention sur le premier objet qui tombe sous mes yeux. Une chaise. Parfait. Rien de bien érotique dans une chaise. Enfin, c'est ce que je croyais. Mauvaise idée visiblement. J'ai bien trop conscience de ce qui nous serait possible de faire avec une simple chaise. Des visions d'elle au-dessus de moi sur une des chaises de mon salon la semaine dernière me rend la tâche bien plus ardue. Joy est décidément une excellente comédienne. Personne ne pourrait se douter en la voyant que son pied s'affaire à jouer avec mes nerfs. Si l'idée venait à Ava d'en faire de même avec Louis, elle trouverait la jambe de Joy en barrière sous la table et nous serions grillés en quelques secondes. La tension devient presque insupportable et elle finit enfin par lâcher prise, peu fière de ce qu'elle a réussi à provoquer chez moi. Pitié, faites que rien ne m'oblige à me lever.
Moi, 22:29 : « Tu es contente de toi ? »
Joy, 22:30 : « Plutôt oui. Tu n'avais qu'à pas me toucher les fesses tout à l'heure. »
Moi, 22:30 : « Comment veux-tu que je me calme maintenant ? »
Joy, 22:31 : « Penses à Carolin :) »
Peste. Louis semble remarquer que l'on est soudainement moins bavards, car plongés dans notre échange interposé.
- Je vais peut-être passer pour un vieux en disant ça, mais vous ne voulez pas lâcher vos portables deux minutes ? Nous demande-t-il.
Tels des enfants qui viennent de recevoir une réprimande, nous reposons tous les deux notre téléphone sur la table.
- Quelqu'un vient avec moi dehors ? Nous demande-t-il ensuite en sortant son paquet de clopes.
Sentant que je me suis à peu près calmé, je me lève pour l'accompagner et prend soin de tirer sur ma chemise, qui fort heureusement, est suffisamment longue pour cacher ce qu'il faut. Joy ne se gêne pas en revanche pour jeter un regard fureteur à cet endroit de mon anatomie. Louis demande à la serveuse s'il y a un endroit moins visible que la rue pour sortir fumer, et elle nous accompagne jusqu'à l'arrière cour, réservée normalement au personnel. Une fois dehors, je m'assieds sur un muret tandis qu'il allume sa cigarette debout face à moi.
- Alors comme ça, tu n'avais pas fait une croix sur ton ex ? Me demande-t-il.
- Non, comme tu vois, la vie réserve parfois des surprises.
J'espère qu'il ne va pas plus développer là-dessus. Je ne supporte pas mentir.
- C'est dommage. Ajoute-t-il. Il y a pourtant une autre blonde juste sous tes yeux et toi tu ne vois que la facilité de retomber dans les bras de quelqu'un que tu as connu.
Je me prends son attaque de plein fouet, mais ne réplique rien. J'aimerais tellement lui avouer que Joy et moi nous voyons depuis des semaines et que c'est un plaisir indicible. Cependant, impossible de le faire sans son accord à elle.
_____
Le repas prend fin à vingt-trois heures passées. Louis a tenu à régler l'intégralité de l'addition, car l'idée du restaurant venait de lui.
- Je te ramène ? Demande-t-il ensuite à Joy, alors que nous rejoignons la rue animée.
- Je la raccompagne.
Joy me regarde en tournant la tête d'un coup sec et lève les épaules pour acquiescer. Je vois bien l'air prétentieux sur le visage de Louis, qui se contente de cette petite victoire. Nous nous souhaitons bonne soirée et repartons chacun dans une voiture.
Étonnement, le trajet se fait dans le silence et en moins de cinq minutes, nous sommes arrivés à Paddington.
- Voilà, j'ai rempli ma part du contrat. Tu es chez toi.
Joy me regarde sans rien dire. J'ai comme l'impression qu'elle n'a aucune envie de rentrer chez elle. Sans quitter mon regard, elle glisse sa main sur la poignée sous le siège passager et l'actionne pour reculer. En quelques secondes, elle se retrouve assise sur les sièges arrières.
- Tu peux m'expliquer ce que tu fais ?
- À ton avis ? Renchérit-elle devant l'évidence de son envie.
L'obscurité domine l'habitacle et pourtant, Joy parvient à me faire ressentir une tension indescriptible. Pour moi, faire l'amour dans une voiture représente une situation bien trop risquée. Mais j'aime l'idée de braver mes limites avec elle. Je n'en reviens pas que cette fois-ci, ce soit moi qui me retrouve à scruter les environs avec une attention accrue. Voyant que je tarde à la rejoindre, elle commence à perdre patience.
- Harry, arrêtes de baliser. Me dit-elle en posant lourdement sa tête sur l'appuie-tête. Le quartier est presque désert et ta voiture a des vitres entièrement teintées. Personne ne nous verra.
Guidé par une pulsion intense qui m'empêche de lui résister, je finis par m'approcher d'elle. Joy s'écarte un peu pour me laisser m'asseoir.
- Ose-me dire que tu n'en as pas envie. Me susurre-t-elle tendrement à l'oreille.
- J'en ai envie depuis le début de la soirée.
À vrai dire, je ne pense qu'à ça depuis ce midi. Tout en me scrutant avec attention, elle passe ses jambes de part en part de mes cuisses et s'installe sur moi. Sa robe ne dissimule alors presque rien du bas de son corps. Je me tends à son contact et mes mains retirent délicatement sa veste, dévoilant ses magnifiques épaules nues.
- Tu vois, c'est un des autres avantages des voitures par rapport aux motos. Dit-elle tout en ondulant ses hanches contre moi. Sur une moto, impossible de faire ça.
- Ne me mets pas au défi, je risquerai de te surprendre.
Joy m'enlève ma veste de costume et commence à déboutonner ma chemise. Ses doigts s'attardent un moment sur le pendentif autour de mon cou, qui brille légèrement malgré la pénombre. J'ignore pourquoi, mais elle semble intriguée par cette croix qui m'accompagne tous les jours. Mes lèvres rejoignent les siennes pour la première fois de la soirée et je prends conscience du plaisir immense que notre baiser me procure. Comme si la sentir connectée à moi m'était devenu primordial. Je l'aide à se débarrasser de sa robe, comme elle m'a aidé à enlever mes vêtements. Dès l'instant où mes doigts entrent en elle, Joy se cambre en arrière, bombant sa poitrine en ma direction. Un léger gémissement lui échappe et ma main libre se plaque dans son dos pour l'empêcher de basculer en arrière. Je la regarde avec une telle intensité que je me sens presque coupable de la désirer autant. Nous ne sommes qu'amis après tout, non ? La main qui la soutient remonte lentement vers le haut et Joy ré-ouvre immédiatement ses yeux. Puis, sans que je ne dise quoique ce soit, elle agrippe mon avant-bras pour l'inciter à aller jusqu'à l'attache de son soutien-gorge, qui cède sous mes doigts. Sa poitrine nue s'offre à mes yeux et elle ne se cache plus.
- Tu es divine.
Son corps se met à trembler et des frissons apparaissent dans son dos. Joy s'agrippe fermement à moi et accompagne les mouvements de mes doigts par de légères remontées de haut en bas. Les yeux fermés, elle respire de plus en plus fort. Elle me captive. J'attrape mon pantalon à nos pieds, pour en sortir mon portefeuille.
- Comment se fait-il que vous ayez toujours des capotes sur vous ?
Je ne réponds rien et me contente de sourire à la recherche de l'objet en question. Bien que la position soit loin d'être confortable, nous finissons par trouver une technique pour parvenir à nos fins. Tout en prenant appuie sur le siège derrière moi, Joy se hisse sur moi dans une lenteur insoutenable. Mes mains rejoignent ses fesses pour lui offrir plus de stabilité ainsi que des instructions muettes sur les mouvements qu'elle doit adopter. J'attends un instant qu'elle soit parfaitement en contrôle pour accueillir ses descentes de vifs coups de bassin. Le plaisir ne tarde pas à prendre de plus en plus de place entre nous. Joy se déhanche avec une telle fougue que mes mains rejoignent de nouveau son dos lorsqu'elle adopte une position très arquée en arrière. Sur le point de défaillir, elle ne retient plus les cris de jouissance qui lui échappent. Son orgasme nous propulse tous les deux dans la vague du plaisir et Joy s'écroule contre moi, à bout de souffle. Comme coupé du reste du monde, je réalise subitement que nous n'avons pas fait preuve de discrétion sur les dernières minutes. Après un moment de délectation, Joy se redresse et rassemble nos vêtements pour que nous nous rhabillions.
- Vous prendrez bien un petit thé après tout ça ? Me demande-t-elle tout en tentant de remettre sa robe dans l'espace réduit de la voiture.
- Volontiers.
J'accepte son invitation à monter chez elle sans sourcilier. C'est la première fois qu'elle m'y invite. Jusqu'ici, je n'avais fait que la déposer au pas de la porte. Une de ses voisines, d'un certain âge visiblement, sort sur le balcon en la voyant arriver. Je lance un « Bonsoir » à la vieille dame et Joy me donne une tape aux fesses pour me faire entrer dans son appartement. Je comprends rapidement que l'entente entre elles ne doit pas être des plus cordiales.
Je m'étais fait une image de l'endroit où elle vivait pas très éloigné de la réalité. J'aime plus particulièrement l'ambiance bohème qui se dégage de sa chambre. Ça lui correspond parfaitement.
Comme prévu, Joy nous sert un thé et nous partageons un nouveau moment de complicité qui nous ait propre, entre éclats de rires et confidences.
- Tu restes dormir ? M'interroge-t-elle, en levant les yeux de sa tasse qu'elle encercle de ses mains au dernier moment. Je n'ai pas très envie de rester seule.
Bien évidemment, je meurs d'envie de partager une nuit de plus à ses côtés.
- Inutile de douter de ma réponse.
Joy me lance un sourire et termine son thé en silence.
- Mais je te préviens, je dors nu.
Elle laisse échapper un petit rictus.
- Tu rigoleras moins quand tu verras mon pyjama. M'affirme-t-elle en se dirigeant vers la salle de bain, probablement pour se changer.
Elle ressort quelques minutes plus tard, vêtue d'une horreur en flanelle rose.
- Mon dieu... C'est quoi ce truc ?
- Une combinaison licorne ! Je t'avais prévenu !
- Ça se vend ce genre de choses ?
- Arrête ! C'est hyper tendance !
- Je refuse de croire que tout le monde porte des pyjamas comme ça.
- J'ai trop de sex-appeal ! Et les piles sont fournies avec, je ne suis pas radine.
Elle me fait signe de la rejoindre dans sa chambre. Je me lève et souffle pour la taquiner.
- Ah ça, j'avais remarqué. D'ailleurs, il n'y a pas un moyen de les enlever des fois ?
Joy s'affale sur son lit et je commence à retirer mon costume pour la deuxième fois de la soirée. Elle va crever de chaud dans cette tenue. Je me glisse sous sa couette et me colle bien à elle.
- De toute façon, tu ne vas pas le garder longtemps ton pyjama.
Elle accueille ma venue en me laissant bien me caler contre elle, dans son dos. Puis, elle éteint sa lampe de chevet, qui nous plonge dans l'obscurité quasi-complète, hormis les éclairages des lampadaires qui nous parviennent du salon.
- Harry ?
Sa voix est déjà à demie-ensommeillée.
- Oui ?
- Tu veux me promettre une chose ?
Qu'est-ce qui peut bien lui passer par la tête ?
- Quoi donc ?
- Promets-moi de ne pas tomber amoureux de moi. Dit-elle à bout de voix.
- Mais qu'est-ce que tu vas inventer ?
Je suis pris d'un rire nerveux face à sa question.
- Je suis sérieuse. Promets-le moi.
Sa demande semble vraiment venir de loin. Je retrouve mon sérieux.
- D'accord. Je te promets de ne jamais tomber amoureux de toi.
Et comme si ma réponse l'avait libérée d'un poids, Joy trouve le sommeil en un instant.
_____
Au petit matin, je me réveille avant elle. Comme je l'avais prédit hier soir, elle n'a pas gardé longtemps son pyjama affreux et a dormi en sous-vêtements jusqu'à l'aube, où, pris par un nouvel élan de désir, nous avons refait l'amour.
De temps à autre, Joy parle dans son sommeil, mais, en général, elle n'émet que de simples gémissements. Parfois, elle remue pendant une minute, puis se blottit dans mes bras, comme si elle avait besoin d'un contact permanent. J'avais déjà remarqué ce comportement la première fois que l'on avait dormi ensemble. Mais quand je l'avais interrogée à propos de ses cauchemars le lendemain matin, elle m'avait dit qu'elle ne s'en souvenait pas, mais les ombres qui passaient dans son regard m'indiquaient exactement le contraire.
Pris par une furieuse envie de pisser, je repose délicatement son bras sur le matelas. Elle grogne légèrement, mais n'ouvre pas les yeux. Alors que je fais de mon mieux pour me glisser hors du lit sans la réveiller, un bruit de porte qui s'ouvre dans la pièce d'à côté la sort en sursaut de son sommeil.
- Coucou c'est moi !
Ava. Génial. J'ai bien fait d'avoir l'idée de garer ma voiture plus loin, sinon elle nous aurait tout de suite démasqués. Debout dans la chambre, je ne sais clairement plus où me mettre, d'autant plus que la porte est entre-ouverte. Joy me fait signe de me taire et enfile un peignoir pour rejoindre son amie. Elle referme après elle.
- Eh ! Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt ! Lui dit-elle d'une voix enjouée pour quelqu'un qui vient de se lever.
- Je suis de service chez Muriel's ce midi, j'avais oublié mon uniforme. Explique-t-elle avant d'enchaîner à voix basse. Pourquoi ? Tu es avec quelqu'un ?
Gloups. Joy semble réfléchir un instant avant de lui répondre.
- Hem... oui, tu sais, ce gars dont nous avons discuté hier soir...
Le début de sa phrase me donne envie de la compléter par un « Et bien en réalité, c'est Harry », mais rien de tel ne franchit vraiment sa bouche.
- Il est dans mon lit en ce moment. Finit-elle.
- Oh je vois... Ajoute Ava à demi-mot.
Des bruits de pas précipités résonnent sur le parquet et un instant, je crains qu'elle ne vienne jusqu'ici, alors que je me tiens complètement nu derrière la porte. Mais non, elle doit probablement récupérer ses affaires avant de repartir.
- Passe une bonne journée ! Lui lance Joy.
La porte de l'appartement se referme lourdement et elle revient vers moi au pas de charge.
- C'était moins une... S'exclame-t-elle avant de baisser son regard. Tu ne t'es même pas habillé entre temps ?
- Non.
- Et si l'envie lui avait pris de venir voir qui était ce mystérieux gars dans mon lit ?
- Ava n'aurait jamais osé.
- Oui, tu as raison.
J'ignore encore jusqu'où iront nos entrevues secrètes. Ni combien de temps cela va durer. Mais de toute évidence, le temps va faire que cela va devenir de plus en plus compliqué de cacher à nos amis que nous couchons ensemble. Pour le moment, je ne conçois pas que tout prenne fin. Alors si Joy veut que nous continuions à nous voir en toute discrétion, nous poursuivrons ainsi. L'idée d'avoir ce secret entre nous me plaisait bien à moi aussi. Au début. Sans doute a-t-elle besoin d'entrevoir les choses sous cet angle moins officiel pour se sentir davantage elle-même. Elle ne retire peut-être pas la même satisfaction lorsque la dimension de « couple » devient manifeste. Je sais que Joy est loin d'être parfaite. Mais bizarrement, je ne veux pas qu'elle le soit.
_____
Nous avons traîné au lit une bonne partie de la matinée jusqu'à ce que je me décide à la laisser. Joy avait prévu de voir des amis à elle -à propos de qui je me suis retenu de demander s'il s'agissait d'amis du même sexe- et quant à moi, ma sœur n'a cessé de me harceler pour que l'on se voit.
Nous avons convenu de nous retrouver au restaurant indien dans lequel nous avons nos habitudes à Camden, après qu'elle ait insisté sur un point essentiel pour elle : mettre le nez dehors. Je crois qu'elle commence à se sentir enfermée chez elle, seule avec le petit, alors que Lucas est en déplacement en France pour son boulot. Quand j'en ai parlé à Joy avant de partir, elle m'a glissé un flacon de gel antiseptique dans la poche, pointant du doigt qu'il fallait être vigilants de ne pas transmettre de microbes au bébé. Je n'ai pas pu m'empêcher de me moquer d'elle qui prétend toujours être répugnée par les enfants. Chose qu'elle a surligné comme n'étant que de la prévention propre à son métier.
Gemma arrive peu de temps après moi. Si j'avais su qu'elle serait venue à pieds, je serais passé chez elle, quitte à faire un énorme détour. Je me lève pour lui ouvrir la porte du restaurant et la laisse passer avec son imposante poussette. On discerne à peine Noa sous l'amas de couvertures.
- J'adore quand tu portes ce genre de chapeau ! Me fait ma grande-sœur en s'approchant de moi.
Je l'enlace chaleureusement, puis soulève avec minutie le capot.
- Tu es sûre que tu n'as pas oublié ton fils à la maison ?
- Non, je t'assure, il est bel et bien là. M'affirme-t-elle en enlevant quelques épaisseurs de tissus, laissant apparaître mon neveu paisiblement endormi. Il a fait ses vocalises dans le métro.
Je sens une pointe d'agacement dans sa voix. Maintenant qu'elle retire ses lunettes de soleil et que je la vois plus à la lumière, je m'aperçois qu'elle subit les conséquences d'un manque de sommeil évident.
- Pourquoi tu n'es pas venue chez moi le temps que Lucas rentre de Paris ?
Je me rends compte presque aussitôt du problème que cela aurait pu poser par rapport à Joy.
- Et tu te serais levé la nuit pour l'allaiter ? Réplique-t-elle avec une mine amusée. Ça n'aurait pas changé grand-chose au problème. Mais c'est gentil de ta part.
En voyant Noa qui s'étire tranquillement et s'assoupit aussitôt après, j'ai du mal à me dire que c'est cette petite chose qui lui cause tant de soucis.
- Il paraît pourtant tellement sage à chaque fois que je le vois.
- C'est parce qu'il ne veut pas te dégoûter trop vite. Répond-t-elle en souriant.
Même si elle semble épuisée, je sais bien qu'il lui apporte une immense fierté au quotidien.
- Au fait, j'ai apporté la caisse de transport de Olivia. Me dit-elle tout en feuilletant la carte à même la table.
- Pourquoi ça ?
- La récupérer tiens. Répond-t-elle en haussant les épaules.
- Tu ne penses pas que ce soit un peu tôt ? Je veux dire, ça se prépare ce genre de choses.
- Mon chat me manque.
- J'aurai au moins pu la préparer en lui disant qu'elle allait revenir dans une maison où elle n'aura plus sa place de petite préférée.
- Tu l'as pourrie gâtée pendant un mois je suis sûre...
- Pas du tout.
- La discussion est clause. Je récupère mon chat aujourd'hui.
Ça fera au moins une heureuse. En revanche, si Joy continue d'égarer des affaires à elle chez moi après le départ du chat, elle n'aura pas d'autres excuses et sera forcée d'admettre qu'elle les perd toute seule. Je dois probablement avoir l'air ailleurs, car quand je relève les yeux vers Gemma, elle me scrute avec attention.
- Ça ne va pas ? Me demande-t-elle.
- Si, tout va bien.
- Arrête, je te connais par cœur. Ça se voit que quelque chose te travaille.
Comment fait-elle pour être toujours si perspicace ? Comme si elle décryptait mes humeurs sans que je n'ai besoin de dire le moindre mot.
- Laisse-moi deviner... Commence-t-elle en plissant les yeux. Ça concerne une fille.
Touché. Ce n'est d'ailleurs pas une question, mais une affirmation. Je me retrouve dans l'incapacité de lui raconter des histoires. Contrairement à Louis, elle saurait tout de suite que je l'embobine.
Au pied du mur, je me retrouve rapidement à lui raconter toute l'histoire à partir de cette soirée en boite de nuit, il y a plus de trois semaines. Le même soir que la naissance de Noa. Elle m'écoute avec attention. Seuls ses yeux expressifs me montrent qu'elle est surprise que je me sois embarqué dans une aventure sans sentiments. Enfin, je ne suis plus très sûr de cette dernière partie.
- Je suis paumé.
- Je vois ça oui... Commente-t-elle pour la première fois depuis mon monologue.
- Le souci principal est que nous sommes amis.
- Bien-sûr... Souffle-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Enfin, c'est comme ça que Joy nous voit.
- Harry, elle est peut-être compliquée, mais elle n'en reste pas moins une femme. Vous vous êtes juste lancés dans une relation trop ambiguë.
- Tu me conseilles quoi ?
- Je n'en sais rien, mais d'après ce qui ressort de ce que tu me dis, les cartes sont entre tes mains.
- Pourquoi les miennes ? C'est elle qui résiste.
- Justement, à toi de lui prouver par A plus B qu'elle doit lâcher prise. Si Joy est telle que tu me l'as décrite, elle doit valoir le coup que tu t'accroches. N'abandonne pas.
Le silence s'installe entre nous suite à son explication.
- Quand as-tu appris à être de si bon conseil ?
- Je crois que c'est ce qui se produit quand vous avez un petit frère qui outrepasse son rôle pour vous protéger en permanence.
- Ah bon ? Je suis si chiant que ça ?
- Est-ce que je dois te rappeler comment tu avais été exécrable avec Lucas lors de notre premier rencard ?
- Quelle idée aussi de l'inviter à l'un de nos concerts pour un premier rendez-vous.
Je me souviens effectivement avoir été vraiment infecte avec lui. C'était d'ailleurs dans une salle à quelques rues de là où nous nous trouvons, pour un festival organisé par Apple. Je n'avais d'ailleurs pas résisté à en faire part au public ce soir là, au grand damne de Gemma.
_____
*** Quatre ans plus tôt. ***
Depuis ce matin, nous enchaînons les interviews à un rythme effréné. Le titre de notre cinquième album, qui sort dans quelques semaines, vient tout juste d'être dévoilé, et les journalistes se battent pour décrocher la moindre information croustillante le concernant. En plus d'une journée déjà bien chargée, nous poursuivons directement ce soir avec un concert dans une salle mythique de Londres : Le Roundhouse de Camden. Le contraste entre les stades que nous avons l'habitude de remplir et cet endroit au public réduit nous rend encore plus nerveux. Et comme si cela ne suffisait pas, c'est précisément ce soir que Gemma a choisi pour me présenter quelqu'un. Qu'elle tienne à le faire de façon aussi officielle me laisse penser que cette personne est loin d'être un simple « ami ». La maligne, elle pense peut-être que mon esprit se focalisera plus sur notre performance à venir que sur lui, mais c'est raté.
J'attends alors patiemment en loges qu'elle vienne faire les présentations, mais les autres se moquent déjà de moi.
- Rappelle-moi ton âge et celui de Gemma ? Me taquine Liam qui tente de raisonner mon discours bien trop protecteur à son goût.
J'ai peut-être trois ans de moins qu'elle, mais je n'y peux rien, personne ne sera jamais suffisamment bien pour ma sœur.
- Tu vas lui foutre la honte. Rajoute Niall. Regarde Louis, il ne dit rien à ses sœurs et pourtant, elles ramènent souvent leurs copains.
- Vous m'emmerdez, je fais ce que je veux. Libre à moi de juger si ma sœur peut fréquenter quelqu'un.
- Et ? Surenchérit Niall.
- Et la réponse est non !
- Mais tu ne l'as même pas encore vu ! S'indigne Liam.
À ce moment-là, Gemma fait son apparition au loin, avec sur ses talons, un type brun, à peine plus grand qu'elle. D'ici, je n'aperçois pas vraiment son visage. Je vois juste qu'il porte un t-shirt à l'effigie du groupe -plutôt cool- Foo Fighters. Pour le moment, j'avoue que c'est un bon point. Ma sœur est arrêtée quelques minutes à l'entrée des loges par Lou, notre coiffeuse et accessoirement amie de longue date. Puis, elle finit par venir vers nous, après que Lou lui ait glissé un mot à l'oreille en me regardant. Traîtresse. Gemma et son invité ne se démontent pas pour autant. Affichant une gaîté maladive, je ne peux m'empêcher de lui rendre son sourire quand elle s'avance vers moi.
- Harry, je te présente Lucas. Lucas, voici Harry, mon petit frère.
Elle insiste bien sur le mot « petit », comme pour me faire entrer dans le crâne que je ne devrais pas me comporter comme le plus vieux de nous deux. Il me tend la main et j'en fais de même, non sans une certaine réserve.
- Ravi de faire ta connaissance. Me dit-il. C'est légèrement intimidant comme cadre pour une première rencontre.
Parce que tu penses que l'on sera amenés à se revoir ?
- Vous vous connaissez depuis longtemps Gemma et toi ?
Oui, c'est ce qui m'est passé par la tête en premier. Ma sœur lève les yeux au ciel.
- Harry...
- Quoi ? Ce n'est qu'une simple question.
Il finit par me répondre.
- Disons que nous avons été amenés à collaborer sur pas mal de projets récemment et...
Il se gratte nerveusement la tête.
- Et des liens se sont créés visiblement. Termine Gemma, pour le sortir du pétrin.
Ok, ça ne répond pas à ma question... J'exagère. Il n'a pas l'air bien méchant, et les regards complices qu'il échange avec ma sœur paraissent sincères. Après tout, s'il la rend heureuse, c'est le principal. Comme je ne dis toujours rien, je sens qu'une légère gène s'installe. Il est temps de détendre l'atmosphère. Même si Lucas parle parfaitement anglais, j'ai cru discerner un léger accent.
- Tu ne serais pas français par hasard ?
Il acquiesce d'un signe de tête avec un regard suspicieux. Fier d'avoir vu juste, je réplique et mon visage change immédiatement d'expression.
- Ça tombe bien, je parle très très bien français.
Je m'éclaircis la voix et déjà ma sœur se prépare à me bondir dessus. Je commence tout de même.
- Je suis allé au cinéma...
- Ah non Harry. Me coupe Gemma en soupirant. Tu ne vas pas commencer.
Elle se tourne vers son rencard en parlant tout bas.
- Il ne connaît qu'une seule et unique phrase en français... Et je ne sais toujours pas à quoi ça lui sert.
La situation prête à sourire, mais je décide de ne pas la laisser s'en tirer comme ça. Sachant pertinemment qu'elle a dû mettre un temps fou à se préparer, j'ébouriffe sa chevelure parfaitement coiffée pour me venger de sa moquerie.
Le mouvement s'accélère soudainement en coulisses, preuve que nous allons bientôt commencer.
- Bon. C'est pas tout, mais y en a qui bossent.
- Ouais, tu ferais mieux d'aller te préparer. Me dit ma sœur en tentant de se recoiffer. Parce que ta chemise rose à pois blancs là, ça ne va pas du tout...
Elle risque donc d'être surprise en me voyant monter sur scène dans quelques minutes, car c'est précisément cette tenue que j'ai choisie de porter ce soir.
Pendant le show, je n'ai pas pu m'empêcher d'en rajouter une couche les concernant. Je sais que Gemma va me faire la peau, mais la situation est trop tentante. Entre deux chansons, je profite de mon temps de parole pour jouer le frère lourd encore une fois.
- Désolé si je suis un peu distrait ce soir. Ma sœur est venue avec son rendez-vous galant, et j'essaie de garder un œil sur eux.
Je fais les cent pas et tente de les apercevoir aux gradins, mais les lumières des spots me gâchent le plaisir de voir leur réaction.
- Ils sont quelque part là, dans la foule. Un peu de tenue s'il vous plaît, c'est dégouttant.
Même si la tournure de ma phrase est teintée d'humour, au fond de moi, je suis persuadé que Gemma ne m'a pas présenté Lucas pour rien. Jamais jusqu'ici elle n'a prit le temps de le faire avec aucun de ses ex, preuve sans doute qu'il a une place différente pour elle. À moi maintenant de me mettre en tête que la deuxième femme de ma vie est suffisamment adulte pour décider de son avenir. Et en marquant publiquement cette étape de sa vie, je sais qu'elle en gardera un amusant souvenir.
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