Chapitre 16

PDV Saori

Les rayons du soleil traversant la fenêtre me réveillèrent doucement. J'ouvrai lentement les yeux et bâillai. Je regardai vers le plafond et vis celui de la grande pièce. J'en déduisis donc que j'étais sur le canapé de ma chambre, qui devait être déplié de sorte à pouvoir faire un lit double. J'essayai de bouger mais quelque chose entrava mes mouvements. 

Je secouai la tête pour me réveiller, faisant danser mes boucles folles. Je levai les yeux et vis une tête bleue qui dormait profondément. Son souffle chaud me fouettait le visage. Attendrie, je l'observai sans bouger. Il avait l'air encore plus innocent et pur quand il dormait. Un vrai gamin, mais c'était mon gamin à moi.

Je réussis à déloger ma main et j'allai doucement caresser ses cheveux, avant de descendre mes doigts vers sa joue. Il s'y blottit comme un chaton en manque d'affection alors qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. Lèvres que j'avais bordel d'envie d'embrasser.

Au bout d'un moment, Nagisa se réveilla mais je ne m'en rendis pas compte, trop plongée dans mes pensées douces comme de la barbe à papa alors que je continuai à lui caresser la joue de ma main libre. Ce fut lorsqu'il posa une main sur la mienne que je revins à la réalité. Je rougis brusquement et retirai précipitamment ma main avant de m'éloigner tout aussi vite, paniquée. A force de reculer, je finis par tomber par terre.

"D-Désolée... je...", bafouillai-je en me frottant l'arrière de la tête, complètement gênée.

Le bleu ne répondit pas mais me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la pris et on s'assit sur le canapé.

"Ne t'excuse pas, c'est agréable de se réveiller comme ça. Tu vas bien ?"

Je hochai la tête en rougissant comme une malade. A en voir par son adorable bouille endormie, il n'était pas complètement réveillé, ce qui expliquait qu'il ait sorti un truc pareil comme s'il me parlait d'un exercice qu'on venait de terminer. 

J'attrapai mon téléphone qui était sur la table basse et consultai l'heure. Il était presque quatorze heures. En même temps, on s'était couchés à trois heures du matin. Après le concert, qui était démentiel, on était rentrés avec Nakamura et Nagisa vers minuit, Kayapute ayant voulu aller chez elle pour se coucher. On avait fait une sorte de karaoké de nos musiques préférées, juste pour le fun.

Je souris légèrement en repensant au concert. C'était vraiment génial ! Tai avait parlé en français et Sasha avait traduit à chaque fois en japonais pour le public. La musique avait été géniale, mais ce n'était pas ce qui m'avait plus le plus. Non, ce que j'avais vraiment apprécié, c'était le contact constant entre ma peau et celle de Nagisa, nos mains s'étant unies durant toute la soirée sans jamais se lâcher. Malgré le fait que j'avais enfin vu mon tout premier concert, que j'adorais le groupe qui s'était produit sur scène, c'était la chaleur de la main du bleu dans la mienne qui restait le plus gravé dans ma mémoire.

"Tu veux manger quelque chose ? demandai-je en reportant mon regard sur mon bleu.

- Volontiers, je meure littéralement de faim, approuva Nagisa.

- Sucré ou salé ?

- Sucré !

- D'accord, je vais nous chercher ça. Fais comme chez toi p'tit schtroumpf !"

Je déposai un baiser sur son front avant de me lever et de sortir de ma chambre, ayant rangé mon téléphone dans la poche de mon pyjama. Nakamura devait être dans la chambre de mon frère, dormant sur son canapé. Par contre, la question que je me posais, c'était comment je m'étais retrouvée à dormir avec Nagisa sur le canapé alors que j'étais censée me coucher dans mon lit et le bleu sur ledit canapé ?

Je me rendis à la cuisine et croisai Sebastian. Il me salua en s'inclinant aussitôt, me demandant si j'avais besoin de quoi que ce soit. Je le rassurai en disant que je m'en occupais avant de lui demander où était mon frère et Nakamura.

"Monsieur votre frère et Mademoiselle Nakamura ne sont pas encore levés, souhaitez-vous que j'aille les réveiller ?

- Inutile, laisse-les dormir.

- Comme vous voudrez."

Je préparai un plateau et fis deux chocolats chauds, parce que c'est la vie. Sur le plateau, je mis des tartines, un pot de pâte à tartiner (pas du Nutella car Sebastian dit qu'il y a des limites à la malnutrition que je peux me permettre en l'absence de mes parents) ainsi que de la confiture de framboise parce que mon p'tit schtroumpf a un faible pour le mélange chocolat-framboise (mélange que j'approuve totalement !). Je mis également une boîte de cookies que Sebastian avait fait, parce que c'est mon péché mignon après le lait au chocolat, et des couverts.

En attendant que les chocolats chauds soient prêts, je farfouillai dans les placards et trouvai avec fierté ce que j'avais demandé à Sebastian. Que serait un chocolat chaud sans une tonne de guimauve et un sucre d'orge en guise de cuillère ?

Je crois que les films de Noël américains que je regardais en Belgique m'ont trop influencé... quoiqu'il en soit, mon majordome acceptait sans discuter mes écarts car je faisais énormément de sport. Malheureusement, je n'avais pas pu négocier pour le Nutella, mais ce n'était pas plus mal. L'huile de palme, c'était pas hyper bon pour la santé et la pâte à tartiner était tout aussi bonne.

Quand ce fut prêt, je versai le chocolat chaud dans deux grandes tasses et rajoutai plein de marshmallows que je saupoudrai de chocolat en poudre avant d'y planter un sucre d'orge. Je déposai les deux tasses sur le plateau avant de monter avec ce dernier en direction de ma chambre. 

Lorsque j'ouvris la porte de ma chambre, je fus surprise de voir Nagisa en train de ranger le bazar qu'on avait mis pendant le karaoké. Il y avait une chaîne de musique en fond, à la télé et il dansait en même temps qu'il rangeait. Je souris, attendrie face à cette vision innocente. Il était trop mignon.

Cependant, le p'tit schtroumpf s'arrêta en m'entendant déposer le plateau sur la table. Il plaça ce qu'il avait dans les mains avant de venir me rejoindre sur le sol devant le canapé, qu'il avait replié. On était face à face, le plateau entre nous. Ses grands yeux bleus s'arrondirent en voyant les chocolats chauds.

"Tu n'aurais pas un peu exagéré sur la guimauve ? me demanda-t-il, amusé.

- Nope, c'est comme ça qu'Elysa me le préparait quand j'allais vraiment pas bien, quand j'étais petite.

- Elysa ?"

Je pris une gorgée de chocolat chaud avant de répondre.

"Elysabelle. C'était ma gouvernante, elle s'occupait de moi avec Sebastian en dehors des cours que mon précepteur me donnait. Elle était comme une mère pour moi. Elle me traitait comme sa propre fille, c'est la seule source d'amour maternel que j'ai reçu jusqu'à mes dix ans, quand mes parents l'ont renvoyé. Heureusement, Sebastian sortait et sort encore avec elle, donc j'ai de ses nouvelles de temps en temps, mais ce n'est pas pareil, souris-je nostalgiquement en étalant du chocolat sur une tartine.

- A quoi elle ressemblait ?"

J'avalai la bouchée de tartine que j'avais croqué puis je sortis mon portable de ma poche. Je pianotai dessus quelques instants pour trouver une photo assez récente d'elle que Sebastian m'avait envoyé. Je lui tendis ensuite mon appareil.

"Elle est vraiment belle, et elle semble adorable, dit doucement Nagisa.

- Elle l'est. Quand elle savait que j'avais du temps libre, le week-end souvent, elle emmenait sa fille, Laura, pour qu'elle joue avec moi, Elisabeth était toujours trop occupée pour passer du temps avec moi à l'époque. Sa fille était à peine plus jeune que moi, de quelques mois seulement. Elle a été ma première amie et, quand mes parents ont renvoyé sa mère, on s'est perdues de vue. Mes souvenirs sont floues, mais il me semble qu'elle était bien la seule personne en qui j'avais une totale confiance, au point de tout lui raconter sur Karma et ce qui avait conduit une japonaise comme moi à vivre au château de la famille royale de Belgique. Elle était la première à avoir vu mes cheveux complètement fous voler au grès du vent, elle trouvait que ça me rendait encore plus jolie. 

- Elle représentait un semblant de normalité dans ta vie, n'est-ce-pas ? devina Nagisa, se gardant bien de montrer qu'il était d'accord avec cette Laura.

- Ouais. Je l'aimais vraiment beaucoup. Puis on s'est éloignées et il ne restait plus que Gabriel et Elisabeth. J'ai honte de l'admettre, mais je l'avais un peu oublié avec le temps. Elle était ma meilleure amie, elle était comme une soeur, mais c'était différent d'avec Elisabeth. J'sais pas comment l'expliquer...

- J'ai compris, ne t'inquiète pas. Et c'est normal de ne plus penser à certaines personnes à force de ne pas les voir, tu sais."

Je souris devant sa tentative de me remonter le moral.

"Tu me la rappelle un peu dans un sens, elle était innocente et pure, toujours à vouloir que son prochain soit heureux. Un peu comme toi."

Son regard bleu ciel se voila légèrement et il ne répondit pas, croquant dans une tartine avec de la confiture. Bordel, ça ressemblait pas un peu à de la brotherzone là ?!

"Mais tu sais, elle n'avait pas ton calme et ta présence apaisante. Tu es le seul qui me comprenne sans que je n'ai à ouvrir la bouche."

Je lui souris et je vis ses joues se parer de rouge. Laura avait été et était encore quelqu'un que j'affectionnais particulièrement, mais Nagisa était devenu le centre de mon monde, telle la cible qui attirait la flèche de l'archer. 

"Elles vivent où ? finit par demander Nagisa.

- En Belgique, à Bruxelles. Sebastian et Elysa vivaient ensemble avant que je ne vienne au Japon. Ils se voyaient physiquement très peu, mais ils s'appelaient en face-caméra tous les soirs et passaient tous leurs congés ensemble. Sebastian m'a déjà affirmé qu'Elysa savait à quel point j'avais besoin de soutien et qu'elle était même rassurée qu'il soit encore à mon service, pour veiller sur moi. Juste ça, ça lui suffisait. Mais malgré toutes les tentatives de mon majordome, je n'ai jamais pu revoir Elysa et Laura. Il y avait toujours un truc imprévu qui tombait comme un cheveu sur la soupe le jour J. Depuis que je suis au Japon, je ne crois pas qu'ils aient pu se voir...

- Ils semblent tous deux très dévoués à toi, c'est bien qu'il y ait des personnes comme ça dans ton entourage."

En disant ces mots, il posa une main sur la mienne et la caressa doucement. Mon coeur s'emballa et je rougis un peu.

"Ouais, c'est justement parce qu'ils tenaient tout deux à moi que je n'ai jamais tenté de me suicider. J'vais pas te le cacher, j'y pensais beaucoup à l'époque, surtout quand mes parents ont renvoyé Elysabelle et stoppé mes cours préférés. Mais c'est parce que Sebastian me rappelait sans cesse à quel point Elysa, Laura et lui tenaient à moi que j'ai tenu bon, ne serait-ce que pour éviter de les rendre tristes. Maintenant que j'y pense, je me dis que j'espérais peut-être un avenir plus joyeux et que c'était aussi pour ça que j'avais choisi de vivre. Quoiqu'il en soit, je ne regrette rien parce que j'ai pu renouer avec Karma et surtout, beaucoup plus important, je t'ai rencontré et ça, ça vaut bien plus que tout l'or et toutes les pierres précieuses du monde mon p'tit schtroumpf."

Il devint aussi rouge que mes cheveux alors que j'entrelaçai nos doigts en rougissant légèrement. Nos têtes se rapprochèrent lentement sans que je ne m'en rende compte. Ses lèvres m'appelaient et je ne pouvais me dérober à son regard bleu ciel. Sérieux, qu'est-ce-qui me retenait de l'embrasser ?

"BOUM !!"

Réponse : mon frère.

Ce dernier venait d'ouvrir avec grand fracas la porte de la chambre. On se lâcha précipitamment en se concentrant sur nos tasses dont la guimauve avait pas mal fondue.

"On dérange ? demanda la voix joyeuse de Nakamura, avant que sa tête n'apparaisse sur l'épaule de Karma.

- N-Non.", bafouilla Nagisa.

Je toussai légèrement pour me redonner contenance et osai enfin lever les yeux vers le visage de Karma. Le sadique avait les joues légèrement rouges, ses cheveux étaient complètement en bataille et je pus rapidement voir qu'il tenait la main de Nakamura.

"Ça y est, tu as concrétisé ? voulus-je savoir.

- O-Ouais, marmonna Karma en devenant encore plus rouge.

- Tu savais ? demanda timidement Nakamura, pour une fois.

- Demande à Kayapute si elle aime p'tit schtroumpf.", marmonnai-je.

Le nouveau couple rigola à ma remarque alors que Nagisa me regardait, interloqué.

"Pourquoi tu appelles Kaede comme ça ?

- Parce que je ne l'aime pas, répliquai-je, les joues rouges.

- C'est à cause des piques qu'elle te lance ? Tu sais, je suis sûr que si tu mettais les choses à plat avec elle, vous vous entendriez bien. C'est une fille sympa et...

- Non, c'est pas pour ça, le coupai-je malgré moi.

- Alors c'est pour quoi ?"

Je ne répondis pas, me contentant de rougir encore plus en buvant mon chocolat chaud. Karma et Nakamura, eux, se moquaient ouvertement de moi.

"Parce que ma petite soeur est jalouse d'un certain concombre, minauda Karma.

- Bordel j'vais t'buter Karma !", dis-je en le fusillant du regard.

Le nouveau couple s'éclipsa en rigolant, ayant sûrement obtenu ce qu'il voulait, à savoir me mettre dans la panade avec Nagisa.

"Tu sais Kyukate, tu n'as pas à être jalouse de Kaede. Pour moi, elle ne t'arrive pas à la cheville.", avoua le bleu timidement.

Je lui souris, reconnaissante, bien que sachant que ses paroles n'allaient pas calmer ma jalousie et ma possessivité maladives. Je serais presque tentée de faire un suçon à Nagisa juste pour lui montrer qu'il est à moi et pas à elle...

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