Chapitre 2

PDV Saori

A la récréation, Asano m'invita à rejoindre sa bande des Cinq Prodiges. Je le suivis mais n'écoutai la conversation d'une oreille. Je trouvai le système de cette école de plus en plus discriminatoire au fur et à mesure que j'apprenais les différences faites entre les classes A à D et la classe E. Les élèves de cette classe n'étaient pas le sujet le plus parlé au sein des élèves des autres classes, mais j'avais pu entendre deux ou trois trucs sur l'opinion général à propos de la classe E. J'étais vraiment offusquée par tout ça, mais je n'en montrais rien. Ce n'était certainement pas moi, la petite Japonaise ayant grandi à l'étranger, qui allait pouvoir faire changer les choses, que je suis une future princesse de Belgique ou non.

"Tu parles combien de langues ? me demanda Sakakibara.

- En dehors du japonais, que j'ai continué à pratiquer, je parle français, néerlandais, allemand et anglais. Surtout le français et l'anglais, je ne parle pas très bien les autres langues. Donc, couramment, je parle trois langues et sinon, j'en parle cinq.

- Impressionnant. Et tu as passé combien de temps en Belgique ? m'interrogea Araki.

- J'y ai passé dix ans, en tant que future fiancée du prince Gabriel. Si j'ai pu continuer à parler japonais, c'est uniquement parce que la famille royale avait engagé une professeure originaire du Japon pour me faire ma scolarité du primaire. Ensuite, cette professeure se chargeait uniquement de m'enseigner le japonais.

- Vous deviez beaucoup parler japonais, tu sembles très à l'aise avec la langue, fit remarquer Seo.

- Pour tout vous dire, je parle japonais avec mes parents et mon majordome, donc je le pratique au quotidien, en dehors des cours. En revanche, il est vrai que ma professeure et moi avons beaucoup parlé en japonais, lorsqu'elle ne me faisait pas cours.

- Tu peux dire quelque chose en français ? réclama Koyama.

- Je trouve le système de cette école complètement idiot.

- Et cela veut dire quoi ? voulut savoir Asano.

- Je trouve le système de cette école parfaitement idéal, mentis-je mais sans le montrer.

- La sonorité est vraiment différente entre le japonais et le français...", songea Sakakibara.

La journée passa sans encombre, jusqu'à la fin des cours. Contrairement aux autres élèves qui courraient, je sortis en marchant avec élégance. Les couloirs étaient donc quasiment vides.

Arrivée dans la cour, je vis des élèves qui n'étaient pas en E s'en prendre à une collégienne aux cheveux bleus attachés en couettes. A moins que ce soit un garçon, il ne portait pas l'uniforme féminin. Je m'approchai donc.

"Excusez-moi !"

Les trois élèves se tournèrent vers moi, de même que l'androgyne. 

"Tu es nouvelle ? me demanda le premier.

- Effectivement, j'ai intégré l'école ce matin. Je suis en classe A.

- Et nous en D, dit un deuxième. 

- Bien. Pourrais-je savoir pourquoi vous vous en prenez à cet élève ? Vous a-t-il fait quelque chose ?

- Il est dans la classe des Epaves, c'est bien suffisant ! ricana le troisième.

- Pourtant, il me semble que la violence physique n'est pas tolérée dans cet établissement, malgré la discrimination envers la classe E qui est encouragée.", soulignai-je calmement. "J'ai lu le règlement intérieur ce matin et je me souviens de ce passage. Cependant, vous êtes dans cette école depuis plus longtemps que moi, alors j'imagine que vous le savez déjà.

- Ouais, et alors ? répondit le premier, furieux.

- Arrêtez-moi si je me trompe, mais vous enfreigniez le règlement, non ? Vous pourriez vous retrouver en classe E si cela remontait aux oreilles du proviseur.

- Attendez, je la reconnais ! C'est la fille de nobles très importants ! réalisa le deuxième.

- C'est exact.", dis-je en m'inclinant. "Je vous demanderai donc de ne plus vous en prendre physiquement à un élève, sous peine de devoir y remédier rapidement.

- B-Bien Mademoiselle..."

Les trois élèves s'enfuirent en courant, et je souris légèrement. C'est fou ce que les gens ont peur des nobles... c'était assez pratique dans certains cas.

Je me tournai ensuite vers l'élève et l'aidai à se lever.

"Comme te sens-tu ?

- Bien grâce à toi, me sourit l'androgyne.

- Ce n'était rien."

Du coin de l'oeil, je vis que Sebastian m'attendait.

"Je dois y aller, si tu veux bien m'excuser.

- Pas de problème. Encore merci !"

Je lui adressai un simple signe de tête et rejoignis la voiture.

"Monsieur votre frère m'a averti qu'il rentrerait tout seul, comme d'habitude. Nous le retrouverons donc à la maison, m'informa Sebastian durant le trajet.

- Si je pouvais ne pas le revoir du tout, ce serait très bien.

- Je m'en doute Mademoiselle, mais vous vivez dans la même maison. Vous serez forcés de vous voir et de vous parler. Concernant ce que vous m'avez demandé, j'ai terminé dans la journée. Je vous déposerai les documents sur votre bureau. Vous serez libre d'aller n'importe quand au premier, du moment que vous êtes munie de la carte de membre. Pour le deuxième, vous devez être au dojo le samedi de neuf heures à onze heures.

- Bien, je te remercie Sebastian.

- Avec plaisir."

Une fois dans ma chambre, et ayant évité mon frère avec succès, je fis rapidement mes devoirs. Sebastian me monta une tartine de Nutella avec un verre de lait, mon péché mignon en fin de journée mais mes parents n'étaient pas d'accord avec ma folie de manger du chocolat dès que possible, et ce fut en les faisant que je goûtai. 

En somme, la journée avait été assez agréable. C'était génial d'avoir des cours normaux, sans leçons dites "de princesse", et de pouvoir profiter de la fin de journée sans devoir réviser mon violon. Normalement, je l'aurais fait, mais comme mes parents n'étaient pas là, du moment que je le pratiquais de temps en temps, ça irait. J'avais hâte de savoir ce que le lendemain me réservait.

"J'aurais mieux fait de me taire...", songeai-je le lendemain matin, dans le bureau du proviseur.

Le père d'Asano venait de me dire que je n'aurais pas dû défendre l'élève de la classe E et que le règlement de l'école sur la violence physique ne s'appliquait qu'aux élèves des classes principales. Quels cafteurs, ces élèves de la D !!

"Je pensais que vous auriez compris notre politique ici, à Kunugigaoka. De plus, je n'apprécie pas particulièrement que vous usiez de l'influence de vos parents pour défendre un élève de la classe E. Je vais donc vous transférer dans cette classe jusqu'à la fin de l'année. Vous vouliez une scolarité proche du peuple, vous voilà servie Mademoiselle Akabane."

Je ne répondis rien mais, intérieurement, je le traitais de tous les noms. Il m'envoyait en E juste pour ça ? C'était de l'abus de pouvoir ! Je n'avais frappé personne ! Je suis sûre qu'il avait eu peur de ce que je pourrais faire avec l'influence de mon statut publique, et qu'il voulait dès le début me mettre en E pour que les élèves n'aient pas à se soucier des répercussions. Tss !

"Je vais prévenir le professeur principal de la classe E. Pendant ce temps, je vous invite à vous diriger vers votre nouveau bâtiment.

- Bien, comme vous voudrez Monsieur le proviseur."

Je m'inclinai par politesse, bien que je n'en avais aucune envie, et sortis du bâtiment en songeant. C'était uniquement Kunugigaoka qui était comme ça, ou c'était pareil dans tout le pays ? Si c'était le cas, l'esprit japonais étaient bien différent de ce que m'avait décrit Madame Yui, ma prof de japonais.

Arrivée en bas de la montagne, je m'empressai de la monter rapidement. Elle était assez facile à monter selon moi, mais c'était parce que j'étais très endurante, bien que mes parents ne l'aient jamais su. Je pensai ensuite à mon frère. Je l'avais croisé en coup de vent en partant le matin même, mais il n'avait rien dit. Je n'avais même pas eu droit à un regard, je l'ai donc ignoré comme il le faisait.

En même temps, j'envoyai un message à Sebastian pour l'informer de la situation et, donc, de m'attendre quelques minutes supplémentaires le soir. Il me répondit aussitôt par l'affirmative et je rangeai mon téléphone. J'étais devant un vieux bâtiment en bois, qui ne devait pas être très aux normes selon moi.

Un adulte aux cheveux et aux yeux noirs semblait m'attendre. Il semblait sévère et strict, mais en même temps plus naturel et sympathique que les professeurs du bâtiment principal. Quand il me vit, il s'avança vers moi.

"Tu dois être la nouvelle élève, Saori Akabane.

- C'est exact, mais appelez-moi Saori, demandai-je en m'inclinant légèrement.

- Comme tu voudras. Je suis Tadaomi Karasuma, le professeur de sport et, officiellement, le professeur principal de la classe E. Je ne pensais pas qu'une élève comme vous irait dans cette classe...

- If you're saying this because I'm a future Princess of Belgium, I know it.

(Si vous dîtes cela parce que je suis une future princesse de Belgique, je le sais.)

- C'était déplacé, désolé.

- Professeur Karasuma, puis-je vous demander quelque chose ?

- Bien sûr, je t'écoute.

- Je suis revenue au Japon pour vivre une année comme une élève normale, avant de retourner dans le milieu fastueux de la royauté. Je vous serai donc reconnaissante si vous pouviez me considérer comme n'importe quel élève, de même que les autres professeurs.

- Je comprend, j'en informerai mes collègues."

Il m'expliqua ensuite la particularité, inconnue des autres élèves, de la classe E : un poulpe jaune géant, allant à mach 20, qui était leur prof principal et que les élèves devaient tuer. Ils avaient jusqu'en mars de l'année prochaine.

"Cependant, même si je te traiterai comme une élève normale, je suis conscient que tu as eu une éducation beaucoup plus raffinée que les autres, à l'inverse de ton frère. Je comprendrai donc si tu ne voulais pas participer à la mission d'assassinat.

- C'est certain que je ne tenterai rien durant un moment, ma priorité reste de vivre une vie normale et de me réhabituer un minimum aux coutumes japonaises. Cependant, je suis assez observatrice, donc je mettrai volontiers cette faculté au service de mes camarades de classe.

- Entendu. Quand tu te sentiras prête, n'hésites pas.

- Bien, merci de votre compréhension."

Il me conduisit en salle des professeurs et me présenta sa collègue, Irina Poufanovitch, dite Madame Pouffe. Elle enseignait la pratique des langues étrangères, tandis que le poulpe enseignait aux élèves la théorie, ce qui servait pour les examens. C'était une belle assassin assez jeune. Je la reconnus facilement, je l'avais vu à une ou deux réceptions chics en Belgique. Je n'avais jamais soupçonné qu'elle soit une assassin... en revanche, elle, elle ne me reconnut pas. En même temps, si elle était en mission quand je la voyais...

Le professeur Karasuma me tendit quelques armes anti-sensei. Je les rangeai dans mon sac et soupesai un instant un couteau. C'était léger, comme une flèche, mais à en juger par la forme de l'objet, il n'irait pas aussi vite qu'une flèche si on le lançait à la main ou avec un arc.

"Je vais te conduire à ta salle de classe. Tu n'as pas à t'en faire, le poulpe ne doit faire de mal à aucun de vous sous peine de ne plus être le professeur principal officieux de la classe E."

Je hochai la tête et Irina et moi suivîmes l'agent du gouvernement jusqu'à la classe. Il toqua à la porte avant de l'ouvrir. 

"Bonjour à tous. J'interrompt votre cours pour annoncer l'arrivée d'une nouvelle élève. Tu peux entrer."

Je m'exécutai et me mis face à la classe. Je repérai aussitôt mon frère, et l'androgyne que j'avais aidé la veille. A côté de moi, il y avait le fameux poulpe. Il était vraiment grand et avait une tête de smiley.

"Bonjour, je suis le professeur Koro, se présenta le poulpe-smiley.

- Ravie de faire votre connaissance.", dis-je avec un signe de tête respecteux.

Je me tournai ensuite face aux élèves et m'inclinai.

"Bonjour à tous. Je me nomme Saori Akabane, mais appelez-moi Saori. Je suis nouvelle dans cette école et j'étais en classe A. Je suis consciente de la discrimination que vous subissez, mais j'espère malgré tout passer une agréable année parmi vous."

Je me redressai doucement, sous le silence de la classe. Au bout de quelques secondes, un gars au fond de la classe, qui semblait avoir plus de muscles que de neurones, haussa la voix.

"Génial ! On doit se coltiner une autre Akabane ! Et qui semble être une fille guindée en plus !"

Je me contentai de faire un sourire faux, sans répondre. C'était ce qu'on m'avait appris à faire, surtout quand je ne savais pas quoi répondre. Toujours sourire, peu importe la situation.

"Ne parle pas comme ça Terasaka !", intervint l'androgyne que j'avais aidé. "Elle m'a aidé hier soir.

- Ça prouve rien !

- Je peux le frapper ? demandai-je à moi-même.

- Non Saori.", me répondit Irina.

Je me tournai vers elle et la regardai, étonnée. Elle avait compris ce que j'avais dit ?

"Vous parlez français ?

- Je parle pas mal de langues, dont le français."

Shit ! Avec elle dans les parages, je n'allais pas pouvoir alterner entre les deux langues pour naviguer d'une personnalité à une autre, comme je l'avais toujours fait. Je m'explique : depuis que je savais parler français, je m'étais mis à parler japonais pour dire ce que je pensais vraiment (sauf quand il y a des japanophones dans les parages, je ne disais rien de ce que je pensais dans ce cas-là) et français pour dire ce que je devais dire. Depuis la veille, je faisais l'inverse, mais ça allait être impossible à faire avec cette assassin dans le coin...

Koro m'indiqua un siège, juste à côté de mon frère (comme par hasard). Je ne le regardai même pas et m'installai à ma place. Le poulpe m'expliqua de quoi il parlait avant de reprendre le fil de son cours. Je prenais des notes en écoutant attentivement, même si j'avais deux mois d'avance sur le programme (une particularité des enseignements royaux...).

A la récréation, les autres élèves allèrent jouer entre eux dehors. Je pris un livre que j'avais emmené et m'installai à l'ombre d'un arbre. Aujourd'hui, j'avais pris Yvain ou le Chevalier au lion. La lecture était un de mes passe-temps préférés, il me permettait de m'évader spirituellement de mon quotidien dorée, quand je ne pouvais pas le faire physiquement. 

Au bout d'un moment, quelqu'un me tapota l'épaule, me sortant de ma lecture. C'était l'androgyne.

"Salut !

- Bonjour, comment vas-tu ?", répondis-je en posant mon livre.

Le bleu s'assit en face de moi et me sourit.

"Très bien et toi ?

- De même.

- Tant mieux alors. Moi, c'est Nagisa Shiota, mais appelle-moi par mon prénom.

- Pas de soucis. Puis-je te poser une question indiscrète ?

- Je pourrais t'en poser une en retour ?

- Si tu le souhaites, fis-je en hochant la tête.

- D'accord. Alors, je t'écoute.

- Je voulais savoir, tu es une fille ou un garçon ? Tu portes l'uniforme masculin bien que tu ressembles à une fille, donc j'opterai pour garçon mais je voulais être certaine."

Le bleu me fit un petit sourire gêné.

"Oui, je suis un garçon. Disons que des circonstances font que je ressemble un peu à une fille. 

- D'accord, merci pour ta réponse. Tu voulais me demander quelque chose ?

- Ah oui ! Je me demandais pourquoi Karma ne m'a jamais parlé de toi, j'ignorais qu'il avait une soeur. Et pourtant, vous êtes des jumeaux !

- Ce n'est pas vrai, je suis plus jeune que lui d'un an, mais j'ai sauté une classe. Pour répondre à ta question, j'ignore pourquoi il n'a rien dit, même si je pense que c'est parce que nous n'avons pas grandi ensemble et surtout parce qu'il s'en fiche de moi. J'avais quatre ans la dernière fois que je l'ai vu."

Généralement, les gens pensaient que ce que je disais après avoir changé de langue était la traduction de ce que j'avais dit dans une langue différente. C'était assez pratique.

"Oh... je comprend, je ne savais pas. Vous êtes comme des inconnus l'un pour l'autre du coup... tu habites chez lui quand même, non ?

- C'est exact, mais je fais en sorte de ne pas le croiser.

- Si ce n'est pas indiscret, pourquoi ?

- Désolée, mais la raison ne regarde que moi Nagisa."

Le bleu hocha la tête, compréhensif.

"Pas de soucis, je comprend. Parle-moi de la Belgique, c'est comment là-bas ?"

Je lui racontai ce que j'avais pu vivre et voir, malgré le fait que j'étais dans un cocon doré depuis mes quatre ans (chose que je me gardais bien de lui dire). 

"Tu y es restée combien de temps ? On dirait que tu y as passé pas mal de temps.

- Dix ans. Je ne suis pas rentrée une seule fois au Japon. Depuis hier, les élèves me regardent bizarrement à cause du fait que je ne sais pas trop comment agir.

- Tu verras rapidement que ce n'est pas le cas de notre classe, nous ne sommes pas tous comme Terasaka, beaucoup sont normaux.

- Si ce que tu dis est vrai, je n'ai pas de soucis à me faire. Je suis rentrée au Japon pour pouvoir vivre une vie normale, avant mon entrée dans un lycée particulier, qui doit me former à être une bonne princesse de Belgique. 

- Oh, dans ce cas, l'assassinat de Koro ne doit pas être ta priorité, devina Nagisa.

- C'est juste, mais je suis très observatrice et je remarque des choses que d'autres ne remarquent pas.

- C'est bon à savoir. On peut compter sur ton aide pour monter un plan si besoin ?

- Bien sûr."

La cloche sonna et on alla se préparer pour le cours de sport. Je gardai mes gants blancs, malgré le fait qu'on cuisait sur place au soleil.

"Saori, j'aimerais voir de quoi tu es capable.", me dit Karasuma.

Je hochai la tête et m'avançai doucement. Première décision à prendre : je la joue franc-jeu ou je fais comme d'habitude, la parfaite demoiselle de la cour ?

Non, il valait mieux faire comme d'habitude. Il y avait trop de possibilités que mes parents apprennent que je savais me battre. En plus, seuls Elisabeth et Sebastian le savaient, pourquoi je montrerais ça à des inconnus ?

Karasuma me mit donc à terre facilement, puisque je faisais celle qui ne savait pas se battre. Il me rassura en me disant que j'allais vite m'améliorer avec les entraînements, ce qui m'amena à penser un gros "M*****". Qu'est-ce-que j'allais faire ?

Le jeudi et le vendredi passèrent rapidement, sans changement. Le vendredi soir, je trépignais d'impatience à l'idée de pouvoir me dépenser. J'en avais vraiment besoin, j'avais de l'énergie à revendre.

Le lendemain, je me rendis donc à pied au dojo. Mes cheveux étaient frisés et je portais une tenue simple : jean, tee-shirt et baskets, sans mes gants. Et puisque je bougeais de manière plus naturelle, personne ne pouvait deviner qui j'étais. Après tout, je n'étais pas la seule à avoir des cheveux rouges dans cette ville, si ?

Je poussai la porte du dojo une fois arrivée et allai me changer. Je mis mon kimono et ma ceinture noire avant de rejoindre le maître.

Deux heures plus tard, je ressortis du bâtiment, à la fois vidée de toute énergie et en pleine forme. J'avais même réussis à mettre le maître au sol rapidement, et sans forcer. C'avait été génial, dommage que je doive retourner à une vie guindée tout de suite. Vivement le samedi suivant. En attendant, je pouvais toujours aller au deuxième club, mais je devais d'abord faire mes devoirs.

PDV Karma

Penché sur mon cahier de maths, je réfléchissais davantage à la situation plutôt qu'à l'équation que je devais résoudre.

Cela fait dix ans que je n'avais pas vu Saori. Dix ans durant lesquels elle n'avait répondu à aucun de mes appels et de mes messages. Et vu que nos parents voyageaient sans cesse, ça avait été impensable pour moi de les appeler pour demander de ses nouvelles.

Elle était partie en Belgique quand j'avais cinq ans, mais je ne savais pas pourquoi elle était partie. Ce que je savais, c'était qu'elle n'était plus la petite fille casse-cou, pleine de vie et aventureuse que j'avais connu. Elle était désormais calme, distinguée, d'une politesse pas possible... une vraie dame de la cour ! Berk ! Elle n'était plus la Saori que je connaissais. En plus, je ne savais absolument pas quoi lui dire. Si elle avait ignoré mes messages et mes appels, c'était bien parce qu'elle ne voulait rien savoir de moi, non ? Elle ne semblait pas trop encline à me parler non plus.

Ce que j'avais remarqué, c'était qu'elle restait également dans son coin, tout le temps. Elle lisait un livre à l'ombre d'un arbre, c'était tout. Elle ne parlait que si on lui adressait la parole. Pour le moment, seul Nagisa était allé lui parler. Les autres ne semblaient pas trop savoir comment se comporter avec elle, la "future princesse de Belgique". Au moins, elle ne s'en vantait pas, c'était déjà ça. On le savait uniquement parce qu'on parlait d'elle sur internet de temps en temps. Après tout, une Japonaise qui se prépare à entrer dans la famille royale de Belgique, ce n'était pas anodin.

J'avais plusieurs fois surpris Terasaka et sa bande à bitcher contre elle. Bien que ça m'énervait, je ne pouvais rien dire : j'étais peut-être son frère, mais je ne savais rien d'elle. J'aimerais tellement pouvoir renouer le contact avec elle. D'après ce que j'avais cru comprendre, elle retournera en Belgique après la remise des diplômes. Dire que j'avais moins d'un an pour me rapprocher d'elle...

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Salut les louloudjis ! Je tiens à remercier 8hhh03 pour la magnifique cover réalisée pour cette histoire.

Bonne soirée ! Biz,
Angel

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