Chapitre 31

PDV Saori, une semaine plus tard

Je regardai tendrement Koro et Aloïse jouer dans le jardin. La fillette avait été plus que soulagée de savoir que l'autre sujet d'expérience de son père avait réussi à survivre, et elle s'était empressée de le remercier de l'avoir sortie de son enfer en détruisant le labo. Bon, elle m'en avait voulu durant une journée pour avoir révélé son secret à Nagisa et Koro mais bon, c'était un mal pour un bien. Depuis, ils construisaient lentement, mais sûrement, une relation père-fille, facilitée par le fait qu'Aloïse avait toujours aimé sa mère et que Koro l'avait réellement aimé, contrairement à Yanagisawa.

"C'est génial qu'ils puissent tout deux se construire une réelle deuxième vie... Koro n'a jamais vraiment réussi à tourner la page de sa période en tant que sujet d'expérience, même s'il essaie.", dit Nagisa en me rejoignant sur le pas de la porte. "C'est quand qu'Aloïse quitte l'hôpital ?

- Dans une semaine. Le directeur a accepté que Koro soit son responsable légal quand il a su qu'il était un ancien sujet d'expérience de Yanagisawa. Le temps que la paperasse soit complétée et ce sera bon. Il faudra juste qu'Aloïse garde ses émotions sous contrôle, l'anti-matière dans son corps ne peut être retirée malheureusement...

- Je pense que cela ne la préoccupe pas trop.", sourit le bleu en voyant la fillette se tordre de rire sous les chatouilles de Koro.

En réponse, je déposai un baiser sur les lèvres de mon copain. Mes souvenirs me revenaient un peu plus chaque nuit, depuis que je savais tout ce qu'il s'était passé. Je m'étais rappelée de mes derniers souvenirs la nuit dernière.

"Qu'est-ce-que tu veux faire par rapport à Kayano ? me demanda Nagisa.

- Je ne sais pas trop... je suis en colère contre elle à cause de ce qu'elle a fait, mais je n'arrive pas vraiment à la détester. Elle a fait ça par jalousie et elle a clairement dépassé les bornes, mais elle a un bon fond. Donc je n'arrive pas à la détester réellement...

- Moi si, au moins un peu. A cause d'elle, on a souffert pendant trois ans, et je ne peux pas lui pardonner pour ça...

- Tu sais p'tit schtroumpf, ne pas détester ne signifie pas pardonner. Mais bon, c'est la tante d'Aloïse, qu'on le veuille ou non. Alors tout dépendra d'elle. Si Aloïse veut se rapprocher d'elle, je ne ferai pas obstacle et ferai en sorte de m'entendre un minimum avec Kayano.

- Tu es quelqu'un de bien. Je ne suis pas sûr que tu aurais pris la même décision il y a trois ans...

- On évolue tous p'tit schtroumpf. Et j'imagine que la sagesse d'Aloïse a fini par déteindre sur moi...

- Va savoir... tiens, on dirait qu'on a de la visite."

Je levai la tête et vis une luxueuse voiture se garer sur le trottoir juste devant le portail de notre maison. Karma et Rio déboulèrent subitement de l'intérieur de la maison.

"C'est les parents.", m'indiqua-t-il, reconnaissant sûrement la voiture.

Un majordome descendit de la voiture et ouvrit une des portières. Un couple ressemblant à Karma et moi en descendit, confirmant les paroles de mon frère.

"Saori, ma chérie, tu es complètement remise d'après les médecins. Il est temps de retourner en Belgique, sourit notre mère d'une voix haut perchée.

- Alors là, tu peux toujours te brosser.

- Saori, surveille ton langage.", menaça notre père. "As-tu oublié notre accord ?"

Je me relevai et avançai vers eux, menaçante.

"Il n'y a plus d'accord qui tienne. Cette fois, c'est moi qui décide et qui pose les règles du jeu, compris ?! Vous voulez me ramener en Belgique ? Très bien, mais c'est moi qui décide dans quelles conditions. 

- Que veux-tu dire ? répondit notre mère.

- C'est simple, je vous lance un défi en deux parties, une que vous choisissez et une que je choisis. Si vous en remportez au moins une, je retourne en Belgique et je ne chercherai plus jamais à partir. Sinon, je reste ici et vous retournez en Belgique sans moi, avec pour interdiction de revenir dans ma vie.

- C'est grotesque ! renifla notre mère.

- Ecoute chérie, si c'est la seule solution pour qu'elle rentre et fasse ce qu'on lui dit..."

Pendant qu'ils parlementaient, Rio, Nagisa et Karma s'approchèrent.

"Tu es sûre Kyukate ? 

- Ton pari est risqué p'tite soeur... tu es certaine de toi ?

- Je suis d'accord avec eux. A tous les coups, ils vont choisir une épreuve hyper dure pour toi !

- Ne vous inquiétez pas, je gère la situation. Et puis, vous semblez oublier que j'ai reçu l'éducation d'une princesse. Peu importe ce qu'ils me demanderont, cela aura certainement un lien avec ça, je peux gérer. J'ai retrouvé tous mes souvenirs et ce n'est pas un défi lancé comme ça, j'y ai réfléchi pendant plusieurs jours.

- Bon... on a confiance en toi de toute manière. Fais tout pour rester Kyukate, je ne veux pas que tu partes..."

Je tournai la tête vers mon copain et déposai un baiser sur ses lèvres.

"Je ne partirai pas, je te le promets."

Notre père s'éclaircit la gorge, ramenant notre attention sur eux.

"Très bien, nous acceptons. Puisque c'est toi qui nous mets au défi, à toi de choisir la première épreuve.

- Tir à l'arc.", décidai-je aussitôt. "Cela se jouera sur trois cibles. Le gagnant de l'épreuve est le camp qui a le plus de points une fois ceux remportés pour chaque cible additionnés ensemble.

- Evidemment !", ironisa notre mère.

Je ne répondis pas mais on rejoignit ma salle de tir à l'arc personnelle. Il fut décidé que le majordome de mes parents participerait en leur nom pour cette épreuve et, en conséquence, Koro fut désigné comme arbitre. Le majordome s'équipa d'un arc et tira sur les trois cibles disposés, en prenant du temps pour viser. La première atterrit dans le dernier cercle blanc extérieur, la deuxième dans le cercle jaune juste avant le centre et la dernière dans le centre.

"Vingt points pour les parents Akabane.", comptabilisa Koro. "A toi Saori.

- Pff amateur !", ricana Karma. "Ma soeur va vous déglinguer, vous allez rien comprendre!

- Comment avons-nous pu concevoir un enfant pareil ?", soupira notre mère.

Karma les ignora et je me mis en positon. Je commençai à arpenter en ligne droite la salle, décochant mes trois flèches les unes après les autres, les mettant dans le mille à chaque fois.

https://youtu.be/Tv5yHk5h4Lg

"Trente points pour Saori. Saori remporte l'épreuve."

Nos parents ne dirent rien, s'attendant certainement à ce résultat.

"Prochaine épreuve ?"

Notre mère eut un air presque carnassier derrière son sourire digne.

"La valse."

Super...

"Tu peux choisir ton partenaire, même ce... hmpf... ridicule pianiste de bas étage !

- Hey ! Nagisa n'est pas un pianiste de bas étage !

- Laisse tomber Kyukate, ils essaient de te provoquer. Descendons dans le salon, il y a aura de la place."

On descendit donc tous en bas et on poussa les meubles pour faire une piste de danse relativement grande.

"Notre majordome sera l'arbitre cette fois-ci.", reprit notre mère. "Pour l'emporter, il faut valser avec grâce et élégance. Toi et ton pianiste ridicule, vous pensez en être capable ?"

En réponse, mon pianiste me tendit sa main, avec un sourire rassurant et rempli d'amour comme seul lui savait les faire. Je lui rendis son sourire et pris sa main.

"Oui, répondis-je. 

- Nous verrons bien."

On s'écarta pour laisser la place à nos parents. Koro mit le morceau indiqué par notre mère et ils se mirent à danser.

https://youtu.be/NRqOsYFc2xs

"Exceptionnel, comme toujours.", annonça le majordome de mes parents. "Dame Saori, c'est à vous."

Je hochai la tête et Nagisa alla vers Koro, me tirant derrière lui.

"Quel morceau voulez-vous ?

- Je ne connais pas le titre mais... vous vous souvenez du bal costumé en troisième ? demanda Nagisa.

- Oh, tu veux que je mette le morceau sur lequel Saori et toi avez dansé ? 

- Oui.

- C'est "La Valse de l'Amour", un morceau parfait pour vous. C'est entendu, bonne chance !"

On lui sourit et on alla prendre la place des parents de Karma et moi.

"Je t'aime Kyukate, tu sais ?

- Je t'aime encore plus, p'tit schtroumpf !"

Il me fit un sourire éclatant et mit sa main dans mon dos lorsque la musique commença, comme lors du bal costumé il y a trois ans.

https://youtu.be/pIg9sYGnMKw

Nagisa me sourit tendrement et je le lui rendis, puis on se tourna vers le majordome de nos parents. Ce dernier était statique.

"C-C'était..."

Une larme coula sur sa joue avant que son visage ne s'illumine.

"C'était tellement parfait ! A la fois élégant, gracieux et empreint d'une telle émotion, d'un tel amour... Dame Saori remporte l'épreuve !

- C'est une blague ?!", s'énerva notre père. "Tu es censé être de notre côté sombre idiot !

- Vous m'avez désigné comme juge Monsieur, et un juge se doit d'être impartial. Vos deux prestations étaient autant gracieuse et élégante l'une que l'autre, mais ce sont les émotions transmises qui ont fait pencher la balance. Votre valse ne transmettait pas grand-chose, mais la leur... elle transmettait l'amour inconditionnel qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre.

- Malheureusement, c'est vrai.", soupira notre mère. "Et un marché est un marché. Très bien Saori, nous n'interfèrerons plus dans ta vie, c'est promis. Nous continuerons à subvenir à vos besoin en vous envoyant de l'argent, à Karma et toi, jusqu'à ce que vous soyez prêts à le faire vous-mêmes, mais vous êtes libres de faire ce que vous voulez de votre vie."

Je hochai la tête et nos parents et leur majordomes prirent congé. Tous me sautèrent dessus, ravis que je reste.

"Tu es trop forte p'tite soeur !

- La façon dont votre père a cru que leur majordome serait partial... c'était hilarant, rigola Rio.

- Le principal, c'est que tu peux enfin rester sans que cela ne te pose problème !", s'excita Nagisa.

Un rire soulagé s'échappa de ma gorge. C'était vraiment génial ! Je n'avais plus d'épée de Damoclès au-dessus de la tête ! Qu'est-ce-que je me sentais bien !

Lorsqu'on fut calmés que Rio et mon frère remontèrent dans leur antre, Nagisa me regarda avec son regard "je sais à quoi tu penses".

"Tout n'est pas terminé, c'est ça ?

- Non, effectivement. Je dois lui parler."

Le bleu hocha la tête.

"D'accord, je t'accompagne alors.

- Tu es sûr ?

- Plus que jamais.

- Dans ce cas, allons-y. Tu me montres le chemin ?"

Mon copain acquiesça de nouveau et on alla se chausser, informant Sébastian qu'on allait se promener. On prit les transports jusqu'à un quartier semblant habiter des ménages de richesse moyenne. Nagisa me conduisit jusqu'à une maison en particulier.

"C'est sa maison. Enfin... celle où sa famille vivait. Elle y vit encore depuis la mort de sa soeur.

- Allons-y alors."

On alla devant la porte et on sonna. Il fallut une dizaine de seconde avant que le panneau de bois ne s'ouvre.

"Nagisa ? Saori ? Qu'est-ce-que vous faîtes ici ? Je croyais que...

- Je ne fais que l'accompagner, elle voulait te parler, répondit Nagisa en esquivant son regard.

- Oh... entrez, je vous en prie."

Elle s'écarta et nous laissa passer. Elle nous conduisit jusqu'au salon, où on s'installa sur le canapé.

"Je vous sers quelque chose à boire ?

- Non, cela ira merci.", répondis-je.

Elle hocha la tête et s'assit en face de nous, sur un fauteuil.

"De quoi voulez-vous qu'on parle ?

- Kayano... pourquoi tu as fait ça ?"

L'ancienne verte soupira et se tritura les mains.

"J'étais malade de jalousie... je voulais Nagisa rien que pour moi, et je voulais que tu retournes en Belgique au plus tôt pour qu'il t'oublie et que je le fasse tomber amoureux de moi... mais j'ai réalisé trop tard que c'était une erreur. Une grave erreur, qui m'a coûté l'amitié de mon meilleur ami... je n'ai pas non plus pensé à ce que tu pouvais ressentir. Quand tu as commencé à t'intéresser à Nagisa, tu t'es mise à me détester mais... mais pourtant, tu as toujours été gentille avec moi, parce que tu savais que cela ferait du mal à Nagisa si on se querellait. Tu as fait passer son bonheur, son bien-être, avant le tien, tout ce que je n'ai pas su faire. J'ai cherché à vous séparer, et Nagisa est tombé en dépression à cause de moi... je n'imagine même pas ce que tu as vécu en Belgique..."

J'eus un petit sourire triste.

"J'étais habituée à vivre dans un château, mais j'étais assez triste, c'est vrai. Je n'ai pas pu faire du tir à l'arc ou du judo pendant trois ans, et je n'avais pas d'autre moyen de contact avec Karma, Rio et Nagisa que via Sébastian. J'ai retrouvé mon amie d'enfance, mais ce n'était pas pareil. Me marier avec un ami m'était devenu encore plus insupportable qu'avant, parce que j'aimais quelqu'un. Et puis, j'ai reçu une lettre de Nagisa le jour du mariage, et j'ai pris une décision radicale. L'idée ne venait pas de moi, elle venait de Gabriel, mais j'y ai songé pendant quelques temps. Cette lettre m'a fait me rendre compte de ce que je voulais vraiment...

- C'est-à-dire ? demanda Kayano.

- Je ne voulais pas ternir les souvenirs que j'avais avec Nagisa en restant cloîtrée dans une vie qui ne me convenait pas. Mais je n'avais pas d'alternative pour m'en échapper définitivement, alors j'ai sauté du haut de la fenêtre de la chapelle royale. 

- Heureusement, Koro l'a rattrapé mais... quand elle s'est réveillée, elle avait perdu tous ses souvenirs... marmonna Nagisa en serrant ma main, comme si j'allais partir.

- Mes souvenirs me sont revenus maintenant, mais les actes ont une résonnance forte...

- Ce n'était pas ce que je voulais... je suis sincèrement désolée, vraiment... je ne pensais pas... je ne voulais pas...

- Je m'en doute Kayano, mais le mal a été fait. 

- Tu as parfaitement le droit de me détester, plus qui quiconque... j'aimerais tellement pouvoir réparer mes erreurs.

- Kayano, je ne te déteste pas. Je suis en colère contre toi, je ne risque pas de te pardonner avant longtemps, mais je ne te déteste pas. La jalousie est un sentiment humain. Cela ne veut pas dire que je cautionne ce que tu as fait, bien au contraire, mais je comprend pourquoi tu as agis.

- Tu as mûri... tu n'aurais pas été aussi compréhensive avant, je pense.

- Non, c'est vrai. Mais j'ai rencontré une fillette pleine de sagesse à l'hôpital, j'imagine que c'est son influence... Kayano, si tu es prête à ne plus jamais faire un truc comme ça, je suis prête à te donner une seconde chance. Mais pour ça, commence par nous laisser tranquille, Nagisa et moi.

- Ne t'inquiète pas ! Tu n'avais pas besoin de me le dire, c'est évident pour moi que vous êtes faits l'un pour l'autre ! Tu es vraiment prête à me donner une seconde chance ?"

Je hochai la tête.

"Tu as un bon fond, et on a fait partie de la même classe. Vous avez été mes premiers amis en dehors de Laura, cela ne sert à rien de rester brouillée si tu es prête à effacer l'ardoise. Cela ne veut pas dire que je te pardonne, juste que je te donne l'occasion de me montrer ta bonne foi. La confiance est quelque chose de long à construire, mais de facile à détruire. Prouve-moi que tu mérites encore ma confiance.

- Notre confiance.", maugréa Nagisa.

Je me tournai vers lui, étonnée. Pourtant, il répondit à ma question muette d'un hochement déterminé.

"Qu'on soit clairs Kayano. Actuellement, je te hais comme jamais je n'ai haïs quelqu'un. Mais tu étais ma meilleure amie et Kyukate est prête à te laisser une deuxième chance. Alors, c'est uniquement au nom de notre ancienne amitié et pour Kyukate que je t'offre une deuxième chance aussi. Mais ne t'attends pas à ce que tout redevienne comme avant.", dit froidement Nagisa.

Kayano hocha sentencieusement la tête, s'attendant certainement à une telle réponse.

"Je ferai mon possible pour vous montrer que j'ai changé. C'était la seule raison pour laquelle vous êtes venus ?

- Non, je voulais te parler d'autres choses aussi. Tu es bien la soeur d'Aguri Yukimura, c'est ça ?

- Oui... j'ai changé de nom après sa mort, mais mon vrai nom est Akari Yukimura. Pourquoi ? Je sais que Koro était amoureux d'elle mais...

- Elle avait une fille.

- Oui, je sais. Elle est morte dans l'explosion du laboratoire, en même temps qu'Aguri.

- Non, elle est vivante.", marmonna Nagisa. "C'est la fillette que Kyukate a rencontré à l'hôpital.

- Aloïse, oui. Elle est avec Koro en ce moment, et elle va bientôt vivre avec lui.", dis-je doucement. "Mais comme c'est ta nièce, il me semblait important que tu sois au courant...

- ... et qu'on enterre la hache de guerre. Tu l'aimes beaucoup, n'est-ce-pas ?

- Oui, c'est comme une petite soeur pour moi. C'est vrai que c'est pour elle que j'ai voulu qu'on s'explique aussi tôt, mais je voulais déjà le faire. Cela ne sert à rien de s'empoissonner avec le passé, il faut essayer d'avancer, même si c'est difficile. Il faudra du temps pour que la situation s'apaise avec tout le monde, mais la classe E a toujours repoussé les limites de l'impossible, alors rien ne nous est impossible.

- Tu as raison...", sourit Kayano. "Je suis sincèrement désolée pour tout ce que j'ai fait. On fait la paix ?"

Elle me tendit sa main. Je la pris et la serrai comme si on passait un accord.

"On fait la paix."

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