Chapitre 21

PDV Koro

J'étais aux abords de l'église, en train de manger une spécialité locale. Au bout d'un moment, j'entendis des cris, notamment Saori qui se rebellait enfin complètement, d'après ce que je crus comprendre des bribes de phrases françaises qui me parvenaient. Puis je la vis se laisser tomber dans le vide. Horrifié, je jetai au sol ce que j'avais à la main et me précipitai vers elle. J'avais heureusement gardé une partie de ma vitesse de poulpe et je réussis par miracle à la rattraper juste après qu'elle se soit cognée contre la roche. 

Je la ramenai au sol et vis que sa tête avait pris cher. Elle était ensanglantée et un Belge appela alors les ambulances, qui arrivèrent rapidement. Ils l'embarquèrent au moment où Sebastian sortait de l'église avec une jolie blonde de l'âge de Saori. Sebastian décida alors de nous emmener à l'hôpital donc on monta tous les deux dans sa voiture et il suivit l'ambulance. J'appris alors que la blonde s'appelait Laura et qu'elle était la meilleure amie de Saori.

"Lau', prends mon téléphone et préviens Karma.

- Cela ne ferait que l'inquiéter. Je pense qu'il vaudrait mieux attendre qu'on en sache davantage sur son état, dis-je.

Je ne sais pas qui vous êtes, mais je suis d'accord Papa, répondit la blonde.

- Je m'appelle Koro, j'étais le professeur de Saori lorsqu'elle était à Tokyo.

- Ah bon ? Vous ne ressemblez pas à un poulpe pourtant, rétorqua Laura.

- Mes élèves ont réussi à concocter un mélange qui m'a rendu ma forme humaine, c'est pour ça."

Laura hocha la tête.

Plusieurs heures plus tard, alors qu'il commençait à faire nuit, un médecin vint nous voir.

"Vous êtes des amis de Mademoiselle Akabane ? voulut-il savoir.

- Oui, répondit Laura.

- Où sont ses parents ?

- Etant donné que ma maîtresse est dans cet état à cause de ses parents, je me porte garant d'elle même si elle est majeure, répondit Sebastian en s'inclinant.

- Bien."

Le médecin laissa planer le silence quelques secondes et la tête qu'il nous fit nous faisait redouter ce qu'il allait dire.

"Mademoiselle Akabane a une commotion cérébrale suite au gros choc qu'elle a reçu sur la tête, mais ses jours ne sont actuellement pas en danger. En revanche, il est possible qu'elle ait une perte de mémoire partielle voire complète.

- Une perte de mémoire ? pâlit Laura.

- Oui, mais je ne pourrais le confirmer qu'à son réveil, répondit le médecin.

- Serait-il possible de la transférer au plus tôt dans un hôpital de Tokyo ? C'est son pays natal et au vu de ce qui l'a poussé à tenter de se suicider, je pense qu'il vaut mieux qu'elle ne remette pas les pieds en Belgique avant un moment. De plus, elle a un frère là-bas, avec qui elle s'entend très bien, fit Sebastian.

- C'est possible.", confirma le médecin. "Attendez-moi un instant, je vais chercher les papiers à remplir."

Il partit et la tension se relâcha. Saori était en vie, c'était une bonne nouvelle. La possible perte de mémoire en était une moins bonne cependant, mais cela pourrait être pire...

Le docteur revint au bout de dix minutes avec des formulaires que Sebastian remplit et le spécialiste nous dit qu'il le préviendrait par téléphone si jamais l'état de la rouge évoluait et quand il la transférerait à Tokyo. Il récupéra donc le numéro du majordome et donna la robe de mariée qu'avait porté Saori à Laura. Il nous indiqua ensuite son numéro de chambre avant de partir.

"Koro, Laura, pourriez-vous rester avec elle ? Je vais préparer ses bagages pour la faire rentrer à Tokyo au plus vite. Je dois également prévenir son frère, fit Sebastian.

- Bien sûr Papa, vas-y. Je te tiens au courant s'il y a du nouveau pendant ton absence."

Le majordome sortit donc de l'hôpital et je me rendis dans la chambre avec la blonde dans un silence effrayant.

PDV Karma

Avec Nagisa et Rio, nous étions en train de dîner (à presque minuit, ne jugez pas) en discutant lorsque mon téléphone sonna. Quand je vis que c'était Sebastian, je décrochai car il n'appelait jamais, ça devait donc être important.

"Attends... quoi ? T'es sérieux...", balbutiai-je après qu'il m'ait annoncé la nouvelle.

Il me répondit par l'affirmative et me raconta tous ce qu'il s'était passé. La colère montait dangereusement en moi et les deux autres le remarquèrent, ce qui les inquiéta.

"Les salops... encore heureux qu'elle soit en vie... on se met en route.

- Non Karma, j'ai besoin que vous restiez à Tokyo. Dès qu'elle sera en état, elle sera transférée dans un hôpital de la ville. Koro et Laura sont avec elle pour le moment. Je vous ferai parvenir ses bagages, j'aimerais que vous les réceptionniez et rangiez leur contenu pour quand elle rentrera à la maison. Et cette fois-ci, je vous promets que je ne la laisserai pas repartir en Belgique. Je pense que c'était la goutte de trop et les souverains sont en train de se disputer avec vos parents pour mettre un terme à tout ça. Je vais en parler à Laura, mais il est possible que je fasse transférer également ma femme dans le même hôpital, pour que Laura et moi puissions rester à leurs côtés. Il reste encore les dettes qu'on a accumulé pour essayer de soigner Elysabelle mais...

- Ne vous en faîtes pas pour ça. J'ai pas mal d'argent de côté, je vais voir si ça suffit pour la soigner et rembourser vos dettes. Vous faîtes tant pour nous, alors c'est la moindre des choses. Envoyez-moi toutes les informations et je vais voir ce que je peux faire. Et d'accord, on restera à Tokyo, mais tenez-nous régulièrement au courant.

- Evidemment."

Il raccrocha et je déposai le téléphone, de mauvaise humeur. Je me forçai cependant à me calmer pour expliquer le plus délicatement possible la situation. Nagisa fondit en larmes à la fin de mon récit et Rio aussi. Et encore, je n'avais pas encore dit qu'il était possible qu'elle ne se souvienne de rien.

"Nagisa, Rio... je suis désolé d'en rajouter mais... il est possible que Saori ait une amnésie partielle ou totale. Ils ne savent pas encore car elle est inconsciente pour le moment, mais vous deviez le savoir.

- Donc... elle ne se souviendra de rien ?! sanglota le bleu.

- Tu as entendu ce qu'a dit Karma, on ne sait pas encore.", le rassura Rio. "Si ça s'trouve, elle n'aura aucune séquelle. Et puis, ce qui vous lie est plus fort que les souvenirs donc même si les siens disparaissent, ses sentiments seront toujours là. En plus, si elle perd la mémoire, elle pourra se reconstruire des souvenirs en toute liberté, sans être préoccupée par ces trucs royaux imposés par ses parents. C'est peut-être le mieux pour elle..."

On enlaça le bleu et il finit par se calmer.

"Je... vous avez raison... 

- Alors continue de sourire et ne replonge pas. Si jamais il s'avère que ma soeur a perdu la mémoire, elle aura plus que jamais besoin de toi, de toi souriant."

Mon meilleur ami hocha la tête et on décida d'aller tous camper dans la chambre de ma soeur, pour être ensemble. Le futur allait être difficile, mais j'espérais de tout coeur que tout s'arrangerait.

PDV Laura

Il se passa deux semaines, deux semaines durant lesquelles Saori resta endormie. Elle ne s'était pas réveillée, mais on l'avait quand même transféré dans un hôpital de Tokyo. Maman y était aussi, dans un autre service et la famille royale avait elle-même payé nos dettes ainsi que de quoi la soigner quand Papa leur avait dit le chantage que les parents de Saori m'avaient fait. Elle allait désormais beaucoup mieux et pourrait bientôt rentrer à l'appartement. Papa avait acheté avec son salaire et ses économies un appartement proche de la maison de Saori et on y avait emménagé, de sorte à laisser Karma, Nakamura et Nagisa entre eux. 

Bref, voilà où nous en étions. Heureusement que Papa nous avait appris, à Maman et moi, à parler le japonais quand il était entré au service de Saori. Je pouvais désormais comprendre ce que les gens disaient autour de moi et j'arrivais à me faire comprendre, même si je ne le parlais pas aussi bien que Saori parlait français pour une japonaise...

Nagisa, Karma et Nakamura passaient tout leur temps libre à l'hôpital, après l'université. Le bleu était d'ailleurs pas mal plus grand que sur les photos que Saori avait. Enfin, par grand j'entend qu'il doit faire à peu près la même taille que Saori maintenant. Il avait également les cheveux courts.

"Nagisa, ne pas être pas ta faute si Saori avoir sauté, tentai-je de le réconforter.

- Un peu, car je suis sûr que c'est à cause de ma lettre qu'elle a décidé de passer à l'acte.

- Non, Gabriel avoir dit à moi que Saori songer déjà à ça, avant le jour J. Lettre à toi avoir juste confirmé décision à Saori."

Je devrais vraiment travailler mon japonais, ce doit être vraiment horrible de m'entendre parler cette langue...

Le bleu inspira profondément et se donna de petites claques pour se remotiver. C'était quelque chose qu'il faisait souvent, comme s'il s'obligeait à garder la tête hors de l'eau pour ma meilleure amie.

"Enfin, que ce soit de ma faute ou non, je ne dois pas me laisser aller à la déprime. Amnésique ou non, Saori aura besoin de moi !", dit-il, déterminé.

Je souris. Ce Nagisa était quelqu'un de bien, même si je le savais déjà. Il allait bien avec Saori, d'après ce que j'avais pu découvrir de sa personnalité depuis mon arrivée au Japon. Cependant, si ma meilleure amie voyait ces cicatrices régulières, qui semblaient anciennes mais qui marbraient ses bras, elle en déprimerait car ces marques n'étaient pas sur les photos qu'elle avait. Elles avaient donc été faites après son départ. J'avais également remarqué qu'il était un peu plus sombre que ce qu'elle m'avait dit, mais je savais que c'était directement lié à leur séparation durant trois ans, tout comme Saori était aujourd'hui différente de ce que me racontaient Karma et Nagisa...

Le lundi de la troisième semaine, en fin de journée, nous étions tous réunis dans la chambre d'hôpital de Saori. Par tous, j'entendais Nakamura, Nagisa, Karma, Papa, Maman, qui avait le droit de se balader dans l'hôpital, et moi.

L'endormie commença à s'éveiller sous nos yeux ébahis. Quand elle commença à ouvrir les yeux, Papa alla aussitôt prévenir une infirmière, qui arriva alors. Ma meilleure amie semblait sonnée, perdue. L'infirmière se mit à sa hauteur.

"Mademoiselle, comment vous vous sentez ?

- Comme si j'avais écouté une cacophonie pendant des heures mais sinon, ça va. J'ai un peu mal à la tête aussi...

- C'est normal, dans quelques temps vous vous sentirez mieux. Savez-vous comment vous vous appelez ?"

PDV Nagisa

La question fatidique, qui allait déterminer si elle avait une amnésie totale... pitié qu'elle se souvienne de tout, pitié ! Je ne veux pas qu'elle oublie tous les moments qu'on avait passé ensemble.

"Euh... je..."

Saori se mit à réfléchir et fronça les sourcils, comme si c'était particulièrement difficile pour elle. Mon coeur se serra d'angoisse. Oh non...

"Je... je me souviens deux mots qui semblent être des prénoms mais... balbutia-t-elle, perdue.

- Dîtes-moi les s'il vous plaît.", lui sourit doucement l'infirmière.

La rouge hocha légèrement la tête.

"Saori et Kyukate. Je... je ne me souviens de rien d'autre, désolée."

Bon, au moins elle se souvenait de son prénom, c'était déjà ça. Le fait qu'elle se rappelle aussi du surnom que je lui donnais me fit esquisser un très léger sourire. Au moins, cela voulait dire que ce surnom avait tellement de valeur pour elle que, même amnésique, elle s'en souvenait.

"Tu t'appelles Saori Akabane.", lui apprit l'infirmière. "C'est un bon début. Te souviens-tu de quelque chose d'autre, n'importe quoi ?"

Elle secoua négativement la tête, et le visage de tous s'assombrit légèrement. Amnésie totale... 

L'infirmière s'assit sur le bord du lit de Saori, qui s'était difficilement assise.

"Vous pouvez me dire ce que je fais à l'hôpital ?"

L'infirmière inspira profondément, tentant de lui répondre avec le plus de douceur possible.

"Tu es tombée et tu t'es violemment cognée la tête il y a deux semaines, ce qui explique ton mal de tête et ta perte de mémoire. Heureusement, il n'y a pas d'autres séquelles, tu es en parfaite santé et tu sembles savoir comment te déplacer puisque tu t'es relevée toute seule.

- Comment j'ai pu me faire mal au point de perdre la mémoire ? J'ai dû tomber de sacrément haut... comment je suis tombée ?

- Saori, il est préférable que tu n'en saches pas plus pour le moment. Je vais te laisser avec ton frère et tes amis."

Saori hocha la tête, bien qu'interloquée, et l'infirmière nous recommanda d'y aller doucement, de ne pas la brusquer, avant de sortir de la chambre. Karma fut le premier à s'approcher, lui indiquant qu'il lui avait déposé des vêtements dans la petite armoire de la chambre. Il lui tendit aussi son téléphone qui était posé sur la table de chevet et lui donna le code. La rouge s'empressa de le déverrouiller pour sûrement regarder à quoi elle ressemblait.

"Cheveux rouges, yeux dorés... j'en déduis que tu es mon frère, fit Saori en regardant Karma.

- Ouep, tout à fait. Je m'appelle Karma petite soeur."

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