chapitre i.

「....barbe bleue...」
-• enchanted forest •-

Borealice se rappelait encore du jour où elle était partie de la demeure de Barbe Bleue, son époux, cet homme qui selon la prophétie, devait passer la vie avec elle.

Cet homme qu'elle aimait tant l'avait menacé d'un poignard, voulant faire taire les accusations que celle-ci avait contre lui.

La seule chose qu'il avait réussit à faire c'était la faire fuir. La demoiselle noire s'était enfuie, s'étant téléporté en dehors du château de son amant.

Un vide s'était alors créé dans le cœur de Barbe Bleue. Il s'était alors promis de tout faire pour trouver quelqu'un semblable à sa noireaude. Celui-là savait que courir après celle qui avait fuit n'était pas une bonne idée.

Borealice lui avait fait confiance, et elle ne lui referait plus confiance. Il le savait. Il l'avait terrifié, la menaçant d'une arme. À cet instant, d'ailleurs, il s'était senti puissant, fort, comme s'il pouvait tout faire. Cependant après l'acte, après la disparition de sa douce, cette pièce lui semblait amère et pleine de jugement.

Il ne voulait que personne d'autre que lui ne rentre dans cette pièce. Barbe Bleue pensait que si l'on rentrait dans la pièce, on découvrait ce qu'il avait voulu faire, la vérité sur la disparition de sa femme. Et il avait honte de ses agissements. Borealice méritait une meilleure vie, un meilleur partenaire à ses côtés.

Edalyne, leur fille, ne comprenait rien. Barbe Bleue avait dû lui mentir, lui répétant qu'elle était morte. Elle ne semblait pas y croire, espérant toujours que son père se soit trompé.

Tant d'évènements avaient détruit la vie de Barbe Bleue, mais celui-ci restait celui qui lui faisait le plus de mal. Il avait perdu celle avec qui il était destiné à finir sa vie et sa fille le voyait, lui, ce père aimant, devenir tout autre.

Les mois passaient, devenant une année et cela n'apportait rien de bon. Barbe Bleue s'était fait une réputation de gentlemen, beaucoup venait alors pour le rencontrer. Mais certaines choses ne semblaient pas plaire à ces demoiselles. À part à une.

Beatrice, une jeune comptesse, elle aussi veuve, cherchant à se retrouver quelqu'un, cherchant à refonder un semblant de famille. Elle était la seule à voir Barbe Bleue comme Borealice le regardait. Et c'était justement quelque chose qui plaisait à cet homme à marier.

-Voulez-vous prendre pour époux le compte Edward Bleue, le prêtre demanda alors quelques mois plus tard à cette femme aux cheveux blonds cendré et au visage bienveillant.

Celle-ci répondit oui, et les deux amants purent alors s'embrasser. Edalyne était joyeuse. Elle allait avoir une nouvelle maman. Quelqu'un qui prendrait soin d'elle, qui l'aimerais, qui lui conseillera des choses et d'autres. La rouquine semblait aux anges.

Les mois passèrent, les jeunes mariés vivaient comme ils le souhaitaient. La comptesse Beatrice passait beaucoup de temps avec sa belle-fille qu'elle aimait voir sourire.

Le jolie couple fêtait ses deux ans de mariage lorsqu'un télégramme adressé à Barbe Bleue l'informa qu'il fallait qu'il parte combattre pour le seigneur Xavier III qui partait en guerre.

-Je reviendrai bientôt. Pendant mon voyage, tu peux circuler dans toutes les salles de ma demeure, sauf une. Beatrice, n'entre pas dans cette pièce, dit-il en pointant la pièce dont il parlait du doigt, invite tes amies, amuse toi, repose toi...mais n'entre pas dans cette chambre.

Beatrice ne comprenait pas de quoi il s'agissait, ni pourquoi on lui empêchait d'entrer dans cette salle, mais elle acquisa et dit au revoir à cet homme qui allait beaucoup lui manquer. Solennellement l'homme qu'elle aimait parti pour la guerre, les laissant seules, elle et Eudalyne.

Pendant des jours et des jours, elle ne se soucia pas de cette porte, de cette chambre, de cet endroit qu'elle ne devait pas découvrir.

De son côté, Barbe Bleue combattait d'arrache-pied, donnant toute son âme pour battre l'ennemi. Cette guerre était née d'une fille. Une fille qui avait refusé d'épouser un homme. Et cet homme, Gaston, n'avait eu qu'une volonté : se venger de cette famille qui semblait se trouver mieux que tout le monde et qui acceptait les volontés de leurs filles. Étant l'un des bannerets de Xavier III, Edward Bleue avait été appelé à se battre.

Le combat battait son pleins, ici. Les lames des épées ricochaient l'une sur l'autre, les flèches des archers atterissaient volontiers en pleins cœur. Les combattants donnaient tout ce qu'ils pouvaient, pour tout et pour rien. Pour que cette guerre se finisse, pour que l'un triomphe et que l'autre perde. Le sang coulait à flot, les combattants encore en vie avaient le sang de leurs victimes sur eux pour leur rappeler qu'ils pourraient y passer eux aussi. Certains se connaissaient depuis longtemps, et aujourd'hui, ils se retrouvaient adversaires.

L'ambiance était énormément chaotique, bien des corps étaient tombés à terre, bien des valeureux chevaliers se vidaient de leurs sangs. Barbe Bleue ne raffolait pas de ce genre de spectacle macabre. Xavier III se combattait corps et âmes. C'était la vie de sa fille qui était en jeux, son futur. Celle-ci ne voulait pas se marier avec cet homme, ce vil garçon qui se nommait Gaston. Et son père comptait respecter la volonté, la décision de sa fille, même si l'un de ses fils lui disait qu'il n'aurait pas dû le faire.

En effet, Aymerique semblait vouloir que le mariage entre Gaston et l'une de ses sœurs est lieu. C'était lui qui avait fait toutes les démarches pour qu'ils se rencontrent. Et c'était lui qui avait insisté pour qu'il puisse se passer quelque chose. Cependant rien n'avait marché, même pas ses provocations. Tout fût inutile.

Des bruits se firent entendre, les épées s'entrechoquaient, les flèches tuaient tout ce qui était tuable. L'armée de la famille de Gaston semblait gagner du terrain. En effet, bien des adversaires venaient de mourir au combat. Quelques minutes encore et l'un d'entre eux tueraient Xavier III, et cette guerre serait alors terminée. Gaston pourrait alors enfin épouser l'une des filles qu'Aymerique lui avait promis, voulant s'assurer une alliance avec lui.

Une flèche trouva Xavier III en plein cœur, celui-ci tomba à terre, le corps meurtri. Sa fille, Anne, avait tout aperçu. Et elle était furieuse. Furieuse d'avoir perdu son père pour cela. Furieuse d'être la cause de tout cela. Tout ces hommes tombés, morts, que les mouches, les insectes dévoraient. Gaston se remercia lui-même de cet acte. Entrain de se célébrer, il ne remarqua pas la femme qui s'approchait de lui, décimant qui elle pouvait, qui elle trouvait sur son passage.

Sa rage était énorme, et jamais elle ne laisserait passer ça. Tout ceux qui avaient participé à la mort de son père devait payer.

-Demande l'asile, exile toi. Et je ne te tuerait pas. Et tu auras la vie sauve, réplique calmement Anne, une flèche prête à être lancée.

Gaston la regarda, étonné. Il ne s'attendait pas à autant de clémence de la part de cette femme. Cette femme qui ne voulait pas l'épouser. Cette femme à qui il venait juste de lui enlever son père.

Le combat continuait. Barbe Bleue était aux prises avec un homme qu'il connaissait depuis plusieurs années. Il l'avait toujours détester. Le peu de survivants, amochés, continuaient à se battre contre les adversaires qu'ils leur restaient.

-Pourquoi tu ne me tue pas, n'était-ce pas tout ce que tu voulais ? A moins que tu aies changé d'avis...et que tu ne veux que que cette guerre se termine. J'accepte tes excuses et je t'épouse avec joie.

Anne lui cracha dessus. Elle ne pouvait supporter cette arrogance. L'arrogance dont il faisait preuve.

-Même pas en rêve, réplique-t-elle en le frappant avec la force qu'il lui restait, Jamais je n'épouserais un homme aussi pauvre de conversation et aussi arrogant et imbus de lui-même. Pour qui me prends-tu ? Une personne qui serait prête à accepter tout et n'importe quoi ?

Anne repris son souffle. Lui parler ne lui faisait que perdre plus d'espoir qu'une fois elle puisse éprouver de l'amour pour un homme. La princesse, en effet, aimait les femmes et non les hommes. Pourtant elle essayait de se convaincre que c'était parce qu'elle n'avait pas encore rencontré l'homme qui lui ferait découvrir ce genre de sentiments.

-Les femmes doivent être des personnes qui acceptent tout et n'importe quoi. C'est dans leur corps, dans leurs gènes. Elles doivent nous laisser faire ce qu'on veut, sur elles, à elles. Et elles font ce que nous voulons. Elles font tout ce que je veux quand je veux. Et c'est quelque chose de tout à fait normal. C'est comme ça que le monde fonctionne, Annie Chérie. Tiens, si tu essayais...Je pourrais te prendre contre ce tronc d'arbre, et tu pourrais crier de plaisir. Ou alors je pourrais très bien prendre ta sœur contre ce même tronc d'arbre, déclare-t-il en bombant le torse.

Anne lui cracha une fois de plus au visage. Elle ne pouvait respecter qu'on lui dise ce genre de choses. Elle ne pouvait supporter ce qu'il venait de dire. Elle le frappa de toutes ses forces, se jetant sur lui, lui donnant coups après coups jusqu'à ce qu'il soit assez amoché pour comprendre que continuer cette rébellion ne lui servait à rien. Il était fait. Soit il décidait la mort. Soit il choisissait de partir, seul, sans son armée, perdant alors la moitié de ses titres, ne restant qu'un petit bourgeois dans ce monde.

-Mort ou vie ? Si tu choisis la mort, je t'égorge et ta mort sera monstrueuse et douloureuse. Si tu choisis la vie, tu perdras tout ce qui fait de toi, toi. Tu perdras ton armée, tes titres significatif...Si on te revois dans les parages, moi, mon armée, ma sœur, ma mère ou mes frères, tu perdras aussi le droit d'enfanter, et donc de faire l'amour, ce que tu as l'air d'aimer tant. Que choisis-tu, sal porc ?

Le combat avait cessé. À présent, tout le monde observait Anne et Gaston, l'un à terre, l'autre debout. On attendait tous une réponse de la part de ce monstre. De cet homme qui entrait en guerre car deux femmes, deux sœurs ne voulaient pas l'épouser. Il avait pleins de jouvencelles à cueillir, à marier mais préférait chercher ce qu'il ne pouvait pas avoir.

Il était trop amoché pour parler ou pour répondre. En attente d'une réponse, Anne lui donna un coup de pied dans ses parties génitales. Il poussa un cri.

-Je t'ai posé une question. Mort ou vie ? Choisis bien, porc, répéta-t-elle.

Il choisit la vie et répliqua qu'il avait, de toute façon pas très envie de toucher à cette femme qui lui semblait avoir un comportement trop masculin pour en être une. Il rajouta ensuite qu'il y avait bien des meilleures femmes à courtiser, comme la jeune Belle qui s'était fait acheter par Rumplestilskin, et qui avait dû annuler son mariage avec Gaston. Cet homme se disait qu'il pouvait maintenant chercher à la reconquérir, à la retrouver, à la sauver de cette infâme bête qui devait
lui faire bien du mal.

La bataille était finie, et ce n'était pas le camp de Gaston qui avait gagné. Les derniers soldats en vie fuyaient leurs postes, courant pour leur vie. Les bannerets de Xavier III purent alors rentré chez eux, ce que fit alors Barbe Bleue, parti de chez lui depuis des mois, revint alors dans sa demeure.

Alors qu'il devrait être heureux, le compte Edward Bleue ressentait quelque chose d'étrange. Il avait un mauvais pressentiment. Il envoya une lettre à sa femme, l'informant de son retour.

•▪︎•

Dans la demeure de Barbe Bleue, Beatrice avait passée des moments étrange. Elle n'avait pas l'intention d'ouvrir la fameuse salle qui lui était interdite. Cependant, quelque chose fit naître en elle un doute. Une conversation avec une de ses amies, une de ses nombreuses amies qui étaient venues chez elle en absence de son mari. Beatrice lui avait parlé du fait qu'une de ces salles lui était fermé, et que jamais elle ne devait y pénétrer. L'autre lui avait dit qu'elle trouvait ça bizarre qu'il puisse vouloir lui empêcher de visiter une pièce du manoir.

-Imagine ce que ton sombre mari cache dans cette pièce, lui avait-elle dit.

Beatrice avait soufflé avant de répliquer que son mari n'était pas sombre, pas méchant, qu'il n'était pas comme beaucoup le pensait, austère et monotone. Barbe Bleue, en effet, était très différent du portrait qu'on pouvait s'en faire.

-S'il ne veut pas que je rentre dans cette pièce, qu'importe la raison, je n'y rentrerais pas, déclare la comptesse.

Son amie la regarda, étonnée. Cela était sûre que si celle-ci était dans la même situation, elle n'hésiterais pas une seconde à y aller. Peut-être l'aurait-elle même fait le jour de son départ ?

-Oh, allez ! Allons regarder, s'il te plaît !

-Je t'ai dit non, répondit Beatrice.

L'amie de la comptesse souffla avant d'acquiser lentement.

-Très bien, s'il cache un corps dans cette pièce, et qu'il est un monstre, tuant tout le monde sur son passage, tu ne le sauras pas. Est-ce cela que tu veux, demanda celle-ci.

Pourquoi a-t-elle donc inviter cette fille chez elle ? Pourquoi cette femme qu'elle appelle amie critique-t-elle autant Barbe Bleue, le maître de ce domaine ? Beatrice sait ce que le mot amie signifie, et là sa prétendue amie ne se conduit pas comme tel. Beatrice essaye de se calmer, de respirer longuement, rien n'y fait vraiment. Elle reste fâchée un temps, demandant alors à son amie de la laisser, celle-ci s'exécutant alors après s'être
excusé de ses actes.

Plusieurs jours passent, et Beatrice ne se sent pas au mieux de sa forme. Quelque chose la démange. Elle semble perdue. Elle est triste, et Edalyne le remarque, pensant que c'est parce que son époux lui manque. Bien sûr qu'il lui manque ! Bien sûr qu'elle aimerait vouloir le revoir !

Des voix lui parlent la nuit, lui disant des choses qu'elle ne comprend pas toujours à propos de son époux et de cette salle. Des voix la mettent en garde. Elles lui disent de ne surtout pas entrer dans cette pièce de la demeure, de ne pas ouvrir la porte de celle-ci, d'arrêter d'éprouver de la curiosité pour cela. Cependant, Beatrice ne semble pas en ressentir. Et plus les voix lui parlent plus elle a peur.

Elle se retourne la nuit dans son lit, au lieu de dormir sereinement, se demandant ce qu'il peut y avoir pour que même des voix se mettent à l'avertir de ne pas y aller. C'est un soir alors que la tristesse la prenait qu'elle décida de se promener, pour montrer à elle-même qu'elle avait une belle maison, bien décorée et qu'elle ne manquait de rien si ce n'est de la compagnie de son cher époux parti au combat.

Les mois passaient et Beatrice n'avait pas de nouvelles de celui qu'elle aimait. La guerre devait être prenante, sans doute. Peut-être que le conflit serait interminable...ou un petit peu plus long qu'elle l'avait pensé. Les larmes coulaient sur ses joues alors qu'elle se promenait dans cet univers qu'elle aimait tant, dans cette maison qui lui rappelait qu'elle était aimé, que sa famille c'était eux, Edalyne et Edward Bleue.

Se promenant, elle vit quelques tableaux accrochés au mur, un où les jeunes veufs, elle et lui, se tenaient la main, le regard empli d'amour, un autre qui devait certainement représenter l'ex-femme du compte Edward, une jolie jeune femme aux cheveux noirs corbeaux et aux teints pâle et d'autres où Edalyne étaient représenté. Il y avait beaucoup de tableaux représentant ces trois personnes. Les trois personnes que Barbe Bleue aime ou avait aimé le plus au monde, tout du moins, c'était ce que se disait l'amoureuse, l'amante, la femme de Barbe Bleue, de cet homme.

Le trousseau de clés en main, elle marchait, faisant attention à chaque peinture, à chaque pièces dans lesquelles elle pouvait entrer et partir, se mouvoir. Quand on vit avec de la compagnie, on fait moins attention aux détails de la pièce, cherchant à passer le plus de temps avec les personnes qui comptent. Quand elles ne sont pas là, du point de vue de Beatrice, il est évident qu'elle fera plus attention aux détails, c'est pourquoi, elle est là, à se promener sans réel but, observant tout et rien, rien et tout.

Alors qu'elle continuait sa promenade au sein de la demeure de son époux, elle se retrouva en face de cette fameuse pièce dont il ne fallait pas ouvrir la porte. La peur montait en elle et les voix qui la tourmentait se montrèrent.

-N'ouvre pas cette porte, il te l'a dit, non ? Tu risquerais gros si tu ouvrait cette porte, le sais-tu ?

Cette voix résonnait profondément dans sa tête, et Beatrice essayait de l'écouter, de la comprendre. Elle voulait savoir ce qu'il pouvait se passer pour qu'une voix, pour que plusieurs voix, lui disent de ne rien faire, de ne pas ouvrir cette porte. Pas que Beatrice avait envie d'ouvrir la porte. Elle voulait juste savoir pourquoi selon cette voix elle ne le devait pas et qui était en réalité la voix qui lui parlait.

-Qui es-tu et pourquoi encombres-tu ma tête alors que je ne compte même pas ouvrir la porte de cette pièce, demanda-t-elle, effrayée.

Un petit rire se fait entendre. Beatrice sursaute, ne s'attendant pas à cela. Ce rire est froid, glacial, ironique. Pour la comptesse, il ne présente rien de bon.

-Ce n'est que ce que tu te dit. Peut-être est-ce vrai, peut-être est-ce faux. Rien ne m'indique que ce que tu dis là est la vérité. Je sens que tu vas l'ouvrir, cette porte.

Beatrice souffla, ne comprenant pas ce qu'elle faisait là à parler avec une voix bizarre dont elle ne connaissait pas la provenance. Pourquoi cela lui arrivait à elle ? Peut-être ce n'était qu'un coup de blues éprouver parce que l'homme aimé était parti combattre loin d'ici et qu'elle le voulait là ?

-Peut-être qu'en ouvrant la porte, il reviendra plus vite, souffla une autre voix.

Les deux voix semblèrent se chamailler, l'une voulait empêcher Beatrice d'entrer dans cette pièce, l'autre l'encourageait à le faire, lui disant qu'elle retrouverait bientôt l'homme aimé. La jeune femme qui entendait les voix décida de les ignorer, préférant monter se coucher dans sa chambre. Elle avait fait une promesse à Edward, et même si ces voix semblaient savoir des choses qu'elle ignorait sur l'endroit interdit, Beatrice préférait ne rien chercher à savoir, pour mieux tenir sa promesse.

Une nouvelle journée commence, la comptesse passe un peu de temps avec sa belle-fille, la jeune Edalyne, très jeune encore elle est. Beatrice lui raconte une comptine, la lui jouant, la petite fille applaudit joyeusement, comme elle a l'habitude de le faire.

La femme sort de la chambre, laissant l'enfant se reposer, elle repasse devant cette mystérieuse porte, cet endroit interdit d'accès. La main tenant le trousseau de clés tremble. Beatrice ne sait plus quoi faire. Faut-il qu'elle ouvre cette foutue porte ? Doit-elle se faire violence et tenir promesse, tenir parole à un homme qu'elle n'est même pas sûre de revoir ? Des larmes coulent de ses pupilles à ses joues.

Elle n'a pas de nouvelles, n'en as jamais eue. Cela fait bien longtemps qu'il est parti. Cela fait plusieurs mois. Peut-être qu'il faudrait qu'elle arrête de se mentir à elle-même, qu'il faudrait qu'elle accepte la vérité. Il est peut-être mort, il est peut-être parti pour toujours.

Se dire cela l'effraie. Ce ne peut être vrai. Celui qu'elle aime...il ne peut pas être mort, pas comme la précédente, pas comme la personne qu'elle aimait avant de rencontrer Barbe Bleue, avant d'aller mieux et de refaire la cour aux autres.

Les voix reviennent, assaillant Beatrice de questions, de suppositions et d'insultes à demi-mots. Les voix se jettent sur elle, et pour se débarrasser de leurs énervantes phrases, Beatrice ouvre la porte de leurs discussions.

Elle n'y trouve rien, juste un sentiment de culpabilité semblant occupé une partie de l'espace. Elle observe pourtant chaque détails de l'endroit mais n'y décèle rien, n'y voit rien de différent à part ce sentiment présent et le fait que la pièce soit presque inhabité, ou du moins beaucoup moins apprêtée que les autres.

•▪︎•

Quelques semaines après, Beatrice reçoit la lettre de Barbe Bleue lui indiquant qu'il est en route, qu'il rentre, qu'il est vivant et qu'il revient. Elle saute de joie, en parle à tout ceux qu'elle croise, même ceux qui ne connaissent pas particulièrement le magnifique couple qu'ils forment. Edalyne, elle aussi est joyeuse, et même si l'enfant semble joyeuse pour tout et pour rien, cela fait plaisir à Beatrice de voir celle-ci l'être.

Les voix ne viennent plus l'embêter, elles ont dû comprendre que cela ne valait pas le coup. Ou est-ce parce qu'elle a finalement jeté un œil à l'endroit tant interdit, comme Eve mangea le fruit défendu et en donna un à Adam ?

Beatrice allait mieux, n'étant plus tourmentée par les monstruosités que lâchait ces voix. Elle se sentait pourtant coupable. Elle avait trahit la confiance de celui qu'elle aimait. Cela pourtant elle le laissait derrière, préférant être heureuse qu'il revienne bientôt.

Le jour-gis, Beatrice attendit l'homme qu'elle aimait au balcon, Edalyne, sur ses genoux. Elle avait hâte de le revoir. Dès qu'il reviendrait, elle l'embrassera langoureusement, lui dira à quel point elle l'avait manqué.

Il arriva souriant, quoiqu'un peu différent. La guerre devait lui avoir fait voir des horreurs. Arrivant vers elles, il les prit dans ses bras, ne voulant les lâcher. Elles lui avaient manqué.

Ils rentrèrent à l'intérieur, partant faire dormir Edalyne, la petite fille était fatiguée d'avoir attendue tant de temps l'arrivée de son père. Quelques minutes après, le petit couple s'installa dans la chambre à coucher. Ils étaient heureux de se revoir.

-Peux-tu me rendre le trousseau de clés, maintenant que je suis de retour, demanda poliment Barbe Bleue.

Sa femme hocha la tête, lui tendant ce fameux trousseau de clés tant important à ces yeux. Elle lui sourit une fois encore pour la même raison qu'avant. Elle était bien heureuse de le revoir, de ne pas l'avoir perdue à la guerre.

-Je suis heureuse de te revoir, que tu ne sois pas mort dans cette bataille, dans cette guerre, dit-elle joyeusement tandis qu'il inspectait le trousseau de clés.

Il lui répondit d'un sourire, quoiqu'un peu froid ou distant. Beatrice pensait qu'il avait simplement besoin de temps pour lui, pour se remettre de cette atroce.

-Tu...Tu l'as ouverte, n'est-ce pas, la porte que je ne voulais pas que tu ouvre, n'est-ce pas, demanda-t-il, tremblant de culpabilité.

Elle devait savoir, maintenant, qu'il était un monstre. Elle devait avoir sentit ce que cette pièce sentait. Et peut-être avait-elle vue ce qu'il avait voulu faire à Borealice, à celle qu'il avait aimé et qu'il aimerait toujours, cherchant à la remplacer par quelqu'un lui ressemblant.

Prise de cour, Beatrice acquisa, se demandant comment il avait fait pour savoir. L'homme qu'elle aimait la pris par le bras brutalement et l'emmena devant cette porte, cette porte qui lui était interdite.

-Pourquoi ce comportement ? Qu'y a-t-il dans cette pièce ? Je n'y ai rien vu, rien touché. Les voix m'y ont emmener, et si je n'ouvrais pas la porte, celles-ci m'auraient rendu plus que folle, réplique-t-elle.

Il ouvre la porte, silencieux comme une tombe. Beatrice ne comprend rien. Edward Bleue la regardait comme s'il avait commis un crime, comme s'il était un monstre. C'était comme ça que lui-même se voyait.

-C'est ici que j'ai tenté de tuer la femme que j'aimais, la femme que jamais je n'oublierai. C'est le dernier endroit où nous nous sommes vus, alors que je l'attaquais, elle a disparu, se téléportant ailleurs, dans un endroit où son amant ne tenterait pas de la tuer, commence cet homme, tenant toujours fermement le bras de sa femme, Je ressens de la culpabilité, une énorme culpabilité...C'est pourquoi je ne veux personne ici, je ne veux pas que les gens que j'aime pense que je suis un monstre.

Beatrice le fixe quelques instants, un regard doux et bienveillant. Elle ne comprend pas vraiment ce qu'il lui explique, ou tout du moins, elle se dit qu'il a tort sur certaine chose. Elle s'approche lentement de lui, lui caressant la joue.

-Tu n'es pas un monstre, je ne te vois pas comme tel. Tu es un homme, un être humain, l'homme que j'aime, avec lequel je refais ma vie. Tu n'es pas un monstre, même si tu te vois comme tel. Cet acte ne te détermine pas, ne détermine pas qui tu es, comment tu seras, déclare sa femme.

Il la regarde, ne sait plus quoi lui dire, ne sait plus quoi faire. Tout semble déliré. Pourquoi n'éprouve-t-elle pas de la peur à son égard alors même que son acte est monstrueux, alors même qu'il est coupable, qu'il avoue avoir voulu faire du mal à la femme qu'il aimait ? Pourquoi reste-t-elle là, pourquoi elle ne le dévisage pas ? Comment peut-elle raconter ce genre de choses ? Il est monstrueux, il est dégoûtant. Personne ne lui ferait changer d'avis.

Il est un monstre, tout a été montré. Il n'aurait jamais dû vouloir faire ce genre de choses à celle qu'il aimait, à Borealice. Alors que Beatrice voulait rajouter quelque chose, Edward la coupa.

-Je le suis. Je le suis pour avoir voulu faire du mal physiquement à Borealice, la femme de ma vie. Tu ne peux et ne pourra pas me faire changer d'avis, dit-il.

Des larmes s'écoulent sur le visage de Beatrice. Elle doit s'inquiéter pour son mari, celui qu'elle a promis d'aimer, celui qu'elle aime d'un amour tendre. Elle pose sa main sur la joue de celui-là.

-Tu ne l'es pas. Tu ne le seras pas. Pleins d'hommes font pire que toi, et ce tas d'hommes ne se disent pas être des monstres.

C'en est trop pour Barbe Bleue, il ne comprend pas la douceur que veut lui apporter Beatrice. Il ne mérite pas autant de sympathie, de gentillesse. Il ne mérite même pas qu'elle le regarde de ses yeux pleins de bons sentiments. Pourquoi s'obstine-t-elle ? Pourquoi ne comprend elle pas que ce qu'il a voulu faire fait de lui un monstre ? Il a voulu tuer la mère de sa fille, tout ça parce qu'il voulait faire taire sa voix glaciale lui hurlant des reproches, lui demandant si il l'avait trompé. Il avait voulu la faire taire, et le seul moyen qu'il avait trouvé était de la tuer, de la faire quitter ce monde.

Il n'avait pas réussi. Elle s'était téléporté en dehors du château. En plus de ne pas avoir réussi, il avait perdu l'être le plus cher au monde à ses yeux. Et pour rien. Toutes ces reproches...Alors qu'il n'avait rien fait de cela. Il avait voulu faire du mal à celle qu'il aimait...alors qu'il n'avait aucune raison de le faire. Il aurait dû garder son calme et répondre une énième fois que non, il ne l'avait pas trompé et qu'il ne le ferait jamais. Peut-être aurait-elle compris,
cette fois-ci.

Mais il ne l'avait pas fait, et tout c'était terminé comme cela, dans le brouillard dans la culpabilité. Et c'est ce qui se fit. Barbe Bleue attrapa le bras de Beatrice le tirant à l'intérieur de cet endroit dont il lui avait interdit l'accès.

N'était-il pas monstrueux ? Ne faisait-il pas les pires choses en ce monde ? C'était ce que la conscience de Barbe Bleue se demandait actuellement alors qu'il pendait sa femme, qu'il la tuait.

Le corps de Beatrice qui semblait toujours très blanc s'éclaira de rouge. Griffée de partout, le sang se répandait sur son corps tandis qu'elle n'était plus capable de respirer. Barbe Bleue était en transe, contrôlé par autre chose que sa conscience, il ne savait pas quoi.

Le corps habituellement pleins de vie de Beatrice se retrouvait ensanglanté et froid. Elle était morte. Elle mourrait. Cette place était maintenant bien ce que craignait Barbe Bleue.

Rumplestilskin, en lui donnant conseil, ne rigolait pas. Il ne faut jamais prendre la magie à la légère, elle pourrait faire violence. Or, toute la vie de Barbe Bleue avait été construite à base de magie. Il avait fait un pacte avec Rumplestilskin, l'ancien lâche du village, le nouveau ténébreux de la forêt enchantée et son soi disant ami.

La magie était payante, et Barbe Bleue ne s'était pas assuré de payer suffisamment, alors cette magie allait lui faire vivre des horreurs, se retournant contre lui.

-Et après...après tout ça, je ne suis pas un monstre...je ne suis pas monstrueux ? Sa voix, faible et instable, bien différente de d'habitude, s'exprima.

Son visage changea du tout au tout, et celui-ci qui jusque-là exprimait de la tristesse se transforma. Il riait à gorge déployé, les yeux rouges sang. La folie le dévorait du cœur, il se sentait observer, regardait alors dans tout les recoins pour le vérifier.

Cette pièce lui faisait d'autant plus mal maintenant qu'il pouvait y voir un corps ensanglanté, le corps ensanglanté d'une femme qu'il avait aimé. Personne ne devait y pénétrer. Cette salle était un enfer, un démon pour cet homme. Cette salle le transformait de jour en jour en personne qu'il ne pouvait aimer. Cette salle, aussi, dévoilait le pire de son âme à chaque personne qui la visiterai.

Barbe Bleue n'allait pas arrêter sa quête de retrouver quelqu'un, quelqu'un qui dans sa façon d'être lui rappellerait Borealice...Il en épouserait encore, s'il le pouvait, mais les tuerait si elles venaient à ouvrir cette porte, car il savait qu'aucune d'entre elles ne voudraient de lui après avoir découvert ce qui se cachait derrière cette porte, ce qu'un monstre était, ce qu'un monstre avait fait.

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