Chapitre 25
PDV Saori
Je me réveillai doucement et regardai l'heure sur mon réveil. Il était sept heures du matin et on était mercredi. Je tournai alors la tête vers l'autre côté du lit et ne vis pas Nagisa. On avait décidé de dormir ensemble car, depuis samedi, nous n'arrivions plus à dormir si nous étions séparés.
Je touchai la place du bleu et remarquai qu'elle était encore tiède, signe qu'il n'était pas parti depuis très longtemps. Cependant, je me demandais où il était. Il ne commençait pas avant dix heures aujourd'hui...
Je me levai donc et sortis en silence de ma chambre. Celle de mon frère était ouverte en grand, alors je passai la tête et vis seulement le lit défait. Je descendis sans bruit au rez-de-chaussée, jusqu'à ce que des voix me parviennent. Je reconnus celles de Nagisa, Rio et Karma, ainsi qu'une autre voix féminine qu'ils nommaient "Kataoka". Je m'approchai davantage tout en restant collée au mur pour que personne ne me voit.
"Je pense que cela lui ferait du bien de voir du monde après trois semaines à l'hôpital, fit Kataoka.
- Kataoka, je pense pas que Saori soit prête pour aller à une fête d'ados avec de l'alcool.", soupira Karma. "Je pense qu'elle a besoin de rester au calme."
Qu'est-ce-qu'il en savait ? J'avais besoin d'action moi, je m'ennuyais. Je faisais la même chose depuis dimanche : passer la journée avec Aloïse durant les heures de visite avant de rentrer pour passer du temps avec Nagisa, Karma et Rio s'ils étaient rentrés de l'université. Sinon, je m'ennuyais ferme. En plus, j'aimais pas la routine.
"Au contraire, je suis sûre que cela la secouera un peu de s'amuser. Saori va bien, inutile de la couver autant."
Un long silence répondit aux mots de Kataoka, avec qui j'étais d'ailleurs d'accord.
"C'est quoi cet échange de regards inquiets ? Il y a quelque chose que vous ne nous avez pas dit ?
- En fait...", dit timidement Nagisa. "Ne le dis à personne mais... Saori est amnésique. Elle ne se souvient de rien du tout et on ne veut pas la brusquer. Elle veut retrouver ses souvenirs, mais pas d'un coup.
- Oh... je comprends mieux. C'est sûr que voir tant de monde qui la connaît d'un coup, cela pourrait la brusquer et engendrer une réaction qu'on ne pourra pas prévoir... pas de soucis. Donc aucun de vous ne viendra samedi soir ? C'est tout de même l'anniversaire de Kanzaki...
- On sait, mais on préfère rester pour que Saori ne soit pas seule. Et on ne souhaite pas vraiment revoir Kayano, marmonna Rio.
- Il serait peut-être temps que vous fassiez la paix avec elle. Je sais que ce qu'elle a fait est impardonnable, mais vous ne pourrez pas l'éviter éternellement. Elle fait partie de classe E, tout comme nous.
- Peut-être, mais je ne veux plus la côtoyer. Même amnésique, Saori la hait toujours autant et je n'ai pas franchement envie de lui raconter tout de suite pourquoi. Parce que l'argument "possessivité" ne suffira pas à justifier une haine aussi intense et elle le sait parfaitement ! rétorqua Nagisa avec un aplomb qui m'étonna.
- Kataoka, c'est pas contre toi, mais on a beaucoup trop souffert à cause de Kayano ces trois dernières années. Ce n'est pas parce que ma petite soeur est enfin de retour qu'on va passer l'éponge.
- Je sais... vous étiez terriblement proches d'elle, bien plus que toute la classe réunie. J'aimerais juste que vous fassiez en sorte que cela ne plombe pas trop l'ambiance quand on se réunit au bâtiment. Je sais très bien que vous ne pouvez pas lui pardonner, mais si vous pouviez au moins être dans la même pièce qu'elle sans lui parler méchamment, ce serait génial, supplia Kataoka.
- On va essayer... abdiqua Nagisa.
- C'est tout ce que je demande !"
Le silence plana quelques secondes avant que Kataoka ne reprenne la parole.
"Bon, je vais y aller, désolée de vous avoir tirer du lit. Si jamais vous changer d'avis, la fête aura lieu chez Kanzaki, je vous enverrai l'adresse en privé sur Instagram. A plus !"
Quelques instants après, la porte de la maison s'ouvrit avant de se refermer. Je m'empressai alors de retourner dans mon lit en entendant les autres remonter sans trop faire de bruit. Je me glissai à nouveau sous mes couvertures et fis semblant de dormir, tout en réfléchissant.
J'avais vraiment envie de changer d'air et de sortir m'amuser, mais Karma, Nagisa et Rio ne me laisseraient jamais y aller. Moi, je m'en fichais de voir beaucoup de monde qui me connaissaient mais que je ne connaissais pas, je voulais juste profiter de la vie, y ajouter du piquant. J'avais envie de me sentir libre, de braver les interdits, de faire toutes ces conneries que les jeunes faisaient dans les bouquins que j'avais lu à l'hôpital.
J'entendis Nagisa se recoucher à mes côtés. Je voulais aller à cette fête, mais sachant que j'étais amnésique, comment j'allais pouvoir m'y retrouver dans cette immense ville qu'était Tokyo ? Quand bien même, il faudrait que je récupère l'adresse de cette Kanzaki. Et pour ça, il allait falloir que je fouille dans un des portables des résidents de cette maison, quitte à me faire incendier ensuite. Tant pis ! Je m'en fichais de ce que pouvaient penser les autres, je faisais ce que je voulais bon sang ! J'avais dix-huit ans, je n'avais de compte à rendre à personne, pas même à Nagisa. Et puis, ce n'est pas comme si j'allais le tromper, j'en serais incapable.
Un peu plus tard, à l'hôpital, j'en discutais avec Aloïse pendant qu'elle faisait une couronne de fleurs avec celles de la pelouse.
"Tu as bien raison de vouloir y aller, ce n'est pas en restant enfermée que tu te sentiras mieux ou que tes souvenirs vont revenir. Il faut savoir profiter de la vie, que tu sois amnésique n'y change rien. Tu veux un coup de main ?", me proposa Aloïse.
Je réfléchis quelques instants avant de hocher la tête. Elle était hyper agile, rapide et rusée pour son âge, son aide pourrait m'être précieuse.
"D'accord. Tu as déjà une idée de comment procéder ? m'interrogea-t-elle.
- Hm... tu serais capable de voler un portable sans que le propriétaire ne s'en rende compte et ensuite le remettre en place, toujours sans te faire voir ?
- Je pense que c'est possible, si la personne est distraite assez longtemps. Mais il me faudrait aussi le code du téléphone pour le déverrouiller, et il faudrait que je sache précisément ce que je chercher pour perdre le moins de temps possible. J'ai déjà "emprunté" le portable d'une infirmière pour aller sur Internet il y a quelques temps. Il n'y avait heureusement pas de code mais elle n'a jamais su que son téléphone avait disparu.
- T'es trop forte ! Comment tu as appris à faire ça ?"
Aloïse esquiva mon regard, ce qui m'intrigua.
"Disons juste que j'ai toujours su le faire. Désolée, mais je ne tiens pas vraiment à en parler.
- Aloïse... je te dis tout ce que je sais sur moi, je te dis tout, mais tu ne me dis jamais rien sur toi. Je ne sais même pas pourquoi tu es dans cet hôpital !
- Si tu savais, tu me fuirais... murmura Aloïse.
- Je pense pas.
- Moi je te dis que si ! Je suis une personne horrible et je mérite d'être toute seule pour toujours, mais je suis égoïste et je veux te garder près de moi."
Je posai mes mains sur les siennes et elle releva la tête, qu'elle avait baissé. Ses yeux verts étaient plein de larmes.
"Aloïse, je te promets que tu ne me perdras pas. Je resterai avec toi, d'accord ? J'ai envie de te sortir de cet hôpital, mais j'ai besoin de savoir pourquoi tu y es pour ça.
- Ne te préoccupe pas de moi et profite de la vie. Tu peux faire ça pour moi ?
- Seulement si tu me promets de tout me dire un jour."
Aloïse soupira mais finit par abdiquer malgré tout. On commença alors à imaginer un plan pour obtenir cette adresse.
Le vendredi arriva rapidement. Puisque Karma n'avait exceptionnellement pas cours, on se posa dans le jardin pour discuter. J'avais rapidement fouillé le téléphone de Nagisa pendant qu'il prenait sa douche ce matin, et il s'avérait que son code était un code PIN.
Pourquoi on avait choisi Nagisa ? Parce que c'était moins risqué et plus simple. Plus simple parce que je pouvais facilement le distraire puisqu'il m'aimait, et moins risqué parce que, si on se faisait choper, la tempête serait moins violente que si Karma ou Rio nous avaient surpris avec leur portable. Et puis, Karma et Rio seraient plus difficiles à distraire, ils étaient beaucoup moins naïfs que mon p'tit bleu.
En attendant, il me restait à découvrir le code, et rapidement.
Mon téléphone vibra alors et je vis un message d'Aloïse, à qui j'avais donné le téléphone configuré par Sebastian la veille.
Aloïse
J'ai réfléchi, et je suis sûre que le code de Nagisa a un rapport avec toi. C'est obligé, vu comme il est dingue de toi. Essaie de soutirer des informations à Karma. Le code est forcément une date qui représente beaucoup pour Nagisa et toi.
Saori
Tu n'as pas tord... d'accord, je vais essayer.
Aloïse
On n'a plus le droit à l'erreur, on doit récupérer l'adresse au plus tard demain dans la journée.
Saori
Je sais, je sais. Je gère, t'inquiète.
Je rangeai mon portable et me tournai vers Karma.
"Grand frère ?
- Ouais ?
- Je me demandais, quelle est la date la plus importante pour Nagisa ? Je veux dire, celle qui représente le plus de choses pour lui.
- Hmm... ça dépend. Dans votre couple, je dirais que la date la plus importante est le jour où vous avez joué sur scène ensemble, pour le concours du meilleure violoniste du Japon. Mais après, la date de votre premier baiser aussi peut être importante, vu que c'est ce jour-là qu'il a découvert que tu jouais du piano... mais concernant Nagisa, je pense que ce serait plutôt le jour où sa relation avec sa mère s'est assainie."
Pff... ça m'aide pas là.
"Donc, le 16 avril, le 17 décembre et le 25 octobre.", reprit Karma après quelques secondes de réflexion. "Pourquoi ?
- Bah... c'est important de savoir ce genre de choses sur son copain, non ? répondis-je, en priant pour qu'il croit ce bobard.
- Si, j'ai pas dit le contraire. Mais pourquoi tu lui as pas demandé ?
- J'avais pas envie qu'il me sorte un truc cliché du style "c'est le jour où je t'ai rencontré", mentis-je.
- Il en serait capable en le pensant en plus !", rit Karma. "Ouais, je comprends, t'inquiète. Dis, il est presque dix heures, tu devais pas aller voir Aloïse ?
- Ah si ! Tu as raison. Je vais y aller !
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Non, repose-toi. Je n'ai pas besoin d'être chaperonnée alors que je vais rendre visite à une fillette de huit ans.
- Haha ! T'as raison. Aller, à plus tard."
Je me levai et lui fis un bisou sur la joue avant d'aller chercher une veste et d'enfiler mes chaussures. Sebastian m'ouvrit la porte de la voiture et me conduisit donc à l'hôpital. Comme toujours depuis le début de la semaine, je retrouvai ma fillette préférée dans le jardin. En même temps, c'était le seul endroit qui ne soit pas blanc dans cet endroit. Je la rejoignis dans l'herbe et mon majordome s'éloigna de sorte à pouvoir nous surveiller sans entendre ce que nous nous disions.
"Alors ? me demanda d'emblée Aloïse.
- J'ai trois possibilités.
- C'est super ça ! Dis.
- Ok. Alors, on a : 1604, 1712 et 2508. Mais je ne sais pas laquelle est la bonne, ni même si l'une d'elles est bonne.
- Moi, je suis sûre que si. Nagisa est le genre d'amoureux naïf qui met en code de téléphone la date de naissance de la personne qu'il aime, ou une quelconque date qui a de l'importance dans leur couple.
- Donc, je récapitule : je distrais Nagisa, tu lui prends son téléphone et tu sors en prétextant vouloir aller t'acheter un truc au distributeur avec de l'argent que tu nous demanderas à ce moment-là. Tu iras t'isoler pour déverrouiller le téléphone, trouver la conversation privé Instagram avec Kataoka et prendre en photo l'adresse avec ton portable. Tu me l'enverras ensuite, quand on sera partis de l'hôpital. Dès que je t'entends arriver, je trouve une occasion pour l'embrasser afin qu'il ferme les yeux et ne te voit pas remettre le téléphone en place.
- Il faudra que je sois assez proche de Nagisa au moment de lui prendre son téléphone, mais c'est dans mes cordes. Attends, envoie-moi les codes par message, au cas où je les oublierais."
Je m'exécutai puis on revint sur notre sujet.
"Le mieux, ce serait que personne d'autre que Nagisa soit avec nous à ce moment-là, reprit Aloïse.
- Eh bien, Karma et Rio ont un rencard à dix-huit heures. Donc ils ne viendront pas à l'hôpital. Sebastian, si je lui demande de sortir, il le fera sans discuter si je suis avec Nagisa, Karma ou Rio. Laura a dit qu'elle ne viendrait pas aujourd'hui car elle doit aller faire les courses avec sa mère.
- Wow, tu as une bonne mémoire ! s'étonna Aloïse.
- Non, je suis observatrice. Vu que chaque détail pouvait être utile pour ce plan, j'ai fait en sorte de retenir tout ce que je jugeais important."
Tiens, Nagisa n'avait pas dit que l'ancienne Saori était très observatrice et que ça les aidait à mettre des plans au point ?
"En tout cas, c'est pratique. Il faudra qu'on le fasse aujourd'hui alors. Nagisa te rejoint toujours à l'hôpital à la fin des cours dans tous les cas.
- Ouais, il ne faut pas qu'on se rate.
- T'inquiète, je sais ce que je fais Riri !"
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