02 - dessin

« Le monde n'est pas toujours celui qu'on croit être parce qu'en un instant, il peut changer du tout au tout.
-Zayn »


Tic Tac.

L'aiguille des secondes avançait tout doucement, comme à reculons alors je peinais à finir ce que je venais de commencer. La main tremblante et les doigts serrés autour de mon crayon ordinaire, je passe ma main sur mon visage pour tenter de comprendre quoi que se soit à ce que je suis censé faire. Je ne comprends rien et cela m'énerve grandement. Je relis une nouvelle fois la consigne et ne comprends toujours pas un mot qui est écrit tellement que mon cerveau est embrouillé.

Tic Tac.

L'aiguille continue d'avancer, m'indiquant que je suis de plus en plus con de ne pas avancer dans mon travail et d'ainsi, stationner sur ma vie alors qu'elle continua la sienne, tranquillement sans se soucier de quoi que se soit pour l'arrêter hormis que les piles tombent à plat. Je secoue la tête de gauche à droite, prenant mes cheveux dans mes poings en tirant dessus fermement comme pour essayer d'entrer la consigne dans mon cerveau pour enfin arriver à la comprendre. Mais ça ne fonctionne pas. Je tape du poing sur la table.

Tic Tac.

Je commence vraiment à en avoir assez de ce son répétitif et rythmé. J'aimerais bien le faire taire tellement que je vais péter un câble. Je suis censé dessiné quelque chose sauf que je ne sais pas quoi faire. Je ne comprends strictement rien à ce que l'on me demande et je pousse un long soupire. N'importe qui aurait comprit mais je suis tellement perdu que je n'ai toujours rien compris. Je tape de nouveau du poing sur mon bureau pour montrer au monde entier mon mécontentement.

Tic Tac.

Je me lève de ma chaise de bureau, la tirant vers l'arrière pour sortir plus facilement et le remet en place ensuite, déposant mon crayon sur ma feuille de dessin avec la feuille avec les consignes juste au dessus légèrement en biais. Je me dirige vers l'une de mes deux fenêtres et l'ouvre pour prendre un bon bol d'air. J'en ai vraiment besoin pour remettre mes idées en place et aérer mon cerveau. Après une heure et demie de mathématiques intensif, je crois que j'en avais besoin. À présent, je me sens vraiment con de ne pas avoir pensé à prendre un peu l'air avant de passer à l'art ; sûrement que je n'aurais pas perdu presque une demi-heure devant une consigne totalement basique.

Tic Tac.

L'heure de ma sortie approche doucement et je sens déjà mes mains tremblées et devenir moites. Je ne suis pas vraiment ce que tout le croit que je suis. Beaucoup me voit comme un Bad Boy qui fait tomber toutes les filles mais en réalité je suis assez timide et renfermé sur moi-même parce que j'ai souvent mal au cœur. Un cœur qui saigne tout le temps à cause des autres qui m'ont fait du mal quand j'étais plus petit. Mais maintenant la roue a tourné. Je suis le maître et non le soumis ; je ne vis pour moi-même et personne d'autre. Sauf que la douleur, elle ne part pas, malheureusement.

Tic Tac.

Je passe ma main dans mes cheveux, levant le regard vers la masse de nuages gris qui surplombent le ciel. J'aime bien la pluie aussi surprenante que cela puisse paraître. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un affirme aimer la pluie mais vivant aux Royaume-Unis, il est mieux de ne pas détester ou haïr la pluie. J'ai envie qu'il pleuve pour que la météo s'accorde totalement avec mon humeur. Quelques gouttes commencent à tomber mais elles sont tellement fines et peu nombreuses qu'il faut plisser les yeux pour bien les distinguer. Je passe ma main gauche, la paume vers le haut, pour sentir quelques gouttes d'eau tombées dessus. Je détourne le regard et ramène ma main à l'intérieur de ma chambre, fermant ensuite la fenêtre.

Tic Tac.

Je reprends place sur ma chaise, serrant le crayon dans ma main. Je tire doucement et un peu plus près la feuille de consignes vers moi, lisant pour unième fois les mots qui y sont inscrits. Je ferme les yeux en imaginant ce que je vais bien pouvoir réaliser de créatif et d'original avec la liberté que me laisse les consignes. Je glisse la feuille loin de moi et met légèrement en biais ma feuille de dessin à grain, baissant mon buste et commence doucement à faire les premiers traits de mon œuvre.

Tic Tac.

Je continue encore de dessiner les premiers traits basiques de mon dessin. Je n'ai pas envie de le rater sinon je descendrais dans l'estime de mon professeur d'art mais aussi, je me ferais violence pour avoir rater ce en quoi je suis censé exceller. L'art représente une grande partie de ma vie ; voire même son intégralité. Je vis pour créer et je crée pour vivre. Je commence doucement les détails de mon œuvre, souriant déjà au résultat escompté que j'espère voir rapidement apparaître sur ma feuille. J'ai vraiment hâte de voir le tout, les différences de ce qu'il y aura entre ce que j'imaginais dans ma tête et ce qu'il y aura sur le dessin.

Tic Tac.

Les secondes défilent à toute vitesse et je me mets plus rapidement à la tâche pour avoir le temps de tout finir, sinon ce soir quand je rentrerais vraiment très tard, je n'aurais pas le temps de continuer et de finir mon dessin et comme j'aime dormir, je n'aurais pas non le courage de le faire en me levant le matin avant d'aller en cours ; je ne connais par cœur comme si je m'étais fais. Je passe ma main dans mes cheveux et prend ensuite la petite bouteille d'eau d'un demi-litre posée sur le coin de mon bureau pour en boire deux gorgées et reposer ensuite le récipient à sa place initiale et continué mes traits de crayons. J'ai vraiment le souci des détails mais aussi je suis très perfectionniste.

Tic tac.

Je n'ai pas envie d'y aller mais les secondes me rapprochent de ce rendez-vous auquel je n'ai clairement pas envie d'assister. Les dîners pour le travail de mes parents me gavent vraiment mais je n'ai pas le choix ; je suis obligé d'y aller. Je continue encore de faire quelques traits. Je pourrais dessiner toute ma vie mais mes parents n'y voient rien de bénéfique à part des crampes dans les mains et ainsi perdre de l'argent dans du matériel mais aussi dans des soins que l'on pourrait éviter d'avoir. Ils aimeraient que je fasse dans le droit, le commerce, l'architecture, la médecine ou encore l'économie mais rien de tout cela ne m'intéresse. J'aimerais vivre pour moi-même mais ils ont encore une part d'autorité sur moi parce que je vis encore sous leur toit mais dès que j'aurais quitté la maison ; je vivrais pour moi uniquement.

Tic Tac.

Le temps avance et s'écoule comme un pied que l'on met l'un devant l'autre pour la première fois ; un petit passage à reculons avant de faire plusieurs pas vers l'avant puis ensuite le cycle se reproduit de nouveau. C'est comme ça que je vois le temps et la vie. Je finalise mon dessin alors que les secondes continuent de faire leur petit bout de chemin. Mon dessin est terminé, il est comme je le voudrais ; réaliste et maudit. Il représente le noir de ce monde ; le noir que je vois partout même dans ma propre ombre quand il y a du soleil sur ma ville ou dans la région dans laquelle je vis.

Descendre bas pour remonter en hauteur. Monter en hauteur pour descendre encore plus bas qu'auparavant. À quoi bon se tuer à la tâche alors qu'on pourrait vivre peu importe où l'on se trouve ?



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