Chapitre 35 : Une odeur de coup fourré.


Dans les romans d'amour à l'eau de rose qu'affectionne toute bonne romantique qui se respecte, après une bonne nuit d'amour en compagnie de l'homme de sa vie, celle-ci se réveille en douceur au milieu des draps blancs, enlacée par les bras fermes de son amant.

Ce ne fut pas mon cas.

Non seulement je me rétamais par terre avec toute la grâce dont je pouvais naturellement faire preuve, mais mon téléphone eut également pour idée de me renvoyer en pleine face à quel point mon monde était tout le contraire d'idyllique.

Je me remis entre les draps après m'être frotté les yeux en grognant, telle une lionne ensommeillée, ou un ivrogne souffrant d'une mémorable gueule de bois, et répondis en baillant à l'appel qui provenait d'Adeline, en me demandant ce qu'elle pouvait bien vouloir d'aussi bon matin, alors que je lui avait pourtant assuré avant-hier que tout allait bien.

Il ne faisait même pas encore jour.

Elle ne pouvait pas être au courant de ce qu'il s'était passé hier, si ?

- Allô ? marmonnai-je d'une voix pâteuse, n'attendant que l'instant où je pourrais me rendormir.

Mais les secondes s'écoulant silencieusement, personne ne me répondit.

Je fronçais les sourcils, en réitérant un « Allo ? » incertain, me disant qu'elle m'avait certainement appelé par erreur, et que j'étais en réalité en train de parler avec l'intérieur de sa poche.

- Valentina, sanglota t-elle enfin, avivant en moi une panique diffuse.

J'attendis, angoissée, qu'elle poursuive, mais le silence me fut à nouveau adressé.

- Adeline ? Que se passe t-il ? voulus-je savoir.

Je l'entendis pleurer.

- Je suis vraiment désolée Valentina, dit-elle avec peine, avant qu'un bruit étrange ne résonne dans le combiné.

- « Je suis bien chanceux, aujourd'hui, j'ai la compagnie de cette charmante demoiselle, juste pour moi... » me répondit une voix masculine, qui me glaça le sang.

Bien que mon cerveau fut encore étouffé par la brume compacte d'un réveil difficile, je parvenais à réaliser sans peine que mon amie d'enfance s'était indéniablement fourrée dans un incroyable pétrin.

J'avais jusqu'ici pensé qu'il s'agissait de ma spécialité bien à moi.

- « Vous n'avez pas daigné répondre à notre invitation... c'est bien dommage, reprit l'homme d'un ton dramatique. Heureusement, celle-si s'est laissé convaincre assez facilement. Toutefois votre présence est indispensable... si vous souhaitez pouvoir la revoir un jour. Autrement que par petit morceaux, j'entends, précisa t-il avant de partir d'un rire machiavélique. »

Quel connard.

- Arrêtez de tourner autour du pot comme un méchant de Comics et dites-moi ce que vous voulez que je fasse, rétorquais-je avec hargne.

Je venais de lui rabattre son caquet en un quart de secondes.

Allons bon, espérons qu'il n'allait pas s'en remettre.

- « C'est bien simple. Vous, chez vous. Dans une heure. Et seule, bien évidement. Si vous remplissez ces conditions, votre amie restera... intacte. »

Quel connard.

Ah non, je venais de le dire.

J'espérais qu'il allait trébucher sur un truc pointu avant que je ne me retrouve en face de lui.

La communication s'interrompit d'un coup.

Le message était passé.

Bien que cela signait probablement mon arrêt de mort, je savais ce que j'avais à faire si je voulais la revoir en vie.

Ce n'étais pas comme si j'avais le choix.

Mais le plus difficile était de savoir comment j'allais m'y prendre.

Comment est-ce que j'allais bien pouvoir sortir d'ici toute seule, sans qu'on ne découvre ma petite tentative de fuite ?

Ce n'était pas comme si je n'étais qu'une employée de la maison, pouvant entrer et ressortir d'ici comme bon lui semblait.

Attendez voir...

Une employée ?

Peut être que je tenais la solution.


Me tenant discrètement dissimulée derrière la porte des cuisines, dans une tentative désespérée de pouvoir faire preuve des mêmes talents qu'une Tom Cruise au féminin dans les films dont je tairais le nom, j'étais à l'écoute de ce qu'il se disait à l'intérieur, espérant entendre ce que j'attendais.

Ce qui se produisit plus tôt que prévu.

Après s'être vu confier la mission d'aller racheter une liste d'aliments pour le prochain repas, l'une des cuisinières, affublée de sa tenue de service, franchit la porte de laquelle je venais de m'éloigner en courant pour aller me cacher un peu plus loin, derrière un guéridon.

Si quelqu'un me voyait agir ainsi, nul doutes que je serais passée pour une tarée.

Voyant qu'elle s'était un peu éloignée, je me mis à la suivre, engageant une parodie de filature devant paraître assez comique dans la mesure où je ne cessais de m'agiter dans tous les sens comme une perdue à chaque fois que quelqu'un apparaissait dans mon champs de vision, me dirigeant alors vers le premier truc qui pouvait me servir de planque.

Il y avait des gens partout, qui devaient certainement tous savoir qui j'étais, et qui n'aurait pas manquer de venir me demander ce que je pouvais bien être en train de fabriquer.

Ce que j'aurais sûrement eu un peu de mal à faire passer comme une innocente promenade digestive dans les couloirs.

Cette petite aventure nous conduisit jusqu'à un parking où s'alignait des rangées de voitures plutôt communes, que je compris donc comme étant l'espace réservé aux véhicules du personnel.

La femme au chignon s'approcha d'une voiture grise et en déverrouilla les portières avant de s'immobiliser après avoir entendu son nom être appelé au loin.

Cachée derrière une voiture, je la regardais s'éloigner vers l'origine de cette interpellation, consciente que l'occasion était parfaite pour moi.

Toujours penchée pour que personne ne me repère, je me déplaçais entre les véhicules usant d'une démarche un peu étrange avec laquelle je manquais plusieurs fois de me casser la figure, jusqu'à celui qui allait me permettre de m'échapper d'ici.

J'entrouvris alors l'une des portières arrière en suppliants les forces obscures du destin de rendre cela le plus silencieux possible et je me glissait à l'intérieur pour m'y cacher et refermer derrière moi tout aussi silencieusement.

Puis j'attendis que la dame qui allait me servir de chauffeuse à son insu se glisse derrière le volant.

Elle ne se rendit absolument pas compte de ma présence.

En effet, à moins d'être totalement paranoïaque, qui irait vérifier derrière son siège que personne n'y est caché avant de démarrer ?

Personne.

Recroquevillée comme un espèce de petit lapin apeuré au fond de son terrier, et prenant conscience que c'était la deuxième fois en moins de 24 heures que je me retrouvais dans cette situation improbable, le seul détail qui occupa mon attention pendant la longue attente du moment où elle se garerait, et où je prévoyais de prendre le contrôle de ce véhicule, fut la poêle à frire posée sur la banquette et qui manqua de m'atterrir en pleine tronche au détour d'un virage.

Je m'en saisis pour éviter qu'un tel incident ne se produise et continuais à grommeler silencieusement sur ma condition de pauvre jeune femme persécutée par tout ce qui bougeait.

Quand le moment tant attendu arriva, à savoir celui où la voiture se mit à rouler au pas, me laissant penser qu'elle était sur le point de se garer, je me demandais à toute vitesse de quelle manière j'allais bien pourvoir m'emparer de celle-ci afin d'éviter un féroce combat avec sa propriétaire dont le visage sévère m'avait laissé penser qu'elle ne serait certainement pas du genre à me laisser repartir avec sans rien dire.

La poêle à frire m'apporta la réponse.

J'avais évité de me faire remarquer en plein milieu du trajet, parce que pour être honnête, devenir la cause d'un arrêt cardiaque précoce chez cette personne et voir ma vie tragiquement fauchée alors que la voiture finissait écrasée après plusieurs tonneaux dans un champs n'était pas vraiment mon but.

À l'instant précis où le bruit du moteur s'interrompit, je me redressait comme un petit diable derrière elle, et déclamant un très sincère « Je suis désolée... » qui venait du fond du cœur, j'assommais la conductrice avec, ironie du sort : un ustensile de cuisine, ce qui produisit un bruit des plus retentissant au sein de l'habitacle.

Puis j'agis très rapidement. En quelque mouvements organisés, sans même savoir d'où pouvait bien me provenir un tel calme, je la traînais en dehors de la voiture et pris sa place derrière le volant.

Non, je n'avais pas le permis.

Mais heureusement, je savais conduire. (encore heureux ! xD)

J'entrais l'adresse de chez moi dans le GPS, dont la présence me sauvait plus ou moins la mise, et enclenchait la marche arrière pour quitter cette place de parking de supermarché, avec la même maîtrise qu'un héros de film d'action...

Mais à qui j'allais faire croire ça ?

J'enfonçais lamentablement l'arrière de la voiture dans celle qui se trouvait de l'autre coté de l'allée.

Le propriétaire me klaxonna et me hua d'aller apprendre à faire une manœuvre.

Je lui conseillait amicalement d'aller se faire mettre.

Après un dernier regard contrit à la carcasse inanimée de cette pauvre cuisinière qui n'avait rien demandé et qui s'était faite sauvagement agressée et voler sa voiture dans la même journée, je lui jetais sa poêle à frire par la fenêtre dans un ultime geste d'excuse, avant d'appuyer sur le champignon.

De toute façon, en ce qui concernait la voiture, il ne s'agissait que d'un emprunt. Je n'étais pas une vulgaire voleuse.

Mais le problème était que je ne serait très certainement pas en possibilité de lui rapporter celle-ci, dans la mesure où elle allait peut être bien finir noyée avec moi dans le fleuve qui traversait la ville.

Bon.

Mais attendez une seconde.

Depuis quand toute envie de survivre m'avait-elle quittée pour que je me jette droit dans un piège aussi gros qu'une maison, en étant aussi peu angoissée que si je m'apprêtais seulement à rendre une petite visite de courtoisie à un vieux copain ?

Jackson avait dû me cramer quelques neurones.

Le pauvre d'ailleurs. Il allait se rendre compte que j'étais partis, sans rien dire, et il serait sûrement triste.

L'imaginer péter son câble et se mettre à me chercher partout avec la force du désespoir me provoqua un pincement au cœur.

Mais entre un Jackson dévasté et une Adeline morte, je ne pouvais pas hésiter.

Et je n'étais pas sans me rassurer du fait qu'une fois que j'aurais fais ce qu'il fallait, toute cette histoire serait définitivement terminée. Plus de fuite, plus de peur, plus rien.

En un sens, c'était réconfortant.


Après ce voyage que j'avais effectué en étant perdue dans mes pensées, n'obéissant qu'aux ordres passagers formulée par la sensuelle voix féminine du GPS que j'avais plus d'une fois conseillé de se calmer en réalisant qu'elle avait l'air de vouloir me rouler une pelle, je fini par arriver devant ma maison.

Avec un peu d'appréhension (tout de même, il était temps...) je m'extirpait de mon siège et m'avançais vers la porte qui était grande ouverte, comme n'importe quel lieu public ouvert à tout le monde.

Qu'était-il advenu de cet endroit ?

Je pénétrais dans le hall, peu sûre du lieu où j'étais précisément censée me trouver, après avoir constaté avec soulagement en consultant mon téléphone que j'étais arrivée dans les temps.

Il ne me restait qu'à attendre.

Attendre jusqu'à ce que je ne découvre enfin les plans du sombre enfoiré qui s'amusait à faire de mon existence un jeu cruel dont il était le maître tout puissant.

Je me retournais d'un bloc au son d'une voix, et je faillis tomber sous le coup du choc.

Non, non, non...

Jackson se déplaçait vers moi sans faire attention à ma présence, son portable collé à l'oreille.

- Oui, j'arrive tout de suite, j'en ai pour une minute. Laisse moi juste le temps de le trouv...

Il s'interrompit en m'apercevant, encore plus surpris de me trouver ici que je ne l'étais le concernant.

- Valentina... que fais-tu ici ? demanda t-il sans plus bouger, l'air totalement paralysé par l'absurdité de la situation.

Oui, moi aussi j'aurais souhaité que tout cela ne soit qu'une hallucination visuelle de sa part.

- Non... murmura t-il soudain en laissant son bras s'affaisser, se rendant compte qu'il ne pouvait s'agir que de ce à quoi cela devait ressembler.

Mais avant même d'avoir l'occasion de finir sa phrase, et avant même que je ne puisse lui dire de faire attention à ce qui arrivait derrière lui, j'assistais avec impuissance à ce qui semblait être son meurtre, lorsqu'une matraque s'abattit violemment sur son crâne dans un craquement sinistre, et qu'il tomba au sol, l'arrière de sa tête dégoulinant d'un filet de sang.

Je m'effondrais alors dans un cri sans fin, mon âme sombrant douloureusement dans les abysses profondes d'un enfer terrible.


...

Bon.

Pour une fois j'ai pas traîné à poster la suite.

Même si vous devez me détestez de la façon dont ça se termine. *S'il vous plaît ne me tuez pas, l'histoire n'est pas encore finie xD*

Je vais faire de mon mieux pour ne pas vous laisser patauger trop longtemps dans cet horrible suspens parce que si j'étais à votre place, je n'aimerais pas ça du tout T____T

Voilà xD

Merci d'être toujours fidèle à votre poste pour lire mes écrits, et dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre dans les commentaires, même si c'est pour m'envoyer des menaces xDDD (mais moi aussi j'aime Jacky, alors on est dans le même camps enfin... T___T)

D'ailleurs je trouve que pas beaucoup de personnes m'ont laissé leurs avis sur le chapitre précédent... pourtant vu comment il avait été attendu je pensais que ça allait être l'explosion nucléaire dans le coms :O

Bref.

Je vous aime <333333

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