Chapitre 8 : Et si le détestable devenait soudain désirable?
Elle était censé tout me confier. Si elle partait sans me prévenir, comment étais-je censé la protéger ? Je n'étais pas omniscient.
Ni infaillible d'ailleurs.
Mais il s'agissait là d'une toute autre histoire.
- Pardon ? s'enquit-elle.
- Abele, dis-je.
Ce simple mot représentait à lui seul toutes les questions que je pouvais me poser à son propos. Effectivement les interrogations constantes faisaient partie de mon quotidien.
Toujours à douter de tout.
- Ah, lui, répondit-elle d'un ton las.
Ce que sa présente façon de parler laissait transparaître était étonnement bien loin de l'aura chaleureuse qu'elle dégageait en sa compagnie.
- Je ne sais pas trop ce que je dois faire de lui, à vrai dire. J'ai le contrat de mariage en haut de ma pile de papiers à traiter. Il ne tient qu'a moi de décider si je souhaite le signer, ou le brûler. Je pensais expédier tout cela rapidement la dernière fois mais...
- Mais ?
- Je ne sais plus, s'agaça t-elle. J'essaie de lister les arguments favorables ou non, pour l'instant.
Ah bon...
- Si vous le dites, fut tout ce que je pu lui répondre.
Tout cela me perturbait. Et j'étais perturbé d'être perturbé.
C'en était encore plus perturbant.
J'avançais imperturbablement vers la maison, sachant qu'elle me suivrait. Ce qu'elle fit en accélérant le pas derrière moi, pour me rattraper.
- Qu'y a t-il ? demanda t-elle, d'une voix ne pouvant dissimuler une charmante curiosité.
Mais pourquoi me mettais-je à la qualifier de charmante, moi ?
- Rien, répondis-je, revêtant de nouveau mon habituelle attitude imperturbable après avoir presque menacé de perdre mon calme.
Presque...
PV Valentina
Soyons clair et concis : au début, sa présence me dérangeait.
Sans blague.
Et à présent, comment dire... je ne parvenais étrangement plus à définir mon ressentis.
Me sentais-je toujours mal à l'aise en sa présence pour les même raisons ? Ou étais-ce désormais pour tout autre chose ?
J'emmerdais mon propre manque de discernement.
Quoiqu'il puisse en être, il fallait que je réfléchisse à ce que j'allais bien pouvoir faire avec ce déroutant Abele.
Je ne me voyais pas m'enchaîner à quelqu'un par les liens sacré... ment réducteurs du mariage. Toutefois, le problème qui se posait, c'était que cela représentait probablement la seule occasion que j'avais d'avoir un homme dans ma vie.
Avec qui d'autre aurais-je bien pu aller ? L'un de mes subordonnés ?
Allons, restons sérieux un instant.
Comment cela, je pensais comme une pétasse de riche ?
Mais non, pas du tout. Tout était histoire de réputation. Du début à la fin.
Mais ma suspicion quand à cet homme me dissuadait bien de prendre cette décision hâtivement. Cela commençais doucement à traîner en longueur.
A peine.
Pendant des jours, après que je me sois, toutefois pas tant que je me l'imaginais, ridiculisée au golf, Jackson eut un comportement si curieux que j'en vins à me poser mille questions.
Lui qui insistait initialement pour me suivre partout tel un fidèle compagnon canin, ou à l'instar d'une sangsue accrochée à la pauvre créature qui aurait eu la malchance de passer dans la marre au sein de laquelle celle-ci aurait élu domicile - au choix - disparaissait à présent de temps à autre.
Qu'allait-il faire et quelles étaient ses raisons, j'aurais bien aimé le savoir.
En revanche ce que je savais c'était que la question « Abele » était enfin réglée dans mon esprit, et j'en étais soulagée. Après de longues délibérations nocturnes bien évidement, mon péché mignon il fallait croire, j'en étais finalement et heureusement venue à la conclusion que je préférais rester seule à tout jamais que de me retrouver avec lui.
Vive le célibat.
Pour moi, cette ridicule affaire de mariage n'était désormais qu'un problème rayé de ma liste de choses à faire.
Il ne me restait qu'a désigner quelqu'un pour mener la petite enquête que je souhaitais effectuer depuis le début, afin de percer les secrets de cet inconnu.
Mais revenons à mon troublant garde du corps. Pour une fois, c'était donc moi qui était en train de le chercher à travers la maison et non pas l'inverse.
J'avais urgemment besoin de sortir et Dino...
Bon vous l'aurez deviné : Dino était lui aussi introuvable, comme à sa bonne habitude.
Qu'avais donc bien pu faire à Dieu pour que l'on m'apporte des hommes aussi peu sérieux ?
Je passais par le salon, personne. Par de multiples pièces, personne. Et même par sa chambre, personne.
Il avait l'air de s'être volatilisé...
Je m'arrêtais soudain devant la salle d'entraînement, en entendant un bruit. Je collais mon oreille sur le battant, pour m'assurer que mon ouïe ne me jouait pas de tours.
Puis je l'entrouvris doucement et regardais discrètement à l'intérieur.
Mode espionne level 99 activé.
En l'occurrence, une espionne légèrement dépravée.
Le spectacle que j'avais sous les yeux aurait, en effet, émoustillé n'importe quelle femme normalement constituée... j'eus cependant honte que ce soit également mon cas.
Jackson était effectivement là, et il s'acharnait avec frénésie à marteler le pauvre sac de sable qui devait à présent se sentir au bout de sa vie. Il paraissait faire acte de la même violence que les ouragans qui détruisent, sauvagement et impitoyablement, tout sur leur passage.
Dévastant, c'était le cas de le dire.
Il avait abandonné sa veste sur le sol à l'entrée. Elle paraissait avoir été jetée sans ménagement, dans un mouvement rageur du bras. Mais pourquoi rageur ?
J'avais une vue imprenable sur son profil scandaleusement sexy où je pouvais observer de légères gouttes de sueur perler sur sa peau, partant de son front et coulant lentement le long de sa joue.
Face à cette vision incompréhensiblement délicieuse, je me retrouvais à lécher ma lèvre supérieure avec une délectation qui était tout sauf normale.
Mon dieu, cela n'allait pas du tout dans ma tête.
Je m'en voulais presque de devoir le déranger dans sa tentative de faire aussi amoureusement connaissance avec cet infortuné sac de frappe, mais je n'allais pas non plus rester là à l'observer faire.
Quoique...
Je devais avoir un problème avec mes hormones, c'était forcément cela.
Et bien, elles allaient devoir se calmer car dans ma situation, je n'étais pas prête de les satisfaire.
Je poussais d'avantage le battant de la porte et m'introduisis dans la pièce.
Il était tellement absorbé par son œuvre macabre qu'il ne remarqua même pas ma présence, jusqu'à ce que je ne lui touche le dos.
Aussitôt, il se retourna avec une vivacité des plus déconcertante et attrapa mon poignet avec force. La douleur me fit grimacer.
J'eus un mouvement de recul, interrompu par l'étreinte funèbre de sa main autour de mon bras - R.I.P à lui - lorsque je croisais son regard à la fois confus et emplit de colère.
Sa respiration saccadée par l'effort physique soulevait sa cage thoracique dans un mouvement sporadique.
Quand, dans un éclair de lucidité, il prit soudainement conscience que c'était bien moi dont il était en train de martyriser la chair, il me relâcha immédiatement.
- Pardon, s'excusa t-il, l'air profondément désolé.
- Ce n'est rien, marmonnais-je en frottant distraitement mon bras endolori.
Pendant un instant, j'en oubliais la raison initiale de ma venue.
- J'ose espérer que ce pauvre sac n'a tout de même pas été trop désobligeant avec vous, au vu de la manière dont vous sembliez vouloir lui faire la peau...
Il passa une main dans ses cheveux blond décolorés, l'air embarrassé. Embarrassé que je l'ai surpris dans son élan de fureur, mais certainement pas d'avoir agis comme il l'avait fait.
Toutefois, s'il était normal d'être autant embrouillée face à l'expression gênée d'un homme sur son visage, alors appelez moi, histoire que je cesse de me considérer comme une folle.
- Non, c'est... commença t-il.
Il avait à priori du mal à trouver ses mots.
Était-ce moi, ou tentait-il désespérément d'éviter de croiser mes yeux ?
- Alors comme ça, vous allez vous marier ? demanda t-il pour changer de sujet.
Ou pas.
Ne me dites pas que c'était cela qui l'avait plongé dans un tel état de détresse.
Rien que d'y penser, je trouvais cela ridicule.
- Qu'est-ce que cela peut vous faire ? demandai-je, piquée par la curiosité.
Si il avait un problème avec cela, il allait me le dire tout de suite.
- Rien, répondit-il cependant.
Mais mon petit doigt si clairvoyant me disait qu'il s'agissait d'un mensonge éhonté.
- Vraiment ? Jackson, dites moi la vérité. Est-ce par rapport aux ordres que vous avez reçu ?
- Pas du tout, répondit-il, l'air étrangement contrarié que je lui pose cette question.
- Quoi alors ?
Il me perdait, là.
Il se pris la tête dans les mains, l'air absolument désemparé.
Si je m'attendais à ce genre de réaction de sa part...
- Je pense qu'il vaudrait mieux que j'abandonne ce travail, me confia t-il. Cela ne me convient plus.
Je n'en croyais pas mes oreilles.
Après que j'eus enfin fini par m'habituer à sa présence, et commencé à reconnaître qu'il faisait bien son boulot de garde, il voulait me laisser en plan ?
Et d'ailleurs, j'ignorais qu'il fut un temps où cela lui convenait. J'étais persuadée qu'il détestait autant que moi la situation dans laquelle nous nous trouvions.
Je ne savais pas comment réagir face à cela.
Je posais une main sur l'un de ses bras en priant pour qu'il ne réagisse pas de manière aussi impulsive que tout à l'heure, afin d'essayer de voir son visage qu'il semblait vouloir me dissimuler.
J'entraperçus ses yeux.
Je frissonnais.
Ce que j'y lisais me laissais pantoise. Trouble, incompréhension, haine de soi... désir.
Pourquoi ? C'était moi qu'il regardait ainsi, alors pourquoi ?
L'enfant pudique et innocente qui sommeillait toujours en moi sembla se cacher les yeux de gêne avant de partir se recroqueviller dans les tréfonds de mon âme.
Je déglutis en l'observant enfin redresser la tête, me dominant de toute sa taille.
Il fit un pas dans ma direction. Je fis un pas en arrière.
- Vous savez, je pense que vous devriez rester, dis-je, tentant de faire la conversation pour attirer son attention qui paraissait dériver de manière obscure sur tout autre chose. Et je viens d'annoncer à Abele que j'ai détruit le contrat. Il n'y aura pas de mariage.
L'effet fut immédiat, sa fureur sembla disparaître.
Mais peut être aurais-je en réalité dû me taire, car l'effarant désir était toujours là. Tellement puissant que cela ne semblait pas être pour lui une émotion facile à refouler.
Tant mieux.
Attendez, quoi ?
J'avais dit tant mieux ?
Mon monologue intérieur sans queue ni tête fut brutalement interrompu lorsque Jackson, à bout de patience envers lui-même, franchis la distance qui nous séparait et posa ses mains sur mes joues, pour me forcer à soutenir ce regard dans lequel j'allais finir par me perdre avec lui.
Il s'empara de mes lèvres avec fougue, ne me laissant aucune chance de m'échapper, ou même de protester.
D'abord choquée plus qu'autre chose, je tentais vainement de le repousser en appuyant de mes paumes sur son torse. Mais autant essayer de déplacer un rocher. Ce n'était pas pour rien qu'il avait été désigné pour être mon féroce défenseur.
J'abandonnais finalement mes infructueuses tentatives d'un mental haussement d'épaules. Après tout, pourquoi chercher à lutter ? Je n'allais pas commencer à me mentir à moi même.
J'aimais ça.
Beaucoup même.
Je passais mes mains derrière sa nuque, caressant sa peau de l'une, et enfouissant l'autre dans ses cheveux d'une étonnante douceur. Il posa les siennes sur ma taille, avec un grognement de satisfaction.
La dirigeante de la famille Gong-gi avec un homme de main du chef de la famille Hwajae.
Nous nagions en plein délire. Mais quel délicieux délire.
C'était, pour tout vous avouez, assez différent des représentations imaginaire que j'avais pu me faire de mon premier baiser.
C'était infiniment mieux.
Je prenais clairement mon plaisir dans cette discussion de corps à corps, bien plus efficace que n'importe quel futile échange de mots. La preuve, je n'avais jamais eu l'impression d'autant le connaître qu'en cet instant.
Je sentis qu'il mordillait légèrement ma lèvre inférieure, ce qui me fit les entrouvrir, laissant échapper un soupir satisfait.
Lorsque, entrant en contact avec l'intérieur brûlant de ma bouche, je pus enfin sentir sa langue contre la mienne, il colla mon bassin contre le sien.
Mon dos s'en retrouva d'avantage cambré, sous ses expertes mains.
Ce baiser passionnel ne paraissait pas près de s'interrompre.
Hélas, toute chose à une fin.
Et celle ci se matérialisa par une prise de conscience de sa part, un peu trop brusque à mon goût. Il me relâcha soudain, me laissant pantelante.
- Mais qu'est-ce qu'il me prend ? J'ai perdu la tête, marmonna t-il. Je n'ai pas le droit de faire ça.
Et ce fut sous mon regard ébahi qu'il ramassa sa veste et ressortis de la pièce, avant même que j'eus l'occasion de dire un mot.
Je me laissais faiblement tomber à genoux sur sol, plus confuse que jamais.
J'effleurais mes lèvres d'une main tremblante, en me demandant encore et encore ce qu'il venait de se passer.
Je venais de laisser celui qui aurait dû être mon ennemi me voler une part, certes infime, mais qui représentait déjà beaucoup pour moi, de mon innocence.
Je l'avais laissé faire, putain.
Et j'avais adoré.
...
*Smiley "You Know What I Mean"*
*prend un mégaphone* ALORS? VOUS EN PENSEZ QUOI DE CE CHAPITRE AFFREUSEMENT SCANDALEUX QUI A FAIT EXPLOSER MES FEELS SA MAMAN L'AUTRUCHE?
*Repose le mégaphone après vous avoir cordialement pété les oreilles* J'attends vos avis avec impatience évidement, enfin là il est plus de 4h du mat donc je vais attendre jusqu'à demain hein...
ET PUTAIN CE JACKSON M'EXCITE UN TRUC DE FOU! *calme toi*
En tout cas, bilan:
1 - Le mariage est rayé de la liste des problèmes,
2 - Dino est toujours un touriste,
3 - Jackson s'avoue enfin qu'il est attiré par Valentina
La suite... bah au prochain chapitre hein...
Noémie, bonne à interner à cause de Jacky chéri qui lui fait perdre la tête~
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