Chapitre 20
♫ « Photomaton »- Jabberwocky ♫
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Joy
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- Et puis du coup, j'ai dit à Josh que...
Je suis encore une fois partie dans un monologue sans me rendre compte que Ava traine des pieds derrière moi. Le supermarché n'est pourtant qu'à cinq minutes à pieds de l'appartement, mais elle galère encore à suivre mon allure effrénée. Je me retourne et l'attends de l'autre côté du passage piéton. J'ai bien fait de la forcer à porter ma robe à fleurs. C'est plutôt cool que l'on fasse la même taille. Bon. Elle a juste des plus gros seins. Il était hors de question qu'elle porte ses vieux chiffons, même si ce n'est que pour faire les courses. Depuis ce week-end, Londres brille sous un soleil étrangement printanier, ce qui va nous obliger à faire une autre séance shopping. Ava n'a pas de vêtements adaptés aux saisons à venir.
Je la vois patiemment attendre que le signal l'autorise à traverser le boulevard alors qu'il n'y a aucune voiture qui circule. Je la siffle avec les doigts.
- Eh beauté, la voie est libre !
Je lui fais de grands signes pour qu'elle vienne vers moi.
Après avoir analysé la situation et s'être assurée qu'il n'y avait pas de danger imminent, Ava entreprand sa traversée d'un pas chaloupé, en prenant soin d'ajuster le tissu fluide de la robe. Manque de chance pour elle, un métro a décidé de passer sous nos pieds, pile au moment où elle court vers moi. La bouche d'aération se trouvant juste sur le passage clouté soulève son jupon et laisse subtilement apparaitre ses dessous aux yeux des passants. Je glisse mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez. La pauvre a pris des couleurs en un instant et se dépèche de me rejoindre sur le trottoir.
- Tu crois que quelqu'un m'a vu ? Me demande-t-elle de ses yeux embarassés.
Tu veux parler des trois ouvriers derrière toi qui ne se sont pas gênés pour te reluquer de haut en bas ?
- Naaaan ! Personne n'a rien vu !
Je l'embarque sous mon bras en direction de l'entrée du Tesco.
- Allez viens Marilyn, plus vite ce sera fait, plus vite tu pourras te replonger dans ta sélection de photos pour tout à l'heure.
Comme d'habitude, Ava a établi une liste détaillée qu'il nous faut suivre scrupuleusement sous peine de nous retrouver avec des doublons. Chose que je ne faisais absolument pas avant. Son sens de l'organisation m'épate. Elle m'a demandé mon planning de la semaine pour le calquer au sien, histoire de calculer le nombre de repas à prévoir. Quelle fofolle. Mais sa vie est tellement millimétrée que ça laisse peu place à l'imprévu. C'est limite si les moments où elle voit Louis ne sont pas chronométrés. Il faut encore qu'elle aprenne à plus se laisser vivre. Au détour du rayon frais, j'en profite pour prendre des nouvelles de Alex, car je sais pertinemment qu'il a dû l'assaillir de messages depuis son retour à Alston il y a deux jours. Depuis la soirée chez son mec, j'ai l'impression que Ava a évité tous les sujets se rapportant à ce week-end. Comme si mon comportement plutôt entreprenant envers son meilleur-ami l'avait agacé. Et j'ai envie de percer ce mystère.
- Alex a apprécié son périple londonien ?
Ava ne lève pas les yeux vers moi pour me répondre.
- J'imagine.
- Je ne lui ai pas trop manqué ?
- Je ne peux pas te dire. Aucune nouvelle de lui depuis qu'il est rentré.
Oh. C'est plutôt louche venant de lui. Elle ne s'éternise pas sur le sujet et continue d'arpenter les rayons en prenant soin de barrer chaque article qu'elle ajoute dans le caddie. J'ai remarqué que quand quelque chose la chiffonne, elle se mord l'intérieur de la joue et fuit le plus possible les contacts visuels.
- Eh Miller, je préfère que tu me dises les choses plutôt qu'il y ait un malaise entre nous.
Elle lève son regard vers moi, comme soulagée que je crève l'abcès.
- Excuse-moi, j'avais peur que tu trouves ça ridicule... Mais je crois que ça m'aurait dérangé s'il s'était passé quelque chose entre toi et Alex... (Elle marque une pause et reprends son argumentation). Tu comprends, c'est quand même mon ami d'enfance, si jamais ça ne se passait pas bien entre vous, je n'aurai pas envie d'avoir à choisir entre toi et lui.
J'aurai bien ajouté quelque chose, mais elle semble avoir besoin de dire d'une traite ce qu'elle a sur le cœur.
- Ce n'est pas que ça m'aurait dérangé en soi de vous voir en couple mais...
En couple ? Je ne pense pas que l'on serait allés aussi loin. D'autant plus que Alex n'avait clairement pas l'air intéressé. Mais putain, qu'est-ce qu'il est canon. Ce que Ava ignore c'est que mon intention première était surtout de le tester et d'éviter qu'il ne la colle toute la soirée. La relation qu'elle entretient avec son meilleur-ami m'échappe un peu. Je n'ai jamais été assez proche d'un gars pour me rendre compte de l'impact d'une telle situation. Ce que j'ai constaté, c'est que le Alex que j'ai rencontré à son arrivée à Londres n'était plus le même le soir venu. Étonnamment, il n'a pas essayé de creuser davantage au sujet du nouveau copain de sa meilleure-amie.
- Pas de problème, le message est passé. Pas touche aux meilleurs potes.
Je lui tends la main comme pour sceller un pacte entre nous. Elle a raison en plus, même si nous n'avions fait que coucher ensemble, ça aurait entaché quelque chose. Soulagée de m'avoir enfin dit ce qui la tracassait, Ava ouvre ses bras, en penchant la tête de côté.
- Je n'aurai jamais pensé que ça te turlupinait autant ! Et toi, tu es restée deux jours sans m'en parler.
Je réponds à son appel par une étreinte en plein milieu du rayon tampons et serviettes hygiéniques. Classe.
- Bon, trève de plaisanteries, il nous reste quoi à prendre ?
Je lui prends la liste des mains et file avec le caddie en direction de mon boucher préféré.
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Les courses nous ont prises moins de temps que je ne le pensais. Ava semblait pressée de remettre le nez dans la sélection de clichés qu'elle va présenter à Harry. Elle s'empresse de ranger rapidement nos articles en ouvrant tous les placards. Une vraie tornade. Ça ne lui ressemble absolument pas. D'habitude, chaque aliment est scrupuleusement rangé à sa place.
Je la regarde faire, les bras croisés, attendant le signal pour m'emparer de ce dont j'ai besoin pour me faire à manger.
- T'as faim ? Moi je crève la dalle.
Je sors du frigo de quoi faire des sandwiches.
- Je me sens un peu barbouillée. Répond-t-elle.
En deux temps, trois mouvements, j'ai préparé nos casse-croûtes en prenant soin d'enlever la croûte sur celui de Ava, car je sais qu'elle n'aime pas ça.
- On ne me la fait pas. Tu as encore deux heures devant toi. Pose tes fesses et mange.
Ava se met bien trop la pression pour cette histoire de galerie d'Art. Je sens qu'elle meurt d'envie de retourner dans sa chambre pour boucler son affaire, mais elle finit par capituler pour me faire plaisir.
- Et il habite où Harry ? Louis vient te chercher pour y aller ?
- Non, j'y vais toute seule. Il m'a dit quelque chose comme « Hampstead » ou un truc dans le genre.
Ava termine sa bouchée de pain et fouille dans ses messages à la recherche de l'adresse exacte. Hampstead est un quartier chic du district de Camden. Je ne suis même pas étonnée que Harry y vive. Histoire d'en rajouter une couche, je vais faire croire à ma coloc' qu'elle est en retard.
- Mais c'est super loin ! Tu n'y seras jamais à l'heure !
Ava ravale un soupir dès l'instant où je lui annonce qu'elle est à la bourre. Je retrouve ses grands yeux apeurés. Elle se lève et court vers sa chambre, son pain de mie à la main. Je la suis en riant à ma propre blague.
- Mais je déconne ! C'est à peine à 45 minutes.
Bon avec elle, ça va peut-être lui prendre plus d'une heure.
- Mais il faut que je regarde comment m'y rendre.
- C'est facile. Trois lignes : la jaune, la bleue et la noire.
On ne peut même pas mettre un pied devant l'autre. Le sol est recouvert de l'intégralité de ses photographies de Londres imprimées dans plusieurs formats différents. Même son bordel est organisé. Elles sont toutes bien alignées en suivant les rainures du parquet.
- Elles sont où celles que tu as choisies ?
- Devant toi. M'indique-t-elle d'un geste ample.
Oh merde. Bon, y a du boulot.
- Ok Miller ! J'espère qu'il va te réserver un mur entier.
- Tu penses que je ne devrais pas toutes les lui montrer ?
- Va falloir sélectionner, là ça risque de lui faire peur. Mais ne t'inquiètes pas, ça va être vite fait.
Je parcours des yeux l'étendue de son travail. C'est vrai qu'elles sont parfaites ses photos. Elle sait vraiment faire ressortir sa fibre artistique à travers l'objectif. Je lui donne mon avis en sélectionnant rapidement celles qui sortent du lot.
- Bon, celles-ci, elles sont terribles. On prend.
Ava écoute mes conseils et met en page son portfolio au fur et à mesure de la sélection. En même pas dix minutes, la trentaine de clichés est soigneusement rangée et prête à être dévoilée.
- Bah tu vois, ce n'était pas si difficile.
- Merci de m'avoir aidé.
- Avec plaisir, madame. Tu as même un peu de temps pour te refaire une beauté avant de partir.
Elle n'en a pas vraiment besoin, mais je la connais, il faut qu'elle soit tout le temps apprêtée, et surtout quand elle va voir son Louis.
- Du coup, on ne se revoit pas avant demain, comme tu travailles de nuit ? Me demande Ava pour en avoir confirmation.
- Ah ouais c'est vrai... la flemme...
Limite elle connait mon planning mieux que moi. Ava pousse un long soupir en enfilant sa veste, son portfolio sous le bras.
- Eh détends-toi, ce n'est que Harry.
Putain. Je n'en reviens pas d'avoir admis ça d'un gars aussi célèbre. Sous ses airs stressés, Ava est rayonnante de bonheur. Pour la détendre encore plus, je lui adresse ma plus belle grimace avant qu'elle ne referme la porte et j'entends son éclat de rire sur le pallier.
Je prends deux minutes pour ranger la bouffe qui traine sur le bar de la cuisine et allume la musique à fond dans l'appartement. Ça fait une éternité que je ne me suis pas accordée de petits moments comme ceux-là, à sautiller sur ma chanson préférée du groupe The Clash : « London Calling ». Juste quand le refrain commence et quand je suis à fond, la sonnette résonne, m'obligeant à baisser le son. À tous les coups, c'est encore la voisine d'en face qui vient pour se plaindre du bruit. Je prépare mon regard de faux-cul au cas où... que je ravale aussi sec en apercevant celui qui se tient devant ma porte.
- Bonjour ma chérie.
La surprise est telle que je n'arrive pas à prononcer le moindre mot. Un long silence prend place face à l'embarras de le retrouver après autant de temps à l'avoir ignoré.
- Salut papa.
Son regard est plus sombre que la dernière fois que je l'ai vu. Ses traits tirés témoignent qu'il est désormais un homme très affecté par la situation désastreusement bancale de notre famille.
- Tu ne m'invites pas à entrer ?
Je lui fais de la place pour le laisser passer.
- Comment tu as fait pour avoir mon adresse ?
- Ruth me l'a donnée.
Comment a-t-elle pu me faire ça ? Elle sait mieux que quiconque ce que je pense de mes parents. Et je tenais à ce qu'ils me laissent tranquille encore un moment. Il va falloir que j'ai une explication avec elle. Mon père s'installe dans le fauteuil du salon tandis que je referme la porte du pied, les bras croisés sur la poitrine.
- Écoutes, je ne suis pas venu jusqu'ici pour te faire la morale. Finit-il par dire pour rompre le silence. J'aimerais juste que l'on reprenne contact. Ça ferait du bien à ta mère.
Si je ne vide pas mon sac dans la minute, je sais que je vais lui hurler dessus. Je sais d'avance que ma voix sera empreinte de colère, mais qu'importe, l'opportunité de l'avoir face à moi me force à lui sortir ce que j'ai sur le cœur.
- Et mon bien-être à moi, quelqu'un s'en est soucié ces dernières années peut-être ?
Mon père prend une profonde inspiration, sachant pertinemment que j'ai raison.
- Tout ça est derrière nous maintenant. Il faut que l'on reparte du bon pied, autant pour toi, que pour nous.
- C'est Dr Koebbel qui vous l'a conseillé c'est ça ?
- Joy, pourquoi te faut-il toujours un coupable ? Il n'y a aucune arrière pensée dans mon besoin de venir vers toi. En tout cas, ce n'est pas ce que Tim aurait voulu.
Je le reconnais bien là. Il essaye de m'amadouer en jouant sur la corde sensible.
- Comment peux-tu affirmer une chose pareille ? Toi qui brillais par ton absence à la maison.
Je jurerai que mes joues sont en feu. Le cœur serré, je fais des efforts presque surhumains pour continuer à respirer normalement.
- J'ai reconnu mes erreurs et j'essaye d'aller de l'avant aujourd'hui.
Malgré toute la rancœur qui m'anime encore, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion pour celui qui se tient devant moi en ce moment. Il a vraiment l'air sincère dans ce qu'il me dit et je crois que finalement ça me touche un peu. Je n'aime pas me sentir vulnérable, encore moins face à mon père. Le malaise qui s'empare de moi me force à vouloir au plus vite écourter cette visite surprise pour qu'il s'en aille.
- Par contre, je suis désolée mais ma coloc' ne devrait pas trop tarder à rentrer...
Il se lève, confus par mes propos peu en adéquation avec la discussion en cours.
- Bien. Tu me promets que tu y réfléchiras ?
Ce n'est pas comme si ça occupait mon esprit la plupart du temps. J'acquiesce pour le laisser partir l'esprit tranquille et je lis dans ses yeux un certain espoir. Et oui, ta fille n'est pas totalement insensible. J'ouvre la porte à mon père qui se retourne avant de s'en aller définitivement.
- Au fait, c'est une bonne chose que tu ne vives plus seule. Tu me sembles avoir gagné en maturité.
J'esquisse un léger sourire sur cette vérité que j'assume désormais sans problème. S'il était passé il y a quelques semaines, il n'aurait certainement pas franchi le seuil de cette porte. J'ai conscience d'avoir fait un léger pas en avant, aussi minime soit-il, mais qui marque pourtant un réel bouleversement pour quelqu'un comme moi.
Une chose est sûre, je ne suis pas prête à digérer ce coup de poignard dans le dos de la part de Ruth. Elle qui m'avait pourtant juré de ne jamais divulguer à mes parents ma nouvelle adresse, je n'arrive pas à admettre l'idée qu'elle l'ait fait. Elle a été pendant des années la seule personne qui me ramenait à la raison, et surtout la seule personne que j'écoutais. Elle a fait office de figure maternelle et m'a offert une stabilité indéniable à un moment de ma vie où j'étais paumée. Et j'ai tout à fait conscience, de mon côté, d'avoir joué le rôle de la fille qu'elle n'a jamais pu avoir. C'est aussi elle qui m'a guidé vers le métier que j'exerce aujourd'hui, et qui était aussi le sien. Je lui dois beaucoup de m'avoir sorti la tête de l'eau. Elle ne vit désormais plus dans la capitale, mais nous sommes toujours régulièrement en contact. Elle a pris sa retraite il y a deux ans et vit désormais au Pays de Galles au chevet de sa sœur malade d'un cancer. Ruth met un point d'honneur à toujours s'assurer que tout se passe bien de mon côté. Soit j'attends son coup de fil pour qu'elle m'explique la raison de son affront inattendu, soit je le fais moi-même. Mais pour le moment, j'ai surtout besoin d'un remontant. Je sors une bière du réfrigérateur puis me dirige vers le placard salvateur de ma salle de bain. Je prends la décision arbitraire d'avaler une double dose de Paxil. Mon cerveau ne sera plus dans la capacité de me faire la morale pendant quelques heures.
L'effet ne tarde pas à se faire sentir. Je tente péniblement de suivre le fil d'actualités de mon Facebook sur mon smartphone, mais les lignes deviennent de plus en plus floues et les images s'enchaînent sans que je n'ai le temps d'imprimer quoi que ce soit. J'éteins toute source de communication, à commencer par mon téléphone. Mes paupières luttent pour rester ouvertes, mais mon corps refuse de me laisser sombrer dans le sommeil. Je suis là, avachie dans le canapé, le regard fixe et l'esprit entre deux eaux, partagé entre la quiétude imposée par mon traitement et la lassitude de toujours lutter contre ces angoisses qui me pourrissent l'existence.
Le jour s'est éteint quand je refais surface de mon état de tétanie. Je ne saurai dire combien de temps est passé lorsque j'entends la clé de Ava dans la serrure. Tout ce que je sais, c'est qu'il doit être tard, car la seule source de luminosité qui éclaire faiblement l'appartement est le réverbère dans la rue face à la résidence. Les heures ont défilé comme des minutes à partir du moment où les antidépresseurs ont fait leur effet. Je me sens soudainement relativement mieux rien qu'à l'idée de savoir qu'elle rentre et que l'on va pouvoir discuter de choses plus légères. Je reconnais rapidement la voix masculine de Louis, entre-coupée par les gloussements de ma colocataire. Merde, trop tard pour que je roule sous le canapé. La lumière s'allume. Je mets la main devant mes yeux au moment où Ava et Louis pénètrent dans l'appartement.
- Ne vous mettez pas à poils, je suis là !
- Ben, t'es pas au boulot ?
Je m'autorise à écarter deux doigts pour m'assurer d'un œil qu'il n'y a rien de compromettant à voir. Louis tient Ava par les hanches, en bouclier juste devant lui. Aurait-il quelque chose à cacher..?
- Changement de planning... J'aurai peut-être dû te prévenir...
Évidemment, il n'y a eu aucune modification. Je devrai y être depuis plus d'une demi-heure d'ailleurs. J'ai bien fait de couper mon téléphone.
- Non, y a pas de soucis. Mais tu es sûre que ça va toi ? Me demande-t-elle.
Je dois visiblement avoir une tête horrible à en juger par son regard compatissant. Elle s'assoit à côté de moi, tandis que Louis s'approche aussi pour prendre place sur l'accoudoir opposé. Je fais de mon mieux pour leur servir mon plus beau sourire de façade.
- Ouais ça roule.
Elle semble décrypter une certaine complexité dans mon regard, même si ma réponse dit tout le contraire. Mais je sens bien qu'elle se retient de m'en demander davantage.
- Bon alors, elle ouvre quand cette galerie ?
Le changement de sujet lui fait plisser les yeux. Et du coup, elle embraye directement pour me répondre.
- Il l'ouvre vendredi prochain. Tu verrais, sa maison est immense ! C'est super beau, il y a des choses à voir partout, tu ne sais plus où donner de la tête...
Je bois ses paroles avec autant d'enthousiasme qu'elle et aperçois Louis, dans son dos, acquiescer avec humour sur tout ce qu'elle dit. Elle a dû bien le saouler dans la voiture. Il tente de canaliser son engouement en apposant sa main sur son épaule. Cette nana est la fraîcheur incarnée. Elle redonnerait le sourire à un condamné à mort.
- Il a aimé les photos que j'ai choisies ?
- Euh... que l'on a choisies ensemble, oui, il les a trouvées géniales. Mais les autres œuvres exposées sont à couper le souffle... Bref, de toute façon tu verras tout ça vendredi ! Conclut-elle avec un grand sourire.
- Et tu figures déjà sur la liste des invités. Ajoute Louis.
- Et si je ne voulais pas y aller ?
Mon dieu. Leurs têtes valent le détour. Je fais tout mon possible pour ne pas laisser paraitre qu'en réalité, je suis toute excitée à l'idée d'être conviée à un événement pareil, moi, Joy Benett.
- Mais je déconne ! Vous auriez vus vos tronches !
Je suis déjà en train de scanner dans ma tête l'intégralité de ma garde-robe pour déterminer ce que je vais bien pouvoir porter pour ce grand soir. C'est mort. Il me faut une nouvelle robe.
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