Chapitre 29
♫ « Stockholm Syndrom » - One Direction ♫
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Louis
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Je martèle mes pieds en rythme sur la musique qui sort des hauts parleurs de mon ordinateur et qui emplit tout mon appartement. L'envie de composer m'est revenue depuis quelques jours et j'occupe essentiellement mes journées à pianoter ce qui me passe par l'esprit et à faire des arrangements sur des logiciels de mixage. Et je dois dire que tout cela sonne plutôt bien. En tout cas, je suis satisfait de me plonger de nouveau dans cet aspect créatif qui ne faisait plus partie de ma vie depuis des mois. Pour l'instant, je me suis surtout concentré sur la musique, mais je sais que j'ai tout un tas d'ébauches de paroles qui n'attendent qu'à être exploitées. Je n'ai vraiment aucune idée quant au devenir de ces titres, mais toujours est-il que mettre en note ce qui vous trotte dans la tête procure un bien fou. Je distingue à peine les vibrations de mon portable sur le bureau parmi le vrombissement des basses que j'ai poussées à l'extrême.
Harry, 17:28 : « T'es chez toi ? »
Moi, 17:30 : « Plus pour longtemps. Pourquoi ? T'es dans le coin ? »
J'ai promis à Ava d'aller la chercher à son boulot un de ses quatre. Et ce soir me semble être le soir idéal étant donné que nous ne nous verrons pas beaucoup ce week-end. D'autant plus qu'elle est vraiment exténuée par sa semaine qui se termine bientôt et que les transports en commun ne sont pas de tout repos vu toutes les lignes de métro qu'elle doit emprunter pour se rendre chaque jour à l'autre bout de la ville.
Harry, 17:31 : « Ouais. Je monte deux minutes si ça ne te dérange pas. »
Je ne lui réponds pas. La réponse est évidente et je sais très bien qu'il montera quand même. Il est sans doute déjà dans l'ascenseur en ce moment. J'ignorais qu'il était de nouveau à Londres. Aux dernières nouvelles, il était je ne sais plus où en Italie pour soutenir sa belle des podiums. Je baisse le volume de la musique et l'entends frapper quelques instants après. Qu'est-ce que j'avais dit ?
- Entre !
La flemme de bouger pour lui ouvrir.
- Salut. Tu es tout seul ? Me demande Harry en refermant la porte derrière lui.
- Oui. Comme tu peux le voir.
Il s'installe dans mon canapé.
- Qu'est-ce qui t'amène ?
Il semble réfléchir un instant à ce qu'il va dire.
- Il faut toujours une raison pour passer voir un pote ? Me demande-t-il.
Je coupe complètement le logiciel après avoir enregistré mes pistes et attends qu'il me dise la raison qui l'a vraiment fait se déplacer jusqu'à Soho en plein milieu de l'après-midi.
- Viens en au fait, j'ai pas toute la journée.
Il se lève et se dirige vers la fenêtre pour regarder dehors. Son comportement est très étrange. Il semble à plusieurs reprises vouloir me demander quelque chose, mais se rétracte la seconde suivante. Il se décide enfin à me dire ce qui le tracasse.
- Tu... Enfin, je veux dire... Vous sortez ce week-end avec Ava ?
Alors là, je comprends encore moins où il veut en venir.
- Tu es venu jusqu'ici pour me demander ça ?
- Ben c'est que...
Il ne termine pas sa phrase. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il lui prend d'être comme ça ? Il a une meuf, mais qu'il la sorte.
- Vous n'avez pas de plan avec ta copine ? En même temps, vu le fiasco de la dernière soirée avec elle, je doute que Ava et son amie aient très envie de la revoir.
Je ne mâche pas mes mots, mais autant être honnête après tout. Carolin n'avait fait bonne impression à personne ce soir là.
- J'ai rompu avec elle la semaine dernière. M'explique-t-il.
- Ah d'accord. Ravi de l'apprendre. Enfin, je veux dire... Je ne suis pas ravi de votre rupture mais...
- T'en fais pas, j'ai saisi. Me coupe Harry. Personne ne l'appréciait vraiment.
C'est le moins que l'on puisse dire en effet.
- Et donc, pour répondre à ta première question, nous ne sortons pas ce week-end puisque Ava reçoit ses parents. Elles font une sorte de repas avec sa coloc'.
Harry reste me dévisager comme si je venais de lui annoncer une terrible nouvelle.
- Ah, ça sent les présentations officielles... Me dit-il en me donnant une tape amicale dans le dos.
Oh putain, merde. C'est vrai que je n'y avais pas pensé. Vue la tête que tirait Harry il y a dix secondes, je ne m'attendais pas à ce qu'il rebondisse là-dessus, mais plutôt sur mon manque de projet pour après-demain.
- Nous n'en avons pas vraiment parlé en fait. Mais pourquoi pas.
- Bon, on ne fait rien du coup ?
Mon ami sort un tabouret de sous le bureau et s'assoie à mes côtés. Ça semble l'emmerder que les filles ne soient pas disponibles ce week-end.
- On peut toujours sortir entre mecs.
Il pivote de gauche à droite sur son siège comme s'il étudiait ma proposition. Mais sans rien dire, il se lève et se dirige vers le canapé, où il a laissé ses clés de voiture.
- Ça ne fait rien. Oublie. Finit-il par dire avant de ne repartir de là où il est venu.
- D'accord. Tu sais que tu aurais été aussi rapide à me demander tout ça par texto ?
- Ouais, désolé de t'avoir dérangé. Tu me tiens au courant si jamais quelque chose se profil à l'horizon.
- Ça me paraîtrait étonnant que l'on sorte avec ses parents. Mais sait-on jamais...
- Ok. Parfait.
Puis il repart, tel un courant d'air. J'ai comme le sentiment qu'il ne me dit pas tout. Vraiment bizarre. Ça ne ressemble pas à Harry de ne pas aller au fond de ses pensées. Je jette un coup d'œil à l'heure qu'affiche mon Mac. Il va être temps que je parte.
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Durant la semaine passée loin de Ava, je me suis ennuyé d'elle. Comme si sa présence m'était devenue essentielle. Et depuis qu'elle a commencé son nouveau travail et que nous ne pouvons pas nous voir la journée, je me prends cette constatation en pleine face. Je tombe lentement et lamentablement amoureux d'elle.
Samedi dernier, alors que nous venions de faire l'amour, j'ai laissé échapper qu'elle était belle, alors qu'elle m'expliquait quelque chose sur son métier. Je suis incapable de me souvenir exactement de quoi elle parlait. Tout ce que je voyais à cet instant étaient ses lèvres pulpeuses et naturelles qui me donnent sans cesse l'envie de l'embrasser. Alors c'était sorti comme ça, le plus simplement du monde : « T'es belle ». Ses joues avaient alors pris une couleur légèrement rose. Ça l'avait troublée et elle avait eu du mal à reprendre la parole. C'est à ce moment précis que je me suis rendu compte que je commençais à m'attarder vraiment sur ces petits détails qui peuvent paraître insignifiants, mais qui ont tant d'importance lorsque quelqu'un commence à compter à vos yeux.
Mon GPS m'a fait passer par des pseudos raccourcis, mais au final, les rues en travaux ont fait que j'ai tourné en rond pendant plus d'un quart d'heure avant de finalement trouver la rue dans laquelle se trouve l'entreprise Bread Collective. Je me gare à quelques mètres de l'entrée et sort de la voiture pour qu'elle ne me rate pas en sortant. Je comprends mieux Ava quand elle me parle de l'atmosphère reposante du quartier. J'aurai tendance à dire que c'est même plutôt mort dans le coin. En tout et pour tout, il y a un kebab, un bureau de poste et ce qui semble être d'autres bureaux. Au moins, je suis sûr de ne pas me faire remarquer dans cette rue déserte.
Quelques minutes après mon arrivée, Ava fait son apparition, vêtue d'un chemisier fleuri et d'une jupe lui arrivant au-dessus du genou. Elle recherche quelque chose dans son sac et ne remarque pas tout de suite ma présence. Un homme un peu plus âgé la succède. Probablement Phil, ou Dan, ou Dean... Je ne sais plus très bien. Vu comment elle me le décrit, je le voyais plus « nerd », voir puceau. Mais il est plutôt présentable au final, ce qui provoque en moi une légère pointe de jalousie lorsqu'il la prend dans ses bras pour lui dire « À demain Ava ». J'arque un sourcil et finit par tousser pour qu'ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas seuls dans la rue. Ava lève la tête en ma direction et la surprise se lit instantanément sur son visage. Elle congédie poliment son collègue, s'assure qu'il ne la regarde plus, puis, se précipite sur moi, me laissant à peine le temps d'écraser ma clope à peine entamée sur le bitume. Elle se hisse sur la pointe des pieds, se colle contre mon torse et m'embrasse. Je savoure quelques instants ce moment en enroulant mes bras autour d'elle comme pour la garder prisonnière.
- Bonsoir trésor.
- Bonsoir. Me répond-t-elle avec un énorme sourire.
Elle appose de nouveau un délicat baiser sur mes lèvres avant de ne retrouver la Terre ferme et de réajuster sa jupe que j'avais légèrement fait remonter.
- Alors comme ça, on enlace ses collègues de boulot après seulement un mois dans l'entreprise ?
Ava semble prise au dépourvu, mais à en juger par son œil qui brille, je suis certain que sa réponse piquante ne se fera pas attendre.
- Il faut croire que j'ai vite su me faire adopter...
- Tu m'étonnes.
Il va falloir que je vienne la chercher plus souvent. Elle appose son front contre le mien, et son regard perçant ôte immédiatement mes doutes. Une manière pour elle de me montrer que je n'ai aucun soucis à me faire.
- Tu ne m'avais pas dit que tu venais. J'aurai pu venir chez toi en métro, tu sais. Enchaîne-t-elle.
- Il va falloir t'habituer aux surprises. Ça ne te fait pas plaisir ?
- Bien-sûr que si. C'est juste que ça te fait de la route.
- Je t'avais dit que je viendrai un jour. Je tiens toujours mes promesses.
Je passe mon bras autour de ses épaules pour l'accompagner jusqu'à ma Porsche un peu plus loin. Je décide d'y aller au feeling pour le retour et ne rallume pas mon GPS, qui de toute façon me perd plus qu'autre chose. La nuit tombe progressivement sur la ville et la circulation se fait plus dense. Habituellement, je peste dans ce genre de situation. Les bouchons sont vraiment ce que je déteste le plus dans le fait de vivre au centre de la capitale de ce pays. Mais avoir Ava à ma gauche radoucit mon humeur et l'écouter me raconter sa journée fait passer le temps plus vite. Au fil des minutes, elle se fait de moins en moins loquace. C'est alors que je me rends compte qu'elle pique du nez et s'enfonce de plus en plus dans le fauteuil. Même si le vieux tube de Ed Sheeran qui passe à la radio ne la sortira pas de son sommeil, je descends tout de même un peu le volume. La voir si paisible ne donne pas envie de la perturber.
Putain, faut pas perdre patience, ça ne bouge pas d'un pouce. Probablement un con qui s'est cartonné en bagnole. C'est monnaie courante ici. Totalement à l'arrêt depuis plusieurs minutes, je sors mon portable de la poche de mon jean. Mes vieilles habitudes refont surface. Lorsque je ne sais pas comment m'occuper, je lance directement les réseaux sociaux. Et plus particulièrement, Twitter. Depuis que les journaux ont enfin eu des photos de Ava et moi main dans la main il y a de cela une quinzaine de jours, tout le monde cherche à savoir qui est cette mystérieuse brune qui m'accompagne. Mais je pense les faire languir encore un peu. Une phrase d'une de nos chansons me vient alors à l'esprit et m'apparaît comme une façon subtile et abstraite de faire mon retour sur la plate-forme. Les gens pourront y voir ce qu'ils veulent.
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Louis Tomlinson @Louis_Tomlinson · 25 avril
Baby look what you've done to me.
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Hop. Débrouillez-vous avec ça.
Après une bonne heure de trajet, nous arrivons enfin à Soho. Je gare ma voiture dans le parking sous-terrain de mon immeuble et commence à réveiller tranquillement Ava en caressant sa joue du revers de la main.
- On est arrivés.
Elle ouvre les yeux tout en inspirant un grand coup. Un peu perdue au début, elle finit par replacer les choses dans leur contexte.
- J'ai dormi longtemps ?
- Suffisamment pour baver contre l'appui-tête.
Évidemment, je la fais marcher. Elle rougit en vérifiant tout de même les coins de sa bouche.
- Très drôle. Réplique-t-elle.
Lorsque nous montons à mon appartement, la nuit est totalement tombée. Seuls les éclairages de la rue qui commence à s'animer percent à travers les fenêtres de la pièce de vie. J'allume les spots de la cuisine et sort une bouteille d'eau fraîche du réfrigérateur. Ava dépose ses sacs sur un fauteuil du salon.
- Tu as amené tes affaires pour demain ?
Nous ne nous étions pas clairement dit qu'elle passerait la nuit ici, mais à en juger par le gros sac qu'elle a pris en plus de son sac à main habituel, j'en déduis qu'elle a prévu son coup. Et ce n'est pas pour me déplaire.
- Je me suis dit que j'aurais sûrement la flemme de rentrer...
- Tu as bien fait.
Elle me renvoie un sourire, puis s'assoie autour de l'îlot central pour boire quelques gorgées de son verre.
- Tu as l'air épuisée.
- J'ai une sale tête c'est ça ?
Oh que non.
- C'est juste que tu parles juste moins que d'habitude.
- Je crois que j'ai besoin d'une bonne douche pour me détendre.
Sinon, je connais autre chose qui pourrait te permettre de te détendre.
- Fais comme chez toi, je m'occupe du repas.
Mon smartphone n'arrête pas de vibrer dans ma poche. Les notifications ne se sont pas faites attendre. Je le mets sur silencieux et le pose sur le plan de travail. J'y jetterai un œil tout à l'heure. Ava semble l'avoir remarqué, mais ne m'a rien demandé à ce sujet. Je sais qu'elle n'est pas particulièrement connectée. Elle attrape ses affaires pour prendre possession de la salle de bain du bas.
- Je fais vite. Me dit-elle tout en refermant la porte derrière elle.
Je ne comprends pas ce réflexe qu'elle a de toujours s'enfermer lorsqu'elle prend sa douche. Ce n'est pas comme si son corps m'était inconnu après tout. C'est certainement une habitude qu'elle a prise avec la vie en colocation.
Apparemment, ma petite déclaration sur Twitter a fait l'effet d'une bombe. Et mes petites sœurs me bombardent de textos pour me reprocher de ne pas les avoir mises au courant avant tout le monde. Je sens que je vais en entendre parler longtemps. J'ignore totalement si Ava se rend compte des retombées médiatiques que provoque notre couple. Tout ce que j'espère, c'est qu'elle ne sera pas affectée par cette situation hors du commun.
Elle finit sa douche juste au moment où je dresse les assiettes. Ça ne ressemble à rien, comme d'habitude. Mais je sais qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur. Elle revient vers moi, vêtue d'un simple t-shirt et de leggings noirs. Et même comme ça, elle est divine. Nous sommes toujours dans un jeu de séduction l'un envers l'autre, mais nous avons franchi un autre stade. Elle sait très bien qu'il lui ait inutile d'avoir recours à des tonnes d'artifices pour me plaire.
- Tu n'es pas trop emmerdée au boulot depuis les photos dans la presse ?
- Je ne peux pas dire que ce soit dérangeant. Répond-t-elle. Et puis, je savais pertinemment où j'allais quand je me suis décidée à ne plus rester dans l'ombre.
C'est pas faux. Je suis d'ailleurs ravi que cette décision ait été la sienne.
- Tes collègues ne te charrient pas trop au boulot ?
- Non ça va, je crois qu'ils sont loin de tout cela. L'atmosphère est très studieuse tu sais.
- Oui, j'ai cru voir ça.
Si on en oublie les collègues qui te prennent dans leurs bras. Finalement, le repas n'est pas trop mauvais. Je commence à être doué pour choisir des plats chez le traiteur du coin. Je me demande si son planning de ce week-end prévoit de m'inclure quelque part lors de la visite de ses proches. Si ça se trouve, son meilleur-ami va décider de se joindre au voyage. Elle reste toujours très évasive à son sujet depuis la dernière fois.
- Tu dois avoir hâte de revoir tes parents. Vous avez prévu quoi ?
- Ils arrivent samedi en début d'après-midi et je pense que l'on visitera un peu la ville. Ils mangent à l'appartement le soir, dorment dans un petit hôtel à Paddington et dimanche je ne sais pas encore quoi leur proposer.
- Ils sont au courant pour toi et moi ?
- J'ai averti ma mère que je voyais quelqu'un, mais elle ignore encore qui tu es. Enfin, je veux dire, elle ne sait pas que tu es célèbre.
Au final, je crois que je n'aurai rien contre le fait de les rencontrer. Les paroles de ma mère lors de mon passage à Doncaster m'ont fait prendre conscience que ça ne servait à rien de vouloir à tout prix garder secret notre histoire. Mais j'ignore si Ava est prête de son côté. Je ne préfère pas brusquer les choses. Si ça doit arriver, je pense que ça se fera très naturellement. Et me voilà rassuré, pas de Alex à l'horizon.
Ava saisit son téléphone à l'autre bout de la table.
- Je vais peut-être dire à Joy que je ne rentre pas ce soir. Elle serait capable de ne pas verrouiller la porte.
Elle est toujours si prévenante avec les gens qui l'entourent. Elle lance l'appel et met le haut parleur pour continuer de manger.
- Coucou toi ! S'écrit Ava lorsque son amie décroche.
- Salut ma petite beauté ! Si tu m'appelles à cette heure-ci, j'en conclus que tu ne rentres pas ?
- Je pense que ça va faire tard, donc je reste dormir chez Louis.
- Pas de soucis ! Eh, je viens de faire une lessive. Tu ne m'avais pas dit que t'étais achetée des petites culottes en dentelles. Où tu les as trouvées, elles sont canons !
Le visage de Ava se décompose. Moi, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Son amie est vraiment géniale.
- Tu es sur haut parleur... Chuchote-t-elle, comme si le fait de parler tout bas allait inciter Joy a en faire de même.
- Oh c'est bon ! On sait pour qui tu les as achetées ! Réplique la brute de décoffrage au bout du fil.
Ava s'empresse de mettre fin à cette discussion qui semble la troubler. J'adore quand elle est comme ça.
- Bref, tout ça pour dire qu'on se voit demain soir après mon boulot. Conclut-elle.
- Ouais, ouais. Passez une bonne soirée. Tu me raconteras tout en détails, comme d'habitude.
Ava lève les sourcils en l'air et se disculpe de toute accusation en me faisant « non » de la tête. J'ai vécu entouré de femmes, on ne me la fait pas. Elle raccroche après quelques échanges au sujet de leurs courses de demain, puis me regarde, toujours avec cette expression innocente sur le visage.
- Je t'assure que je n'ai aucune idée de quoi elle parle quand elle dit que je lui raconte tout en détails.
- Ce sont vos trucs à vous, ça ne me regarde pas. Tant que tu es honnête dans tes propos, ça me va.
- Je ne suis pas du genre à déformer la réalité.
Rien qu'au ton de sa voix, je sais que la soirée va prendre une toute autre tournure dans quelques instants. Surtout si elle persiste à arborer un regard de biche effarouchée comme en ce moment. Un rien chez elle peut me faire perdre tous mes moyens. Je crois que cette nuit, le verbe « dormir » va rester une option.
_____
Mon sommeil se dissipe doucement à l'instant où je réalise que je ne suis pas seul dans mon lit. Le manque de sensation dans ma main droite m'oblige à constater que le corps nu de ma petite-amie repose sur mon bras engourdi. Ava commence à bouger tandis que je me rapproche d'elle. Sa respiration se fait moins audible, m'indiquant qu'elle sort elle aussi de son inertie. La sensation de mon érection matinale contre ses fesses ne semble pas lui déplaire, si j'en juge par le petit son sensuel qu'elle laisse subtilement échapper.
- Tu as bien dormi ?
Je sais pertinemment que sa nuit n'a pas été de tout repos, mais espère qu'elle a tout de même eu un sommeil réparateur pour affronter la dernière journée de sa semaine. J'écarte sa longue chevelure emmêlée pour enfouir mon nez dans son cou. Son odeur sucrée est vraiment addictive. Ava commence à s'étirer, mais n'ouvre toujours pas les yeux. Je passe mon bras au-dessus de son corps pour l'enlacer et laisse errer ma main sur la peau souple de son ventre. Elle ondule ses formes contre moi. Je prends sur moi pour ne rien entreprendre avant de n'être vraiment certain de ses intentions.
- Il est quelle heure ? Me demande-t-elle dans un doux gémissement.
Je désunie nos corps un moment pour m'emparer de mon I-phone sous mon oreiller. Les chiffres nous promettent encore une bonne heure de plaisir avant qu'elle n'ait besoin de se lever pour aller travailler. Et je projette déjà de rendre chaque seconde qu'il nous reste absolument unique.
- On a encore du temps devant nous.
- C'est-à-dire ?
- Il est à peine sept heures.
Toujours magnifiquement nue, Ava se retourne, puis enlace ses jambes contre les miennes. Elle humidifie sa bouche et s'éclaircit la voix, avant de me regarder de ses yeux bleus ensommeillés.
- Alors, autant en profiter. Dit-elle doucement près de mon oreille.
Sa voix plus grave que d'ordinaire me fait rater le contenu de sa phrase. Mais ses doigts qui se faufilent sous les draps s'appliquent à illustrer le fond de sa pensée. Ils entrent en contact avec mon excitation, attisant encore plus mon désir. Apparemment, je ne suis pas le seul à être porté sur la chose ce matin. Et vu la position stratégique qu'elle adopte, je pense que nous avons les mêmes intentions en tête. Son sourire innocent est foutrement séduisant.
- Tu me rends dingue, tu le sais ça ?
Elle ne dit rien, mais son regard espiègle répond à sa place. Ava se glisse le long de mon corps pour passer une jambe de l'autre côté. Je l'aide à se hisser sur moi. Ses genoux encadrent maintenant parfaitement mes hanches et le spectacle qu'elle m'offre est une insoutenable invitation. Voyant qu'elle est décidée à prendre les commandes, je la laisse faire quand elle s'empare du petit sachet argenté sur le dessus de la table de chevet. Son regard enflammé rencontre le mien tandis qu'elle s'applique à faire descendre le préservatif le long de mon sexe. Ava entreprend ensuite une lente descente tout en bougeant d'un côté, puis de l'autre, jusqu'à ce que ses fesses se posent sur mes cuisses. Je veux la laisser accéder à ce qu'elle désire et prends sur moi pour ne rien entreprendre qui l'éloignerait de ce moment puissant en sensations. Nos ébats effrénés de la nuit me semblent incomparables à ce qui est en train de se produire. Elle se penche en avant pour m'embrasser avec passion. Ses cheveux tombent tel un rideau de part en part de mon visage donnant une dimension particulière à ses yeux bleus qui me regardent avec une vive émotion. Je glisse une main entre nous et appose ma paume à l'endroit où son cœur bat sauvagement. J'ignore pourquoi, mais ce matin, chaque contact est plus extrême. Comme si le désir entre elle et moi n'était plus purement sexuel.
Ses muscles se contractent tandis qu'elle s'applique à balancer son corps contre le mien. Nos souffles prennent de plus en plus d'ampleur. Des petits gémissements incontrôlés lui échappent lorsque j'accélère le rythme sans jamais rompre le contact de ses yeux dans les miens. Elle murmure mon nom et s'accroche à moi en entremêlant ses doigts aux miens. Son plaisir atteint son apogée et des frissons parcourent son corps qui se relâche. Je la laisse se délecter de son moment, puis l'allonge sous moi, tout en restant en elle. Je dépose un baiser silencieux sur ses lèvres. Je reprends une cadence plus lente. Elle a les yeux fermés.
- Est-ce que ça va ?
- Oui. Tu peux y aller plus fort.
Une boule de feu prend place dans mon bas-ventre à peine a-t-elle prononcé ces mots, m'indiquant que moi aussi je suis tout près de l'orgasme. Des crampes se font sentir dans mes bras. Mais toute mon énergie se concentre dans cet échange de plaisir que l'on se procure mutuellement. Je ne tarde pas à venir en elle et ses membres se resserrent sur moi. M'apercevant qu'elle s'apprête à jouir de nouveau, je l'accompagne jusqu'au bout. Je reste captivé en la regardant. Ses joues sont rouge vif après ce deuxième orgasme. Je me retire délicatement et roule sur le côté.
J'aimerais tellement rester au lit toute la journée avec elle et ne jamais me satisfaire de cette expression sur son visage. Mais son portable me sort de mes rêveries lorsqu'il se met à résonner quelques secondes plus tard, sonnant le moment pour elle de se lever. Elle allume la lampe de chevet de son côté du lit. La luminosité soudaine nous oblige à cligner des yeux.
- Timing parfait, bonjour. Dit-elle en éteignant la sonnerie.
Ma petite-amie m'embrasse une dernière fois avant de se lever. Elle s'empare de son sac au pied du lit et se dirige vers la salle de bain attenante à la chambre. Je ne peux m'empêcher de contempler les lignes de son corps. Je ne m'y fais décidément pas, elle est vraiment trop excitante.
Tout en me levant dans l'idée de préparer le petit déjeuner, je prends mon téléphone et m'aperçois qu'un message a dû arriver lorsque nous étions occupés. Le numéro m'est inconnu. Encore quelqu'un que j'ai oublié d'enregistrer. Mais je remarque rapidement que cette personne ne m'a jamais contacté auparavant.
Numéro inconnu, 07:41 : « Salut. Je pensais à toi l'autre jour et j'ai fini par me décider à t'envoyer un message. J'espère que tout se passe bien pour toi. Ça serait bien que l'on se prenne un petit café un jour. N'hésite pas à me contacter quand tu es dispo. Bises. El »
Ça pour une surprise... Silence radio depuis quatre ans, et elle se décide à m'envoyer un texto à sept heures du matin, un vendredi. Même sans avoir vu la signature, je savais dès les premiers mots qui était l'auteur de ce message. S'il y a bien une personne dont je ne m'attendais pas à avoir de nouvelles, c'est bien Eleanor. Je me retrouve comme un con devant le texte numérique, dans l'incapacité d'agir. Son message est d'une simplicité déconcertante et pourtant, il soulève en moi de vives émotions. Tout ce qu'il y a derrière notre histoire est beaucoup trop complexe pour que je reste totalement détaché et insensible. Mais lorsque j'entends Ava chantonner sous la douche, je me sens stupide de réagir de la sorte. Je décide de ne pas répondre à mon ex. Rien ne doit venir gâcher une journée qui a si bien commencé.
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