Chapitre 2 : Sortir en douce.
PV Valentina
Une semaine après, je ne le supportais toujours pas.
À chaque instant, il se tenait à un mètre de moi, me suivant, m'observant, me surveillant...
Il n'y avait guère que lorsque j'étais dans ma chambre que je n'avais pas à subir son étouffante présence, car il restait alors derrière la porte.
Ou il partait dans la sienne pour dormir, se relayant avec Dino, mon autre garde, que j'avais choisi avec soins. J'avais donné pour ordre à celui-ci de surveiller les moindres de ses faits et gestes, au cas où il tenterait quelque chose contre moi.
Felipe, le « comptable » de la famille (je l'appelais comme cela mais il revêtait en réalité plusieurs fonctions) apprenait également à cet indésirable parasite, malgré mon profond désaccord, tout ce qu'il y avait à savoir sur l'état de nos propriétés et de nos comptes.
Mais j'étais obligée de laisser faire, impuissante.
Avec tout cela, je ne comprenais même plus très bien qui était au dessus de qui.
Il m'arrivait d'essayer, non sans quelques nuances de sadique défiance, de tester les limites de sa patience, qui paraissait inépuisable, en le forçant à me suivre dans des endroits où il était ardu de le faire comme les centres commerciaux.
J'adorais tenter de le perdre en me faufilant parmi la foule de ces immenses lieux de rassemblement humains.
Mais rien ne le décourageait. Sa volonté était inébranlable.
Or, je cessais bien rapidement d'agir ainsi lorsque mon comportement s'avéra entraîner des conséquences désagréables.
Les sermons inquiets finirent par pleuvoir au dessus de ma tête autant de la part de mon grand-père que de Dino, qui semblait pour le coup être d'avantage du coté de Jackson que du mien...
Ce n'était pourtant pas ce que j'attendais de lui, moi.
Oui, j'ignorais les recommandations de ceux qui ne me voulaient que du bien.
Oui c'était indigne.
Oui, c'était dangereux.
Mais on ne réfléchis pas toujours ainsi quand on est jeune.
Le pire était que le fait que Jackson soit là me faisait d'avantage ressentir que je n'étais pas prête pour les responsabilités qui allaient m'incomber. Il serait là pour voir mes peurs, mes hésitations, chacune de mes erreurs.
Ma fierté en prendrait un coup.
L'événement qui me força, malgré moi, à devoir me prendre plus sérieusement en mains fut celui que je redoutais depuis tant de temps.
Mon grand père, après des mois de convalescence fini par mourir dans son sommeil, me laissant plus seule que jamais, et ce seulement après m'avoir livrée aux mains d'un illustre inconnu.
Lorsque l'on était venu m'apprendre la nouvelle le lendemain matin, je m'étais effondrée en pleurs sur le sol de ma chambre et était restée plusieurs jours sans vouloir sortir, malgré l'insistance de tout ceux qui se retrouvaient à présent sous mes seuls ordres.
Cet homme m'avait élevée depuis que ma mère était morte et que mon père était partit.
Il était ma famille, et j'étais maintenant seule. Dévastée.
Je n'ouvrais la porte que pour me rendre à l'enterrement qui avait lieu cinq jours après. En passant le seuil de ma chambre, entièrement vêtue de noir, je respirais un grand coup avant de marcher vers l'entrée de la maison, suivi par Jackson, qui était toujours fidèle à son poste.
Mais cette fois je n'étais même pas d'humeur à tenter de l'envoyer balader. Pendant le trajet je fis de mon mieux pour retenir mes pleurs, car me donner en spectacle était bien la dernière chose que je souhaitais.
Quand la voiture s'arrêta, je marchais vers le cimetière en tentant d'ignorer les tristes souvenirs que j'avais déjà à propos de cet endroit. Cela faisait des années que j'y venais régulièrement, pour me recueillir sur la tombe de ma mère.
Et j'étais ici aujourd'hui pour enterrer encore une autre personne.
J'avais ordonné qu'il n'y ai pas de messe de faite. Déjà parce que dans notre famille nous n'étions pas particulièrement croyants, et de plus cela ne me disait trop rien de passer une heure dans une église froide à écouter des discours qui de toute façon se seraient révélés bien sobres et sans émotions.
Je me rendis donc directement devant le trou qu'était pour l'instant la tombe, le cercueil étant en train d'être acheminé par ici par le cortège.
Je restais de marbre tout le temps de l'inhumation, et également lorsque les personnes présentes défilèrent pour prendre brièvement la parole.
Moi, je ne parlais pas.
Je me contentais de prendre une rose dans le grand bouquet pour la jeter sur le couvercle du cercueil. C'était l'au revoir le plus simple que je pouvais exprimer, mais surtout le seul dont j'étais capable.
On commença aussitôt après à jeter des pelletées de terre pour l'ensevelir, je m'éloignais alors. Il n'était pas nécessaire que je reste plus longtemps.
Il fallait à présent que j'oublie, et que je fasse de mon mieux pour me glisser dans le rôle qu'il m'avait aveuglément confié, comme un manteau trop large pour mes frêles épaules qu'il aurait tenu à ce que je porte.
Moi, encore mineure, n'ayant jamais levé la main sur personne, étant même encore désespérément inexpérimentée auprès de la gente masculine, j'étais désormais en passe de devenir chef d'une famille de la mafia, milieu essentiellement masculin mais surtout, surtout...
Impitoyablement cruel.
Le soir de mes dix-huit ans, c'est à dire un mois plus tard, je me retrouvais à me prendre encore une fois la tête avec Jackson, car cette tête de mule ne voulait pas me laisser aller en boite de nuit.
Je commençais certes à remettre de mon deuil, mais j'avais envie de me changer les idées. Et de profiter encore un peu de ma liberté dangereusement menacée par tout ce qui m'attendait prochainement.
A défaut d'avoir eu un père, je ne manquais pourtant pas d'être étouffée d'autorité paternelle.
C'en était tellement ironique que cela aurait dû me faire rire, mais comment rire alors que ces exaspérantes restrictions provenaient d'une personne que je respectais moins qu'un cafard écrasé sous la semelle de ma chaussure ?
J'étais effectivement vraiment très irrespectueuse envers lui.
- On avait dit pas d'alcool avant ma majorité, okay, mais maintenant c'est révolu ! Laissez moi faire ce que je veux à la fin !
Mais aucun de mes arguments ne le firent changer d'avis.
Je commençais à doucement perdre patience, paraissant certainement aussi désespérée qu'une petite princesse menacée de séquestration par l'un des dangereux ennemis du royaume. (veuillez pardonner cette foireuse comparaison.)
Il poussa un long soupir.
- Valentina ?
- Quoi ? demandai-je d'un ton agressif.
- Vous m'exaspérez.
A ces mots, l'un de mes sourcils eut un frémissement involontaire. Un tressautement même.
- Jackson ?
- Oui ?
- Fermez la, répondis-je.
Je passais alors le seuil de ma chambre et lui claquais bruyamment la porte au nez.
Non mais.
Mon esprit encore bloqué au stade de l'adolescence se mit à élaborer toutes sortes de raisonnements pour contourner cette agaçante situation, qui se soldaient malheureusement tous par « rattrapée par Jackson et ramenée à la case départ - veuillez attendre votre tour pour relancer les dés ».
Je fini par être prise d'une illumination et réussis à lui fausser compagnie en m'échappant par la fenêtre à l'aide de l'ancestrale technique de la corde en draps.
Quelle vilaine fille j'étais.
Tous les défunts membres de ma famille devaient se retourner dans leur tombe.
Pour ma défense, j'avais au moins le mérite de ne pas agir ainsi pour rejoindre un amant dans le cadre de quelques relations adultère comme le faisaient autrefois les femmes qui se comportaient de manière aussi frivole.
Vous savez, toutes ces héroïnes coquines qui s'amusaient à tromper leur maris dans les romans du milieu du dix-neuvième siècle, époque romantique par excellence...
Soit, le seul amant que j'irais retrouver ce soir serait le verre d'alcool que je pourrais savourer une fois rendue loin d'ici.
À moi l'étourdissement des sens, la caresse de la musique, la fièvre de la danse.
Je fus soulagée de sentir mes pieds toucher le sol après cette courte séance de descente en rappel.
Je me hâtais de remettre ma robe, qui était outrageusement remontée sur mes jambes lors de l'opération, en place et sortis mes chaussures à talons de mon sac, où je les avais placées le temps de la descente.
Puis, contournant la maison en me dirigeant vers l'entrée, j'embarquais au passage Dino qui, allez savoir pourquoi, était sur mon chemin, et montais avec lui dans la voiture qui était prête à partir. Je demandais alors à mon chauffeur de partir en direction du plus grand club du centre ville.
Dino, lui, était bien plus cool là-dessus. C'était en partie pour ça que je l'avais toujours bien aimé.
Il me suivis sans protester à l'intérieur du club et me laissa faire ce que je voulais, en se contentant de me surveiller de loin.
J'enchaînais alors les verres, dansais avec ceux qui passaient à ma portée, bref je profitais de ce dont j'avais toujours été privée.
Je me sentais enfin comme une personne vivante, et non pas quelqu'un qui devait rester caché au vu de tous. Car croyez moi, ce genre de vie ne rendait pas heureux.
L'argent ne rend pas heureux.
Vivre dans le danger ne rend pas heureux.
Faire partie de la mafia... rend malheureux.
Ce n'était pas un choix. Jamais. Il s'agissait dans tout les cas, soit d'une nécessité, soit d'une obligation.
Putain de vie de merde.
Après avoir commandé mon... je ne sais plus combientième verre de vodka, je restais un instant pensive devant.
Au stade de douce ébriété où je me trouvais, je ne ressentais plus aucune tristesse, juste des regrets.
- Pourquoi êtes-vous partit aussi tôt, murmurais-je.
J'avançais finalement ma main pour saisir le verre, et noyer un peu plus ma conscience, lorsque le son d'une voix me fit suspendre mon geste.
- Valentina !
Je tournais la tête.
Oh non, pas lui...
PV Jackson
Je n'arrivais pas croire qu'elle ai réussi à partir dans mon dos. Je m'étais laissé avoir.
Une chance que Dino m'ait prévenu. A force de passer du temps avec lui, il avait dû finir par comprendre que je ne cherchais qu'a protéger sa maîtresse de mon mieux.
Je fendais la foule du club en la cherchant des yeux. Je fini par l'apercevoir, appuyée contre le bar. J'appelais son nom et m'approchais d'elle. Elle se retourna brusquement et écarquilla les yeux de stupeur.
Puis je pu discerner clairement la déception marquer ses traits. Elle descendis alors son verre d'une traite et se fondit dans la masse des gens.
Elle cherchait à me semer, encore une fois.
Elle n'en avait visiblement toujours pas fini avec ses petits jeux.
Je partis immédiatement à sa poursuite, et la retrouvais presque aussitôt.
Il faut dire qu'elle ne pouvait courir trop loin avec ses talons. J'attrapais son bras et la tirais avec moi vers la sortie. Mais elle ne laissa pas faire, et cela m'obligea à procéder autrement.
Je la soulevais et la jetais sur mon épaule sans difficultés tant elle était légère.
- Nooooooooonnn !! Lâchez moi tout de suite ! cria t-elle, la voix un peu étouffée car elle avait la tête en bas.
Elle me martelait le dos de coup de poings, que je sentais à peine.
Je levais les yeux au ciel, exaspéré devant un tel comportement.
- Je suis en robe, les gens vont tout voir, ajouta t-elle d'un ton paniqué.
- Mais non... rétorquais-je calmement. Et gardez la bouche fermée s'il vous plaît. Vous êtes ivre.
- J'ai envie de vomir lààààààààà... gémis t-elle.
- C'est bien pour ça que je dis ça.
Je marchais jusqu'à la sortie du club en suivant le même chemin que Dino, qui venait de passer la porte.
Une fois que je fus dehors, à quelques pas de la voiture, je la remis sur pieds. Elle essaya de me contourner de sa démarche déséquilibrée mais je la retins.
- Cette attitude est vraiment indigne de vous, dis-je durement.
- Ne me parlez pas comme ça ! Je ne suis plus un bébé ! s'énerva t-elle en tapant du pied par terre.
- Alors comportez vous comme tel.
Elle renifla, l'air un peu mélancolique en dépit du ton énervé qu'avait sa voix un peu plus tôt.
- Tu m'a trahiiiie, reprocha t-elle à Dino sur une intonation déçue, ce à quoi il répondit d'un haussement d'épaules. Et vous je vous déteste, reprit-elle à mon attention d'un ton larmoyant.
Je haussais les sourcils. De toutes les vérités que les personnes alcoolisés peuvent sortir malgré elles, je m'attendais parfaitement à celle-ci.
Après cette touchante révélation, qui à n'en pas douter, venait du fond de son cœur, elle tituba vers le bord du trottoir et vomis littéralement sa soirée sur le sol.
Je soupirais.
Bon, c'était peut être de ma faute vu que je lui avait mis la tête en bas. Je lui tendis un mouchoir pour qu'elle s'essuie la bouche et l'aidais à entrer dans la voiture, où elle tomba rapidement dans un sommeil comateux.
De retour devant la maison, Dino sortis aussitôt de la voiture en disant qu'il avait quelque chose à faire. Il partait assez souvent à l'improviste en fait.
Je me retrouvais donc une fois de plus à devoir m'occuper d'elle tout seul. Pour ne pas la réveiller je la pris dans mes bras pour l'emmener dans sa chambre. J'abaissais la poignée de la porte avec mon coude et entrais pour la déposer doucement sur son lit.
Elle bougea un peu, attrapant mon bras lorsque je tentais de m'écarter, et je vis que des larmes coulaient du coin de ses yeux clos.
Elle était bien trop jeune pour avoir à endurer tout cela.
Mais je ne pouvais pas m'en mêler de toute façon.
Je me dégageais doucement de sa main et la reposais sur le lit, avant de sortir discrètement de la chambre, en prenant garde à ne pas la réveiller.
Puis, je restais devant à garder la porte en attendant que Dino puisse revenir me relever.
...
Avant toute chose: si vous avez déjà lu Moonlight, vous comprendrez parfaitement à quel point j'aime les gens bourrés mdr je me suis éclatée avec cette scène, c'était trop drôle à écrire, je rigolais même toute seule devant mon écran, comme la folle intergalactique que je suis... xD
Enfin après avoir fini de chialer pour la scène de l'enterrement, tant de contradictions en moi comme dans ce chapitre...
Alors vos avis ? Valentina ? Bien ? Et Jackson ? Bien ? A VOS CLAVIERS xD
Noémie, à votre dévoué service en vous apportant ce nouveau chapitre et impatiente de savoir ce que vous en pensez~ <3 <3
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