Chapitre 17
PDV Nagisa
Deux semaines avaient passé depuis le concert, et ma relation avec Saori se faisait chaque jour un peu plus ambiguë selon moi. Après réflexion, je ne pouvais plus nier le fait que j'étais dingue d'elle. En même temps, comment expliquer que je vire au rouge tomate dès qu'elle me sourit ou que nos peaux rentrent en contact, comment justifier le fait que mon coeur s'emballait pour rien à ses côtés et que sa jalousie envers Kaede me rendait heureux, si ce n'était pas parce que j'étais amoureux d'elle ? Et bon sang, comment expliquer que j'avais envie de l'embrasser tout le temps, si ce n'était pas pour cette raison ?
Présentement, j'étais dans ma chambre en train de chercher les partitions que j'avais rangé la veille. Saori était dans la salle de musique et m'attendait. On était samedi après-midi et j'avais invité la rouge à venir passer du temps chez moi. De base, on devait aller manger des tacos mexicains avant d'aller se balader mais il faisait trop froid et il pleuvait des cordes. Donc on avait changé de programme. A la place, on devait, entre autre, jouer une mélodie qu'on avait composé ensemble au fil des jours.
Je finis heureusement par les trouver sur mon bureau (je ne me souvenais même pas les avoir mises là) et sortis de la chambre. J'entendis alors des notes de piano. Je reconnus rapidement le début de la mélodie de "Twinkle Twinkle Little Star" de Mozart. C'était un morceau qu'on apprenait très jeune, mais j'étais le seul dans la famille à faire du piano et, à ma connaissance, Saori ne jouait que du violon. Qui pouvait donc jouer ?
Curieux, je descendis avec les partitions en main. Une voix douce et chantant dans un anglais parfait me parvint rapidement. Doucement, je poussai la porte de la salle de musique et vis ma Kyukate assise sur le banc du piano, ses doigts fins volant au-dessus des touches.
https://youtu.be/PxwgDfDRDTY
(à partir de 1:02)
Elle avait arrêté de chanter en commençant à jouer les notes de la partie difficile mais ses mains se figèrent rapidement. Je fronçai les sourcils. Bien qu'elle était de dos, j'arrivais à sentir qu'elle était embêtée. Pourquoi s'était-elle arrêtée de jouer ? Elle jouait vraiment bien.
Je décidai finalement d'annoncer ma présence.
"Je ne savais pas que tu jouais du piano Kyukate, ni que tu chantais si bien.", dis-je avec douceur.
La rouge sursauta tellement fort qu'elle tomba du banc. Je me précipitai donc pour l'aider à se relever, un sourire légèrement amusé aux lèvres.
"T'étais même pas censé être au courant, bougonna la jeune fille alors que je l'aidai à se remettre sur ses pieds.
- Evite de jouer sur mon piano quand je suis là alors.", plaisantai-je. "Sérieusement, y a-t-il un seul truc que tu ne sais pas faire ?
- Beaucoup trop pour tous les citer. A commencer par le piano.
- Mais... commençai-je avant qu'elle ne m'interrompt.
- J'ai fait du piano il y a longtemps, mais je n'arrivais pas à gérer le violon et le piano en même temps. Donc comme Gabriel prenait des cours de piano, mes parents m'ont fait arrêter le piano. J'ai encore quelques notions mais j'oublie rapidement les notes. Comme à l'instant.
- On n'aurait pas dit. Je veux dire, c'est peut-être justement parce que tu essaies de te souvenir de la partition que les notes t'échappent, non ?
- Peut-être."
Je lui souris et déposai les partitions sur une table avant de m'installer sur le banc, invitant l'archère à en faire de même. Perplexe, elle s'exécuta.
"Tu as appris la transcription au piano pour La Belle au Bois Dormant ?
- Oui, pourquoi ? C'est Gabriel qui me l'a appris après que j'ai arrêté le piano, pour qu'on le joue ensemble.
- On n'a qu'à le jouer ensemble. Tu verras que si tu détends et que tu te laisses emporter par la musique comme avec ton violon, le reste coulera. Cela fait combien de temps que tu n'as pas joué ce morceau avec le prince Gabriel ?
- Un an, peut-être deux, je ne suis pas sûre.
- Cela devrait aller alors. Détends-toi Kyukate, ce n'est pas un concours, on est tout seuls.
- Alors pourquoi tu veux qu'on joue ce morceau ?
- Parce que j'ai envie de jouer du piano avec toi...", avouai-je dans un souffle.
Je déposai un baiser sur sa joue et je la sentis se détendre alors que ses joues rougissaient légèrement. Il faudrait peut-être que je songe à lui demander pourquoi elle rougit de plus en plus souvent...
"Qu'est-ce-que je ne ferais pas pour toi mon p'tit schtroumpf...", murmura Saori, plus pour elle-même.
Je souris et la laissai commencer, afin qu'elle y aille quand elle sentait. Elle sembla le comprendre car elle inspira profondément avant de commencer à jouer.
https://youtu.be/lgqjYi7dZho
Saori tentait de reprendre son souffle, alors que je souriais légèrement. Même quand on n'était que tous les deux, elle ne pouvait s'empêcher de tout faire pour être la meilleure. C'était ce qui rendait nos duos absolument géniaux.
Lorsqu'elle eut retrouvé un rythme respiratoire normal, elle se tourna vers moi avec un regard doux et un sourire attendri aux lèvres.
"P'tit schtroumpf... merci.", souffla-t-elle.
Je lui répondis par un sourire en hochant légèrement la tête. Ses yeux dorés étaient plongés dans les miens et mon coeur s'emballait. Elle entrouvrit ses lèvres, comme pour apporter plus d'oxygène à tes poumons et j'eus aussitôt envie de les embrasser. Mais avais-je seulement le droit ? Je ne voulais pas gâcher notre amitié...
Nos têtes se rapprochaient lentement, sans que nous nous en rendions compte. Je pris rapidement ma décision. Depuis que je la connaissais, je faisais de plus en plus ce que j'avais envie, même si les autres ne s'en rendaient pas compte. Moi, je le savais, je le sentais au fond de moi. Et présentement, j'avais envie de sceller nos lèvres ensemble.
Je m'assis rapidement en seiza pour gagner quelques centimètres avant de coller rapidement mais doucement mes lèvres à celles de Saori. Surprise, elle me rendit mon baiser au bout d'une seconde ou deux et l'intensifia en glissant sa langue dans ma bouche. Elle entama un ballet avec la mienne et le baiser devint rapidement plus passionné. Je passai mes mains dans ses cheveux fous que j'affectionnais tant et elle me souleva pour me déposer sur ses cuisses et me rapprocher d'elle. Ses doigts fins allèrent se perdre dans ma chevelure bleutée, défaisant mes petites couettes au passage. Mais je m'en fichais. Il n'y avait qu'elle, cette archère et violoniste casse-cou, courageuse, aventureuse mais aussi fragile et au grand-coeur, qui comptait. Elle, et ses lèvres douces comme de la soie et sucrées comme le chocolat qu'elle affectionnait tant. Dans ma tête, il y avait juste elle, elle et sa chevelure rebelle qui dessinait un halo enflammé autour d'elle, comme un symbole du danger de l'aimer de cette manière. Je n'avais pas le droit, elle était fiancée à un autre et je savais que nous ne pouvions pas être ensemble, que son temps était compté. C'était vrai qu'il y avait cette histoire de pacte, mais je doutais que ses parents laissent passer ça... pourtant, je voulais quand même goûter à ce doux danger, à ce bonheur éphémère.
On dut cependant se détacher par manque de souffle. Ses yeux dorés scintillaient comme des étoiles et ses lèvres plus rosées que d'ordinaire s'ourlèrent en un sourire plein d'amour. Ses joues étaient toutes rouges, elle était vraiment mignonne comme ça, et c'était à moi qu'elle offrait cette vision. A moi, et à moi seul.
Je la pris dans mes bras et enfouis ma tête dans son cou pour respirer son odeur, un parfum d'agrumes légèrement floral qui lui était propre. Elle fit de même et sans même la voir, je sus qu'elle souriait. Elle commença à déposer des baisers dans mon cou, ce qui me fit rougir comme un malade.
"Je t'aime mon p'tit schtroumpf, susurra Saori à mon oreille.
- Je t'aime aussi ma Kyukate, soufflai-je en la serrant davantage dans mes bras.
- Alors, je peux te marquer ?
- Pourquoi ?
- Parce que tu m'appartiens."
Je ris légèrement, m'attendant à ce type de réponse.
"Vas-y, du moment qu'on ne le voit pas trop.
- Tu sais que c'est pas le but recherché ?
- Je ne veux juste pas que ce soit la première chose qu'on voit, je m'en fiche si on le voit sinon."
Encore une fois, je la sentis sourire, mais victorieuse cette fois-ci. Elle reprit alors ses attentions de mon cou et je décidai de faire de même. Je n'avais pas le droit de l'aimer, enfin si mais c'était dangereux, mais je voulais quand même montrer qu'elle m'appartenait et je savais qu'elle serait d'accord.
On resta un moment ainsi et, lorsqu'on finit par se détacher, elle m'adressa un large sourire. Je sus alors qu'elle m'avait fait un suçon. Je pris son visage en coupe et écrasai une nouvelle fois nos lèvres ensemble, puis on se décida à jouer la musique qu'on avait composé. Elle se leva donc et s'équipa de son violon.
https://youtu.be/Abx9zg777Io
Le lundi arriva rapidement, signant le début de la dernière semaine avant les vacances. Je souris en voyant la trace violacée qui était dans mon cou. Saori l'avait délibérément fait de sorte que, même avec ma chemise d'uniforme, on la voit au moins à moitié. Je sentais déjà les railleries de la classe, mais je m'en fichais. Tout ce qui comptait, c'était que Saori m'aimait et ça, c'était mieux que tout.
Une fois prêt, je sortis après avoir embrassé ma mère, qui rit un peu en voyant que la marque était toujours aussi présente sur ma peau. Etant rentrée en fin d'après-midi le samedi précédent, elle avait rapidement vu nos marques respectives et on lui avait annoncé qu'on était désormais en couple. Cela m'avait fait bizarre d'annoncer ça, mais ma mère était vraiment heureuse pour nous et c'était le principal.
Je n'avais pas encore parlé à Saori par rapport à tout ça, hormis du fait qu'on était désormais en couple, mais je savais que cela ne saurait tarder. En attendant, je voulais profiter de ma belle rouge sans me casser la tête.
Sur le chemin du collège, je croisai les deux Akabane. Karma m'adressa un sourire plein de sous-entendus qui me fit rougir jusqu'aux oreilles. Cependant, mon regard bleu dériva rapidement sur Saori, qui portait une écharpe et qui s'y était emmitouflée. Avait-elle caché sa marque ou non ?
Elle sentit mon regard sur elle et sourit, amusée. Elle retira alors son écharpe pour dévoiler sa marque, qui était plus haute que la mienne et donc plus voyante. Elle semblait la porter avec fierté, à en déduire par son sourire qui s'était élargi. Elle frissonna mais ne remit pas le tissu. A la place, elle préféra me prendre la main et se coller contre moi. Je souris également, même si je devais avoir l'air d'un idiot.
Nakamura nous rejoignit lorsqu'on arriva au pied de la colline, permettant à Karma de ne plus tenir la chandelle. Je vis la blonde nous regarder avec un air interrogateur mais son copain lui fit signe de nous laisser tranquille et qu'il lui raconterait tout. En même temps, je doutais que Karma ait laissé Saori sans chercher à savoir d'où venait sa marque...
On monta ensemble la colline dans un silence agréable, chacun profitant simplement de la présence de la personne qu'il aimait. On atteignit le bâtiment dans un temps qui me semblait plus court que d'ordinaire et on se protégea du froid mordant de décembre en y entrant. Le couple de sadiques fut le premier à faire coulisser la porte et à entrer. On entra à leur suite et toute la classe, et je dis bien toute la classe car tous étaient présents, se mit à crier en voyant ma main jointe à celle de l'archère.
"ENFIN !! cria Kurahashi.
- Bravo vous deux ! Il était temps.", sourit Kataoka.
En guise de réponse, on rit tous les deux de gêne. Chacun y alla de son petit commentaire et je sentis Saori enroulait son bras autour de ma taille pour me coller contre elle. Je levai la tête, perplexe, avant de suivre son regard. Mes lèvres s'étirèrent en un léger sourire mêlant amusement et compassion. C'était amusant, voire mignon, de la voir possessive. Et compassion parce que j'étais un peu peiné pour Kaede qui affichait un air à la fois triste et furieux, bien que je ne sache pas pourquoi. En revanche, d'après le sourire victorieux de ma rouge, elle savait parfaitement pourquoi elle était dans cet état.
"Kyukate ?
- Hm ?
- Pourquoi Kaede est comme ça ?"
Elle se crispa en entendant le prénom de la verte. J'exerçai alors de légers cercles avec mon pouce sur sa main qui tenait la mienne, afin de la détendre. Elle ne me regarda pas mais je la sentis se calmer.
"Parce qu'elle est amoureuse de toi, c'est pour ça que j'l'aime pas. J'aime pas qu'elle te colle. Innocent et naïf comme t'es mon p'tit schtroumpf, tu n'avais sûrement rien remarqué...
- Non, parce que j'étais trop obnubilé par toi."
Sa tête se tourna vers moi et je vis un sourire prendre place sur ses lèvres, sur lesquelles je déposai un léger baiser en me mettant sur la pointe des pieds.
"Tu me laisseras lui parler, pour que je mette les choses au clair avec elle ?"
La question avait le mérite d'être posée, vu la sympathie que Saori avait envers Kaede. Je savais qu'elle me faisait confiance, mais je préférais tout de même lui demander, pour être sûr que cela ne la dérangeait pas.
"Tu n'avais même pas besoin de me le demander mon p'tit schtroumpf. Je te fais confiance tu sais, ne l'oublie jamais.
- Tu es vraiment la meilleure !
- Je sais !", sourit-elle malicieusement. "Je veux que tu me le dises ensuite si elle tente quoi que ce soit.
- Tu veux dire, si elle essaie de m'embrasser ou qu'elle m'embrasse, ce genre de choses ?
- Bah ouais, tu veux que ce soit quoi d'autre ?
- Je voulais juste être sûr. Je te le dirai, mais promets-moi que tu ne te vengeras pas."
Elle lâcha ma main pour croiser les bras sur sa poitrine, boudeuse.
"Tu sais que tu es terriblement adorable comme ça ?"
Un sourire éclaira une nouvelle fois son visage alors qu'elle devenait aussi rouge que ses cheveux. Elle joua alors avec une boucle écarlate, décroisant ses bras.
"D'accord, je te le promets. Mais c'est bien parce que c'est toi."
Je me mis une fois de plus sur la pointe des pieds et enroulai mes bras autour de son cou, scellant nos lèvres. Koro arriva sur ces entrefaits et, après nous avoir félicité pendant dix minutes et avoir pris je-ne-sais combien de photos (comme pour Karma et Nakamura lors de leur annonce de mise en couple), commença l'appel. On alla donc tous à nos places pour tenter de le dégommer, mon archère préférée armée de son arc miniaturisable et d'un carquois rempli de flèches anti-sensei récemment données par Karasuma.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top