Chapitre 30 "*Keluarga"
PDV extérieur
_ Tu te souviens de quelque chose ? Demanda Ragnor qui était resté discret tout ce temps.
Pendant que son frère réfléchissait silencieusement à ce qu'il s'était passé, Ragnor en profita pour observer chaque membre de sa famille tout en tenant toujours Catarina par la main, son corps collé au plus près d'elle. Le contact avec sa compagne était très important, autant pour lui que pour elle, ça leur permettait de ne pas perdre pied dans une telle situation. La jeune femme était la seule à avoir ce privilège car l'aîné ne supportait pas les gestes trop affectifs avec les autres, même avec sa famille adoptive, c'était encore compliqué pour lui. Il avait gardé en lui le traumatisme subi par sa famille biologique. Oui, en effet dans la famille Fell montrer ses sentiments était une marque de faiblesse. Chaque fois qu'il montrait son amour à sa mère avec des paroles ou des gestes tendres, cette dernière le repoussait et lui mettait une gifle lui criant qu'il n'était qu'un faible et que personne n'aimait les faibles. Quand il fut placé à l'orphelinat, ses parents ayant perdu sa garde pour cause de maltraitance, ce transfert pour lui fut dur à vivre perdant sa famille et tous ses repères. Heureusement pour lui, il avait fait la connaissance de Catarina dès son arrivée dans l'établissement. Elle avait su dès le début de leur rencontre que le jeune homme avait besoin d'un ami, de quelqu'un de confiance pour l'aider à avancer sereinement. Elle avait su trouver les bons gestes et les mots juste qu'avait besoin d'entendre son ami. Elle avait su percer cette carapace qu'il s'était faite avec le temps et de fils en aiguille ils s'étaient rapprochés, l'amitié faisant place à un amour réciproque et fusionnel. Sa famille adoptive par la suite, avait su aussi le mettre en confiance et lui expliquer que plus les sentiments étaient forts et sincères et plus l'amour avait sa place. May-Lynne et Asmodée lui avaient expliqué que finalement les faibles étaient ceux qui cachaient leur ressenti car ça les rendait malheureux de ne pas savoir comment s'exprimer correctement envers les autres. Certaines personnes préférant rejeter leur mal-être et leur colère sur leurs proches plutôt que de l'assumer. Les parents Bane avaient appris à leurs enfants que la communication entre les gens était très importante pour se comprendre et que les bons mots au bon moment avaient plus d'impact qu'une simple grossièreté ou qu'un mauvais geste. C'est pour cela que l'anglais avait toujours privilégié les bons mots, choisi les bonnes tournures de phrases pour rassurer, réconforter ou soutenir au mieux ses proches. Il savait très bien que les mots pouvaient briser quelqu'un bien plus que les gestes et puis il n'avait jamais aimé la violence. Ragnor avait ce don de sentir, comme un sixième sens, si la personne face à lui était bonne ou mauvaise, sincère ou hypocrite ou tout simplement manipulatrice ou altruiste. Inutile de vous faire un résumé sur son ressenti la première fois qu'il a fait connaissance avec cette chère Camille. Bref, passons ...
Même si Magnus s'était réveillé et se souvenait de tout, leur frère n'était pas à l'abri d'une rechute. Ragnor avait toujours ce côté négatif en lui, qui lui criait que rien n'était gagné. Qu'à n'importe quel moment le hasard ou la vie tout simplement pouvait basculer en quelques secondes. Il était prêt au pire, en même temps chaque fois qu'il était ainsi le meilleur arrivé par la suite, mais ça il se le gardait pour lui. "Alors pourquoi changer une équipe qui gagne" dit-il intérieurement alors que Magnus essaie de se souvenir de la suite de ses événements et surtout de les mettre dans le bon ordre, son cerveau ayant du mal à se reconnecter correctement. L'indonésien ferma les yeux se maintenant toujours la tête d'une main. Puis après quelques vagues flashs que son esprit voulait bien lui montrer, il commença à énumérer tranquillement ce qu'il se rappelait, lentement essayant de ne rien omettre.
_ On était parti en week-end avec Alexander ... On a dansé ... Chanté ... Commença t'il posément.
En s'entendant parler, Magnus se remémora ses bons et superbes moments avec son bel Alexander. Il se rappela leurs danses collées/serrées puis de l'instant où, ils s'étaient chauffés réciproquement, leurs regards emplis de désir, emportés par l'ambiance de la soirée suivi par leurs moments charnels. Ils avaient fait l'amour sur la plage, enfin dans l'eau de mer. L'océan enfin surtout ses vagues houleuses les avaient cachés de la vue éventuelle des rares passants, si tentait qu'il y en est surtout à deux heures du matin. Ils avaient repris leur souffle mais ils s'aimaient tellement qu'ils voulaient sans cesse le prouver. C'est pour cela qu'ils s'étaient précipités dans leur chambre d'hôtel, leurs ébats durent une bonne partie de la nuit. Il voyait le sourire radieux de son Alexander sous ses yeux, se souvenait du moindre de ses soupirs et de ses gémissements quand il prononçait son prénom pendant que Magnus lui prouvait son amour. Il entendait la voix rauque de son petit-ami lui répéter ses mots d'amour susurrés toujours sincères et tellement agréables à entendre. Ce souvenir lui met le rouge aux joues, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de sa fratrie qui sourit en se regardant à la va-vite entre-eux ayant compris le fond des pensées secrètes de leur frère. Le regard de Magnus se baissa gêné de se sentir observer par sa famille alors qu'il repensait à son intimité avec son compagnon. L'un d'eux mit les pieds dans le plat et prit la parole pour titiller un peu son frère, ça lui manquait et il était peut-être temps de reprendre la vie, là où elle en était.
_ A voir ton état, mon frère, le week-end a été plutôt bon on dirait, le taquina Raphaël tout sourire se moquant ouvertement de lui, alors que le rouge aux joues de Magnus devient totalement écarlate.
L'espagnol fut surpris de se prit un coup de coude dans les côtes de la part d'Andrew qui trouva que sa remarque était plutôt déplacée. Ce geste fit s'esclaffer Ragnor et Catarina de plus bel, sous le regard bienveillant de leurs parents. À la suite de ce petit asticotage qui fit sourire toute la famille, heureuse de constater que l'humour et les taquineries étaient tout de même présents malgré cet instant quelque peu stressant. Pour toute réponse, Magnus tira la langue à son petit frère, comme un gamin qui réplique suite à une parole qui ne lui plaisait pas, ce qui était le cas en somme. Cela fait rigoler de nouveau tout le monde. May-Lynne qui regardait ses enfants, les uns après les autres se mit à penser que même s'ils grandissaient beaucoup trop vite à son goût, il y avait des choses qui ne changeaient pas et qui ne devaient pas changer pour le bien de tous. Leurs taquineries mutuelles étaient signe d'une bonne entente dans la fratrie, car comme le disait souvent leur mère " qui aime bien châtie bien". Magnus se massa le front, son mal de tête reprenant de plus bel. Il prit une inspiration et continua de raconter ses vagues souvenirs.
_ On a reçu un appel de Simon le lendemain concernant ... commença Magnus cherchant ses mots tout en se frottant le front puis il reprit. Ça concernait une annonce publique de ... du docteur Morgenstern ... Puis dans la foulée Cat m'a appelé confirmant les dires de mon ami, s'arrêta-t-il, son mal de tête omniprésent prenant le dessus sur ses dires.
Magnus avait mal à la tête à force de se concentrer et de recevoir des flashs. Il grimaça tout en racontant la suite tant bien que mal. Au fur et à mesure que ses visions prennent le dessus et s'immiscent dans son esprit.
_ On s'est préparés pour rentrer ... Même si on n'en avait pas envie ... On était tellement bien là-bas ... Puis on a pris la route dans l'après-midi, après avoir mangé dans notre chambre... Plus tard, en arrivant devant l'immeuble d'Alec ... On a aperçu les camions des chaînes d'infos et tous les journalistes sur le trottoir de l'entrée du bâtiment, alors Alexander a fait le tour pour passer par le parking en toute discrétion ... Au moment de tourner une voiture ... blanche il me semble, nous a foncé dessus et puis ... J'ai fait un vol plané passant au-dessus d'Alexander et de cette bagnole ... Puis plus rien, jusqu'à ce que je vous vois ici, finit-il, se massant le front en continu, la douleur devenant de plus en plus insupportable.
Tout en se tenant la tête de ses deux mains cette fois, il se mit à crier de souffrance, son corps toujours allongé, se tendit dans son lit, alors que son cerveau venait de lui envoyer le passage où la voiture leur avait foncé dessus. Il surprit sa famille qui sursauta de surprise car ça ne lui arrivait jamais d'être dans un état de peur panique pareil. Il les fixait sans les voir, regardant un point fixe sur le mur face à lui comme s'il revivait dans l'instant l'accident comme s'il y était de nouveau. Lâchant sa tête, il crispa ses poings sur les draps du lit, des larmes se mirent à couler de ses magnifiques yeux en amandes mordorés, comprimant le cœur des deux femmes présentes dans la pièce. Toutes les deux étaient les plus sensibles et ressentaient la douleur de Magnus rien qu'en voyant l'expression de son visage, son regard était figé et son corps était tout tremblant. La peine et la détresse se lisaient sur le visage fatigué et cerné de ce dernier. Puis il se redressa et sauta du lit d'un bon sans crier gare, surprenant sa famille de nouveau par son geste irréfléchi. Il était fixé sur un objectif qui lui était venu en tête et tant qu'il ne l'aura pas fait, il ne pourra pas aller mieux. Il devait le voir, constater de lui-même que son Alexander aller bien, il en avait besoin, là maintenant. C'était une question de vie ou de mort, il sentait que quelque chose n'allait pas mais il ne savait pas quoi exactement. Il se tenait maladroitement sur ses jambes qui flageolèrent légèrement. Sa tête lui faisait toujours affreusement mal, puis il eut comme un second flash lui faisant basculer sa tête en arrière tout en se cognant contre le mur derrière lui. Son cerveau lui envoya un autre passage de l'accident où il vit son Alexander faire un vol plané, son corps tapant violement dans le pare-brise puis rebondissant sur le capot tout en passant par-dessus le véhicule qui roulait encore avant de tombé plus loin sur le bitume et que lui soit plonger dans le noir total par son état de choc. Un autre cri raisonna dans la pièce et Magnus se mit à pleurer de plus bel et fut pris de tremblements incontrôlables, imaginant le pire pour son compagnon. Son corps et son esprit étaient hantés par cette dernière vision. Voir son Alexander si proche et en même temps si loin de lui, immobile avec son casque qui avait explosé sous le choc quand sa tête avait rencontré le macadam de la route. Voyant son beau visage ensanglanté et sans expression, lui fit tourner de l'œil alors que lui-même était emporté par un trou noir suite au traumatisme qu'il vivait sur l'instant. Asmodée se rapprocha doucement de son fils qui était sur le point de s'effondrer, pris de panique de perdre son bien-aimé. Puis Magnus se reprit lentement, reprenant pied petit à petit, tout en regardant les membres de sa famille les uns après les autres avec un regard perdu et triste à la fois.
_ Où est-il ? ... Où est-il ? ... Où est Alexander ? Répéta-t-il complètement hystérique et toujours en pleurs.
Magnus était en proie à un chagrin immense qui prit son cœur en étaux et la peur au ventre de perdre son amoureux, son futur mari, le seul et unique homme de sa vie. Cet homme qu'il aimait comme un fou, envers et contre tout, sans limite.
_ Où est-il ? reprit-il, laissant parler sa peine avec une voix vacillante, alors que Ragnor s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras et le calmer, ce que Magnus laissa faire sans sourciller.
Il resta tout de même surpris du geste de son frère, car celui-ci n'était pas ce que l'on peut dire tactile. Cela mit la puce à l'oreille de Magnus ainsi qu'à celles des membres de sa famille qui furent tout aussi surpris du geste de l'aîné. Ils savaient tous dans quel état était Alec, mais comment lui annoncer sans lui rajouter de la peine à celle qu'il le ravageait déjà. Puis Ragnor, voulant aider son petit-frère, prit la parole sans trop savoir où il allait. Il voulait juste que Magnus aille mieux, il voulait seulement le réconforter mais pour une fois Ragnor ne calcula pas le poids des mots qu'il allait lâcher. Il était malheureux de voir son petit frère aussi mal et se sentait tellement impuissant, il ne réfléchissait pas comme il le faisait d'habitude.
_ Il est un peu plus loin dans une autre pièce avec sa famille. Il dort encore, ne t'inquiète pas Magnus tout ira bien, lui expliqua son aîné pour le calmer, espérant que cela marche même un tout petit peu.
Malheureusement cela eut l'effet inverse car Magnus connaissait trop bien son grand frère. Il se recula donc et observa Ragnor, sa gestuelle et ses paroles ne collant pas avec le reste de sa personne. Il était certes protecteur mais jamais comme ça. Quelque chose n'allait pas, il en était certain. Ragnor était mal à l'aise tout comme Catarina qui évitait son regard depuis tout à l'heure. Raphaël n'en menait pas large non plus et il ne lâcha pas la main d'Andrew ayant besoin d'un soutien sentant une dispute venir à grand pas. Raphaël connaissait très bien Magnus, il avait eu un accident oui mais il était loin d'être bête à ce point-là. Quand le regard de Raph croisa celui de l'indonésien, ce dernier comprit que ça allait exploser d'ici quelques secondes à peine. Magnus complètement ailleurs ne remarqua même pas la présence de l'infirmier du Centre avant de le voir à côté de son petit frère main dans la main. Magnus souria à son cadet heureux pour lui, avant de posait de nouveau son regard sur son aîné et reprit un peu déstabilisé par la situation inconfortable du moment.
_ Tu mens, lui dit-il, se détachant de son étreinte en lui donnant des coups sur le torse avec ses poings fermés mais tremblants. Par la suite, il alla se coller une fois de plus au mur frais derrière lui, car il avait horriblement chaud et s'y appuya tant bien que mal. Il reprit de sa voix chancelante. Tu mens, je le sens dans ta voix ! Et ton corps tremble légèrement, tu n'es pas à l'aise. Y a quelque chose que tu ne me dis pas, Rag ! Jamais tu ne nous prends dans tes bras pour nous rassurer. En temps normal, tu le fais avec tes mots et tes tournures de phrases. Tu n'aimes pas ça, le tactile n'est pas ton truc, ce n'est pas toi ! Qu'est-ce que tu me caches ? Dis-le-moi ! Hurle Magnus.
Il était pris entre la colère d'un éventuel mensonge et son inquiétude pour son Alexander, s'imaginant les pires scénarios qui pouvaient se jouer à cet instant précis. Son corps se mit à trembler quand son cerveau lui envoya un flash de son Alexander immobile sur la route après l'accident. Puis ses mots qui lui venaient en tête le firent pleurer de nouveau et il reprit la parole tout en sanglotant.
_ Il est mort, c'est ça ? hurla de plus bel le jeune homme, pleurant toutes les larmes qui lui venaient aux yeux, floutant sa vue au passage.
Alors que l'indonésien se dirigea vers la porte, posant une main sur la poignée prêt à partir à la recherche de son compagnon. Ragnor lâcha ces mots sans penser au choc qu'ils allaient causer par la suite dans l'esprit de son petit frère toujours en état de choc.
_ Il est dans le coma, Mags ! Tu ne peux pas le voir ! La seule chose que tu puisses faire pour le moment c'est d'aller mieux pour pouvoir l'aider et le soutenir, laissa-t-il échapper à brûle-pourpoint.
_ Dans le ... coma ... Alexander ... est dans le coma, répéta-t-il perdue entre sa peine et sa douleur, ses larmes coulant sur ses joues en continu, incontrôlable.
Traduction :
*En indonésien "keluarga" veut dire famille.
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