chapitre v.

「...edalyne...」
-•enchanted forest•-

Mon père était revenu, il était enfin de retour, ici, avec Beatrice et moi. J'étais heureuse de le revoir, de le retrouver et de savoir qu'il n'était pas mort sur le champ de bataille. Alors qu'il venait juste de revenir, moi je devais aller me coucher, et attendre demain pour le revoir. Quoiqu'un peu déçue, je le fis, m'installant dans mon lit tandis qu'ils me disaient au revoir.

Le lendemain matin, tout me parut si étrange, si fade peut-être, si triste aussi. Mon père était assis dans le salon, il semblait pleurer, alors je l'avais pris dans mes bras. Papa me faisait de la peine, quand il était triste. Il se tourna vers moi et je pus remarquer qu'il avait pleurer bien longtemps. Quelque chose devait s'être passé, pendant que je dormais...Et j'espérais que cela ne concerne pas la femme qu'il aimait, Beatrice. Ils étaient heureux ensembles, et je voulais qu'ils le soient encore, si ce n'est pour toujours.

-Où...où est Beatrice, demandais je, semblant ne pas être sûr de vouloir poser la question, car cette question pouvait peut-être faire du mal à son père.

Il tourna son visage vers moi une deuxième fois, essayant de dire ce qu'il avait à dire, mais il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas le faire, surtout qu'il devait lui mentir. Il ne pouvait pas lui dire la vérité, la vérité étant qu'il l'avait tué, qu'il l'avait pendue et fait saigner jusqu'à ce qu'il n'est plus une goutte de sang en elle.

Il ne pouvait pas lui dire cela. Il ne fallait pas qu'elle le voit comme un monstre. Il ne voulait pas qu'il ait à recommencer, et si elle le voyait comme un monstre, elle ne pourrait supporter sa présence ici.

Je me demandais ce qu'il avait bien pu se passer. Était-elle partie loin d'ici ? S'étaient-ils disputés et elle allait revenir d'ici quelques minutes ? Je ne pouvais pas savoir sans que lui ne me le dise.

‐Elle est décédée, répondit-il, d'une voix grave et solennelle, les yeux rouges se retournant vers les miens, morte. On ne l'a reverra pas.

Ce qu'il m'appris me fit mal au cœur. Elle était morte. Elle n'était déjà plus de ce monde. Comme ma maman que je n'ai pas eue le temps de connaître longtemps. Elle nous as quitté très tôt, et maintenant que j'ai quelques maigres années de plus, celle que j'appelais ma mère vient de mourir, la nuit même où celui qu'elle aime revient d'une guerre certainement pleines de monstruosités.

Cela me semble être un désastre, une chose horrible nous ayant arrivé. Que va-t-il arriver à mon père ? Comment va-t-il supporter cela ?

Alors que je m'apprêtais à répliquer quelque chose, notre majordome, un homme aux cheveux mi-long de couleurs grisonnantes, s'approcha de nous, requièrant l'attention de mon père. Il avait apparemment de la visite.

Mon père se leva alors, essuyant les larmes coulant de ses yeux à ses joues avant de suivre notre majordome dans une autre pièce.

J'étais curieuse. Qui pouvait vouloir déranger mon père en ce jour de deuil ? Qui pouvait avoir quelque chose d'aussi important à dire pour que le serviteur le plus exécrable du palais envers les invités l'invite à entrer et prévienne directement l'homme de la maison.

Je devais les suivre, juste pour savoir à qui mon père allait s'adresser et pourquoi tout cela semblait être quelque chose d'extrêmement urgent. Alors je le fis, les suivant secrètement, discrètement. Ils entrèrent ensuite dans une salle où un homme à la peau de crocodile les attendait. Tout cela me semblait si bizarre. Cet homme me paraissait si étrange, et l'atmosphère qui régnait dans la salle l'était aussi. Mon père semblait connaître cette personne à la tête d'écailles, et d'une manière lui en vouloir.

Cette créature était-elle responsable de quoique ce soit dans la mort de la douce et bienveillante Beatrice ? C'était ce que je me demandais en les observant, les espionnant parler. Malheureusement je ne pu rien entendre, le majordome m'en empêchait. Il semblait se douter que quelqu'un les observait, alors pour les observer, j'étais obligée de m'écarter, entendant encore moins ce qu'ils pouvaient se dire. Mais je pouvais au moins observer leur dynamique de conversation.

Ils semblaient se connaître depuis de bonnes années, au vu de leurs postures et des regards que l'un lançaient à l'autre. Mon père semblait reprocher une chose à celui qu'il avait invité, ou qu'il devait recevoir puisque celui-ci s'était invité tout seul. L'autre, tout sourire, lui racontait des choses qui ne semblait ne pas avoir de lien avec ce que papa demandait.

J'en avais marre de ne rien comprendre à tout ce qui se passait là. C'était si énervant de ne pas pouvoir savoir de quoi ils discutaient, de ne rien pouvoir faire d'autre que les observer et observer les mimiques qu'ils faisaient.

Je m'écarta, commençant à faire demi-tour, à partir autre part pour faire autre chose. J'avais perdue toute envie de suivre cette échange dont je ne pouvais entendre le son. Alors, au lieu de continuer à les observer, je partis vers ma chambre, ne continuant pas à les observer.

-C'est si différent sans Beatrice...Elle venait souvent dans ma chambre, jouant avec moi, m'aidant à ranger des choses, dansant sur des musiques toutes plus belles que les autres. Ne plus pouvoir la voir me fait beaucoup de mal, répliquais-je, m'installant sur le sol de ma chambre.

Des larmes coulaient de mes yeux, tout ceci me faisait mal. L'avoir dans ma vie était bien mieux. Elle avait toujours été un ange avec moi. De mes six ans et demis, je l'a voyais comme une sorte de nouvelle mère, remplaçant celle qui était morte, celle que je n'oublierai cependant jamais.

Les mois passèrent, la haute société venait faire des bals chez nous. Mon père était à nouveau sur le marché des célibataires, et quelques femmes en profitaient pour essayer de le connaître. Certaines reculaient, ne voulant plus entendre parler de lui, parfois parce qu'elles ne voulaient pas devoir élever un enfant d'une autre personne, moi, d'autres parce qu'elles ne voyaient pas Barbe Bleue comme une meilleure personne que d'autre homme qu'elles se voyaient très bien séduire.

Et un jour, alors que la haute société se baladait dans notre jardin, découvrant un nouvel atmosphère qui les étonnait, mon père fit la rencontre d'une femme qui ne s'était pas présentée à mon père lorsqu'elle était arrivée. Elle avait l'air froide et rigide, mais bienveillante et serviable. Mon père et elle semblaient adorer discuter ensemble. Mon père aimait les discussions animés et passionnés. Et elle adorait cela aussi.

Son nom était Danae, elle avait de long cheveux virant au rouge, des yeux qui semblaient sévères. Cette femme portait toujours de si belles robes que je me demandais où elle pouvait toutes les trouver. Les robes qu'elle portait, bien que dites simples par une bonne partie de la noble société, étaient magnifiques. Était-ce elle-même qui les créait ? C'était une question qui me revenait souvent.

Ils se courtisèrent des mois avant que celui-ci ne la demande en mariage. Leur mariage avait été magnifique à observer. La musique de cette soirée résonnait encore dans mes oreilles.

Depuis, Danae vivait avec nous, dans notre demeure, et le petit couple semblait bien heureux. Danae était en effet quelqu'un de très froid et de très sérieux, mais en présence de mon père elle le devenait moins pour rire un peu plus.

Trop vite, j'imagine, on demanda la présence de mon père ailleurs, et je me retrouvai alors seule avec cette femme.

Comme lorsqu'il était parti pour la guerre en tant que bannerets de Xavier III, mon père ordonna à sa nouvelle femme de ne pas chercher à entrer dans la salle où personne, excepté lui, n'avait le droit de rentrer. Solennellement, il lui avait tendu les clefs et lui avait dit qu'elle pouvait invité toutes les personnes qu'elle voulait inviter si c'était ce qu'elle voulait faire. Quelques minutes après, il était parti. Je n'allais plus le revoir avant un bon bout de temps.

•••

Depuis qu'il était parti, tout avait changé ici. Je devais laver les sols du château, alors même qu'ils étaient déjà propres, lavés par nos serviteurs. Danae me demandait sûrement cela pour m'occuper, et que je ne traîne pas dans ses pattes. Elle semblait avoir des tas de choses à faire seule. Et ces choses semblaient un peu douteuses. Elle ne voulait pas que j'apprenne ce qu'elle faisait lorsque je n'étais pas là.

Elle paraissait étrange depuis qu'il n'était plus là pour la faire rire ou la faire sourire. Elle me donnait un peu plus l'impression d'être une toute autre personne. Danae passait toute ses journées seule dans une pièce de la demeure qu'elle avait décidé d'utiliser. Ma nouvelle mère ne voulait pas que j'y entre ou que j'observe ce qui s'y passait. J'en étais sûr : elle y cachait quelque chose.

-Qu'est-ce que tu fais quand tu m'obliges à laver les sols de ma propre demeure, demandais-je alors que l'on était toutes deux à table.

Danae me dévisagea quelques minutes, elle ne semblait pas apprécier que je lui pose des questions, que je me demande ce qu'elle pouvait faire, seule toute la journée, sans même avoir invité une seule de ses amies. La femme adulte assise en face de moi se redressa, voulant montrer qu'elle était plus forte que moi. Et il n'y avait pas de doute à cela. J'étais maigrichonne, très jeune et je cherchais encore à ce qu'elle m'apprécie un temps soit peu. Oui, en soit, j'étais bien plus faible qu'elle.

-Rien qui te concerne ou qui m'oblige à te le dire, déclare celle-ci, reprenant une bouchée de ce qu'elle avait dans son assiette, Comment se passe tes journées ? Tu les passes bien à nettoyer cette jolie demeure ?

Je ricanais en mon fort intérieur, Danae était quelqu'un de très étrange. Cette femme ne faisait que de se contredire. Elle avait dit qu'elle n'avait pas à parler de ce qu'elle faisait à moi, et elle s'attendait à ce que je lui dise si oui ou non, je nettoyait les sols déjà propre, si oui ou non je faisais les tâches qu'elle m'avait forcé à faire.

Mon insolence puéril voulait répondre pareillement à ce qu'elle venait de me dire, lui dire que ce n'était pas quelque chose qui l'a concernait. Elle s'attendait à quoi en disant ce genre de chose ? À ce que je ne réagisse pas d'un poil ?

-Eh bien...cela ne te concerne pas non plus, si tu voulais savoir, déclarais-je, me forçant à paraître froide alors que je ne voulais que qu'elle me prenne dans les bras et me considère comme une fille, comme l'enfant que j'étais.

Je ne suis qu'une enfant, et elle me traite d'une manière dont je ne peux plus vivre. Elle me regarde froidement, me dévisage toute la journée, m'oblige à faire des tâches, me redemande de refaire ces choses une nouvelle fois alors même que je les avais déjà faite et que les serviteurs de mon père avait déjà fait cela avant moi. Cette femme a définitivement quelque chose à cacher. Et elle m'éloigne pour que je ne découvre rien. Elle doit sûrement se dire que je fouine partout où je passe.

Elle me regarda méchamment, semblant pester que les enfants de nos jours n'étaient pas bien élevé. Je l'observais aussi, cette fois mon visage n'allait pas se baisser, je n'allais pas regarder mes pieds pour éviter les yeux noirs qu'elle me faisait.

-La discussion est donc terminée, à ce que je vois, dit-elle, se levant soudainement de table, déçue que j'agisse de cette manière.

Aujourd'hui je me fichais de ce qu'elle pouvait bien dire face à ce que je faisais. Je voulais voir et apprendre ce qu'elle faisait tous les jours et les nuits. Cherchait-elle un moyen d'entrer dans la pièce interdite ? Créait-elle des potions pour pouvoir me tuer en en mettant dans mon repas ? Conspirait-elle contre mon père ? Et si elle devait mal me voir, alors elle me verrait mal, comme elle a toujours voulue me voir.

Elle ne m'aimait pas et ne voulait même pas qu'on essaye d'avoir une relation, alors moi non plus je n'allais pas faire d'effort. Elle voulait que l'on se déteste, alors on allait se haïr. Oui, j'aurais préféré que tout cela se passe autrement, qu'elle m'accepte, m'apprécie, mais d'après ce que je pouvais voir, elle n'allait jamais le faire.

Jamais elle n'allait essayer de m'aimer, ou juste de me comprendre. Cela lui semblait sûrement trop difficile, d'aimer l'enfant d'une autre personne qu'elle-même. J'étais sûr que si elle avait des enfants avec mon père, elles les aimerait plus que moi.

Cette femme n'était pas ce que je m'étais attendue, j'aurais voulu voir dans la vie de mon père quelqu'un de plus gentil, ayant l'esprit un peu plus maternelle, ne m'obligeant pas à faire des choses que d'autres avaient déjà fait.

-Eh bien, oui apparemment, répondis-je, faisant tout pour paraître la plus désagréable possible auprès de cette femme qui n'aurait pas voulue m'avoir dans sa vie.

Quand mon père sera revenu, il entendra parler de tout cela. Il saura que cette femme qu'il a épousée n'est pas celle qu'il voulait, qu'il désirait. Elle agissait avec poigne, oui, mais pas pour les bonnes raisons. Elle me faisait vivre un enfer, et en plus elle osait me cacher des tas de choses.

C'était sur que le courant n'était pas passé entre moi et elle. On se détestait. Et je voulais qu'elle parte.

•▪︎•

Quelques semaines plus tard, alors que nous étions toutes deux entrain de manger, elle me posa une question à propos de cette étrange porte qu'elle devait laisser fermer.

-Sais-tu ce qui s'y cache, ma belle enfant ? Et pourquoi veut-il nous empêcher d'y entrer ? Ce serait super si tu pouvais me le dire, réplique-t-elle, essayant de m'amadouer par les mots, de me manipuler.

Je ne savais rien de cette salle, juste que je ne devais pas y entrer. Et c'était ce que je faisais, parce que je devais obéir à mon papa, à mon père. Il semblait d'ailleurs tenir à ce que personne n'y rentre, ni moi ni sa nouvelle épouse, ni Beatrice.

Qu'est-ce qui pouvait se cacher dedans était la question que tous se posaient lorsqu'ils entendaient mon père demander cela au personne qu'il laissait seul dans sa demeure. Je me la posais aussi, bien que je ne demanderais jamais à mon père ce qui pouvait s'y trouver. Pourquoi ? Parce que je savais qu'il ne serait pas content de mon comportement et qu'il me gronderait, or je n'aimais pas voir mon père en colère.

-Eh bien, je sais juste qu'il ne veut pas qu'on entre dans cette salle, répondis-je, Et je tiens mes promesses, alors je n'y suis jamais rentré. Je ne sais donc rien dessus.

Elle semblait mécontente de ma réponse. Peut-être s'imaginait-elle que je partageais tout les secrets de mon père, que je savais tout de lui ? Eh bien non. Je ne savais pas tout de l'homme dont j'étais la fille.

Et c'était assez normal, vu le nombre de fois où mon père était réquisitionné, demandé par de grands seigneurs pour régler un conflit, pour aller au front, à la guerre.

Je trouvais qu'il partait souvent, que je ne pouvais pas passer autant de temps que j'aimerais avec lui. Mais cette femme semblait ne rien voir et ne rien vouloir savoir.

-Très bien...ce n'est pas grave, j'étais simplement curieuse, ma chérie, s'efforce-t-elle de dire malgré sa frustration.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que même si c'est pour me manipuler, elle a décidé d'arrêter de s'emporter contre moi.

Nous continuons à manger un temps, elle me parle comme elle ne m'a jamais parlé. Et je dois dire que même si je sais que c'est probablement pour me manipuler, je suis heureuse de la voir se mettre à faire cela, parce que même si je me suis dit qu'elle ne serait jamais bien, j'ai toujours voulue qu'elle puisse l'être.

J'ai toujours voulue qu'un jour elle m'apprécie. Là elle semble être ce que j'avais voulue voir lorsque j'ai appris qu'elle épousait mon père. Je suis contente de la voir agir comme ça.

Juste parce que ça signifie que j'ai à nouveau une mère, et non une maîtresse ou un tyran qui m'obligerait à faire des choses, des basses besognes.

D'ailleurs en parlant de basses besognes, elle a décidé que je pouvais enfin arrêter de laver les sols déjà lavés par les serviteurs de mon père. Peut-être je ne devrais pas être contente de cela, après tout c'est juste quelque chose de normal...pourtant d'une façon je le suis un peu. Je suis heureuse qu'elle ait changée d'avis.

Un serviteurs interromps notre discussion, nous disant que nous avons reçu une lettre de la part de Barbe Bleue. Celui-ci revenant alors dans trois jours. Danae ne semble pas vraiment le vouloir revenir. J'imagine qu'elle a un tas de choses qu'elle aimerait faire seule, peut-être en rapport avec la fameuse pièce dans laquelle on ne doit pas entrer.

-Eh bien, en voilà, une bonne nouvelle, déclara-t-elle se forçant à sourire.

Je ne savais pas vraiment si elle se forçait à sourire ou non, mais son sourire sonnait faux, il me semblait étonnant. Cette femme était pleins de mensonges. Je me demandais tout ce qu'elle pouvait bien cacher et pourquoi elle le cachait.

J'hocha la tête. J'étais heureuse de savoir que je reverrai bientôt mon père, revenu de son voyage d'affaire. Il m'avait manqué, la seule personne que j'avais eu avec moi étant une femme qui m'avait maltraité, ne me respectant pas et m'ayant obligée à faire des choses des heures et des heures pour se débarrasser de moi.

Je sortis de table après avoir demandé la permission à Danae, je n'avais plus rien à faire ici, avec elle, j'avais terminé de manger et je voulais profiter de mon après-midi, celle-ci ayant arrêté de m'obliger à laver les sols de la maison.

•▪︎•

Alors que je me préparait à dormir, enfilant ma chemise de nuit, j'entendis un cris étouffé. Une femme venait de crier. Ce devait être la compagne de mon père, Danae, elle restait souvent tard le soir à faire des choses et d'autres. Cependant, même si je me disais que ce devait être elle, cela m'étonnait aussi, car Danae ne criait jamais. Elle n'était pas ce genre de personne qui montrait ce qu'ils ressentaient, or en criant, elle venait
de le faire.

Alors prise de curiosité, je me dirigea vers elle, la cherchant du regard, me demandant bien ce qu'elle pouvait avoir, ce qu'elle avait dû voir. Je marcha quelque temps, suivant la voix de Danae, celle-ci ne pouvant s'arrêter de hurler.

Elle était là, dans un couloir, venant de refermer une porte. Ce qu'elle avait dû voir dedans devait l'avoir terrifié.

-Qu'y a-t-il, demandais-je.

Elle avait l'air effrayée, les mains sur les joues, les lèvres grandes ouvertes, exprimant un cris. Ses mains étaient dans ses poches.

Lorsqu'elle aperçu que j'étais en face d'elle, son expression facial changea, elle ne semblait pas vouloir que je m'inquiète de trop pour elle.

-Oh...euh, eh bien, cette salle est pleine d'araignées, d'énormes araignées, déclare-t-elle d'une traite, je suis désolée si je t'ai réveillée, Edalyne.

Je lui souris pour lui montrer que ce n'était pas grave. Cela me faisait bizarre de la voir avoir ce genre de réaction. Quoiqu'il en soit, ma curiosité était ravie de savoir cela, que le cris que je venais d'entendre venait de celle-ci et non d'une toute autre chose.

Quelque chose me disait qu'elle avait dû voir autre chose ou qu'elle avait dû expérimenter autre chose qui lui avait fait bien peur. Si elle n'avait vue que des araignées, elle aurait certainement crié une première fois avant de sortir, elle n'aurait pas crié une fois après avoir fuis. Elle avait dû voir quelque chose, dans cette salle, qui la traumatisait. Je me demandais d'ailleurs ce qu'elle avait bien pu voir dans cette salle, cette pièce.

Je regagna mes appartements, avec l'espoir que la nuit passe plus vite. J'avais hâte d'être le jour où mon père revenait, or c'était bientôt, alors je voulais que ces journées et nuits qui séparaient mon père de son retour au château passe plus vite.

Le lendemain, Danae préféra rester dans ses appartements, prétextant le fait d'être malade. Je me demandais ce qu'elle pouvait y faire. C'était dommage qu'elle soit malade un jour avant l'arrivée de papa. Serait-elle guérie à son retour ?

•▪︎•

J'allais bientôt revoir mon père, il serait bientôt arrivé, et j'avais hâte de le revoir. Danae semblait en meilleur forme qu'hier, bien qu'elle disait avoir la nausée, je me demandais ce que la revenue de mon père lui faisait comme effet. Peut-être était-ce cela qui lui avait donné la force de se lever de son lit.

Quoiqu'il en soit, elle semblait l'attendre de pieds ferme, semblant avoir d'une manière hâte de son retour. J'étais heureuse de voir qu'elle avait arrêté de me traiter d'une si mauvaise façon, qu'on pouvait presque devenir une sorte de famille. Moi, elle et papa. Est-ce que cela allait bien marcher ? Est-ce que cela serait possible ?

Assise à côté de moi sur un divan, elle semblait pensive, et j'avais l'impression qu'elle était impatiente du retour de son mari, mon père.

-Quand est-ce qu'il arrive, lui demandais-je, moi-même impatiente de le revoir, de le prendre dans mes bras.

Danae me souria, se levant soudainement du divans pour regarder par l'une des fenêtres de la pièce. Elle y vit alors Barbe Bleue, celui-ci semblait d'une humeur étrange.

-Il est là, allons l'accueillir, déclara-t-elle, enfilant ses gants avant de me tirer vers l'entrée pour aller retrouver celui auquel elle s'était mariée.

Elle semblait bien pressée de revoir le seigneur de cette demeure, je l'étais aussi d'ailleurs. Après tout cela faisait bien quelques temps que je n'avais pas vu mon père, et j'étais bien heureuse de pouvoir le revoir. Je ne savais pas où il était allé, par contre. Je me demandais si son voyage d'affaire s'était déroulé comme il l'avait voulu, si cela s'était bien passé, si il n'y avait pas eu de problème qui l'avait retenu un peu plus longtemps.

Dehors, il nous attendait. Barbe Bleue semblait froid et fatigué d'une longue journée de voyage. Il nous pris dans ses bras. Je lui souris à gorge déployé, le prenant dans mes bras joyeusement, comme une fille qui n'avait pas vu son père depuis longtemps l'aurait fait.

-Nous sommes si heureuses de te revoir, déclare Danae, lui souriant.

Il ne lui rendit pas son sourire, et je me demandais bien ce qu'il pouvait avoir. N'était-il pas content de nous revoir ? J'espérais que cela ne soit pas ça, cela me ferait bien du mal.

Quoiqu'il en soit, j'étais heureuse de le revoir. Malheureusement, comme à chaque fois qu'il revenait d'un voyage d'affaire ou d'une guerre, je devais aller me coucher tôt, car il revenait en soirée, alors je du leur dire au revoir, espérant pourtant qu'on me dise que cette fois je n'y étais pas obligé.

Mais non. Il ne se passa rien de tel et je dû aller me coucher...ce qui n'était pas pour me plaire.

-À demain, papa, hâte de te revoir. Bonne nuit, Danae, dis-je avant de monter vers ma chambre.

J'espérais encore que la nuit passe plus vite, reverrant alors plus tôt celui que je n'avais pas vu depuis quelques temps déjà, mon papa, que j'avais hâte de revoir.

Je me demandais bien ce que faisait Danae et mon père dans leurs chambres, n'arrivant pas à dormir, j'entre dans la chambre de mon père pour me plaindre de ce fait. Mais il n'y était pas.

Alors je vais dans la chambre de Danae, dès qu'elle est arrivée dans la demeure de mon père, ils se sont mis d'accord pour faire chambre à part, celle-ci voulant un peu d'intimité pour gérer des choses qui la concernait. Mais Danae aussi n'était pas dans sa chambre.

Que faisaient-ils ? Où pouvaient bien se trouver mon père et la femme qu'il avait épousé ? N'arrivaient-ils pas à dormir, eux aussi ? C'étaient les questions qui me venait en tête en ne les voyant pas dans leurs chambres au beau milieu de la nuit.

Je voulais les retrouver alors je fis un tour du château, marchant de ça et là, jusqu'à entendre des sanglots. Cela semblait être mon père, alors je m'en approcha, voulant essayer de le réconforter.

-Que...que s'est-il passer, lui demandais-je, m'accroupissant pour lui parler.

Il se retourna vers moi. Ses yeux étaient imbibés de la couleur du sang, il devait avoir beaucoup pleurer. Je me demandais bien ce qu'il lui était arrivé, ce qu'il devait avoir. En tout cas, il n'était pas beau à voir, et j'aurais sûrement préféré ne jamais le revoir comme cela.

Je ne voulais plus le voir les yeux rouges, un visage triste. Je ne voulais plus l'entendre m'annoncer quelque chose d'horrible.

-Danae a disparu, elle a fuit. Elle ne devait probablement pas être heureuse de nous deux et s'était rendue compte qu'elle désirait pas cela, qu'elle ne m'aimait pas vraiment.

Trois femmes. Trois fois que Barbe Bleue racontait à sa fille, moi, une nouvelle horrible. J'en avais marre de voir les gens mourir ou disparaître autour de moi et de mon père. Pourquoi cela se passait comme cela ? Et pourquoi à chaque fois c'était après le retour de mon père, à chaque fois, il venait de revenir, et à chaque fois c'était lui qui m'annonçait la nouvelle.

Je n'avais pas beaucoup aimé Danae, étant donné qu'elle m'avait utilisé comme une sorte de servante. Elle avait changé de comportement au bout d'un moment, mais j'avais cru, peut-être à raison, que c'était pour me manipuler. Et maintenant, même si je ne l'aimais pas, je regrette son départ. Je regrettait de ne plus pouvoir la voir.

Est-ce que mon père est maudit, est-ce que toutes les femmes qu'il aime, qu'il épouse sont destinées à disparaître ? J'en avais bien peur. C'était la troisième femme qu'il épousait, et c'était la troisième fois qu'il se retrouvait seul à pleurer leur
départ ou leur mort.

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