15 - manque
« Ne jamais oublier l'endroit d'où l'on vient ; même si en parcourant le monde, on se sent partout à la maison.
-Summer »
Je prends note de tout ce que peut raconter la professeure sur la littérature belge. Jamais je ne me serais doutée qu'il y aurait tant de littérature dans ce tout petit pays très compliqué. Après la Belgique, on va passera à la littérature de la France qui est beaucoup plus grande, ensuite à l'Espagne et pour finir à l'Italie. Du moins c'est le programme pour l'Europe, ensuite ce sera la littérature américaine au fil du temps et aussi la littérature Russe et toutes des choses comme ça. J'ai toujours aimé la littérature et cette professeure, elle m'inspire confiance. Je sens que je vais encore plus aimer ce cours. Je pousse un petit soupire alors que j'entends que l'on m'appelle. Je regarde devant moi pour Zayn qui s'est retourné vers moi et qui murmure quelque chose du bout des lèvres. Avec la vie que j'ai menée, j'ai rapidement apprise à lire sur les lèvres des gens.
« Serais-tu libre après les cours pour que nous faisions plus ample connaissance ? »
C'était sa question et je refuse d'un signe de tête. Il fait la moue, ressemblant plus à un enfant à qui l'on refuse un jouet qu'il désirait plus que tout plutôt qu'au Bad Boy sans sentiment et qui marche sur le tout le monde que les autres lycéens voient en lui. Ou plutôt, qu'ils voient devant eux. S'ils lisaient vraiment en lui, ils verraient sûrement plus cet enfant à qui la vie à refuser tel jouet plutôt qu'à quelqu'un de mauvais et qui est dépourvu de tout sentiment. Je m'arrête dans mes réflexions sur Zayn et me concentre de nouveau sur les propos de la professeure.
Il ne faut pas que je m'arrête de suivre les cours simplement parce qu'il est dans mes pensées. Il faut que je sois plus forte que cela. Ce n'est que le premier jour et pourtant, j'ai l'impression qu'il m'envahit. Je crois même que j'ai rêvé de lui la nuit dernière. Je me sens vraiment connu d'une chose pareille. Je crois que j'ai bien fais de refuser son « rendez-vous » ou plutôt son « rencard » parce que j'ai le pressentiment que cela se serait mal finir ou au contraire, trop bien finit que pour être réel. J'ai besoin de temps et d'espace pour m'habituer à cette vie et il n'a pas l'air de comprendre que ce monde dans lequel il a grandit est quelque chose de tout nouveau pour moi et même complètement contraire à tout ce que j'ai déjà vécu. Je lève les yeux au ciel, récitant quelques mots à mes parents.
« Je vous aime. M'aimez-vous au moins ? »
Je leur pose souvent cette question auquel je ne trouve pas de réponse. J'essaye de reprendre le cours des paroles de la professeure mais c'est assez dur étant donné que je me suis perdue dans mes pensées ; comme toujours, j'ai envie de dire. Mon cœur bat rapidement dans ma poitrine, ratant parfois quelques battements. Je me mords la lèvre inférieure et la sonnerie retentie. Je remballe rapidement mes affaires, ramassant tout et enfournant tout dans mon sac un peu n'importe comment. Je veux prendre le moins de temps possible parce que j'ai vraiment besoin d'air. J'en ai besoin plus que tout au monde pour le moment. C'est un besoin tellement grand que j'en manque de respirer. J'oublie presque que j'ai besoin d'oxygène pour vivre et donc de respirer. Je cours en dehors de la classe, la professeure remarquant enfin que la nouvelle élève –moi en gros- était présente à son cours.
Elle me lance un sourire attendrissant, comprenant sûrement à l'état paniqué et au teint plus livide de mon visage mais aussi avec l'écarquillement de mes prunelles que je dois faire vite et que je dois m'en aller de son cours. Elle comptait me retenir, je le vois, mais elle s'en avisée en me voyant ainsi et je la remercie intérieurement de ne pas avoir insisté. Je cours au milieu de tous les lycéens qui me cèdent le passage assez rapidement. On dirait qu'ils savent qui je suis et qu'ils ne veulent pas me toucher pour une quelconque raison.
Sûrement que la rumeur comme quoi j'étais proche de monsieur Malik a fuité plus rapidement qu'autre chose. Cette pensée m'enflamme l'esprit et je ressens encore plus le besoin de prendre l'air. J'accélère ma vitesse pour arriver le plus rapidement possible à l'extérieure. Je pousse les portes battantes de l'entrée qui est aussi la sortie. Je prends une grande inspiration alors que je suis enfin dehors. Je cours encore quelque temps, assez longtemps que pour ralentir mon rythme de course. Je trottine vers une partie qui est très verte.
Je finis par marcher et m'arrête même. Le vent souffle sur mon visage, et je reprends une respiration normale. Mes cheveux voltigent vers l'arrière dans tous les sens. Je regarde l'horizon, trouvant celui-ci reposant et apaisant. Des crises de « panique » comme celle-ci ne m'étaient pas arrivées depuis quelques temps déjà. Je reprends mon souffle, emmagasinant le plus de dioxygène possible. Je souris. Mes parents ne sont peut-être plus de ce monde, je ne les ais peut-être jamais connu mais au moins je sais que je les aime. Je ne sais même pas pourquoi je pense à une telle chose alors que je leur pose la question plusieurs fois par jour si cela est réciproque. Le plus important pour moi est que je les aime et non que ce ne soit forcément toujours réciproque.
C'est une façon de me protéger, de savoir qu'au moins je ne suis pas seule d'une façon un peu bizarre. Ils ont quand même du m'aimer, en tout cas je l'espère au plus profond de mon cœur. J'aimerais y croire au plus profond de mon être mais il a le fait que je ne sais même pas qui est mes parents qui m'en empêche. J'essaye de me convaincre que je sais vivre sans eux mais en réalité, je me voile la face. Je suis malade de ce manque dont je souffre depuis limite ma naissance. Depuis toujours, je suis sans parents et j'en ai mal. Même très mal, sauf que toute cette douleur, je la cache au plus profond de moi-même pour ne pas que l'on puisse me faire du mal avec cela.
Puis, il y a des moments comme maintenant où je n'arrive plus à cacher tout cette douleur et où je suis à saturation dans ma tête alors j'ai besoin de prendre l'air et de me laisser emporter par le flot de mes pensées. Je sens une présence derrière moi et je n'ai pas besoin de me retourner ou de tenter de voir qui sait du coin de l'œil parce que je sais déjà que c'est Zayn. Il a sûrement les mains dans les poches et essaye de caler sa respiration sur la mienne pour que je ne m'aperçoive pas qu'il est là mais c'est comme un sixième sens chez moi ; je sens quand quelqu'un est derrière moi.
-Je sais que tu es là, chuchotais-je dans le vent.
-Ils te manquent ? Demande-t-il ensuite, sur un ton doux alors qu'il s'approche de moi, se prenant plusieurs de mes cheveux dans la figure.
-Bien évidemment. Que ferais-tu sans tes parents biologiques, toi ? Rétorquais-je en essayant de ne pas me montrer agressive.
C'est un sujet très sensible chez moi, même si je le cache comme tout le reste. C'est presque si je ne cache pas toute ma vraie nature tout le temps. J'essaye de me convaincre que ce n'est pas le cas mais plus le temps passe et plus cette sensation est encrée dans mon esprit. Je n'arrive pas à m'en sortir et je crois que je vais finir par sombrée.
Je suis en manque d'eux alors qu'ils sont morts et ne peuvent donc pas ressentir ce manque, malheureusement.
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