♫ « London calling » - The Clash ♫

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Harry
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Parfois nos vies ont besoin d'être complètement chamboulées, changées et réorganisées, pour nous replacer à l'endroit où l'on est censé être. Seulement, lorsque l'on a passé le plus clair de son temps à vivre au rythme des tournées mondiales, peut-on vraiment considérer être à sa place quelque part ? On ne fait que poser bagages, sans jamais réellement les défaire.

Los Angeles a toujours été mon endroit de prédilection. J'aime m'y rendre dès que j'en ai l'occasion. La ville de la démesure, où tous les rêves les plus dingues sont réalisables. Un épicentre à l'image de la folie américaine. Tout y est fait dans l'excès, la profusion et le superflu. Une sorte d'échappatoire où j'ai mes habitudes, mes connaissances diverses et variées, une façon de me vider la tête loin de mon Angleterre natale. Je me suis pourtant accoutumé à cette vie sans prise de tête. Je ne me soucie de rien, je ne dois rien à personne. Et même si c'est éphémère, ça me convient. Je partage mes journées entre une vie sociale bien remplie et la composition de titres pour divers artistes que j'apprécie et avec qui je suis fier de collaborer. J'en ai d'ailleurs délaissé mes propres projets au profit de ceux des autres. La chose la plus brave lorsque l'on manque soi-même d'ambition est d'encourager les gens à en avoir, et à leur donner l'exemple. En l'espace de quelques mois, j'ai eu le temps de contribuer à un bon paquet de productions. Une manière d'occulter, plus ou moins consciemment, l'arrêt musical de mon propre groupe. Ou peut-être une certaine lâcheté de ma part.On ne s'imagine pas jusqu'où on peut aller à la seule force de son obstination. La plupart d'entre nous renoncent trop vite parce que leurs craintes prennent le dessus. Moi mes craintes, je les ai enfouies pour éviter d'avoir à les affronter. Échapper à un problème, qui n'a pour l'instant aucune réponse qui me convienne.

De son côté, il faut dire que Louis n'arrange rien à la situation. Je tente de reprendre contact avec lui depuis notre dernière conversation qui ne s'est pas forcément très bien terminée. Je n'ai pas apprécié la façon dont il m'a accusé d'oublier d'où je viens. Mais je ne lui en veux pas, je sais comment il est, buté comme pas deux. Heureusement, Liam et Niall ne me jettent pas la pierre.

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Mon manager tient absolument à me voir depuis plusieurs jours. Selon lui, je croule sous les propositions et il veut s'entretenir avec moi pour m'en parler. J'ai reculé l'échéance au maximum avant de me résigner à m'y rendre. Son enthousiasme ne laisse rien de bon à présager.

- Pour la énième fois depuis des semaines, écoute-moi !

Je vais finir par perdre sérieusement patience s'il continue à me gonfler avec cette histoire de contrat.

- Il est dans ton intérêt d'accepter de signer chez eux. Une opportunité comme celle-ci ne se représentera pas avant un bout de temps.

Je préfère fermer ma gueule sinon Richard risque de ne pas apprécier ce qu'il va entendre. Il me met à nouveau sous le nez les pages de ce dossier si important à ses yeux.

- IAMSOUND Records sont prêts à faire des pieds et des mains pour t'avoir.

Sans blague. Et leur satané contrat à huit chiffres est là pour me le prouver c'est ça ? C'est surtout un sacré sésame pour lui qui pourra se la couler douce pendant un petit bout de temps.

- Il faut que je réfléchisse encore.

- Harry, bon sang !

J'ai passé l'âge que l'on me fasse la morale et encore plus que l'on me dicte ce que je dois faire. Son visage vire à l'écarlate. J'ai presque envie de rire devant l'absurdité de son comportement. On dirait que sa vie dépend de ce fichu contrat. Il s'éclaircit la gorge avant de poursuivre.

- Je suis là pour te dire ce qui est bon pour toi, pour ta carrière. Si tu ne te décides pas à rebondir maintenant, il se peut que les meilleures opportunités te passent sous le nez.

Je sens bien qu'il pèse ses mots face à mon entêtement à ne pas l'écouter.

- Ce n'est pas une décision qui se prend à la légère. Il faut que j'en parle au groupe.

- Au groupe ? Quand est-ce que tu vas te mettre dans le crâne que le groupe n'existe plus ?

Ok. Là il dépasse les bornes. Jusque là, notre plus grand mérite aura été de toujours nous relever face aux épreuves. Nous sommes juste en « pause ». Jamais personne n'a dit que le groupe était fini. Je me lève et envoie valser son foutu contrat à l'autre bout de la pièce.

- T'es comme tous ces abrutis qui spéculent sur notre dos finalement ?

- Il va pourtant falloir que tu vois les choses en face une bonne fois pour toute. Tu n'as plus d'avenir avec One Direction. Même si ça fait mal à entendre, vous êtes allés au bout de votre carrière ensemble.

J'inspire un grand coup, les points serrés le long du corps. Mais avant que je ne passe la porte de son bureau, Richard se sent obligé d'en remettre une couche.

- Harry, ce n'est pas en tournant le dos aux choses qu'on les affronte.

Je claque la porte derrière moi. Au contraire, c'est ma façon à moi de leur faire face.

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Il est à peine onze heures quand je quitte le bureau de Richard, et pourtant la chaleur sur Los Angeles est déjà écrasante. En tout cas, pour quelqu'un plus habitué à la grisaille en cette période de l'année. Mon manager a vraiment réussi à me mettre sur les nerfs. Je décide de prendre le chemin de la salle de sport pour me défouler un peu. C'est un endroit plutôt prisé, où j'ai mes habitudes. La clientèle est certes, aisée, mais au moins les paparazzis ne viennent pas y foutre leur nez.

La salle est très peu fréquentée à cette heure-ci. Mise à part deux trois habitués et cette fille, que je remarque depuis quelque temps. Une jolie blonde, à peine plus âgée que moi. Je commence une série de tractions en guise d'échauffement puis me place sur un tapis de course, face à elle. La voir se démener sur son vélo elliptique lui donne un côté incroyablement sexy. La façon dont elle détourne le regard quand elle croise le mien me fait comprendre qu'elle n'est pas indifférente. Qu'importe. Pour le moment, je ne pense à rien. Repousser mes limites m'apporte une sensation de plénitude dont j'ai besoin ces temps-ci. Après une demi-heure d'effort, je m'arrête, essoufflé. J'essuie la sueur qui coule sur mon front avec mon t-shirt. La salle met à disposition des bouteilles d'eau, j'en prends une et m'assoie sur un banc. La fille descend instantanément de sa machine et s'approche de moi.

- Je peux t'emprunter ta bouteille ?

Ok, c'est tout ce qu'elle a trouvé pour engager la conversation. Je jette un regard vers le stand plein à craquer de bouteilles, un sourire en coin.

- Merde, je suis ridicule, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour venir t'aborder.

- Y a pas de problème.

Elle vient s'asseoir à mes côtés et me tend la main en se présentant.

- Je m'appelle Sam.

- Harry.

Elle laisse échapper un rire nerveux.

- En fait, je vais être honnête avec toi, si je me suis inscrite ici, c'est parce que je savais que tu y venais. Ça fait plusieurs années que j'admire ton groupe.

- Oh.

Et merde, elle avait prémédité son coup. Tous ces jours où elle était là en même temps que moi n'étaient en fait qu'un stratagème pour m'approcher.

- D'ailleurs, on n'entend plus parler des One Direction. Vous faites quoi en ce moment ?

Je lui adresse mon plus beau sourire de façade pour ne pas la froisser, mais sa question me gonfle sérieusement.

- On s'accorde un petit moment de détente.

- J'espère que vous reviendrez bientôt sur le devant de la scène ! Je peux prendre une photo avec toi ?

- Bien sûr.

Bon, au final elle ne voulait qu'un selfie. Dommage, elle était canon. Mais j'évite de fréquenter intimement des fans depuis un moment. En général, ça ne m'a apporté que des problèmes. Je la remercie pour sa gentillesse et file sous la douche. Sacrée journée.

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Retournant à ma voiture, je remarque que ma mère a essayé de m'appeler à plusieurs reprises. Je vais la rappeler en FaceTime, ça me fera du bien de la voir, et vice versa.

Comme d'habitude, son visage radieux me fait un bien fou. Elle me donne des nouvelles de ma sœur, Gemma, qui est à son septième mois de grossesse. Tellement hâte de voir la bouille de mon futur neveu. Ma mère n'arrive toujours pas à se faire à l'idée qu'elle va être grand-mère, elle qui est si jeune dans sa tête. Je souhaite bien du courage au mec de ma sœur, pour supporter sa douce folie. Ah, qu'est-ce qu'ils me manquent quand même. Je lui explique l'histoire du contrat chez IAMSOUND Records. Ma mère a toujours su trouver les mots justes et je sais que peu importent mes choix, elle me soutiendra toujours.

- Tu n'as que 25 ans Harry. Tu as une longue route devant toi. Apprends à oublier la douleur, ignore les regrets. C'est la seule manière pour continuer à avancer.

- Je sais, mais je ne suis pas seul dans cette histoire.

- Les autres ne t'en voudront pas si tu penses un peu à toi.

- Malheureusement, il y a une grosse différence entre penser à soi et une carrière solo.

- Tu sais, j'ai vu la mère de Louis la semaine dernière. Elle a l'impression qu'il se referme de plus en plus sur lui-même.

- S'il n'était pas aussi têtu...

- Justement. Il n'en est plus à ce stade. Elle pense qu'il est vraiment très mal.

Je n'imaginais pas qu'il était blessé à ce point. Merde. Si j'en juge par le visage expressif de ma mère, il y a de quoi être inquiet. Niall et Liam ont probablement minimisé les choses la dernière fois que je les ai vus.

Cette conversation avec ma mère me fait prendre conscience que fuir mes problèmes est une course que je ne gagnerais jamais. Le fait de m'être isolé à l'autre bout du monde n'a fait qu'augmenter la distance vers la solution.

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En arrivant chez moi, la maison me paraît incroyablement vide. Je pensais me sentir à ma place dans cette maison que j'ai choisie, mais je réalise qu'au final, je n'ai fait que signer un gros chèque pour que quelqu'un la personnalise pour moi. Et au final, elle n'a rien à voir avec ce que je suis. Elle ne me correspond pas. Cet endroit qui est censé m'être familier, m'est en réalité étranger. Il n'y a rien qui me retient à L.A. C'est alors que je réalise qu'il est temps pour moi de retrouver mes proches. Mon impulsion prend le dessus. J'embarque quelques affaires et décide de ne prévenir personne.

« Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens. » Et je sais exactement où aller. J'allume mon I-phone et lance Twitter. J'ai toujours été adepte des messages à la fois explicites et mystérieux.

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Harry Styles. @Harry_Styles · 14 mars

London calling. H

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