Chapitre 24

♫  « Edge of seventeen » - Stevie Nicks ♫


△▲△
Harry
_

Respire, tout va bien se passer. On dirait que ça fait des lustres que je n'ai pas eu de rendez-vous galant. En même temps c'est le cas. Je me suis un peu égaré ces derniers temps, privilégiant ma famille et mes amis avant de penser aux nanas. Mais ça, c'était avant que Jeff et Glenn ne mettent une ravissante jeune femme prénommée Carolin sur mon chemin. Il faut que je reprenne le contrôle de certains aspects de ma vie. Et ça commence dès ce soir.

Le trafic londonien accentue mon état de stress. Quelle idée j'ai eu de sortir cette bagnole. Mon Range Rover n'est pas le plus simple à manœuvrer. Le hic, c'est que je n'ai pas tellement le choix si je veux passer inaperçu. C'est la seule qui ait des vitres totalement teintées. Quand je me rends compte de la foule au centre-ville, je regrette de ne pas avoir demandé à un de nos gardes du corps de me conduire. Mais ils ont très certainement mieux à faire de leur samedi soir. Je ne cesse de regarder l'heure sur le tableau de bord. Vingt heures dix-huit. Il me reste douze minutes pour arriver à l'hôtel de Carolin, à Mayfair. Je suis le premier à gueuler quand les gens arrivent en retard, alors ce serait malvenu de ma part de la faire attendre.

C'est moi ou il fait une chaleur pas possible ? J'enclenche la climatisation à fond pour me mettre les idées au clair. Ça m'évitera d'avoir à enlever ma veste de costume. L'habitacle se rafraîchit en quelques minutes. Coincé dans les embouteillages, je me surprends à fredonner les vieux tubes de Stevie Nicks qui passent en boucle sur mon lecteur. Il est plus que temps que je renouvelle mes CD. Elle va me prendre pour un vieux ringard d'écouter des artistes qui cartonnaient bien avant ma naissance. Je parcours les stations de radio, et finis par tomber sur la dernière de U2. Parfait.

Vingt heures trente-trois. Je suis à la bourre de trois petites minutes. Je tourne dans le quartier, à l'approche de Stratton Street, où j'aperçois mon rencard, en compagnie de Jeff, à tirer sur ce qui sera très certainement sa dernière clope de la journée. Glenn ne supporte pas l'odeur du tabac. Je la suis totalement sur ce point. Je suis d'ailleurs rassuré de voir que Carolin ne fume pas avec mon ami. Je ralentis l'allure pour me garer sur le bas-côté. Oh punaise, elle a mis le paquet. Je n'avais pas remarqué qu'elle avait de si longues jambes. En plus de cela, elle porte des talons. C'est l'inconvénient quand vous sortez avec des mannequins. La plupart du temps, elles vous dépassent. Quelque chose me dit que la température de la voiture ne va pas lui convenir, au vue de la tenue légère qu'elle porte. Je coupe la ventilation avant de sortir les rejoindre. Mon naturel reprend le dessus lorsque je m'approche d'elle. Ses cheveux attachés en queue de cheval lui donnent des traits encore plus fins et ses lèvres peintes en rouge ressortent parfaitement sur sa peau pâle. Habituellement, je trouve ça plutôt vulgaire. Elle est pourtant loin d'avoir besoin de se maquiller autant pour être belle. Mais je ne peux pas lui en vouloir d'avoir voulu se mettre sur son trente-et-un. Je lui offre une étreinte au moment de la saluer.

- Bonsoir.

- Bonsoir Harry.

Le timbre de sa voix lorsqu'elle prononce mon prénom est extrêmement sensuel. Pour ne pas me laisser dépasser par son charme, je me tourne vers Jeff et lui serre la main.

- Tu ne sors pas ta femme ce soir ?

- Tu connais Glenn, il y a la finale de The Voice donc... Soirée télé. Me répond-t-il, d'un air dépité.

- Sympa.

J'ouvre la portière et invite Carolin à s'installer en la guidant par la main. Jeff lève les yeux au ciel face aux bons usages de galanterie dont je fais preuve avec elle. Je l'assassine du regard avant qu'il ne me fasse la moindre réflexion à ce propos. Mon invitée cherche à tâtons la poignée pour reculer son siège, bien trop avancé vers l'avant. Une petite plume noire à ses pieds fait immédiatement écho à la personne que j'ai raccompagnée chez elle ce matin. Joy avait ajusté le fauteuil en s'installant dans la voiture. Un léger sourire s'inscrit sur mon visage au souvenir de ce pétillant phénomène, qui avait pesté quand j'avais reculé mon 4x4 du car-port. Pas de doute, elle est beaucoup plus petite que Carolin.

- Bon, je te la confie. Me dit Jeff, accompagné d'un clin d'œil. Toi au moins tu vas t'amuser ce soir.

Je secoue la tête de gauche à droite, tout en sachant très bien qu'il est loin d'avoir tort.

Le trajet jusqu'au restaurant que j'ai réservé commence dans un silence plutôt gênant. Carolin tourne très peu la tête en ma direction. Elle se concentre sur le paysage tout en enroulant la chaîne de son sac à main autour de ses doigts. Je remarque qu'elle a la chair de poule.

- Tu veux que je mette un peu de chauffage ?

Elle me lance un regard malicieux tout en réajustant sa robe sur ses cuisses.

- Non ça ira, je te remercie.

Moi qui ai prévu que l'on boive un verre à l'extérieur avant le repas, j'espère qu'elle n'aura pas trop froid. J'aperçois la coupole de la célèbre cathédrale St Paul. L'arrivée n'est plus très loin. Carolin n'est pas au courant de l'endroit dans lequel je la conduis. Il s'agit d'un restaurant gastronomique français que Liam m'a conseillé. Comme il n'a pas d'égal en matière de romantisme, je lui ai fait confiance. Je coupe mon moteur devant le bâtiment et un portier se charge d'ouvrir la porte de mon invitée.

- Bienvenue au Coq d'Argent.

Un léger rictus m'échappe devant cet accent qui m'est devenu familier depuis que ma sœur Gemma fréquente un parisien. Le gars me prend mes clés de voiture pour la garer au parking sous-terrain. Carolin s'arrête quelques secondes devant l'entrée pour s'imprégner des lieux. De derrière, sa veste laisse apparaître une légère parcelle de peau, me faisant deviner que sa robe ne dissimule pas beaucoup de son dos non plus. Je l'invite à avancer en la prenant par la taille. Dans la rue, un petit groupe de personnes semble m'avoir reconnu. Je n'ai aucun doute sur le fait que l'avenue sera encerclée par les paparazzis quand nous ressortirons tout à l'heure. Hors de question que cette idée ne me gâche la soirée. Il faudra juste être prudents.

Le restaurant se trouve au dernier étage du building. Il nous faut emprunter un ascenseur sur une dizaine d'étages en compagnie d'un groom extrêmement silencieux. Le hall d'entrée plonge tout de suite dans une ambiance très chic. Bien que le style soit épuré, les serveurs en costumes et la musique classique donnent le ton. Je me tourne vers Carolin dans l'espoir qu'elle ne trouve pas tout cela trop pompeux et surfait, mais son sourire ne quitte pas son visage. Je m'avance pour annoncer ma réservation à l'accueil. Avant que je n'ai le temps de dire le moindre mot, l'hôtesse s'adresse à moi avec cette intonation que je connais très bien de la bouche de ceux qui sont fiers de montrer qu'ils me connaissent déjà.

- Bonsoir Mademoiselle. Bonsoir Monsieur Styles. Nous sommes ravis de vous accueillir chez nous ce soir.

Je lis son prénom sur le badge accroché sur son veston et la remercie en faisant exprès de la nommer elle aussi. Elle rougit quelque peu.

- Votre table vous attend. Si vous voulez bien me suivre. Ajoute-t-elle en coinçant deux menus sous son bras.

Nous nous exécutons et la suivons à travers la salle. Heureusement, peu de convives prêtent attention à nous. Je glisse quelques mots à l'oreille de Carolin.

- Je t'assure que c'est la première fois que je mets les pieds ici.

- Sa réaction ne me surprend même pas. Tout le monde te connaît Harry.

Cette vérité se vérifie presque à chaque fois que je mets les pieds dans un nouvel endroit. L'hôtesse se stoppe net en arrivant devant la table qui semble nous être réservée.

- Oh mais j'oubliais, vous souhaitiez prendre l'apéritif sur le toit il me semble ?

Le confort de mon invitée primant avant tout, je lui demande son avis.

- Tu ne préfères pas que l'on reste à l'intérieur ?

- Non, ne t'en fais pas. Me répond-t-elle. Et puis, la vue a l'air magnifique.

Le roof-top offre en effet un panorama sur le quartier d'affaires de Londres. C'est un angle de vue qu'il n'est pas donné de voir tous les jours. Le toit a été aménagé pour ressembler à un jardin zen. Je comprends mieux Liam quand il me disait que l'on en ressort forcément avec des étoiles plein les yeux. Le décor est somptueux et colle parfaitement au restaurant gastronomique. On pourrait penser qu'un endroit pareil n'a plus rien de surprenant pour moi, mais c'est tout le contraire. L'hôtesse nous laisse libres de choisir l'endroit où nous souhaitons nous asseoir, puis demande à un serveur de nous apporter la carte des boissons qu'ils proposent. Carolin commande un Mojito à la framboise, et j'opte pour un Whisky-coca. Ce sera probablement mon seul verre d'alcool de la soirée, étant donné que j'ai choisi de conduire. Le serveur s'éloigne pour préparer notre commande. Carolin profite d'être assise face à moi pour me regarder avec insistance. Je retrouve aussitôt le jeu de regards qui s'était installé entre nous hier soir à l'inauguration de ma galerie.

- Au fait, désolée d'avoir dû partir si vite hier. Me dit-elle. Mais comme je ne faisais qu'accompagner Glenn et Jeff, je ne pouvais pas leur imposer d'attendre alors qu'ils avaient prévu d'aller ailleurs.

- Vous êtes allés quelque part ?

- Oui. Ils devaient retrouver des connaissances à eux dans un nightclub.

Je ne peux m'empêcher d'en vouloir un peu à mes amis de l'avoir traînée dans une soirée alors qu'elle n'en avait pas envie. Enfin, c'est l'impression qu'elle me donne en tout cas. Des centaines de mecs ont dû la dévorer du regard dans cette robe rouge qu'elle portait.

- Londres a vraiment un charme dingue. Ajoute-t-elle, le regard perdu sur l'immensité de la ville sous nos yeux.

Une sonnerie résonne à ses pieds. Carolin attrape son sac, à la recherche de son téléphone. J'espère qu'elle n'est pas du genre à passer la soirée à regarder ses notifications sur son smartphone. Elle ne prend même pas le temps de regarder de quoi il s'agit et éteint complètement l'appareil.

- Je reçois sans cesse des demandes pour du boulot.

- Ça ne me dérange pas tu sais. C'est peut-être important.

- Pour une fois, ça peut attendre demain, je t'assure.

Elle s'apprête à refermer son sac, mais en ressort quelque chose avant de le reposer par terre.

- Tu fumes ? Me demande-t-elle.

- Non.

- Tu ne vois pas d'inconvénient si...? Ajoute-t-elle en me désignant son paquet de cigarettes et son briquet.

- Non, non, je t'en prie.

J'ai toujours l'impression qu'en tant que « non-fumeur », il faut toujours que le gens s'inquiètent de savoir s'ils peuvent s'autoriser à fumer devant nous. Je m'imagine mal lui dire de remettre son paquet de clopes dans son sac sous prétexte que je n'aime pas ça. C'est un peu dommage. Mais en même temps, je ne suis pas là pour lui faire la morale. Je n'ai pas fréquenté assez longtemps de femmes qui fumaient pour savoir si ça me gêne tant que ça. Le serveur revient avec nos boissons, accompagné d'un plateau de canapés au foie gras.

Au fil des minutes, nous sommes de plus en plus à l'aise. Carolin me parle de sa carrière de mannequin qui est en train de prendre de l'ampleur depuis qu'elle a été choisie comme nouvelle égérie de la marque Givenchy. Depuis plus d'un an, elle parcourt la planète pour des shootings ou des défilés avec les plus grands couturiers. La séduction n'a donc aucun secret pour elle. Elle garde un léger accent de ses origines allemandes qui l'a rend encore plus craquante quand elle se met à accentuer un peu les « r ». Je ne peux m'empêcher de remarquer que son regard sur moi se fait de plus en plus insistant. Comme si elle cherchait à me faire passer un message qui est pourtant très clair depuis hier. Elle a décidément un charme fou. Et des yeux à tomber par terre. Un frisson échappe à mon contrôle lorsqu'elle pose intentionnellement sa main sur la mienne et s'amuse à bouger son pouce sur la croix tatouée dessus. Son audace ne fait aucun doute sur ses intentions. Elle me plait, et il va falloir que je sois plus démonstratif à mon tour. J'attrape sa main et laisse mes doigts s'entremêler aux siens. Carolin se mord la lèvre inférieure et ne se doute certainement pas de ce que cela provoque en moi.

Alors que plus rien autour de nous ne semble capable de perturber cet instant, le serveur nous interrompt.

- Messieurs-Dames, souhaitez-vous passer au repas ?

Non, je prendrai directement le dessert, merci. Ma main toujours scellée à la sienne, j'invite Carolin à se lever. La chaleur du restaurant se fait sentir dès que nous passons la porte. Je pense qu'elle ne voulait pas trop se plaindre du froid pour ne pas me vexer, mais à mon avis elle doit être gelée. Quelques minutes après nous être installés à notre table, elle semble avoir davantage chaud et retire sa veste, me laissant enfin avoir un meilleur aperçu de cette robe noire qu'elle porte. Je sens mes pupilles s'assombrir face au spectacle qui s'offre devant mes yeux. Les petites pointes que j'aperçois au bout de ses seins indiquent très clairement qu'elle ne porte pas de soutien-gorge. L'imposant tatouage que j'avais remarqué hier sur son bras semble être récent par son aspect de sur-brillance. Je trouve ça hallucinant qu'une nana aussi frêle qu'elle se soit faite tatouée une pièce aussi imposante. Et c'est terriblement sexy. Les cartes que vient de nous laisser le serveur nous obligent à décrocher nos regards l'un de l'autre quelques minutes. Les menus sont énoncés en français. Je ne sais pas du tout ce que je vais pouvoir prendre. Merci Liam d'avoir omis ce détail. Carolin lève les yeux avec un petit sourire taquin au coin des lèvres.

- Tu es perdu ? Me demande-t-elle.

- Pas toi ?

- J'ai quelques bases de français depuis que je me suis faite une place dans l'agence Elite de Paris. Je peux t'aider si tu veux.

- Avec plaisir.

Elle me traduit avec aisance la quasi-totalité des plats à la carte, me permettant d'arrêter mon choix sur un tartare de bœuf. Elle choisit quant à elle un carpaccio de St Jacques. Je n'ai aucune idée de ce que ça peut être.

- Au fait, je ne t'ai même pas demandé combien de temps tu restais à Londres ?

- Pas très longtemps, j'en ai peur. Je suis sollicitée pour participer à la Fashion Week de Milan dans une quinzaine de jours. Mais je pense rester au moins jusque là.

Elle mène visiblement une vie à cent à l'heure. Un rythme similaire à ce que j'ai vécu jusqu'ici.

- Toi de toute façon, tu dois sûrement bientôt repartir en tournée, non ? Me demande-t-elle, confiante de ce qu'elle avance.

- C'est un peu compliqué ces derniers temps. Les projets sont au point mort depuis quelques mois.

- Ah, c'est dommage. Je trouve que c'est une sacrée chance de pouvoir parcourir le monde quand on a des métiers commes les nôtres.

Elle me donne l'impression d'être très sûre de son succès. Il ne faudrait pas que tout cela lui monte à la tête.

- Après, ce n'est pas toujours facile. Ajoute-t-elle. On est tout le temps jetlagués, on n'a pas le temps de défaire nos valises qu'il faut déjà repartir et je ne te raconte même pas la prise de tête pour trouver la bonne garde-robe quand on passe d'un pays froid à un pays chaud. Trop un casse-tête.

Je l'écoute attentivement, ne me sentant pas trop concerné par ses préoccupations. Je préfère me concentrer sur ses séduisantes manies qu'elle a quand elle est lancée dans une tirade. J'aime la façon dont elle illustre ce qu'elle dit en bougeant ses mains et en passant sa langue sur ses lèvres charnues. Le plat finit par arriver. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je meurs de faim. Dans tous les sens du terme.

Je me jette littéralement sur mon assiette tandis qu'elle picore quelques bouchées de son carpaccio entre deux phrases. Je suis presque gêné d'être si peu loquace, mais cela ne semble pas la déranger.

- Et donc tu comprends que c'est pour ça que je ne me fixe pas vraiment avec quelqu'un...

Elle s'autorise à ponctuer son affirmation en baladant agilement un de ses pieds contre ma jambe, faisant monter l'envie de terminer au plus vite ce repas. Le désir monte peu à peu et je dois faire un effort surhumain pour retenir toutes les pensées malsaines qui me passent par la tête. Carolin est définitivement une vraie tentatrice. Et elle en a conscience.

Notre dîner en tête-à-tête prend fin plus vite que je ne l'aurai pensé. Mon invitée n'a pas souhaité prendre de dessert, et du coup, je n'en ai pas pris non plus. Dans l'ascenseur qui nous conduit en bas du bâtiment, nos mains se font de plus en baladeuses, à l'insu du groom qui se tient devant nous. Le tintement nous indiquant que nous sommes arrivés au rez-de-chaussé nous ramène à la réalité.

- Monsieur Styles, votre véhicule est avancé. Me signale le portier que nous avions aperçu en début de soirée.

Qu'est-ce qu'ils sont pompeux ces français. J'aurai encore de quoi charrier Lucas sur les bonnes manières de son pays d'origine. L'agitation dans la rue me rapelle aussitôt mon appréhension que des photographes attendent notre sortie de pied ferme. Et quelques flashs lumineux perçants à travers les fenêtres du building confirment mon idée.

- Bon, il va falloir la jouer discret et ne pas s'arrêter.

- Ok. Confirme Carolin en voyant où je veux en venir.

Lorsque la double porte s'ouvre, nous sommes pris d'assaut par une dizaine de paparazzis qui se mettent à nous réclamer de nous arrêter. Je sens aussitôt le bras de Carolin s'enrouler autour du mien et sa main se frayer un chemin vers la mienne. Craignant qu'elle ne soit effrayée par la situation, je ne rechigne pas à lui offrir cet appui dont elle a besoin, mais constate rapidement qu'elle ne cherche absolument pas à se cacher. Au contraire, elle se prête au jeu et capte l'attention des médias. Je constate même qu'elle me force à ralentir le pas. Je lui ouvre la portière et m'empresse de rejoindre le siège conducteur pour partir au plus vite. Demain, je sais déjà que je serai encore catalogué comme le Don Juan qui se tape des mannequins à tour de bras.

Le trafic est plus fluide qu'en début de soirée. Je me permets même de rouler un peu au-dessus de la limite autorisée. Carolin ne cherche pas à s'expliquer sur son attitude, et je n'ai pas non plus envie de m'éterniser là-dessus. On a bien mieux à faire. Elle continue de se montrer aussi tactile qu'au restaurant en gardant un contact permanent avec moi. Elle commence sérieusement à me rendre dingue. Derrière tous ces gestes, elle n'en garde pas moins un visage angélique qui invite à toutes les perversions. Je gare ma voiture face à l'hôtel. Carolin porte sa main à la poignée, mais se retourne vers moi avant de l'ouvrir.

- Tu montes ?

Parce que tu pensais vraiment que j'allais m'en aller ? En guise de réponse, je me contente de couper le moteur. Son regard à ce moment-là vaut toutes les invitations à s'amuser. Carolin s'arrête à l'accueil pour récupérer son badge magnétique. Elle en profite également pour commander une bouteille de champagne à faire monter directement dans sa chambre. Je la suis à travers les couloirs du cinquième étage. Tandis qu'elle ouvre la porte de sa suite, j'avoue que mon regard se perd un instant sur ses formes. Au moins, je peux la reluquer sans passer pour un pervers.

Carolin retire sa veste et ses talons. À la voir grimacer, elle a sûrement souffert dans ses escarpins. Elle rallume son téléphone pour s'assurer de ne pas avoir reçu de coups de fil urgents. J'en profite aussi pour regarder le mien.

Niall, 23:41 : « C'était quoi son prénom déjà à la belle blonde allemande qui était chez toi hier ? »

Tu veux parler de celle qui vient de m'inviter dans sa chambre ? Je préfère ne rien lui répondre. Ça me fendrait le cœur de lui dévoiler ce qu'il se trame de mon côté. Un employé de l'hôtel arrive avec la bouteille de champagne et deux coupes. Il repart aussitôt. Carolin commence à enlever le papier autour du bouchon, mais ne semble pas savoir comment se débrouiller pour l'ouvrir. Elle agite la bouteille dans tous les sens.

- Laisse. Je m'en occupe.

Je continue ce qu'elle avait commencé, et la laisse s'allonger de tout son long sur son lit. En retirant le bouchon de liège, la mousse se répand sur la moquette luxueuse et en partie sur ma chemise. Carolin rit à pleins poumons devant mon air hébété.

- Je suis sûr que tu l'as fait exprès.

- Exprès ? Répète-t-elle en jouant les fausse innocente.

Je garde les bras écartés pour qu'elle se rende compte de l'étendue des dégâts en fronçant légèrement les sourcils, mais je ne parviens pas à rester sérieux. Son rire est communicatif. Elle se met à ramper sur le lit en ma direction et se retrouve face à moi, à genoux. Elle ne semble pas prêter attention au fait que sa robe ne dissimule presque plus rien de ses cuisses. Elle appose une main sur le haut de ma chemise puis la descend délicatement sur mon torse. Ses doigts effleurent ma peau. Ce contact inattendu est loin de me déplaire.

- Tu sais, à ce stade, tu seras sans doute plus à l'aise sans ta chemise mouillée sur le dos. Susurre-t-elle à demi-mot.

Je rêve où elle vient de me demander de me déshabiller ? Elle n'attend aucunement mon approbation et entreprend de défaire les boutons encore fermés. Je pose alors mes mains sur les siennes et capte son regard.

- Toi, tu ne paies rien pour attendre.

Ma voix se fait plus profonde lorsque je prononce ces mots. Carolin enfonce un peu plus ses yeux dans les miens.

- Dans ce cas, laisse-moi continuer. Dit-elle avec conviction.

À cet instant, le désir prend possession de ma raison. Je ne rêve que d'une chose : lui enlever sa robe, embrasser chaque parcelle de sa peau nue et sentir son corps se courber sous moi. Même si je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière, l'adrénaline prend le dessus sur mon état de fatigue. Son souffle devient plus ample lorsque j'entreprends de soulever un peu plus le fin tissu qui recouvre encore ses fesses.

- Je sens que ce séjour à Londres sera mémorable. Conclue-t-elle.

Je ne te le fais pas dire.

_____

Le poids sur mon épaule me rapelle que cela fait longtemps que je n'ai pas dormi avec quelqu'un. Je n'ai pas vu la nuit passer. J'ai écrasé d'un sommeil de plomb maintenant que mon esprit s'est allégé. Mes derniers projets se sont concrétisés sans embûches. Et j'ai rencontré quelqu'un avec qui je suis sur la même longueur d'ondes concernant les relations.

Carolin commence à émerger de son sommeil au même moment que moi. Elle se frotte les yeux et bascule pour se retrouver assise à califourchon sur mes hanches. Ses longs cheveux caressent mon torse nu tandis qu'elle balade ses yeux sur mes nombreux tatouages.

- J'ai remarqué cette nuit que tu en as un qui semble nouveau. Me dit-elle en désignant mon homoplate droite.

- Tu veux parler de celui qui me démange constamment ?

Ce tatouage fait tellement parti de moi, alors que cela ne fait que deux semaines qu'il recouvre ma peau. Il est pourtant plutôt simple, mais sa signification fait que je le compte parmi ceux que je préfère. Plus ou moins consciente de l'effet qu'elle produit sur moi, Carolin ondule des hanches avec un air espiègle sur le visage. Alors que je m'apprêtais à la renverser vers moi, elle se lève précipitamment. Je ravale un gémissement de surprise.

- Tu vas où ?

- Bouge pas, j'en ai pour deux petites minutes.

Je la regarde se dandiner en direction de la salle de bain. Tiens donc, elle ne marche plus très droit.


▽▼▽


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top