Chapitre 24 : Tout sauf lui.

D'un pas aussi lourd que l'étaient mes réflexions me donnant l'irrépressible envie d'aller me cogner la tête contre le mur dans la tentative désespérée de faire disparaître la totalité des données concernant de près ou de loin tout ce qui pouvait se rapporter à l'attirance physique sur le disque de ma mémoire, et je n'exagérais qu'à peine, je marchais vers ma chambre.

Après avoir refermé la porte, je restais un instant figée dans mon geste, encore plongée dans mes pensées.

Je voulais rentrer chez moi. Non pas que je n'aimais pas être ici, mais je n'y était pas à ma place. Comme une petite fille perdue j'aurais presque pu déclarer à voix haute que « ma maison me manque ».

J'avais besoin, après tout ce qu'il s'était passé ces derniers jours, de retrouver mes repères.

Je restais seule, à réfléchir à tout cela en soupirant de lassitude presque à chacune de mes inspirations et fini par allumer la télé pour me changer les idées devant quelques émissions aussi débiles que sans intérêt, de celle qui vous donnent l'impression que votre cerveau se fait lentement aspirer à travers l'écran à cause du manque flagrant de celui-ci au sein de la boite crânienne de ces acteurs.

Et ce lent abrutissement dura jusqu'à ce que je ne me rende compte qu'il faisait déjà presque nuit.

Quelqu'un frappa alors à la porte et après m'avoir entendu lui dire d'entrer, je vis celle-ci s'ouvrir. Keira passa sa tête au travers de l'ouverture.

- Tu veux venir manger avec nous ? demanda t-elle d'une voix incertaine mais accompagnée d'un sourire qui en aucun cas n'aurait pu me permettre de refuser.

J'acquiesçais et me levais du lit pour la suivre dans le couloir.

Il fallait que j'arrête de me comporter comme une gamine en évitant purement et simplement celui qui était ni plus ni moins que mon égal.

J'étais certes plus jeune que lui, mais je devais cesser d'être intimidée de la sorte, du moins en apparence pour commencer.

Lorsque nous arrivâmes dans la salle à manger, je constatais que nous étions les premières.

- Tsss, il n'est toujours pas là, râla Keira. Je lui ai pourtant bien dis à quelle heure je voulais qu'on mange... Bon assieds toi, on va commencer sans lui, j'ai trop faim.

Son naturel me fit rire, et je pris place en face d'elle sur la grande table, le couvert restant se trouvant en bout de table.

La place du chef de famille.

Les domestiques de la maison étaient déjà là, portant des plateaux, et déposèrent un plat surmonté d'une cloche en métal devant nous.

Puis ils soulevèrent celles-ci dans un mouvement de poignet quasi artistique avant de se reculer pour nous laisser admirer le contenu de l'assiette.

- Aujourd'hui : Pavé de veau doré au grill accompagné de sa sauce à la crème et de ses petits légumes saisonniers, déclara théâtralement celui qui venait de me servir.

Voyant Keira au bord de la crise de fou rire je l'interrogeais du regard.

- Excuse moi, articula t-elle tant bien que mal, mais c'est juste que j'ai toujours autant de mal avec toute cette formalité. A l'origine je viens des quartier pauvres tu comprend. Allons Sebastian, je vous ai déjà dis que vous n'étiez pas obligé de vous montrer aussi sérieux, j'ai l'impression que tous les employés de cette maison ont un manche à balais dans les fesses, blagua t-elle en agitant la main, tandis que c'était à mon tour de rire à en manquer d'air.

Le dit Sebastian, particulièrement bien foutu si vous vouliez mon avis, se redressa de sa posture courbée et laissa tomber son masque de complaisance, affichant une expression bien plus représentative de ce qu'il pouvait penser sur son visage encadré de quelques mèches d'un noir d'ébène.

- Je voudrais bien Keira, mais si le Maître l'apprend il pourrait bien être capable de me virer sur le champs, alors je préfère encore passer pour un idiot à vos yeux.

- Voyons, si vous ne le faites qu'en son absence, il n'en saura rien, assura t-elle.

- Si, bien sûr qu'il finira par le savoir, contra t-il.

- Qu'est-ce que je finirais par savoir ? demanda la voix de Jaebum juste derrière Keira.

Même moi je ne l'avais pas vu arriver alors qu'il était entré par la porte en face de la place où j'étais assise.

Il s'approcha de sa femme qui souriais toujours avant de pencher sa tête au dessus de l'épaule de celle-ci, les mains posées sur le dossier de la chaise.

- Alors ? susurra t-il, près de son oreille.

- Oh mince, je suis découverte, dit-elle d'un ton désolé dont elle forçait volontairement le trait. Je ne voulais pas que tu sache que, lorsque tu n'es pas là, je me vante auprès de tout le monde que tu n'as aucune autorité sur moi.

- Ah vraiment ? siffla t-il avec agacement en prenant place sur sa chaise. Et pourquoi donc fais-tu cela ? demanda t-il en regardant Sebastian légèrement de travers lorsque celui-ci déposa son plat devant lui.

- Parce que c'est la vérité, non ? fanfaronna t-elle en piquant un bout de carotte de sa fourchette pour le porter à sa bouche.

Un mélange d'exaspération et d'amusement anima le regard de Jaebum tandis qu'il suivait les moindres mouvements de sa femme dont même la lente mastication de sa nourriture semblait être un acte de provocation à son égard.

- Nous verrons cela tout à l'heure, rétorqua t-il sur le ton qui présageait une douce vengeance dont la nature ne devait certainement pas échapper à quiconque dans cette pièce.

Je n'étais, bien sûr, que très légèrement gênée par ce sous-entendu assez mal dissimulé.

- Avec plaisir, répondit-elle, semblant guère impressionnée, avant de piquer le bout de viande que celui-ci venait de découper, et dont le regard qu'il lui lança me laissa croire qu'il était désormais habitué à ce genre d'enfantillages.

- Quoi ? demanda t-elle. C'est toujours meilleur quand c'est volé dans ton assiette.

- Je sais... Un instant ! dit-il à l'attention de Sebastian qui commençait à s'éloigner.

- Monsieur ? demanda celui-ci avec appréhension, craignant certainement de se faire engueuler à cause du bobard que Keira avait innocemment sorti à son mari.

Je ne savais pas pourquoi mais toute cette scène me paraissait absolument tordante.

J'en oubliais même mon inconfort d'origine à l'égard de mon voisin de table.

Keira sentis aussi venir l'éprouvante engueulade arriver et décida d'intervenir.

- Ne t'en prend pas à lui, je suis la seule fautive de ce grave manque de respect à ton attention, lui rappela t-elle distraitement.

Il sembla alors ravaler ses paroles.

Vraiment aucune autorité avec elle, Keira avait entièrement raison.

- Très bien, vous pouvez partir.

Le pauvre ne demanda pas son reste et s'éclipsa sans rien dire, sans doute pour retourner aux cuisines, nous laissant ainsi à notre repas qui ressemblait déjà à s'y méprendre une scène de comédie tirée du dernier film à l'affiche portant certainement le titre « La femme qui tenait son riche criminel d'époux à la baguette » réalisé par une ex-taularde désormais femme au foyer, financé par un budget à plusieurs jolis zéros obtenus par quelques services d'ordres buccal rendus par-ci par là et sponsorisé par des marques de préservatifs et de revolvers de poche, ainsi que par le charmant dealer de son quartier (What The... Fumeur de shit).

Je réussi, malgré mon incontrôlable envie de rire toujours présente qui me permettait ma fois de garder mon assurance face à Jaebum, à tenir une discussion cohérente avec ces deux là, ce qui tenait d'un véritable exploit, étant donné que la veille encore le moindre de ses regards me donnait l'irrépressible envie d'aller me cacher dans un trou ou encore derrière Jackson...

Non, il ne fallait pas penser à lui.

Le téléphone de Jaebum sonna à l'instant où Sebastian revint débarrasser les assiettes pour permettre au dessert d'être apporté par d'autres personnes, ce qui permit à celui-ci d'échapper, à son plus grand soulagement, à l'attention de son patron.

- Allô ? dit-il tandis que Keira lui lançait un regard désapprobateur.

- Jae, on avait dit pas de téléphone à table, ronchonna t-elle.

- Désolé mais c'est important, s'excusa t-il. Oui Jackson, tu disais ?

Je me figeais en entendant ce nom qui, à chaque fois qu'il débarquait au milieu de mes pensées, me conduisait immanquablement à voir resurgir au sein de celle-ci de sulfureux fantasmes à en faire mouiller d'excitation la plus psychorigide des nonnes enfermée au fin-fond de son couvent pour se protéger de la néfaste influence de l'espèce masculine sur sa fragile innocence.

C'était vous dire à quel point mes ardentes émotions de jeune fille pas si bien élevée que ça m'ordonnaient d'arracher ce téléphone des mains de son propriétaire afin de hurler au responsable de tout cela que je devenais folle à cause de lui.

Tout ça au nom de la tradition, déclarant injustement qu'un couple composé de deux membres de familles différentes devait être jugé aussi sévèrement qu'un scandaleux acte de zoophilie ou de reproduction forcée entre deux espèce animales des plus incompatibles telles qu'un perroquet des îles avec un pitbull londonien (vive l'image que j'ai maintenant.)

- Oui, je comprend, reprit-il d'une voix témoignant d'un sérieux dont je ne pouvais actuellement pas faire preuve, en m'adressant un coup d'œil qui me fit penser que l'autre était peut être bien en train de parler de moi. Mais nous verrons cela demain, il est déjà tard. Tu sais ce que tu as à faire...

Puis il raccrocha, et tourna la tête vers moi.

- Valentina, dit-il sur le même ton qu'aurait employé un secrétaire à la Défense pour prévenir son assistante qu'un acte terroriste d'une rare virulence risquait d'être commis dans les jours à suivre. Vous m'accompagnerez quelque part demain.

- Hein ? Euh... je veux dire, bien sûr ! Mais pourquoi faire ? ânonnais-je, un peu prise au dépourvu.

- Nous vous expliquerons tout sur le moment, assura t-il.

Serait-ce un genre d'affaire super secrète dont seul lui et moi devions être mis au courant ?

Bizarre... Que cela pouvait-il être ?

En tout cas, Jackson était impliqué, ce qui voulait dire que j'allais probablement le revoir demain, si ce n'était avant.

Je me fis silencieuse pendant le reste du repas, et lorsque le moment fut venu de quitter la table je me hâtais de les saluer pour repartir dans ma chambre, seul endroit où personne ne risquait de me surprendre à exprimer mes émotions de manière bien plus qu'étrange comme j'avais actuellement envie de le faire.

Par exemple, sauter sur mon lit telle une fillette de 5 ans énervée et en pleine crise de défiance envers ses parents un peu trop autoritaire me tentait tout à coup d'une inexplicable manière.

Je devenais réellement tarée, en fait...

Je marchais donc d'un pas déterminé vers ma destination avant de m'arrêter brusquement à quelques mètres de celle-ci.

Je fermais les yeux, en émettant le souhait que la personne devant moi ait disparu à l'instant où je les rouvrirais.

Hélas elle n'avait pas bougé d'un poil, et me regardait de ses yeux dont je ne pouvais plus me détourner dès l'instant où je les avait croisés, tout en ayant ses mains rangées dans ses poches en une attitude nonchalante que j'aurais presque pu considérer comme délibérément provocante, si je ne savais pas qu'elle était tout simplement toujours comme ça.

- Bonsoir, Valentina, dit Jackson d'une voix dont il n'avait même pas besoin de moduler le ton pour qu'elle aie sur moi autant d'effet qu'une caresse à un endroit particulièrement intime.

J'en avais marre de me sentir aussi vulnérable à cause de lui.

C'était moi la patronne bon sang de merde.

- Jackson, dit-je en hochant simplement la tête avant de reprendre mon avancée vers ma porte qui me paraissait soudainement beaucoup plus loin que tout à l'heure.

Arrivant devant celle-ci après un instant qui me parut interminable je ne pus empêcher une question de me traverser l'esprit.

- Tu compte rester planté là toute la nuit ? demandai-je d'un ton totalement désintéressé.

En apparence seulement...

- Tu voudrais que je le fasse ? répondit-il d'une manière qui ne me laissait plus aucun doutes quant au fait qu'il semblait vouloir me défier.

- A quoi tu joue ? demandai-je en me retournant vers lui.

- Pardon ? demanda t-il avec surprise.

- Je croyais qu'il fallait qu'on essaie de s'éloigner l'un de l'autre, alors que fais-tu ici ? voulu-je savoir en tentant de paraître aussi froide que possible.

Il s'approcha de moi, ignorant complètement le fait que j'aurais préféré rester loin de lui.

- Je ne suis pas venu ici pour t'embêter, mais puisque ma présence te gêne je vais partir alors, dit-il en secouant la tête.

- Fais donc ça, lâchais-je en ouvrant enfin la porte.

Et lorsque je la refermais derrière moi, mettant fin à cet échange aussi bref qu'éprouvant, ses dernières paroles achevèrent de briser ma carapace érigée afin de garder contenance face à lui, et heureusement que cela ne survenait qu'à présent que plus personne ne pouvait me voir.

- Bonne nuit, Valentina, souffla t-il presque imperceptiblement d'une voix douce.


...

J'ai réussi à finir ce chapitre avant la fin du weekend wéééé \(èwé)/

Deux chapitres en deux jours, j'espère que ça me pardonne de mon retard ee

Je pensais effectivement au Sebastian du manga Black Butler pour ceux qui connaissent :3 (ce type aussi est franchement baisable honnêtement~)

J'ai ris pendant toute la scène du repas, je raconte n'importe quoi - j'étais dead avec mon pavé de veau j'ai du sortir me calmer dehors pour me re-concentrer - (no comment, je sais je suis bizarre).

JACKSON, TU JOUE AVEC NOTRE FRUSTRATION À TOUTES T0T

Tu le sais très bien qu'elle est aussi frustrée que toi, donc c'est pas gentil de venir la tourmenter comme ça en venant exposer ta sexytude relevant presque de l'illégalité juste sous son nez de jeune fille en manque de toi T0T

Nom d'un petit bonhomme en mousse moisie qui danse la capucine sous le clair de lune lors d'un vendredi 13 T_T

Breffeu~

Je vais essayer - en faisant tout mon possible - de vous apporter rapidement la suite, parce que moi aussi j'ai foutrement envie de savoir ce qu'il va se passer après bon sang de bonsoir è.é

Bonne nuit... ET BON LUNDI, MOUHAHAHAHA //PAN//

Votre psychopatho-perverse adorée, qui commence déjà à réfléchir de quelle manière elle pourrait bien faire tourner les événements :3

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