Chapitre 24
PDV Saori
"Tu dois vraiment partir ?", demanda Aloïse d'une voix sanglotante.
Je m'accroupis pour être à sa hauteur et lui ébouriffai les cheveux.
"Eh oui, mais tu n'as pas à t'en faire : je passerai tous les jours.
- Ce ne sera pas pareil !
- Je sais, mais ce sera mieux que rien. Et puis, je vais t'acheter un téléphone. Comme ça, tu pourras me parler même quand je ne serai pas là.
- C'est vrai ?!
- Je te le promets."
Elle me sourit et me serra de toutes ses forces dans ses bras. En ce samedi matin, je sortais enfin de l'hôpital. J'étais dégoûtée de quitter la petite fille, mais en même temps contente de sortir de cet univers blanc qui sentait le désinfectant. Je n'avais pas pu savoir ce qui faisait qu'elle était toujours à l'hôpital, sans personne qui venait la voir, mais j'étais déterminée à le savoir.
Une dizaine de minutes plus tard, j'embarquai dans la voiture de Sebastian avec Nagisa, Karma et Rio qui étaient venus me chercher. Mes affaires étaient dans le coffre de la voiture. Il y avait également Laura sur le siège passager.
"Papa, elle veut retrouver la mémoire ou pas ? demanda Laura.
- Bien sûr que je veux la retrouver ! Nagisa ne vous a rien dit ?
- Seulement à Karma et Rio, et je suppose que Sebastian estimait que c'était à toi de lui dire. Mais d'ailleurs, tu as compris ce qu'elle a dit ?
- Bah oui, pas vous ?
- Nope p'tite soeur !", répondit Karma. "Elle parlait français.
- Comment j'ai pu comprendre quoi que ce soit alors ?
- Avant ton amnésie, tu étais trilingue : tu parlais anglais, français et japonais, fit Rio.
- Tu jonglais parfois entre le français et le japonais d'ailleurs, ajouta Nagisa.
- Et elle continuer à faire ça depuis trois ans, renchérit Laura dans un japonais étrange.
- Laura, pourquoi tu n'es pas venue me voir depuis mon réveil ?
- Je devais m'occuper de Maman, le médecin a dit qu'elle avait encore besoin de repos. Et aussi parce que je ne voyais pas comment repartir à zéro avec toi. J'avais peur que ce ne soit pas pareil et que tu ne veuilles pas retrouver la mémoire. Mais je viendrai te voir si tu veux, je n'avais pas pensé que cela te blesserait.
- Pas de soucis, je comprends. Tu peux me donner ton numéro ?"
Laura sourit et me le dicta, je le rentrai donc dans mon téléphone. Elle m'expliqua alors que je n'avais pas eu de téléphone pendant trois ans, sans pour autant entrer dans les détails.
"Voilà pourquoi les dernières photos remontaient à trois ans... p'tit schtroumpf ?
- Oui Kyukate ?
- Je peux ouvrir l'enveloppe ?
- Tu perds vraiment pas le nord !", rigola Nagisa. "Je ne sais pas si tu devrais l'ouvrir pour être honnête. Je ne veux pas que ça te plombe le moral...
- C'est sûr que tes cicatrices sur les bras, ça ne me plombe pas le moral...
- Comment...
- Je ne suis pas aveugle. Après, elles semblent anciennes donc ça me rassure, mais elles sont si régulières que ça m'inquiète quand même. Tu es tombé en dépression parce qu'on a été obligés de se séparer ?"
Seul le silence me répondit.
"Bordel, y'a des fois où je préfère quand t'es pas perspicace soeurette, soupira Karma.
- Donc, j'ai vu juste. Tu te mutilais p'tit schtroumpf ?"
Incapable de parler, Nagisa hocha doucement la tête. Je déglutis. Il s'était mutilé... à cause de moi ? Super... heureusement qu'il semblait avoir arrêté.
"Mais j'ai arrêté ! Ne t'inquiète pas ! s'affola Nagisa.
- Je sais, c'est juste que... ça fait peur et... bordel j'me sens coupable...
- T'as pas à l'être Saori, tu ne connais pas encore toute l'histoire. Attends de tout savoir, ou de tout rappeler, pour te sentir coupable, d'accord ? Il va beaucoup mieux maintenant, donc tu n'as pas à t'en faire.", me rassura Rio.
Je hochai la tête et Nagisa m'embrassa doucement, comme pour s'excuser. Je le lui rendis brièvement avant de lui ébouriffer les cheveux pour lui dire que ça allait.
Lorsqu'on arriva, je sentis aussitôt l'atmosphère se refroidir. Nagisa, Karma et Rio regardaient en direction de la maison. Je suivis leur regard et vis une jeune fille aux longs cheveux noirs, assise sur les marches de l'entrée. Elle leva la tête en nous entendant et une colère sourde ainsi qu'une haine puissante montèrent en moi. Je ne savais pas pourquoi, mais cette fille, je la haïssais.
"Kayano, qu'est-ce-que tu fais là ?", demanda Karma d'une voix polaire qui m'étonna.
La noiraude se leva et s'approcha, hésitante.
"Je suis allée à l'hôpital et j'ai demandé quand Saori devait sortir.
- Evidemment, j'avais oublié que tu étais encore dans le groupe de la classe E.", marmonna Rio. "Tu savais qu'elle était à l'hôpital, puisque nous l'avons dit sur le groupe..."
Nagisa s'approcha de mon oreille et m'indiqua que, bien que les autres savaient que j'avais été à l'hôpital, seuls Rio, Karma et lui étaient au courant de ma perte de mémoire.
"Kayano, ne me force pas à répéter !", gronda Karma. "Je croyais avoir été clair !
- Je suis venue pour parler à Saori.
- J'ai rien à te dire Kayapute ! grommelai-je.
- Mon nom, c'est Kayano, me reprit-elle doucement.
- Kayapute te va mieux. Je te hais bordel ! J'ai envie de t'buter !"
On dépassa alors la noiraude sans la regarder et Nagisa posa sa main sur un de mes poings fermés. Il me sourit avec douceur, ce qui eut pour effet de me calmer un peu.
Karma sortit son trousseau de clés et déverrouilla la porte. Il nous laissa entrer mais je l'entendis tout de même dire une dernière chose à Kayapute avant de nous suivre.
"La prochaine fois que tu nous approches, crois-moi que j'te buterai vraiment !"
Sur ces mots, il ferma la porte en la claquant. Sebastian monta mes bagages dans ma chambre et les trois me firent faire le tour de la maison, en terminant par ma chambre.
"Wow ! Elle est immense !!", m'exclamai-je, émerveillée. "Et en plus, j'adore la déco !
- Nagisa, je te laisse lui faire redécouvrir sa chambre. Si besoin, on sera dans la nôtre.", indiqua Karma.
Le bleu hocha la tête et le couple s'en alla, nous laissant seuls. Je remarquai aussitôt l'imposant piano noir au milieu de la pièce.
"Je suppose que tu as des questions sur Kayano... commença Nagisa, hésitant.
- Pas vraiment. La seule chose dont j'ai besoin de savoir, c'est que je la hais. Je ne sais pas pourquoi, mais tôt ou tard je le saurais. Je ne suis pas franchement du genre à détester les gens pour rien.
- Non, effectivement. Quand tu voudras savoir, n'hésites pas à me demander.
- D'accord, merci p'tit schtroumpf.
- Tu as vite repris l'habitude à ce que je vois.", rit le bleu. "Viens, je vais te montrer les différents espaces."
Je le suivis et il me montra le coin salon, le coin bureau, le coin détente, mon dressing (récemment renouvelé par le très dévoué Sebastian), une petite pièce dédiée à l'entraînement au tir à l'arc et enfin un espace chambre sur le thème du tir à l'arc.
"Je devais vraiment aimer le tir à l'arc... m'étonnai-je.
- Oh que oui ! Tu étais la meilleure archère que je connaisse. Même quand tu ne visais pas, tu mettais toujours dans le mille et tu visais tellement vite qu'on aurait pu croire que tu ne visais pas. Je me souviens que tu étais aussi très observatrice grâce à ça, justement, et cela nous était vraiment très utile dans nos tentatives d'assassinat de Koro. Tu étais de loin la meilleure apprentie assassin de notre classe, avec Karma et moi. Tu as même déjà réussi à mettre Karasuma à terre, chose que personne n'avait encore réussi à faire."
Je ne répondis pas. La personne qu'il décrivait semblait courageuse, casse-cou, intelligente, douée. Je n'arrivais pas à me reconnaître dans la description qu'il me faisait. Aloïse avait raison : sans notre passé, nous étions différents. Tous se comportaient avec moi comme si j'étais la Saori qu'ils avaient connu, mais je n'étais pas comme venait de me décrire Nagisa.
"Arrête de te prendre la tête Kyukate, me dit doucement le bleu.
- Pourquoi ? Parce que l'ancienne moi ne le faisait pas ?!"
J'avais parlé plus sèchement que voulu, et Nagisa fronça les sourcils. Sans un mot, il me prit la main et me tira délicatement dans la pièce principale. On s'assit sur le canapé dans le silence.
"Tu sais Kyukate, te casser la tête ne t'a jamais réussi.
- Qu'est-ce-que tu veux dire ?
- Tu n'as pas toujours été la personne que j'ai décrite. Enfin, si, mais c'est compliqué. Avant, tu cachais ta véritable personnalité et tu te cassais la tête pour que personne ne la découvre. Mais tu te faisais plus de mal qu'autre chose."
Je devais avoir un point d'interrogation dans la figure. Evidemment, lui voyait de quoi il parlait mais pour moi, c'était comme s'il parlait martien.
"Enfin, tu ne dois pas trop comprendre dit comme ça !", rit le bleu, gêné. "Ce que je veux dire, c'est que j'aimerais que tu arrêtes de te casser la tête pour rien. Fais les choses comme tu le sens. C'est vrai que tu es peut-être différente de la Saori qu'on a connu, mais ce n'est pas grave. On réapprendra à te connaître comme ça. N'essaie pas de ressembler à celle que tu étais avant. Sois juste celle que tu as envie d'être, cela nous conviendra très bien. Je te l'ai dit : j'aime chacune de tes facettes et cela ne changera pas. Peu importe quelle personnalité tu as, tu as toujours les mêmes valeurs. Je ne cesserai jamais de t'aimer.
- Ne jamais dire jamais. J'suis sûre qu'à un moment, je t'ai dit que je ne t'oublierai jamais et bim ! Amnésie totale. C'est tellement cliché bordel...
- Ce que tu viens de dire est à la fois vrai et faux. C'est vrai que tu m'as dit que tu ne m'oublierais jamais, et c'est le cas dans un sens. Ta tête m'a oublié, mais pas ton coeur, je me trompe ?"
Mon coeur fit un soubresaut devant le sourire doux et aimant du bleu.
"Non, tu as raison.
- Tu vois ?"
Il déposa un léger baiser sur mes lèvres mais je ne le laissai pas s'écarter et approfondis rapidement le baiser. On changea cependant rapidement de position, afin d'être plus confortables pour s'embrasser. Il prit mon visage en coupe tandis que mes mains allèrent caresser ses cheveux bleus. Il glissa sa langue dans ma bouche et entama un ballet avec la mienne.
Ses mains descendirent lentement de mon visage, traçant avec douceur les courbes de mon corps, et il les passa dans le bas de mon dos pour me coller encore plus contre lui. Il traça de légers cercles avec son pouce droit sur mon tee-shirt. Ce contact si léger me fit frissonner et j'approfondis une nouvelle fois le baiser.
On finit cependant par se détacher par manque de souffle, mais Nagisa ne s'arrêta pas pour autant. A ma grande surprise, il traça une ligne de baisers de ma mâchoire à mon cou, où il fit rouler sa langue. Mais qu'est-ce-qu'il faisait ?!
Ses mains quittèrent mes hanches et passèrent délicatement sous mon tee-shirt, enflamment chaque parcelle que ses doigts touchaient. Je gémis légèrement, à la fois de surprise et de plaisir. Je ne pouvais qu'appuyer la tête du bleu contre mon cou.
"N... Nagisa... je... comprends pas..."
Le bleu releva la tête et me fit un grand sourire innocent, avant de me faire basculer sur le canapé, de sorte à ce que je sois allongée sous lui. Il saisit mes poignets et les releva au-dessus de ma tête, m'ordonnant du regard de ne pas bouger.
"C'est simple Kyukate, je te montre à quel point je t'aime.", me susurra-t-il avant de repartir à l'assaut de mon cou, me mettant dans tous mes états.
Mon haut remontait au fur et à mesure que ses mains continuaient leur ascension. Cependant, il choisit de s'arrêter juste avant ma poitrine, laissant ses doigts caresser mon ventre visiblement musclé.
Je ne l'avouerai sans doute jamais, mais ses caresses me procuraient des sensations indescriptibles. Sans m'en rendre compte, je me mis à onduler lentement contre lui, surprenant le bleu qui lâcha un gémissement de plaisir. Il reprit possession de mes lèvres et entama un baiser ardent, enflammé, que je lui rendis bien volontiers.
Je baissai alors mes bras, qui n'avaient pas bougé, et commençai à aller caresser le torse du bleu, à travers son haut. Il se détacha et me fit un drôle de sourire avant d'aller embrasser mon ventre. Plus il descendait et plus des gémissements sonores m'échappaient, le faisant sourire contre ma peau.
Alors qu'il s'approchait dangereusement de l'intérieur de ma cuisse, il arrêta tout et remonta vers mon visage.
"Nagisa... gémis-je, frustrée.
- Désolé...", dit-il, tout rouge. "Ce n'est pas mon genre de m'emporter comme ça mais... tu m'as tellement manqué pendant trois ans et j'ai du mal à me concentrer en cours tellement je pense à toi."
Je le regardai sévèrement, lui faisant clairement comprendre que ça n'expliquait pas pourquoi il avait arrêté.
"Aucune pièce de la maison n'est insonorisée, et je ne tiens pas trop à ce que Karma et Rio t'entendent gémir comme ça...
- Et eux, ils font comment ?
- Ils le font quand je ne suis pas là, ou quand je dors parce que j'ai un sommeil de plomb. Même un tremblement de terre ne me réveillerait pas. Ou alors, quand ils savent que je vais m'enfermer pendant des heures dans cette pièce pour jouer du piano. Je suis tellement dans mon monde que je n'entends plus rien d'autres que les notes du piano, marmonna Nagisa, gêné.
- Je demanderai à Sebastian de faire insonoriser ma chambre alors. Voire même toute la maison."
Le bleu me sourit doucement.
"D'accord. Si tu veux toujours le faire à ce moment-là, on le fera. Mais je ne veux pas qu'on se précipite. Encore désolé d'avoir été si... entreprenant..."
Il était tout rouge de gêne, c'était adorable. Je pris son visage en coupe et l'embrassai brièvement.
"Moi, ça ne me déplaît pas, bien au contraire. En plus, savoir que tu es comme ça rien qu'avec moi, ça flatte mon ego.", dis-je malicieusement.
Il devint aussi rouge que mes cheveux, ce qui me fit rire. On se releva ensuite et on mit de l'ordre dans notre apparence avant que Nagisa ne me propose de regarder un film, ce que j'acceptai. Il choisit mon Disney préféré selon lui, Rebelle. Je hochai la tête pour dire que j'étais d'accord. Il lança le DVD et je m'allongeai sur le canapé, ma tête reposant sur ses cuisses. Je le sentis sourire, même si je ne le voyais pas, et il commença à me caresser tendrement les cheveux alors que le film débutait.
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