07 - songes

« Mon cœur ne devrait pas être baladé ainsi mais mon cœur supporte le choc ; un peu trop peut-être.
-Summer »


Je m'allonge sur mon lit, fixant le plafond avec attention. Tellement de questions affluent dans mon esprit alors que mon estomac est pour la première fois de toute mon existence ; remplit à ras-bord. Je n'ai jamais aussi bien mangé et cela je crois que je m'en souviendrais durant toute ma vie. Dany cuisine vraiment bien et est tellement gentille que j'en fons déjà. Je ne me suis jamais aussi bien sentie, alors que mes pensées divaguent dans tous les sens. Je soupire doucement, soulagée de ne pas être tombée dans une famille de psychopathes. Je me sens tellement bien que je pourrais presque dire que je suis heureuse. Mais il manque encore quelque chose pour que le paysage soit totalement complet. Certes, Dany m'aime bien –sûrement plus qu'elle ne le devrait- mais il manque comme même encore quelque chose et je n'arrive pas à mettre la main dessus.

Demain, je suis encore libre de mes mouvements puisque l'on sera dimanche mais après-demain je dois faire mon retour à l'école et cette idée fait tâche sur le tableau. Je ne veux pas retourner en cours parce que c'est un milieu tellement affreux ; surtout quand on arrive au beau milieu de l'année et qu'on nous donne déjà un nom avant même qu'on ait mit un pied dans la bâtisse ou croisé un seul élève. Je passe ma main dans mes cheveux, les plaçant tout autour de ma tête un peu n'importe comment. D'autres questions encore s'accumulent dans ma boîte crânienne. Je ne saurais dire comment je devrais faire pour calmer tout cela. Je repense à toute mon existence où je n'ai pas vraiment vécu. J'étais baladé de famille en famille sans vraiment avoir un endroit où je me suis sentie à ma place comme ici ou alors où je me suis sentie bien. Pourtant, j'ai parcourus presque tout le Sud de l'Angleterre mais je crois que cela n'a servit à rien parce que ma place était bien plus dans le Nord.

Je croyais que j'allais très mal vivre cette nouvelle famille et cette nouvelle vie presque à l'opposé du pays mais en réalité, j'ai peur pour rien. Je me suis tellement posée de questions qui sont tout à fait inutiles. Je m'en veux terriblement d'avoir pensé que serait horrible ici alors que je n'ai pas connu meilleur comme vie. Je me redresse et prend appui sur mes avant-bras pour examiner le reste de ma chambre pour la quantième fois. Je ne saurais dire combien de fois j'analyse cette pièce qui est maintenant ma chambre. Jamais, pour être honnête, je n'ai eu le droit à une si belle et si grande chambre avec tout ne nécessaire dont je devrais avoir besoin pour tout le temps que je vais y passer. Jusqu'à présent, j'avais toujours eu le droit à une chambre qui ressemblait plus à un kot étudiant ou encore à un cagibi. Je ne saurais dire lequel des deux mais c'était l'un d'entre eux du moins. Les murs se flétrissaient et crépitaient même ; la peinture écaillée.

De plus, il n'y avait pas chaumage et pas même la place pour déposer mes valises quelque part. Je préférais presque la vie à l'orphelinat. J'avais une tactique pour partir de ces enfers et revenir à un beaucoup moins morbide ; être la plus insupportable possible. Mais, ici, avec Dany et à Bradford, je ne crois pas que je vais devoir le faire. Je crois que je ne devrais même pas être quelqu'un que je ne suis pas. Ma grande gueule et ma franchise ainsi que mon honnêteté vont pouvoir parler et s'exprimer à bon escient et tout autant qu'ils le veulent. J'ai l'impression d'être libre. Je peux être ce que j'ai toujours voulue être ; moi-même. J'en ai le sentiment au plus profond de mes trippes et j'aime vraiment cette sensation qui envahit tout mon corps. Je me rends jusqu'à ma fenêtre pour regarder ce qui se trouve à l'extérieur.

Je vis dans un quartier tranquille où quelques voitures roulent parfois rapidement et parfois plus lentement mais sûrement bien aussi dessus de la limitation de vitesse. Il ne doit pas avoir beaucoup d'enfants dans ce quartier qui fait très « bourges » ou « retraités ». Une voiture passe plus lentement que les autres que j'ai vus défilé jusqu'à présent. J'ai le temps de voir deux parents avec quatre enfants dont un garçon tandis que les trois autres sont des filles. Le garçon et la plus âgée des filles doivent sûrement avoir approximativement mon âge. Le jeune homme tourne le regard vers moi mais nos regards ont à peine le temps de se croiser qu'il n'est déjà plus dans mon champ de vision, la voiture bientôt trop loin que pour nous puissions nous regarder.

Je soupire parce qu'il avait l'air d'être beau, intéressant et cultivé mais aussi, quelqu'un d'intelligent et pas vraiment un prétentieux de première qui me sortent par les deux oreilles. Je déteste les hypocrites et je ne crois pas vraiment qu'il en fasse partie. Mais bon, ce n'était qu'une simple personne de passage dans ma vie et rien de plus. Quand je vois des personnes en quelques secondes, j'ai toujours plus envie de les connaître que des personnes que je dois me coltiner tous les jours. Je ferme les yeux et jette un regard au ciel.

-Si seulement vous pouviez me dire quoi faire exactement, chuchotais-je à l'intention de mes parents, deux étoiles dans le ciel au milieu d'une bonne centaine d'autres.

Ils ne sont pas là et ils n'ont jamais été là mais pourtant ils me manquent comme même. Je ne l'ai jamais connue, du moins, ils sont morts quand j'avais quelques mois. Ils ont créé un vide dans mon cœur, sans même avoir pu encrer un seul souvenir d'eux dans ma mémoire. Je ne sais même pas à quoi ils ressemblaient mais vu les traits de mon visage, je suppose que je dois avoir la moitié de l'un et l'autre moitié de l'autre.

Mais je ne saurais dire si j'ai les yeux de mon père ou ceux de ma mère, le teint de peau de mon papa ou de ma maman, les lèvres de mon paternel ou celles de ma génitrice. Je ne sais pas et je me suis toujours posée cette question ; depuis que j'ai appris et remarqué que les enfants ressemblaient toujours à leurs parents. Je songe à cela, regardant les étoiles sachant très bien que je ne recevrais pas de réponses et que nous ne sommes pas dans un film dans lequel un signe va venir jusqu'à moi. Je soupire et ferme les yeux, m'endormant tellement la fatigue émotionnelle a prit le dessus sur la fatigue physique.

Un jour, je saurais ce qui est arrivé à ces deux personnes que j'aurais appelé respectivement ; maman et papa.



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