Chapitre 14

♫ « Hey mama » - David Guetta Ft. Nicki Minaj ♫


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Ava
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- Alors comme ça, tu sors ce soir ?

La voix de Joy me prend par surprise alors que je m'affaire à me préparer dans la salle de bain. Je manque de peu de me brûler avec le fer à lisser, dont j'ai peu l'habitude de me servir. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle rentre si tôt.

- Tu as fini à l'heure pour une fois ?

Elle a repris le travail il y a quelques jours et termine très souvent ses journées bien plus tard que l'heure théorique de sa fin de service. Par chance, l'hôpital est à deux rues de notre appartement.

- Les londoniens ont été plutôt calmes. Aucun décès à déplorer, ce qui reste assez rare pour un samedi.

Pour une infirmière qui bosse aux urgences, elle a le don de faire preuve d'un humour noir sans égal.

- Mais vous évincez ma question mademoiselle Miller. Ajoute-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

- Oui, je vois Louis ce soir. Il m'a invitée à passer la soirée dans un club de Soho avec quelques amis à lui.

Je n'ajoute rien et reste la regarder avec un petit sourire.

- Et je comptais te demander de venir avec nous.

Son visage, jusque là marqué par l'épuisement d'une longue semaine de surmenage, s'illumine soudainement.

- Si tu n'es pas trop fatiguée bien-sûr.

- Moi ? Fatiguée pour faire la fête ?

Elle ponctue sa phrase d'un claquement de doigt et, telle une diva, me lance un regard l'air de dire « tu m'as bien regardée ? ». Hormis la soirée chez nous, elle s'est montrée plutôt calme ces derniers jours. Une façon de se faire pardonner du manque de contrôle dont elle avait fait preuve ce soir-là certainement. Je remarque vraiment ses efforts, et ça me fait chaud au cœur.

Elle court à travers le salon pour rejoindre sa chambre au plus vite afin de trouver la tenue qu'elle va porter. Elle revient un instant plus tard munie de la belle robe noire et blanche à rayures qui lui va si bien.

- Tu as bientôt fini dans la salle de bain ? Me demande-t-elle en préparant de quoi prendre sa douche.

- Oui, j'avais prévu le coup pour que tu n'aies plus qu'à te préparer une fois rentrée.

Je termine les dernières retouches de maquillage et couvre mes cheveux légèrement ondulés d'un léger film de laque pour qu'ils tiennent un minimum en place. Désireuse d'avoir l'avis de mon amie sur ce que je porte, je me tourne vers elle pour qu'elle valide mon choix.

- Ça va ma tenue ?

Elle m'observe de haut en bas et finit par me gratifier d'un clin d'œil signifiant que je n'ai pas fait fausse route en choisissant de porter la jolie combi-short noire achetée lors de notre dernière séance shopping.

- Et on va où au fait ? Me demande-t-elle en accrochant le cintre qui porte sa robe en haut du miroir.

- Un endroit qui s'appelle « Le Libertine » je crois.

Les yeux de Joy se mettent à me scruter d'un air des plus déconcerté.

- Bah quoi ?

- On va au « Libertine » ?... Je veux dire... Nous ? Ce soir ?

- Euh, oui...

Elle me met un doute dans la tête m'obligeant à fouiller dans les messages échangés avec Louis pour m'assurer qu'il s'agit bien de cet endroit. Je retrouve le texto en question et le met sous le nez de Joy qui étouffe aussitôt un petit cri suraigu.

- Ok.

Elle retourne sur-le-champ fouiller dans sa garde-robe et revient avec une toute nouvelle tenue, un peu plus osée que la première : une robe moulante noire en dentelles, des plus minimalistes. Elle me donne l'impression de l'avoir gardée secrète pour un jour spécial.

- En presque cinq ans d'essais acharnés, je n'ai jamais pu mettre un pied dans cette fichue boîte et là, tu exauces mon souhait sans même t'en rendre compte !

Elle m'enlace chaleureusement, toute excitée à l'idée de découvrir enfin cet endroit visiblement très select.

- Tiens. Ça sera encore mieux avec ça.

Elle me tend une ceinture à paillettes. Je devine que celle-ci doit compléter mon look. Je n'ai même pas le temps de répliquer que Joy me pousse dans le salon pour pouvoir se préparer à son tour.

Habituellement, je n'aime pas beaucoup les choses trop tape-à-l'œil, mais j'avoue que cet accessoire accentue mes atouts. Si cet endroit est si spécial, je dois aussi me mettre en condition.

Louis a prévu de venir nous chercher dans environ une heure, le temps pour Joy de terminer sa transformation en déesse de la nuit. Elle a décidément un don pour ça. En un rien de temps, la jeune infirmière éreintée par son travail devient une vraie bombe sexuelle, prête à être lâchée dans le club de ses rêves, au nom des plus suggestifs. Elle défile devant moi, comme si mon avis avait quoi que ce soit d'important à ses yeux, me faisant quelque peu douter de ce que je porte, tellement elle est rayonnante.

- J'en reviens toujours pas qu'on s'apprête à aller faire la fête avec des gens célèbres. Dit-elle en remontant ses cheveux pour leur donner du volume.

- Justement, il n'est pas forcément très à l'aise quand les gens le mettent sur un tel piédestal...

- Avoue que c'est quand même déconcertant d'avoir une coloc' qui est la petite-amie d'un chanteur des One Direction.

Le mot « petite-amie » qu'elle vient de prononcer remue un tas d'émotions dans ma tête. Est-ce que je suis vraiment ça ? Cela me fait tout bizarre de me mettre dans cette position là.

- D'ailleurs, je crois bien que ce soir, il n'y aura aucun autre membre du groupe. Juste de vieux amis à lui.

Joy vient s'installer sur le canapé avec moi.

- T'as réussi à résister à l'envie d'aller fouiner sur le net à son sujet ? Me demande-t-elle.

- Oui, je n'ai pas envie de fausser notre relation.

- T'es sacrément forte ! J'aurai pas pu moi à ta place.

Un signal lumineux répétitif sur le téléphone du salon me fait me souvenir qu'il y a un message vocal pour elle sur le répondeur.

- Au fait, quelqu'un a essayé de t'appeler dans l'après-midi. Ton père je suppose. Il avait l'air de dire que ta mère n'allait pas très bien.

L'expression sur son visage change radicalement. Elle se lève précipitamment et se dirige vers le combiné pour appuyer sur la touche qui supprime les messages, sans même prendre le temps de l'écouter. Sa réaction me surprend quelque peu. Joy n'a jamais été très bavarde en ce qui concerne sa famille. À sa manière d'occulter le sujet, j'en déduis qu'elle n'est pas prête à m'en parler et qu'une histoire relativement complexe se cache derrière ce silence.

- Il a réussi à me joindre sur mon portable pendant ma pause. Finit-elle par dire pour justifier son acte.

- D'acc'.

La sonnette de l'appartement résonne à 22h30 pétantes. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Louis est ponctuel. J'enfile mes chaussures, ce qui laisse l'opportunité à Joy d'aller lui ouvrir. Ils se saluent d'un signe de main et échangent un large sourire.

- Rassure-moi, je suis aussi sur la liste des invités ? Lui demande-t-elle, pour se conforter encore une fois.

- Toute personne qui entre avec moi est sur la liste, pas de panique.

Joy laisse échapper un « yes » de victoire et jubile à nouveau comme une folle d'être conviée à se joindre à nous ce soir. Je me lève, perchée sur des talons d'environ dix centimètres et tente de marcher comme si j'y avais été habituée toute ma vie. Louis s'empare de mes deux mains et s'approche de moi pour m'embrasser. Mon dos est aussitôt parcouru d'un frisson à son contact. Son parfum masculin s'empare de mes narines et mes yeux se fondent dans les siens.

- Salut.

Son t-shirt blanc laisse transparaître des tatouages sur son torse dont je ne soupçonnais pas l'existence. Son look est comme d'habitude décontracté, mais néanmoins travaillé et la veste en jean gris anthracite Lee Cooper qu'il porte lui va à ravir.

- Tu es sublime. Me dit-il en ne me quittant pas des yeux.

- Tu n'es pas mal non plus.

- Bordel. Vous êtes trop mignons. Nous lance Joy en passant devant nous, tout en enfilant son perfecto en cuir, quelque peu moqueuse devant ce semblant de romantisme.

Je ferme la porte à clé. Louis passe son bras autour de mes épaules et dépose un délicat baiser sur ma tempe avant de rejoindre Joy. Celle-ci nous attend patiemment devant l'imposante berline noire aux vitres teintées, qui ne m'est désormais plus inconnue.

_____

Le club est accessible par un petit parking privé sur l'arrière du bâtiment. Deux agents de sécurité s'approchent du véhicule pour vérifier l'identité du conducteur. Au cours du trajet, j'ai découvert que l'endroit, très prisé à Soho, est régulièrement fréquenté par les grosses fortunes londoniennes et les célébrités. Ce qui explique que l'accès y soit si surveillé.

Nous arrivons devant une grande porte noire où deux vigiles se décalent rapidement pour nous laisser passer. Une musique sourde retentit derrière le petit sas qui sert à se débarrasser de nos vestes et manteaux.

La double-porte s'ouvre à peine qu'une musique assourdissante et une chaleur s'engouffrent sur nous. Le club est plein à craquer de gens qui se déhanchent en rythme sur la musique électro. Un petit groupe de personnes se retourne aussitôt vers nous et nous examine lorsque nous pénétrons dans la salle. Le lieu est presque plongé dans le noir, hormis les flashs lumineux qui animent la piste de danse. Joy greffe aussitôt un énorme sourire sur son visage. Elle ne peut s'empêcher de s'agiter en me regardant. Alors que nous nous apprêtons à rejoindre le bar un peu plus loin, Louis m'attrape par le bras et me glisse à l'oreille.

- Désolé, mais pour nous, ça se passe par là.

Il m'indique un couloir sur sa gauche qui mène à des escaliers, eux aussi gardés par deux videurs. Louis me prend par la main et je fais signe à Joy de nous suivre. Je comprends rapidement qu'il s'agit d'une zone VIP lorsqu'un des colosses ouvre l'épais rideau en velours rouge pour nous laisser passer. Quelques jeunes femmes se retournent vers nous lorsque nous entrons, mais Louis les ignore totalement et sa main ne quitte pas la mienne. Dans le fond du salon camouflé, j'aperçois un groupe de quatre personnes qui semblent attendre son arrivée avec impatience. Je sens que Joy ne va pas forcément apprécier longtemps d'être confinée dans cet espace réduit, avec des gens que nous ne connaissons pas, alors que l'ambiance sur la piste en contre-bas est survoltée.

Nous rejoignons le groupe d'amis de Louis, assis autour d'une table où se trouvent des bouteilles de champagne. Il lâche ma main un instant pour saluer d'une accolade les personnes et fait rapidement les présentations. Il y a trois hommes qui doivent avoir le même âge que lui et une jeune femme blonde qui semble être en couple avec le brun à sa droite.

- Voici quelques-uns de mes amis les plus proches : Oli, Calvin, Stan et sa fiancée Mary.

Chacun répond d'un signe de main lorsqu'il annonce leur prénom.

- Et je vous présente Ava et Joy.

L'atmosphère se détend quelque peu lorsque l'un d'entre eux se lève pour nous donner une coupe de champagne à chacune.

- Je présume que la jolie brune qui te tient la main est Ava. Dit-il à son ami.

- Oui Calvin, mais sois gentil avec Joy tu veux.

J'ai presque envie de leur dire qu'elle est tout à fait capable de se défendre seule, mais à en juger par le regard amusé de mon amie envers ce Calvin, elle ne semble pas résignée à le remettre à sa place pour le moment.

- Niall m'a demandé ce qu'on faisait ce soir. Il nous rejoindra peut-être. Annonce-t-il à l'intention de Louis.

Il semble un peu étonné, mais acquiese rapidement d'un signe de tête et m'invite à prendre place à côté de lui sur une des banquettes.

Si j'ai bien tout suivi, Niall fait partie des One Direction, il me semble. Je fais un discret signe de la main à Joy pour l'inviter à s'asseoir près de moi.

J'ai du mal à réaliser que je me retrouve à être si privilégiée du jour au lendemain. Louis entre rapidement dans une conversation avec ses amis, qu'il n'a certainement pas vus depuis un moment. Mais il n'oublie pas de me faire resentir que ma présence lui importe en apposant sa main sur ma cuisse et en me jetant de petits coups d'œil réguliers. Le voir dans un cadre moins intime que nos derniers rendez-vous, me font voir une tout autre personne. Il a l'air tellement proche de ses amis d'enfance. Cela confirme l'idée que malgré la célébrité, il est resté fidèle à ses propres valeurs. Ses éclats de rire paraissent si sincères. J'adore ce nouvel aspect de sa personnalité. Quant à Joy, elle attend la moindre occasion pour s'immiscer dans leur conversation, en acquiesçant à chaque parole tout en descendant sa coupe de champagne. La voir si enjouée me fait prendre conscience que je suis un peu trop en retrait.

Les verres s'enchaînent de façon très naturelle. Le champagne n'est pas une boisson que j'ai l'habitude de consommer. Alors que je discute avec Mary, Joy m'interpelle de la rambarde, où elle examine la piste de danse. C'est en me mettant debout que je constate que l'alcool s'incruste dans mes veines sans que je m'en rende compte.

- Toi, t'as envie qu'on aille se défouler en bas, je me trompe ?

- Bah regarde-les, l'ambiance a l'air torride. Non pas qu'ici ça ne l'est pas, mais pas de la même façon.

Je sens qu'elle choisit ses mots pour que cela ne sonne pas comme une critique qui paraîtrait malvenue pour quelqu'un d'invitée. Joy me secoue par l'épaule, comme si elle semblait se souvenir de quelque chose.

- Eh, ça fait un mois qu'on partage l'appart' !

Je ne m'en suis pas rendue compte, mais effectivement, ça fait un mois que j'ai déménagé à Londres. Nous trinquons en ce « moisiversaire » qui ne signifie pas grand-chose finalement, tout en éclatant de rire.

Nous décidons de retourner vers les autres, mais constatons rapidement que nous n'avons plus de place. Deux jeunes-hommes se sont assis sur les banquettes où nous étions. Je reconnais l'un d'entre eux qui semble être le grand brun qui avait sonné chez Louis le soir de notre rencart. Donc j'imagine que le blond doit être Niall. Ils se lèvent instantanément pour se présenter. Louis me tend la main pour m'aider à enjamber les obstacles et le rejoindre entre lui et Stan. Le manque de place depuis l'arrivée des derniers oblige Joy à venir se coller à Calvin, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

- Bon, vous comptez rester assis toute la soirée les gars ? S'inquiète-t-elle, soucieuse d'aller s'éclater dans la foule.

- Rassure-toi, je t'accompagnerai tout à l'heure si personne ne bouge. Rétorque Calvin en baladant son regard sur la belle blonde.

Le jeu de séduction entre eux décroche un petit rictus d'amusement à Louis, qui enfouit sa tête dans mon cou.

Au fur et à mesure des minutes qui passent, les gens changent constamment de place pour discuter avec telle ou telle personne. Seul le bouclé s'avère perdu dans ses pensées, assis au bout du sofa. Calvin et Joy sont en pleine conversation avec Louis. Je décide donc de m'approcher du jeune homme qui ne prend pas vraiment part à l'euphorie de la soirée.

- Je peux m'asseoir ?

- Bien-sûr. Répond-t-il en levant les yeux de son téléphone.

Il semble remettre un prénom sur mon visage et m'adresse un large sourire.

- Ava, c'est bien ça ?

En guise de réponse, j'acquiesce d'un signe de tête.

- J'espère ne pas avoir trop interrompu ta soirée en débarquant à l'improviste l'autre soir chez Louis.

- Ne t'en fais pas, vous êtes amis après tout.

Absorbée dans notre échange, je ne me suis pas aperçue que Louis était juste derrière moi. Ce sont les yeux de Harry qui me font me retourner. Comme pour marquer son territoire, il vient s'installer juste entre nous, nous obligeant à nous décaler. Harry secoue la tête de gauche à droite avec un petit sourire en coin.

- Vous ne devriez pas parler à de parfaits inconnus, mademoiselle. Me glisse-t-il à l'oreille, mais suffisamment fort pour que son ami l'entende.

J'en déduis à son sourire qu'il dit ça pour le taquiner.

Je les laisse tous les deux, sentant mon téléphone portable vibrer dans ma poche.

Alex, 01:52 : « Coucou toi, rien à foutre dans ce bled pourri même un samedi soir. Tu fais quoi ? »

Bah comment te dire que moi, je m'éclate grave dans une des boîtes les plus réputées de Londres. Bon. Je vais m'abstenir de lui dire ça. Surtout que je ne lui ai pas encore dit que je fréquentais quelqu'un, et encore moins une célébrité.

Moi, 01:53 : « Coucou :) Je ne fais rien de spécial, on boit un coup avec Joy. »

Alex, 01:54 : « Ah. Faudrait que je vienne te voir un jour. »

Ma coloc' quitte les bras de Calvin et s'avance vers moi d'un pas décidé.

- Grrr, lâche ce téléphone ! C'est qui encore ? Alex ?

- Je réponds juste à ce message et...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que Joy s'empare de mon portable et le glisse dans son soutien-gorge.

- Confisqué jusqu'à nouvel ordre ! Me dit-elle.

- Mais...

- Y a pas de « mais » qui tienne ! Alex peut attendre. Lui, il ne t'attendra pas éternellement.

Elle m'indique du coin de l'œil l'endroit où se trouve Louis, en pleine conversation avec son ami Harry. Joy se penche vers moi pour me glisser quelque chose à l'oreille.

- Ava, laisse-moi te donner un conseil. Ton Louis là, c'est un chic type. Alors, détends-toi, respire, vis et lâche prise.

Ses mots, à la fois justes et violents, me font prendre conscience que je suis en train de délaisser Louis alors que je meurs d'envie d'être proche de lui. Niall fait irruption vers la table, veste à la main, et annonce qu'il est attendu ailleurs. Harry décide de repartir en même temps que lui. L'accolade qu'il échange avec Louis en partant me rassure sur le fait que ce n'est plus aussi tendu entre eux. Calvin vient vers nous et passe son bras autour de la taille de mon amie.

- Tu viens, on descend s'éclater sur la piste ?

- Et comment !

Elle s'empare d'une nouvelle coupe de champagne qu'elle engloutit en quelques gorgées avant de rejoindre le reste de la bande au pas des marches du salon VIP. Une belle initiative, dont je soupçonne fortement Joy d'en être l'instigatrice, puisqu'il ne reste alors plus que moi et Louis. Elle a raison. Je décide de prendre note de son précieux conseil. Je m'efforce toujours de tout contrôler, mais au final, je ne profite de rien.

- Je me fais des films ou est-ce qu'ils ont tous décidé de déserter pour nous laisser seuls ? M'interroge-t-il en pointant du doigt les escaliers d'où viennent de disparaître les autres.

- J'en ai bien l'impression oui.

Je présume que ce n'est pas pour lui déplaire au moment où il m'attire vers lui.

- Tu passes une bonne soirée au moins ?

Nos visages sont si proches que je frissonne rien qu'à sentir son souffle sur ma peau. Je pose ma coupe sur la table et prends sa main dans la mienne.

- Oui, c'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être privilégiée comme ça. J'en suis encore à me demander ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ça ? Je ponctue mon questionnement en parcourant la salle du regard.

- Tu n'as pas à te poser la question.

Il s'approche un peu plus de moi.

- Je me sens bien avec toi. J'ai envie que ce soit le cas pour toi aussi.

- C'est juste que j'ai le sentiment que tu m'offres bien plus que ce que je n'ai à t'offrir. Je veux dire...

Louis me coupe immédiatement, sentant que je m'enlise dans mon argumentation.

- Ne doute pas un instant de ce que tu es capable d'apporter aux gens. Tu illumines rien que par ta présence.

Je crois bien n'avoir jamais rien entendu de pareil me concernant et je ne peux réprimer une certaine gêne à entendre de tels compliments à mon sujet. Sa main vient caresser ma joue qui, je le sais, a certainement pris des couleurs. Je viens me coller un peu plus à lui. Ses lèvres se posent sur les miennes sans aucune retenue, m'obligeant à prendre appui contre le dossier de la banquette. Louis balade une de ses mains contre ma nuque, prenant le contrôle total de notre baiser. Son autre main est plaquée sur ma hanche droite. Nos bouches s'entrouvrent dans un même mouvement et notre baiser prend alors une toute autre dimension. Mon corps tout entier vibre pour cet homme qui m'attire davantage à chaque fois que je passe du temps avec lui. Je me laisse totalement envahir par notre étreinte et je n'ai pour l'instant aucune idée où va nous mener cet échange incontrôlable au beau milieu du salon privé d'un club cossu de Londres. Mais lorsque Louis entoure ma taille pour me coller à lui, je ne peux m'empêcher d'agripper son t-shirt pour passer une de mes mains le long de son dos, lui provoquant au passage la chair de poule, malgré la chaleur ambiante. Notre échange devient encore plus intense et je me surprends à passer ma cuisse de l'autre côté de ses jambes pour me retrouver face à lui, sur ses genoux. J'éloigne un instant ma bouche de la sienne pour plonger mon regard dans le sien et me délecter de ses yeux bleus qui m'attirent tant, devenus brillants et chargés de désir. Il repousse une mèche de mes longs cheveux venue lui chatouiller le visage.

Je ne remarque pas tout de suite la présence d'une tierce personne dans la pièce. Ce n'est que lorsque celle-ci vient tapoter l'épaule de Louis que je comprends que nous ne sommes plus seuls. Un peu gênée d'être vue dans cette position, j'essaie de me relever, mais Louis plaque ses mains sur mes cuisses pour m'empêcher de le faire. Il s'agit de Oli.

- T'as pas vu Calvin ?

Sa question, totalement détachée de la situation, me fait comprendre qu'il n'est absolument pas perturbé de nous voir dans cette posture. Louis lui fait signe que non avec un certain agacement, qu'Oli semble percevoir puisqu'il finit par s'éloigner rapidement en sirotant son verre. Je comprends vite pourquoi Louis n'a pas voulu épiloguer et pourquoi il a refusé que je me lève, lorsqu'en baissant les yeux, je perçois le renflement de son jean à son entre-jambes. J'étouffe un petit rictus, pas peu fière de constater l'effet que je suis capable de lui faire en si peu de temps. Une idée très tentante s'empare de moi et je me surprends moi-même de cet élan de convoitise lorsque ma main droite s'aventure sur la fermeture de son pantalon, qui s'avère bien trop serré et inconfortable désormais.

Louis lève les yeux vers moi, comme pour m'interroger du regard sur mes intentions. Mais sa main se faufile dans mes cheveux, trahissant un peu plus son désir.

- Tu sais que si tu continues, je ne vais plus répondre de grand-chose. Murmure-t-il à bout de souffle.

Ma bouche s'empare à nouveau de la sienne. Comme animé d'un besoin urgent et primaire, il aventure ses doigts le long de ma cuisse. Je jurerais presque qu'il tente de la monter un peu plus haut mais qu'il se retient par peur de trop me brusquer. Je ne peux m'empêcher de me raidir sous ses caresses.

Alors que le désir est à son apogée, le rideau du salon privé s'agite soudainement, laissant apparaître Joy, Calvin et le couple Stan et Mary. Je surprends mon amie à vouloir faire demi-tour au moment où elle nous aperçoit si proches Louis et moi. Mais les autres ne prêtent pas attention à sa demande et nous rejoignent.

Les mains de Louis quittent mon corps, non sans une certaine irritation et je reprends place à côté de lui. Mes jambes tremblent légèrement de façon incontrôlable. Il va me falloir quelques minutes pour retrouver mes esprits.

Joy me rend mon téléphone.

- Tiens, mon nichon n'a pas arrêté de vibrer toutes les deux minutes ! Fais-moi penser de dire à ton pote qu'il est relou !

Non, il n'est pas relou, c'est juste qu'il s'ennuit, et je peux le comprendre après avoir vécu ça aussi. Je prends mon smartphone, l'éteins et le range immédiatement dans mon sac.

Je sens le regard insistant de Louis sur moi. On peut lire toute la frustration dans ses yeux.

- Ça va finir par devenir une habitude d'être coupés au meilleur moment... Me glisse-t-il doucement à l'oreille.

Je ne peux contenir mon sourire à l'évocation de cette vérité. Je lui susurre les mots qui me viennent à l'esprit.

- On fera en sorte de ne pas l'être la prochaine fois.


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