Chapitre 1

PDV Saori

"Mademoiselle Saori, la voiture est prête, m'informa mon majordome après avoir toqué à la porte de ma chambre (je devrais plutôt dire une suite digne d'une princesse mais bon...)

- Merci Sebastian ! Vous pouvez entrer."

J'attachai ma boucle d'oreille et me contemplai un instant, pendant que mon majordome ouvrait la porte.

Ce dernier me sourit et prit mon dernier sac, celui que personne d'autre que Sebastian et moi devions ouvrir. Je pris ensuite mon sac à main, contenant l'indispensable pour une adolescente (à savoir, mon portable, des écouteurs et d'autres bricoles) ainsi que pour une future princesse avant de sortir après mon majordome, refermant derrière moi la porte. Normalement, Sebastian n'avait pas le droit de sortir avant moi, mais je m'en fichais un peu. Tout le monde était dans le hall de toute manière.

J'attrapai un peu le tissu de ma robe longue et on commença à descendre les escaliers interminables. Aujourd'hui, je quittais le palais royal de Belgique pour faire ma troisième au Japon, mon pays natal. J'avais dû insister pendant longtemps auprès de mes parents pour qu'ils me laissent passer une année au Japon. Je n'y étais pas retournée depuis mes quatre ans. Après tout, je devais ensuite aller dans un lycée particulier pour me préparer à devenir la future princesse de Belgique, voire éventuellement la reine, alors ce retour au Japon était une sorte de... break dans ma vie royale. Pendant un an environ, j'allais vivre comme n'importe quelle fille de mon âge. Enfin, ça, c'était dans mes rêves. Dans la réalité, c'était différent mais j'allais tout de même avoir un quotidien plus proche de mes racines.

Dans le hall du château, il y avait la famille royale de Belgique, ainsi que mes parents qui m'attendaient. Le prince Gabriel, mon futur mari et deuxième dans l'ordre de succession au trône, me tendit la main et je la pris pour terminer de descendre les luxueux escaliers.

(NDA : français, japonais)

"Très chère, vous allez beaucoup nous manquer, dit la reine.

- De même Votre Majesté. Cependant, je ne serai absente qu'une année. Il était important pour moi de rentrer dans mon pays d'origine et de mener un quotidien proche du peuple, avant d'entrer plus concrètement au sein de la famille royale, répondis-je en m'inclinant.

- C'est tout naturel, vous restez avant tout une adolescente qui n'est pas retournée dans son pays depuis bien longtemps. Je suis certain que vous manquez terriblement à votre frère, me sourit le roi.

- Je m'en doute Votre Altesse."

En réalité, non. Je ne devais pas lui manquer. Il n'avait jamais tenté de me contacter. Voilà donc bien dix ans qu'on a perdu contact. Et comme nos parents voyagent sans cesse, ce n'étaient pas eux qui me parleraient de lui. Mais tout reposait sur les apparences dans la noblesse et la royauté.

"Il est temps d'y aller très chère, le pilote du jet ne va pas nous attendre durant une lurette ! intervint ma mère d'une voix haut perchée.

- Oui Mère."

Mes parents sortirent et la princesse Elisabeth, héritière du trône, me retint un instant.

"Dame Saori, je vous conseille de bien profiter. Faîtes tout ce que vous voulez sans avoir peur de regretter. Et si jamais, pour une raison quelconque, vous souhaitez retrouver une vie totalement normale...

- Je vous le dirai, c'est promis Princesse.", souris-je.

Au fil du temps, l'héritière du trône était devenue comme une grande soeur pour moi. Elle était une confidente, une conseillère et une amie. Elle savait tout de moi, et vice-versa. Grâce à elle, je ne me sentais plus si seule dans cet immense château.

Beaucoup plus tard, nous étions à Tokyo. Sebastian était au volant de notre luxueuse voiture et nous conduisait vers la villa où mon frère vivait seul depuis pas mal d'années. Le majordome de mes parents était juste dans la voiture derrière nous, devant aller à l'aéroport avec mes parents ensuite.

Lorsque la voiture fut garée, un sentiment de nostalgie m'envahit. La maison n'avait pas changé. Elle était exceptionnellement grande pour une maison, mais était pas mal plus petite que le palais. J'étais ravie de savoir que je n'allais pas me perdre à chaque croisement, comme au château. Dire qu'après dix ans de vie au château, je me perdais encore... c'était un vrai dédale, donc j'évitais désormais de l'explorer, contrairement à la première année passée là-bas. Je connaissais le chemin vers les endroits où j'allais le trois-quart du temps et c'était le principal, d'autant plus que Sebastian m'escortait n'importe où, ordre de mes parents.

"Sebastian, aide notre fille à s'installer et veille sur elle pendant son séjour ici. Fais en sorte qu'elle n'entache pas le blason de notre nom.

- Bien Madame.", s'inclina Sebastian.

Il déchargea la voiture et, aidé du majordome de mes parents, monta mes bagages dans ma chambre, qui avait été réaménagée et redécorée le mois dernier. Puis, avant que je ne puisse dire "ouf", je me retrouvai seule avec Sebastian dans le salon.

"Monsieur votre frère est encore au collège à cette heure-ci. Souhaitez-vous qu'on aille le chercher ?

- Merci Sebastian, mais cela ira. Je ne tiens pas plus que ça à revoir Karma. Je monte dans ma chambre.

- Bien. Comme vous le souhaitiez, je n'ai déballé que vos affaires royales.

- C'est gentil à vous. Pendant que je déballe le reste, pourriez-vous me trouver des clubs et vous occuper de la paperasse ?"

Sachant de quoi je parlais, il hocha la tête.

"Bien évidemment Mademoiselle."

Je hochai la tête et montai les escaliers. Je retins un soupir triste en voyant ma chambre. Elle était superbe, mais absolument pas à mon goût, tout comme ma chambre au palais. J'aurais préféré des teintes plus proches du rouges et un style plus moderne. 

Il y avait également un bureau, une chaise et une bibliothèque dans le même style que les meubles de la chambre. Sebastian avait déjà optimisé le coin bureau, malgré la pile conséquente d'objets que j'y mettais toujours ainsi que mes affaires de classe pour cette année, et mes livres étaient déjà soigneusement rangé par ordre alphabétique et par tome. 

Je m'approchai des deux sacs au pied du lit. L'un contenait des tenues plus en accord avec mon âge et mon époque, et l'autre contenait tout autre chose.

Je rangeai les tenues de style actuel dans l'armoire et les cachai habilement, de sorte que personne ne puisse savoir qu'ils étaient là. Et comme personne ne fouillait dans mon armoire, surtout maintenant que je ne vivais plus au palais et que je n'avais plus d'assistantes (mes parents les appelaient des servantes, mais je trouvais que c'était assez péjoratif alors je préférais le terme de "assistante")... il n'y avait aucun risque. Sebastian avait même pendu mes uniformes scolaires.

Je plaçai ensuite le contenu de l'autre sac dans les tiroirs de l'armoire, laissés vide exprès par Sebastian. Je mis ensuite des vêtements royaux par-dessus pour les cacher avant d'admirer le résultat. Parfait, on ne pouvait pas deviner que des trucs pareils étaient cachés là.

Le reste de la journée passa rapidement, sans que mon frère ne rentre. Il avait dû aller dormir chez un ami ou je-ne-sais-quoi. Même pas capable de venir accueillir sa petite soeur (j'ai sauté une classe), quel manque cruel de bonnes manières !

A cette pensée, je souris légèrement. Quand on était enfants, Karma avait toujours été un esprit libre, refusant de se plier aux coutumes nobles imposées par nos parents et faisant ce qu'il voulait quand il le voulait. J'espérais au moins qu'il avait pu profiter de sa liberté, pendant que moi j'étais enfermée dans une cage dorée...

Le lendemain matin, Sebastian me réveilla tôt, pour que je me prépare à aller en cours. Nous étions le premier mardi de mai, les cours avaient commencé depuis environ un mois. 

"Monsieur votre frère n'est toujours pas rentré, peut-être le croiserez-vous dans les couloirs, m'indiqua Sebastian, alors que je mangeais mon petit-déjeuner.

- Sebastian, vous connaissez ma relation avec Karma, et vous savez parfaitement que je ne souhaite en aucun cas le revoir. Si j'ai insisté pour rentrer à Tokyo, c'est uniquement pour redécouvrir la ville et vivre comme une adolescente à peu près normale. C'est déjà assez frustrant de savoir que nos parents m'ont inscrite dans le même collège que lui.

- Bien Mademoiselle. Je viendrai vous chercher lorsque la voiture sera prête.

- D'accord."

Mon majordome quitta et je terminai de manger avant de monter pour me préparer. Après une douche et les dents lavées, je mis mon uniforme. Sebastian vint ensuite s'occuper de ma tignasse, la voiture étant prête. Naturellement, mes cheveux étaient aussi frisés et en bazar que ceux de Mérida dans Rebelle, mais Mère trouvait que cela faisait trop roturière, donc elle obligeait Sebastian à me les lisser tous les matins, ce qui faisait que je multipliais les soins et les masques pour que ma chevelure reste en bonne santé.

"Et voilà Mademoiselle. Tenez, vos gants."

Je pris les gans blancs que me tendait Sebastian et les mis pour cacher mes mains, malgré la chaleur. Personne en dehors de Sebastian et Elisabeth ne devaient voir mes mains dénudées.

"Merci Sebastian. Allons-y maintenant."

Mon majordome hocha la tête et je pris mon sac de cours, gracieusement préparé par Sebastian. Comme je n'avais pas encore mon emploi du temps, il n'y avait que de quoi écrire pour aujourd'hui.

Je montai dans la voiture après que Sebastian m'ait ouvert la portière et il me conduisit devant le bâtiment principal de Kunugigaoka.

"Souhaitez-vous que je vous accompagne à l'intérieur Mademoiselle ? m'interrogea Sebastian en refermant la portière, après que je sois descendue du véhicule.

- Non, cela ira Sebastian.

- Très bien. A ce soir dans ce cas.

- A ce soir Sebastian."

Il remonta dans la voiture et partit, alors que je pénétrai sur le campus. Je poussai la porte du bâtiment. Il était plus grand qu'il en avait l'air de l'extérieur. Génial... par où était le bureau du proviseur.

"Bonjour, tu dois être Saori Akabane, me dit un garçon roux aux yeux violets en s'approchant de moi.

- En effet, c'est bien moi Monsieur.", répondis-je en m'inclinant légèrement. "A qui ai-je l'honneur ?

- Gakushuu Asano, le fils du directeur. Mon père m'avait prévenu de ton arrivée.

- Oh et bien, je vous serai très reconnaissante si vous pouviez m'indiquer le chemin vers son bureau, Monsieur Asano.", demandai-je poliment.

Le roux me regarda bizarrement et j'eus peur un instant. J'avais dit quelque chose de travers ? Ce n'était pas comme ça qu'on parlait aux inconnus au Japon ? Je ne m'en souvenais plus...

"Cela se voit que tu n'as pas grandi ici. Pour commencer, appelle-moi Asano et tutoie-moi, me sourit le roux.

- Bien Asano. 

- Ensuite, tu préfères qu'on t'appelle comment ?

- On ne s'appelle par son prénom au Japon ?

- Cela dépend de ce que préfère la personne en question. La majorité s'appelle par le nom de famille, sauf dans le cercle des personnes très proches, mais il arrive que certaines personnes préfèrent être appelées par leur prénom. Vu que tu sembles être habituée à ce que les autres t'appellent par ton prénom, je vais t'appeler Saori, d'accord ?"

Je hochai la tête. J'avais oublié pas mal de choses de la culture japonaise pendant toutes ces années en Belgique, cela allait être assez bizarre de s'habituer pour une année à une nouvelle culture... et puis, "habituée", c'était vite dit. En dehors d'Elizabeth et Gabriel lorsque j'étais seule avec l'un des deux, personne ne m'appelait par mon prénom. J'avais droit à des "Dame Saori", des "Mademoiselle Saori", "Mademoiselle Akabane" et j'en passe. Mais juste mon prénom, presque personne ne l'employait.

"Bien, puisque c'est réglé, je vais t'emmener voir mon père pour qu'il te donne ton emploi du temps et ta classe. Suis-moi.

- Bien."

Il me conduisit à travers les couloirs en silence.

"Tu es bien différente de ton frère, fit finalement Asano.

- Si tu le dis. 

- Tu es bien plus calme et polie que lui, ça m'a assez étonné au début. On voit tout de suite que tu es plus distinguée que lui.

- Merci.", répondis-je par politesse, bien que je ne sache pas si c'était un compliment ou une insulte déguisée.

Arrivés au dernier étage du bâtiment, Asano toqua et on entra lorsqu'on en reçu l'autorisation. Le proviseur se leva et s'inclina devant moi.

"Mademoiselle Akabane, c'est un honneur pour nous que vous ayez choisi notre établissement pour votre séjour au Japon.

- Ce n'était pas mon choix...", marmonnai-je en français. "Le plaisir est pour moi, on dit que votre établissement est le meilleur de la ville."

J'affichai un sourire poli, mais faux. 

"Papa, je pense qu'elle aimerait qu'on la traite comme n'importe quel élève, intervint Asano.

- C'est exact. Je souhaite vivre une vie normale avant de rentrer en Belgique pour me préparer à entrer dans la famille royale, confirmai-je.

- Je ferai en sorte que cela soit le cas.", me sourit le proviseur.

Il alla s'asseoir à son bureau et me tendit des manuels et mon emploi du temps.

"Au vu de vos résultats parfaits communiqués par votre majordome, je vous ai mis dans la classe A, celle de mon fils. C'est la classe des élites de l'école.

- Pourriez-vous développer un peu plus ? Qu'entendez-vous par "élites" ?

- La classe A est l'exact opposé de la classe E, la classe des Epaves. D'ailleurs, pour le bien des élèves qui ont un avenir, ceux de la classe E ont leur propre bâtiment en haut de la montagne. 

- L'élite ne se mélange pas à la plèbe, ajouta Asano.

- Je vous conseille donc d'avoir des résultats et une attitude plus que correcte si vous ne voulez pas finir dans cette classe de déchets. Puisque vous souhaitez qu'on vous traite comme n'importe quel élève, je n'hésiterai pas à vous y envoyer si j'estime que vous n'avez pas d'assez bonnes notes ou que vous avez eu un comportement trop préjudiciable. Il serait évidemment bienheureux pour votre famille que cela n'arrive pas une seconde fois.

- Ton frère se trouve dans cette classe, m'informa Asano.

- Raison de plus pour ne pas y aller. Merci pour ces informations plus qu'utiles, Monsieur le proviseur."

La cloche sonna et le proviseur demanda à Asano de me montrer le chemin vers la classe, ce qu'il fit. J'étais impatiente d'aller en cours. Pour la première fois, j'allais suivre des cours normaux, avec des camarades de classe normaux et pas des enfants de ducs et ou comtes !

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Salut les louloudjis ! Je sais que cette histoire n'a pas encore de cover, mais pour passer commande, il fallait qu'au moins un chapitre soit publié donc voilà XD. Je vous préviendrai sur mon mur dès que cette histoire aura sa cover.

Biz,
Angel

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